{Seanny} - Un peu de sport pour la condition physique

Un peu de sport pour la

condition physique

Seamus & Fanny

Tu ne sais pas faire les choses à moitié, toutes les personnes qui te connaissent le savent, tu fais tout, ou rien, mais en général, tu fais tout, trop parfois même. Pourtant, il faut que tu penses à toi, un peu, même si tu fais passer les autres avant toi. Tu le sais aussi, ton confort passera toujours après celui de tes amis les plus proches, et dans ton boulot de pompier, tu appelles ça l'abnégation du soldat du feu. Il faut savoir prendre des risques pour sauver la vie des autres, des risques mesurés, car parfois, il n'y a plus rien à faire. Jusqu'à présent, tu ne t'es pas encore retrouvée dans des conditions trop difficiles. Tu n'en es encore qu'à tes débuts dans ce domaine, tu es plus douée pour le moment pour servir des bières, tu fais ça depuis des années maintenant. Quand tu repenses à tout cela, tu es prise d'un brin de nostalgie, car tout aurait été différent si tes parents n'avaient pas été assassinés. La vie est mal faites parfois, c'est ce que tu te dis, mais tu n'as pas de super pouvoir, tu ne peux pas revenir dans le temps lors de cette nuit là. C'est pour cela que t'es décidé à allez courir un peu en ce début de matinée, pour évacuer cette nostalgie qui ne te fera que du mal, tu en as conscience. Alors tu prends des vêtements qui te permettront d'être assez à l'aise pour courir. Tu prends ta playlist fétiche pour agir comme il faut, commencer doucement, plus augmenter le rythme jusqu'à trouver ton maximum et puis retomber dans un rythme plus calme pour finir sans que tu ne souffres trop. Tes écouteurs sont sur tes oreilles, tu appuies sur le bouton lecteur de ton téléphone. Et tu pars du Blue Frog's, enfin de ton appartement juste au dessus en direction du Lincoln Park pour t'aérer le corps et l'esprit. Tu commences à courir donc, doucement, car la musique dans tes oreilles est relativement lente, comme toujours. Tu arrives dans le parc, et tu as déjà ton trajet en tête, et le rythme commence à prendre de l'ampleur. Tu croises d'autres coureurs matinaux comme toi, mais tu n'y fais pas attention. Et soudain, la scène qui se passe devant toi te fais te stopper, d'un coup. Ce n'est pas une scène violente, non, ce n'est rien de tout cela, mais tu te prends de plein fouet l'image de cette famille, une image que tu pourras jamais avoir, et la nostalgie que tu étais venue chasser en courant te revient en plein visage, si bien que tu te mets même à verser une larme, t'asseyant sur le banc juste là, comme désemparée par une situation que les personnes n'ont même pas fait pour te mettre dans un état pareil. Elles ne te connaissent pas, tu ne les connais pas, mais tu aimerais pouvoir simplement te promener ici avec tes parents, mais tu sais que ça ne sera jamais possible. Alors leur situation fait écho dans ton esprit et tu as un moment de faiblesse se matérialisant par ton arrêt sur ce banc. Tu as enlevé les écouteurs qui traînent dans ton dos. Si l'on est attentif, il y a encore la musique qui en sort, tu n'as même pas arrêté celle-ci comme prise dans un piège dont tu ne peux pas te sortir. Tu n'as même pas vu la silhouette qui s'approche.

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Feat. Fanny

Huit heures sonnent quelque part non loin et le quinquagénaire esquisse un rictus amusé. Comme il longe le parc il se demande ce qu’il fait là, à une heure pareille surtout. Dans sa poche, une page arrachée à un journal et sur laquelle il a entouré quelques annonces. Sa conversation, si on peut appeler ça ainsi, avec Shannon l’aura conduit à cette tentative pathétique de faire un semblant d’effort. Faire mine de chercher un boulot rangé. Mais à quoi bon. Il le sait, il n’est pas fait pour ça. Et quand bien même il aurait réellement eu l’intention de changer, de se ranger, qui voudrait embaucher un type qui vient de passer plus de la moitié de sa vie derrières barreaux, pour meurtre qui plus est. Car aucun patron ne prendrait le temps d’écouter son histoire, les raisons qui ont motivées son geste ou la nature de l’enfoiré qu’il a buté, là-dessus il ne se fait aucune illusion. Alor s à dire vrai, il n’est pas certain de vouloir perdre du temps à jouer ce petit jeu, le quinquagénaire. Sa bonne résolution lui aura duré le temps d’un trajet en métro, une clope et dix minutes de marche. Comme toutes les fois où il a tenté de faire plaisir à sa mère par le passé et essayer de devenir un homme respectable. Ce n’est pas qu’il ne souhaite pas sincèrement la rendre fière, c’est qu’il a ça dans le sang et qu’il est incapable de se renier. Même pour elle. Alors s’enfermer dans un bureau ? Plutôt se pendre.

