SAISON II # INTRIGUE 4

All the people

Saison II # Intrigue IV

Il s'éloigne et ses pas semblent être l'espace d'un instant la seule chose que j'entends, puis le souffle saccadé de mon voisin me parvient finalement, celui-là même qui un instant auparavant jouait les gros durs, il y a aussi les gémissements de peur ou peut-être de douleur qui résonne d'un peu partout…et au-dessus de tout ça, c'est le bruit de mon coeur qui bat trop fort et trop vite dans ma poitrine qui vient donner un rythme étrange et désagréable à la situation. Je n'ose pas regarder ailleurs, c'est presque ironique d'avoir le regard bloqué sur un cadavre par peur de voir pire si je laissais mes yeux dérivés autour de moi…échanger une horreur contre une autre n'est pas toujours une vraie solution…c'est là que je la vois…sa main…j'aurai jurée qu'elle avait bougée, la mienne vient machinalement se porter à ma bouche, interdite, je guette avec une certaine tension et de nouveau je vois ses doigts bougés et un sentiment d'effroi vient immédiatement remonter le long de ma colonne vertébrale. En un sens, je suis bien sûr soulagé de la savoir vivante, mais dans quel contexte ? Qui en l'instant pourrait lui venir en aide alors qu'elle a le corps criblés de balles ??

Mes yeux se ferment un instant et je prends trois inspirations silencieuses, je ne sais pas quoi faire, je suis terrifiée, mais l'idée de la laisser là comme ça…je ne peux pas. Alors, je déglutis, regarde autour de moi alors que ce type à présent à proximité de la scène nous demande de lui livre les Kings of Speed. Je fronce les sourcils, si les rumeurs sont vraies alors ces putains de monstres ont vraiment choisi le seul jour où ils ne trouveraient aucun d'entre eux ou presque ici. J'essaye de me glisser hors de l'espace entre la banquette et la table lentement, cherchant du regard quelque chose qui pourrait me rassurer et que bien évidemment je ne trouve pas.

Je m'avance centimètre par centimètre et à peine ai-je atteint le côté de l'assise, qu'une main vient saisir mon avant-bras. Mon coeur manque un battement alors que je me retourne mécaniquement dans cette direction, pour finalement croiser le regard de Debbie une des serveuses qui se trouvent prestement dans la position que je viens de quitter, mais de l'autre côté du siège. Ses yeux sont arrondis et elle secoue la tête en silence, m'intimant discrètement de ne pas continuer. Mon regard reste ancré dans le sien et ne finit par le quitter que pour le porter sur Kitty dont les prunelles froides sont braquées dans notre direction…la main de la jeune femme se referme fermement sur la mienne et elle esquisse un mouvement de recul s'abritant un peu plus sous la table pour m'y laisser une place et vient ensuite à tirer sur ma main et c'est avec l'estomac serré que j'entreprends de me glisser à ses côtés. La distance est relativement courte, mais implique que je sorte totalement de ce cocon de fortune et je ne suis pas sûre que ce soit finalement la chose à faire...mais je suit pourtant l'élan que sa main essaye de me donner. Incapable de réfléchir plus finalement.

INTRIGUE IV

SAISON II

Il délaisse son portable à la jeune femme, guettant les alentours quand la proposition tombe. Elle vient animer toute la pièce, tout le club dans lequel un silence de plomb se met à régner. Rien, rien ni personne ne vient déranger l'ambiance défaite, éteinte qui s'installe au fur et à mesure qu'ils se mettent à tourner. Lui, tapit dans l'ombre, redoute l'instant où leurs pas les mèneront jusqu'ici. Il n'a, pour l'instant, oser que quelques coups d’œil, le dos apposé contre l'une des assises cachées aux regards des entrants. Ça ne fait que quelques secondes, tout au plus deux minutes, son temps de répit est désormais compté. Il le sait, ne le perd pas de vue, raison de plus pour rester un minimum visible pour quand les choses arriveront ; tant que celle qu'il a caché parvient à le rester. En attendant, il demeure à sa place, calmant son palpitant, respirant convenablement. Si les souvenirs de novembre sont tenaces, il parvient à les ignorer. Plus ou moins, en tout cas. Assez pour ne pas céder, pas aussi facilement que ça. Il a vu le sang, les blessures, les cris étouffés qu'il croit percevoir dans des recoins un peu plus éloignés. Il aura à faire avant que les choses ne se tassent, avant que les secours ne parviennent jusqu'à cet horrible casse.
C'est en songeant à cette possibilité, à cette idée qu'il l'entend, cette voix aux tons familiers. Ça résonne jusqu'à lui, alarme son être avec une telle intensité. C'est immédiat, instinctif, tandis que les hurlements retentissent, que les ordres sont donnés. La cascade blonde prisonnière d'une main ferme qui tire, force, l'amène aux regards acérés des autres qui pourraient presque d'ors et déjà l'abattre dans l'ombre d'un misérable regret. « Non ! » Il a cet élan complètement stupide que d'avancer, quitter l'ombre qui l'abritait encore dans des efforts compliqués. Il a les mains en avant, écartées ; c'est – parait-il – ce qu'il faut faire pour prouver que l'on est pas armé. « S'il vous plaît, non. » Un dernier pas en avant, essayant de s'en approcher. Il veut pouvoir aider, il veut pouvoir au moins l'épargner. Au moins elle, à défaut de pouvoir bouger. Attirer l'attention pour qu'ils terminent par s'en détourner. « S'il vous plaît. » Il laisse derrière lui son téléphone à la jeune femme encore cachée ; dissimulée aux regards de ceux qui pourraient la trouver. Ceux qui voudraient, très certainement, la faire parler. Parce que c'est ce qu'ils sont venus quérir, des noms, des présences, des coordonnés pour aller chercher ce qu'ils pensaient trouver.  