Mais puisqu’il a fait le trajet jusqu’ici, il se dit qu’il pourrait en profiter un peu, Seamus. Prendre l’air et voir un peu de verdure. C’est que c’est gris une prison. Alors comme il arrive devant une des entrées du parc, il lui prend l’envie de se prendre pour un gosse à nouveau, de s’allonger dans l’herbe et de regarder passer les nuages. C’est con, mais il a l’impression qu’il y a une éternité qu’il n’a pas savouré ce petit plaisir là. Ainsi laisse il se spas le guider le long des allées à la recherche d’un coin tranquille ou replonger en enfance. Et quand il trouve enfin le carré de pelouse qui lui semble convenir, il y prend place avec une certaine nostalgie. Un sourire mélancolique aux lèvres, il ressasse un vague souvenir d’un piquenique en famille à Central Park il y a bien trop longtemps. Il se revoit faire quelques lancés avec son père, se demande ce qu’il est advenu du vieux gant de base-ball que ce dernier lui avait offert, puis chasse cette question de son esprit en devinant que si Mary ne l’a pas récupéré, il vaut mieux que leur mère l’ai revendu. Au moins il servira à un gosse, plutôt que de moisir dans un carton quelque part. Parce que des gosses, il n’est pas prêt d’en avoir, Seamus. Ce n’est pas que l’idée l’aurait dérangé à une certaine époque, mais il n’en a pas eu le temps, tout simplement. Et en écoutant les rires de ceux qui s’amusent en famille un peu plus loin, son rictus se meut en un large sourire. Non, cette vie n’est pas pour lui, il a fait une croix dessus.

Et tandis qu’il tend l’oreille à ces jeux, il lui semble entendre autre chose. Une mélodie, à peine audible, si faible qu’il pense l’avoir imaginée, mais qui persiste. Il feint de l’ignorer un instant, mais la curiosité finit par l’emporter. Alors, Seamus, il relève la tête sans se redresser tout à fait, prenant appuis sur les avant-bras pour chercher du regard d’où peut bien provenir ce son. Si son ouïe ne lui joue pas des tours, la mélodie vient du banc non loin où une joggeuse a pris place pour une pause sans doute méritée. Le quinquagénaire, ça lui ravive d’autres souvenirs. De l’époque où il avait le courage et la capacité de s’adonner à une telle torture matinale. Sans doute pourrait-il s’y remettre, s’il se décidait à renoncer aux clopes qu’il persiste à s’envoyer à la moindre contrariété. Et chassant cette idée qui menace déjà de lui saper le moral, il s’apprête à retourner à ses contemplations et laisser son imagination chercher un lapin ou un aigle dans la forme des nuages, quand il entrevoit un soubresaut chez la joggeuse qui attire son attention. Puis un second. Et un autre encore. Il plisse les yeux, Seamus, pensant d’abord qu’à trop fixer le ciel, ses pupilles ont du mal à retrouver leur acuité, mais elles ne le trompent pas. La gamine, elle sanglote, il en métrait sa main au feu.

Il hausse les épaules dans un premier temps, se laissant retomber en arrière pour mieux ignorer ce qui ne le regarde pas. Mais s’il est facile de détourner le regard, il est bien moins aisé de ne plus entendre la musique qui devait rythmer son footing avant qu’elle n’y renonce. Et rapidement, Seamus, plutôt que de se concentrer sur les trainées blanches dans le ciel, il laisse son imagination chercher la cause des sanglots de la blonde. Une blessure dans un mauvais mouvement ? Une frayeur suite à une mauvaise rencontre ? Des affaires de cœurs ? Qu’est-ce qu’il en sait…. Ainsi sans trop savoir pourquoi, voila qu’il finit par se sentir concerné. La curiosité l’emporte sur son envie d’ignorer les ennuis potentiels que pourrait lui attirer le fait d’aborder la gamine. Et se redressant à contre cœur, il se décide à s’approcher de la pleureuse. Il hésite cependant à faire un pas de trop, se tenant à quelques mètres du banc, les mains au fond des poches de son jean. « Tout va bien mademoiselle ? » qu’il ose timidement. C’est qu’elle a quoi ? La petite vingtaine ? Il ne manquerait plus qu’on le prenne pour un pervers.