INTRIGUE IV

SAISON II

Il s'est élancé, mains levées. Il s'est avancé, prenant le risque d'attirer les regards mauvais et intrigués ; Andrew n'a rien raté, pas même cette misérable entrée, conduite sous le joug d'un cœur qui palpite à une vitesse éclaire, qui panique malgré la promesse qu'il s'était fait de s'en raisonner. L'éclat multicolore de son regard se perd sur sa belle un instant avant de venir tenir la présence de celui qui vient à son encontre, celui vers qui l'attention des assaillants reste tournée ; le chef, leader à n'en pas douter. « On dirait bien que nous avons un héros devant de nous ! » Un accent aussi différent du sien, bien loin des contrées qu'ils sont venus fouler. Ils sont tous les deux étrangers à ce monde, à cette ville et ce dernier davantage au vu des teintes russes qu'il croit distinguer. Il en connaît, de ces âmes-là, venues ici en quête d'un rêve américain qui n'existe pas ; bien qu'après une rapide pensée, il se doute que sa présence n'a rien qui puisse se rapprocher de ce songe un peu précipité. A la manière dont ils sont armés, ils ne sont pas arrivés avec le simple espoir de pouvoir s'installer, trouver où travailler. Ils sont seulement venus tout conquérir, tout diriger. Tout ce que les motards ont acquis jusqu'alors calmement, de manière parfois honorable, de manière parfois contestable.
Ce n'est que lorsqu'il s'approche franchement que les réflexions légères du directeur s'estompent. Défaites des corridors de son esprit, elles se perdent dans les effluves de peur qui se trahissent au cœur même de ses prunelles, sur Daisy posées. Sur sa Daisy, effrayées. « Et qu'est-ce que tu vas faire héros ? Tu vas me donner ce que je veux savoir pour que il la laisse tranquille ? » Un froncement de sourcils qui se perd dans la contemplation de sa nouvelle fréquentation. Une pensée va pour James, immédiatement ; cet homme envers qui une certaine sympathie s'est créée. Puis Sebastian, la pourriture de Irene qu'il aurait pu livrer comme sacrifice dans l'espoir de rendre un peu de dignité à l'humanité. Mais ce n'est qu'une pensée, une seule pour l'homme qui n'a pour habitude que de sauver ses propres intérêts ; qui à en risquer d'autres dans la foulée. « Je ne sais pas où ils se trouvent. Je ne sais pas les noms, ni même tous les visages. En vérité, je n'en connais que deux et ils ne sont pas ici. Tout ce que je peux vous dire, c'est que vous fouillez au mauvais endroit. Si l'un d'entre eux se trouve ici, ce sera là-haut. Une main qui désigne l'énorme baie vitrée puis l'escalier qui permet de s'y rendre. Pas ici. » Les mains toujours suspendues vers l'avant, maigre protection ; en vérité complètement inutile. Mais il tient sa position, priant silencieusement que ses mots puissent suffire à épargner la blonde pour laquelle il veut éviter le pire. « Maintenant, laissez-la s'il vous plaît. Je sais, malheureusement, qu'elle ne pourra pas vous en dire plus et moi non plus. »  