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Seamus & Fanny

Tu ne sais pas pourquoi ton regard s'est attardé sur cette famille qui a présent est hors de portée, mais cela a été le cas, et cette belle image t'es revenue en pleine tête, te faisant comprendre que tu ne pourras jamais avoir cela pour toi. Pourtant, toi qui est optimiste, tu devrais être heureuse pour cette famille, n'est ce pas ? Tu l'es, mais dans ton esprit, il y a cette image qui te blesse, qui te lacère simplement le coeur parce qu'il en est ainsi. Tu es forte, tu le sais, mais il y a certaines images qui te sont difficiles, des faiblesses qui ne semblent pas en être pourtant, des images qui semblent à peine anodine pour presque tout le monde, mais tu n'es pas comme tout le monde, non. Tu as cette force en toi qui parfois s'évapore en un instant, sans de raisons apparentes pour ton monde qui t'entoure, sauf si les personnes te connaissent bien, mais qui pourrait se vanter de cela ? Il n'y a que peu de personnes capables de cela, parce que tu restes quelqu'un de mystérieux, qui a ses secrets, qui s'est forgé une grande et forte carapace, une véritable muraille qui possède peu de brèches apparentes. Pourtant aujourd'hui, la fissure est apparue sans que personne n'y fasse rien de volontaire, ce qui est presque paradoxal. Alors, l'arrivée de ce banc te fait du bien, tu te poses sur celui-ci, enlevant les écouteurs de tes oreilles, laissant la musique rythmée vibrer dans ceux-ci. Alors que ton regard se perd dans le vide du parc, tu entends une voix masculine, te réveillant de ce cauchemar éveillé que tu étais en train de vivre. Tu sèches tes larmes passant ta main droite sous tes yeux de façon instinctive, machinale comme s'il pouvait ne rien avoir vu, comme si cette soudaine faiblesse n'était rien du tout, simplement une poussière apportée par le vent. Il a cependant posé la question. Est ce que tu vas bien ? Tu ne saurais véritablement répondre à cette interrogation, parce que dans l'instant tu ne sais pas si tu vas véritablement bien. Les photos de tes parents te reviennent en mémoire, allongés sur le sol, tués par tu ne sais qui, puisque l'enquête de police n'a jamais rien donnée. Durant des années, tu as pensée à faire ta propre enquête pour te faire justice toi même. Tu as failli opté pour cette option récemment, mais tu as choisi finalement de faire honneur à leur mémoire en t'engageant avec les pompiers comme tu avais commencer à le faire lors de leur assassinat. Alors finalement, tu relèves la tête en direction de cet homme, dans la cinquantaine. Tu ne sais pas réellement pourquoi il s'arrête, pourquoi il te demande si tu vas bien. Tu étais en train de pleurer, c'est vrai, mais qui encore se soucie du sort des autres de nos jours ? Tu ne connais pas grand monde qui s'en soucierait mais cela semble être son cas. Alors, en l'espace d'un instant, il gagne en considération. Il a vu que tu n'allais pas bien, rien ne sert de lui mentir même si tu ne le connais pas. Alors finalement, c'est un sourire qui s'invite sur ton visage suivi d'un geste de la main pour qu'il prenne place sur le banc.

" Tout ne va pas bien, mais cela pourrait être pire. Désolé pour le spectacle, ça ne me ressemble pas ... "

Et tu ne finis pas cette phrase là, comme si tu lui laissais la possibilité de te poser d'avantage de questions, comme si tu le laissais passer la porte de ton coeur, comme si tu faisais en sorte qu'il s'engouffre dans cette fissure, une des rares qui puissent apparaître dans ta carapace, dans ton armure en général si solide, comme si ton esprit lui laissait la possibilité de prendre une place dans ton monde alors que tu ne l'avais encore jamais vu auparavant.

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Feat. Fanny

Tout en gardant ses distances, il attend la réponse de la joggeuse. Quelque part, il se dit qu’il pourrait s’avancer plus, que c’est un lieu public et que bien des témoins pourront attester de la scène si jamais on doit lui reprocher quelque chose, mais il sait trop bien qu’avec un casier comme le sien personne ne songera à lui laisser le bénéfice du doute. Alors il ne prend pas ce risque inutile. Il va même jusqu’à scruter les différents petits groupes autour d’eux pour s’assurer que quelques curieux au moins l’ont vu se tenir là, à quelques mètres et qu’elle pleurait déjà avant qu’il ne s’approche. Selon sa réponse, il sera peut-être forcé de faire les derniers pas, si elle a besoin de secours, si elle s’est ruiné une cheville ou quelque chose dans ce gout là, mais là aussi il agira avec prudence. Il demandera peut-être assistance à un des deux tourtereaux qui se bécotent sur la nape plus loin, ou à un des joggeurs qui passent plus ou moins régulièrement. Il établit toute une série de scenarios, Seamus, trop méfiant qu’il est, mais aucun ne semble convenir à ce qui fini par se profiler. Tout ne va pas bien mais ce pourrait être pire. Cette phrase il la connait trop bien. Elle aurait pu résumer beaucoup d’étapes de sa propre vie. Ce qu’il peine à reconnaitre en revanche, c’est la manière dont elle l’invite à s’asseoir près d’elle.

Il arque un sourcil, surpris de cette proposition silencieuse, s’attendant à ce qu’elle l’envoie promener plus loin ou qu’elle l’ignore à présent qu’il a eu sa réponse. Un petit acte de bonté peut être récompensé de bien des manières, que sa mère disait quand il était môme. Sauf que des actes de bonté, Seamus, il n’en a pas distribué des tonnes depuis lors, alors comment aurait-il pu anticiper la réaction de la gamine. Il hésite, esquisse un pas, puis un autre, s’arrête, fixe le banc en silence. Il a la place de s’asseoir là sans la toucher, sans être trop près, mais cela suffirait il à le dédouaner s’il prenait l’envie à la donzelle de hurler à l’agression ? Certainement pas. Alors il opte pour autre chose, le temps de savoir sur quel pied danser. Il vient prendre place sur le dossier, les deux pieds sur le banc, comme il avait l’habitude de le faire dans la cour à Rikers ou au Cook. Ainsi il se tient à coté d’elle mais sans pouvoir la toucher. Il est sans doute paranoïaque, mais il ne tient pas à repartir derrière les barreaux de sitôt, et surtout pas pour ça. Là, il pose ses avant-bras sur ses cuisses, torture un instant ses doigts en silence, cherchant quoi dire. Elle veut qu’il reste là, mais il n’a pas la moindre idée du type de conversation qu’il pourrait lui tenir. La rassurer, sans doute, finir de sécher ces larmes qu’elle a maladroitement essuyée puisqu’après tout c’est lui qui a lancé la discussion.

Et quand il finit par trouver ce qu’il pense être la seule chose à dire, c’est avec une maladresse effroyable que les mots lui viennent. « J’ai cru que vous vous étiez blessée, voyez. Vous avez pourtant de bonnes chaussures pour la course. » Pathétique, qu’il se dit. Mais bien moins que la suite. « Vous devriez couper… ça… » il tapote sur sa propre oreille avant de pointer du doigt les écouteurs qui pendent encore dans le dos de la gamine. « .. ou vous allez manquer de pile pour le trajet retour, voyez. » Merveilleusement pitoyable. Pourtant il persiste, se forçant à ricaner pour chasser sa propre timidité. « C’est quoi d’ailleurs ? Comme groupe, j’veux dire. » C’est désuet comme sujet de conversation, mais il n’a rien trouvé d’autre. Et sans doute est-ce ce dont elle a besoin, quelque chose de légers et de dérisoire pour oublier les raisons de son chagrin. Le cas contraire, il est prêt à s’éloigner à sa demande ou la laisser partir si elle le trouve ennuyeux.