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Saison II # Intrigue IV

J’aurai dû suivre mon instinct, il ne me fait que rarement défaut et pourtant dans l’urgence et  l’agitation je me suis bêtement laissé porter sans réfléchir et je m’apprête à en payer le prix sans aucune échappatoire. Je vois cet homme dont le visage est recouvert d’une cagoule se précipiter vers moi son arme fermement pointée dans ma direction, me coupant évidemment toute envie ou même idée de bouger ne serait-ce que d’un iota. Mes yeux s’écarquillent et je cesse un bref instant de respirer, obnubiler par les images funestes qui se matérialisent devant mes yeux. L’homme glisse violemment sa main dans mes cheveux et m’oblige à suivre l’élan qu’il se donne pour me relever, je vacille, essayant tant bien que mal de reprendre un peu de hauteur percher sur des talons qui ne me facilitent pas vraiment la tâche, la douleur est présente et me fait grimacer, mon souffle prenant un rythme démesuré alors que je laisse échapper une plainte sonore lorsqu’il tire un peu plus pour me ramener contre lui et diriger à présent son arme vers Debbie à qui il ordonne de sortir de sa cachette de fortune. « Tiens, tiens, tiens... Qu'est-ce que je vois là... » La voix de leur leader résonne à nouveau alors que son regard vient rencontrer le mien avec un intérêt évident et me glace le sang. Je n’ai cependant pas le temps de m’y attarder alors qu’une voix familière vient s’interposer et si je pense l’espace d’une seconde que mon esprit me joue des tours, je suis bien rapidement remise dans la réalité lorsqu’Andrew vient à sortir de l’ombre pour s’interposer. « S'il vous plaît, non. » Mon regard s’agrandit alors que je le vois s’avancer les mains lever devant lui, cherchant à me libérer de leur emprise. Instantanément je viens à secouer la tête à la négative, un non silencieux venant se lire sur mes lèvres alors que mon regard rencontre le sien. « On dirait bien que nous avons un héros devant de nous !  J’essaye de m’avancer par réflexe plus que par raison, mais l’emprise de cet homme sans visage est bien trop appuyée et je panique un peu plus encore lorsque je vois leur meneur s’avancer arme à la main vers celui qui avait su gagner mon affection. Et qu'est-ce que tu vas faire héros ? Tu vas me donner ce que je veux savoir pour que il la laisse tranquille ? » La peur me saisit parce que je sais qu'il n'est pas en mesure de fournir cette information, il n'était même pas censé être là ce soir, jamais même et pourtant…de toutes les fois où il aurait pu briser sa promesse, c'est dans le capharnaüm de cette nuit qu'il avait mit les pieds. J'ignore le sort que cette ignorance nous coutera, mais je sais que rien de bon n'en sortira et je sens mes yeux s'embuer, ma gorge se serrée, alors que je retiens toute l'angoisse qui me tort l'estomac. « […] En vérité, je n'en connais que deux et ils ne sont pas ici. Cette information là surpasse le reste de ses propos qui viennent confirmer ce que je sais déjà, mais celle-ci je l'ignorait…mensonge volontaire ou vérité lâchée, je ne suis pas à même de le dire et je laisse cette pensée s'envoler alors qu'il vient à demander une nouvelle fois ma délivrance. « Tu as le culot Héros ! Je peux te dire cela… Maiiiis…tu n’as pas la bonne réponse que je voulais… » Plus que les mots, c'est le geste qu'il esquisse vers mon bourreau qui me paralyse. Celui-ci resserre son emprise et m'oblige à venir l'abreuver de supplication alors que le canon de son arme glisse sur ma peau comme une lame glacée pour finalement venir s'enfoncer contre ma poitrine. Je n'ose pas bouger, je n'ose plus parler alors que les larmes viennent finalement à courir le long de mes joues. Ainsi, je ne peux qu'assister impuissante à l'asservissement dont est affligé Andrew pour avoir essayé de me venir en aide et la culpabilité vient sournoisement alimenté les sanglots que je contiens avec ardeur dans ma gorge. « …je vais tuer ces deux là »  C'est tout ce que j'entends avant qu'un sifflement aigüe ne viennent percer à mes oreilles. Je suis complètement pétrifiée et tout ce que je suis à même de me dire c'est que je ne veux pas mourir, pas maintenant et pas comme ça…surtout pas comme ça. Mon regard cherche désespérément celui de mon petit-ami, s'il savait à quel point je suis désolée de l'avoir mené à tout ça…c'est ce que j'essaye de lui dire sans ouvrir la bouche avant que finalement d'un geste inattendu nous ne soyons séparés par la violence du coup qu'il reçoit. « Nooon…stop...s'il-vous-plait.. » Ça m'échappe entre les larmes et le son brisé de ma voix et je m'agite, continuant ma litanie, essayant de le rejoindre alors que l'homme dans mon dos tire violemment sur mes cheveux ramenant sèchement mon visage en arrière, avant de venir enfoncer encore un peu plus le canon de son arme contre mon sternum.

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