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Seamus & Fanny

Qui est-il ? Tu ne le connais pas, mais il est le premier à passer devant toi alors que tu viens de t'arrêter sur ce banc. Peut être que s'il ne s'était pas arrêter cela aurait été une autre personne, ou alors encore bien d'autres seraient passés en t'ignorant complètement. Cela ne t'étonnerait pas vraiment à vrai dire, tu ne t'attendais pas à ce qu'une personne s'arrête pour te demande si ça allait surtout que tu n'avais pas fait de chutes, rien qui nécessite un arrêt sur ce banc. Mais ton esprit avait été pris d'une certaine faiblesse, d'une de celle que tu redoutes le plus, car impossible à réellement prévoir, mais qui dans le cadre de ton métier pourrait être fatale. Alors oui, il faut mieux que ce soit dans un contexte pareil, mais quand même. L'homme semble cependant hésitant quand au fait de s'asseoir sur ce banc, mais il le fait quand même, prenant place sur le dossier, les deux pieds sur la banquette comme si cela était plus confortable ainsi. Tu ne notes pas vraiment cela, c'est un détail fort inutile à ton sens. Il semble réfléchir à ce qu'il va dire ou faire, comme s'il y avait un risque pour lui. Tu ne comprends pas, parce que tu ne le connais pas, parce que si tu en savais plus, tu pourrais comprendre pourquoi il agit de la sorte, car c'est dans une certaine logique qu'il le fait. Et finalement, il parle, te disant qu'il te pensait blessée, mais il n'est pas loin d'une certaine vérité, sauf que la blessure n'est pas physique mais morale, mentale, psychologique. Elle ne se voit pas, tes chevilles vont bien, mais ton esprit est ailleurs, comme éloigné de ton coeur en cet instant. Il t'a ramené à une certaine réalité. Alors sur ses propos tu souris. Sa première constatation est bonne, tu as les chaussures qu'il faut pour courir, puis il te sors quelques choses qui semble être venu d'un autre temps. Il y a encore du son qui sort de tes écouteurs, et il te conseille de les couper. Il n'a pas tord, mais la remarque suivante est bizarre. Tu sais que tu auras suffisamment de batteries pour le trajet retour, ce n'est pas un soucis ça, mais c'est le mot piles qui te fait sourire avant qu'il te demande ce que tu écoutes comme musique. Alors tu lui tends un écouteur pour qu'il puisse entendre la musique.

" Je ne sais pas si c'est votre genre de musique mais pour courir, je trouve que c'est assez rythmé, donc j'écoute ça et d'autres choses aussi. Mais rassurez-vous ma cheville va bien, et j'aurais assez de batteries pour le trajet retour. "

Et tu souris, tu as utilisé les termes d'aujourd'hui pour qu'il comprenne que peut être il avait fait erreur sur les mots à utiliser comme s'il était resté enfermé dans la caverne d'Ali Baba durant plusieurs décennies. A part dans ta télécommande, tu n'utilisais plus vraiment de piles depuis quelques années maintenant. Tu ne savais pas la réaction qu'il allait avoir mais tu étais curieuse de le voir. Quoiqu'il en soit, tu avais presque déjà oubliée les raisons de ses larmes, car tu avais avec toi quelqu'un qui t'intriguait plus que tu ne l'aurais sans doute cru.

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La musique… voila une autre chose à rajouter à la liste de ce qui lui a manqué tout ce temps. Quoi qu’il ai eu quelques occasions, oh certes, rien qu’il puisse raconter avec autant de ferveur que les gars qui bien avant lui avaient eu la chance de voir Johny Cash débarquer dans leur réfectoire, mais juste assez pour ne pas oublier l’effet que peut avoir une bonne mélodie sur le moral. C’est peut-être un sujet comme un autre pour beaucoup, mais Seamus il n’a pas à feindre sa curiosité à ce propos. S’il se souvient encore des titres qui monopolisaient les ondes quand il était jeune, et libre, il se demande ce que peuvent bien écouter les gosses de nos jours. Il a bien une vague idée de ce que les radios ont à proposer, mais les jeunes ? Est-ce le grand retour de la country ? ou du jazz ? Est-ce que le disco a enfin fini par dépérir ? Est-ce que le synthé fait toujours des ravages ou est-ce que la sacrosainte ligne de basse agressive a repris le dessus ? C’était simple, à l’époque, on pouvait presque catégoriser les jeunes selon ce qu’ils écoutaient. Le rap, le rock, la pop, chacun avait son style de prédilection et la plupart du temps les gosses, dont il faisait partie, laissait ça transparaitre jusque dans leur tenue vestimentaire. Il esquisse un nouveau soupire mélancolique en se remémorant ses vaines tentatives de faire tenir sa tignasse sous quelques kilos de produits en tout genre pour se donner des airs de Travolta et machinalement, il repasse une main sur la tempe comme il le faisait alors pour lisser tout ça. Ce n’ets pas qu’il lui manquerait des cheveux pour le faire, il peut clamer avec fierté avoir échappé à la malédiction des golfes qui guettent la plupart des hommes comme les années passent, mais il serait sans doute bien ridicule aujourd’hui avec ce genre de mise en pli.

Il prendrait bien les paris sur ce que la joggeuse écoute mais rien ne ressemble plus à une tenue de sport qu’une autre tenue de sport. Et puisque la mode des joggings fluo est passée depuis longtemps, chose qu’il ne regrette pas franchement, il n’oserait présager de rien la concernant. En guise de réponse à sa question, elle lui tend un écouteur et s’il hésite un instant à se le coller à l’oreille, sa curiosité reprend vite le dessus. Il est surpris, dans un premier temps, par la mélodie. Soit il se fait vieux et il n’avait pas perçu correctement ce qui s’entendait de loin, soit le morceau a changé entre temps. Il finit par se dire qu’il y a certainement un peu des deux. Mais s’il écoute ce qu’elle dit en fronçant les sourcils c’est autant parce qu’il a du mal à comprendre que parce qu’il peine à entendre. La musique est forte, trop peut -être, mais il n’en dit rien, de peur de passer pour un vieux con rabat joie. Comment a elle fait pour courir jusqu’ici sans créer d’accident, pour entendre la circulation et ne pas se manger la première voiture sur son chemin sans l’avoir entendue venir ? « POUR CO… pardon… » il réalise trop tard qu’il s’est mis à crier et s’empresse de lui rendre son écouteur dans un sourire gêné avant de reprendre « … pour courir, j’écoutais plutôt Going the Distance, à la Balboa, ou Led Zeppelin. Ouai… un bon Starway to Heaven… pour démarrer calmement et s’emballer sur la fin. » Et machinalement, il se met à fredonner le refrain, se laissant aller à marmonner un « Oooh, it makes me wonder… makes me wonder… » qu’il accompagne d’un tapotement en rythme du pied sur le banc le regard perdu dans le vide et dans une douce mélancolie d’une époque révolue..

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Seamus & Fanny

Il te fait sourire, est ce qu'il ne serait pas tombé dans une faille spatio-temporelle durant deux ou trois décennies pour agir de la sorte ? Pour hésiter à écouter la musique que crache l'écouteur, à se rendre compte que pour lui, la musique était sans doute un peu trop forte, juste ce qu'il faut pourtant pour bien l'entendre, se focaliser sur la course sans oublier l'espace qui vous entoure. Tu ne veux pas te griller les tympans trop vite, tu ne veux pas devenir sourde à vrai dire. Ce n'est clairement pas ton but, mais il faut que tu restes concentrées sur ton objectif. Pour aujourd'hui c'est quand même un semi-échec, parce que même si tes oreilles n'ont pas déviées, ce sont tes yeux qui ont fait remontés ce souvenirs à ton esprit. Mais tu as presque oublier ce souvenir à présent, car le cinquantenaire t'intrigue. Il semble sortie des années 70, ou quelques choses comme ça, peut être le début des années 80, pas guère plus. Tu n'es pas historienne de la musique, mais cela a évolué assez vite sur les dix dernières années à vrai dire. Tout a été pour ainsi dire révolutionné avec la dématérialisation de la musique, avec les Ipod aussi, ce baladeur numérique qui s'est considérablement démocratisé, et qui s'est "transformé" en Iphone. Est ce que si tu lui dis tout cela, il va comprendre quelques choses ? Tu n'es pas sûre mais tu vas tester, tu vas voir ce qu'il sait, on ne sait pas en l'occurrence. Quoiqu'il en soit, il te donne quelques titres qu'il avait dans les oreilles quand il courait. Et effectivement, ça ne sent pas encore la naphtaline, mais cela commence à dater. Il te parle d'une chanson issue du premier volet de Rocky, dans les années 70 avant de sortir un classique, un Led Zeppelin, restant ainsi dans les mêmes années. Autrement dit, il semble te confirmer la faille temporelle, jusqu'à maintenant. Tu calcules à la louche, il te parle de musiques des années 70 et actuellement vous êtes en 2018. T'es pas mauvaise en maths, donc ça fait un trou de presque 50 ans. T'essayes de voir comment cela est possible. Alors, tu enlèves une dizaine d'années, ce qui fait environ 40 ans, donc si tu pensais qu'il avait dans les 50 ans, ce serait plus juste d'estimer son âge à 60, mais tu ne vas pas le lui dire. Tu lui souris et te met à chantonner la chanson avec lui.

" There's a feeling I get ... "

Et tu sors ton téléphone, pour lui mettre la chanson. Il en sera certainement étonné, de voir que tu peux avoir la musique comme ça qui sort de ton petit appareil comme par magie, sans changer de disques ou de cassettes audio.

" J'aime bien Led Zeppelin même si je dois avouer que ce ne sont pas forcément mes préférés. Je veux pas me lancer dans un débat mais je préfère les Beatles ou les Rolling Stones. "

Parce que même si tu es jeune par rapport à lui, tu connais tes classiques, dans le rock, les années 70 étaient un cru excellent, exceptionnel même devrais-tu dire, car en dehors des groupes cités, il y a aussi Pink Floyd, AC/DC, Queen et d'autres encore, de belles mélodies qui chatouillement doucement tes oreilles.

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Feat. Fanny

Et si ces quelques mots lui ont échappés, s’il a laissé sa voix suivre ces quelques accords de mémoire, il ne s’attendait pas à ce qu’elle l’accompagne. Et il esquisse un rictus amusé, Seamus, en reprenant la suite de la strophe avec elle. « … when I look to the west, and my spirit is criyng… for leaving… » puis il rit de bon cœur en la voyant fouiller son portable et lui tendre à nouveau l’écouteur. Qu’elle ai déjà entendu ce morceau quelque part est une chose, qu’elle l’apprécie suffisamment pour se balader avec en est une autre. Mais avant qu’il n’ai le temps de se demander si c’est parce qu’elle apprécie vraiment Led Zeppelin ou si il s’est retrouvé là par hasard, elle admet tout. Et il dresse un sourcil amusé, tout en savourant les accords qui resonnent à ses tympans, lorsqu’elle évoque les Stones et les Beatles. « Et pourquoi pas ? » qu’il questionne alors « Pourquoi ne pas lancer le débat, voyez ? Vous avez l’air d’avoir de bons gouts en matière de musique, pourquoi ne pas en parler encore un peu ? » Elle a retrouvé le sourire depuis qu’elle a fredonné avec lui, et il veut saisir l’occasion à la fois pour en apprendre plus sur ce que cette jeunesse si loin de la sienne écoute, que pour s’assurer qu’elle ne pleura plus quand il quittera ce banc. Il ne sait pas vraiment pourquoi ça lui tient désormais à cœur, le quinquagénaire, mais il préfèrerait ne pas la voir pleurer de nouveau. Histoire d’avoir l’impression d’avoir servit à quelque chose sans doute.

Alors il cherche un morceau, un groupe, un artiste qu’il pourrait évoquer, pour voir si elle connait aussi, si elle apprécie. Et il lui vient une autre idée. Un souvenir d’enfance, comme la chasse aux nuages avec ses sœurs. « Et si… je vous chantais quelques phrases une fois de plus ? Si vous connaissez, vous reprenez avec moi, dans le cas contraire c’est à vous de choisir un morceau ? » Il se doute qu’il aura du mal à suivre quand viendra son tour, mais il espère bien pouvoir compter sur ce qu’il a pu entendre à la radio pour donner le change. Ainsi il embraye, choisissant dans le répertoire de sa mémoire le premier morceau qui lui vient, s’éclaircissant la voix en se raclant la gorge avant de commencer. « I know a man ain’t supposed to cry but these ters I can’t hold inside… losin’ you end my life you see ‘cause you mean that much to me… » si l’air doit lui être familier, pour peu qu’il chante juste, il doute fortement que les paroles lui diront quoi que ce soit. Mais il est curieux de voir, s’il pense gagner ce round il appréhende déjà celui qu’elle lancera. Tant qu’elle ne rape pas il devrait pouvoir s’en sortir.

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Seamus & Fanny

S'il semble venu d'un autre temps, il reste qu'il a de très bons goûts en matière de musique, et rien que ça, c'est quelques choses qui te plait même si tu vas devoir lui apprendre certaines choses. Tu as oubliée cette famille qui est passée dans ton champs de vision voilà quelques minutes à peine et tu t'amuses à chantonner avec lui. Peut être que ça fera venir la pluie, mais ce n'est pas tellement un soucis pour toi à vrai dire, tu en as bien conscience. La pluie n'est pas un temps qui te dérange. Tu souris en pensant à cela d'ailleurs. Puis vous chantez un bout de chanson ensemble, pas trop fort mais ensemble, comme dans une sorte de presque parfaite osmose. C'est presque drôle, comme si finalement, tu trouvais en lui en amateur de bonnes musiques que tu n'aurais pas croisés depuis des lustres. Mais la réalité est là, tu ne le connais pas, pourtant le feeling semble passer malgré tout, en partie parce que vous aimez la même musique. Tu n'écoutes pas que cela bien entendu, mais ça participe à votre bonne entente; Tu lui avoues, Led Zeppelin n'est pas ton groupe préféré même si tu apprécies la chanson que vous avez fredonnés ensemble, une des chansons les plus connues du groupe à ta connaissance. Tu ne veux pas lancer le débat du meilleur groupe de rock de tous les temps mais en vérité, cela semble lui plaire, alors c'est lui qui lance le débat, si on peut dire.

" C'est vous qui voyez après tout, mais de là à dire quel est le meilleur groupe de rock de tous les temps, c'est difficile à dire. Mais je confirme mes préférences pour les Beatles ou les Stones. "

Parce que pour Led Zeppelin, il n'y a pas tellement de chansons connues, enfin, que tu connais, contrairement aux deux autres que tu cites où il y a des dizaines de chansons qui sont mondialement connues. Alors, il propose une idée qui te fait sourire à nouveau, une sorte de blind test, à partir de paroles de chansons qu'il va chanter. Tu vas devoir reconnaître la chanson, en espérant que tu la connaisses évidemment. Alors tu acquiesces les règles du jeu qu'il met en place. Alors il se met à chanter, et ça te dit vaguement quelques choses, qui semble dater de la même période que les groupes déjà cités. Mais déjà, tu sèches sur sa première chanson. Tu cherches néanmoins, mais tu ne pourras pas te faire aider par Shazam pour le coup, il ne devrait pas reconnaître le morceau. Alors, tu cherches dans ton Spotify, et tu lui montres la chanson que tu penses qu'il fredonne : " Marvin Gaye - Sexual Healing " même si tu penses être dans le faux. Alors tu te prépares déjà à fredonner toi aussi une chanson après qu'il te donne le verdict.

" All my troubles seemed so far away ... Now it looks as though they're here to stay ... "

Un classique pour toi, qui devrait lui parler, normalement même si tu n'es pas à l'abri d'un trou de mémoire de sa part évidemment.

Un peu de sport pour la condition physique

Feat. Fanny

L’idée lui est venu comme une évidence, comme la seule chose à sa portée pour s’assurer de ne pas s’être donné cette peine pour rien et que quelque soit l’origine des larmes qui ont attiré son attention, elles ne reviennent pas à l’assaut quand il aura tourné les talons. Quant au premier morceau qu’il entonne, il ne saurait dire ce qui a motivé ce choix, Seamus, si on peu appeler cela un choix. L’air, il l’avait déjà en tête sans trop savoir pourquoi, le reste s’est fait tout seul. Et quand elle pianote sur son téléphone, quand elle lance fièrement la chanson qu’elle croit avoir deviné, il tente de réprimer son fou rire mais il ne peut retenir son rictus victorieux et le « Héhé ! » amusé qui lui échappe. Elle avait presque vu juste, la gamine. Sans doute a elle reconnu le morceau mais sa culture musicale n’est pas infaillible. Alors il retire l’écouteur de son oreille, le quinquagénaire, pour ne pas se laisser porter par la mélodie qui s’en échappe et fredonner le refrain du morceau qu’il avait choisi. «Oooh, I heard it through the grapvine, and I’m just about to looose my mind… Honey, honey, yeaaah.. » Il s’emporte peut-être un peu, Seamus, comme si la musique pouvait avoir réellement cette vertu-là, cet étrange pouvoir de lui faire oublier tout le reste. « Mais vous y étiez presque, c’était bien Marvin Gaye, mais pas la bonne chanson. Un petit point pour moi je suppose. A vous maintenant ! » qu’il déclame avec cette bonne humeur qu’il ne s’explique pas mais dont il compte bien profiter tant qu’elle lui dure.

Et le morceau qu’elle choisit lui tire un nouveau sourire, plus nostalgique. Les Beatles. C’est presque trop facile. Tente-t-elle de lui épargner le ridicule d’un match inégal, essaye elle de lui faciliter la tâche ? Il en serait presque vexé s’il ne devinait pas que son geste part d’une bonne intention. « Oh I believe.. in yesterday… allons, allons… ne me ménagez pas s’il vous plait. C’était mon idée, je suis prêt à accepter une défaite, voyez. » Et pour lui montrer qu’elle peut y aller plus franchement, qu’elle peut piocher dans un répertoire plus récent même, qu’il trouverait cela fair play malgré tout, il tente de se souvenir du dernier morceau qu’il a entendu à la radio. C’était un groupe dont il n’est pas certain d’avoir bien saisi le nom, un morceau qu’il n’a pas cherché à retenir mais dont l’air s’est pourtant gravé dans son esprit en un rien de temps. Alors il se racle la gorge, Seamus, il voudrait ne pas imiter la voix couinarde du chanteur mais il se laisse prendre au jeu une fois de plus et son timbre d'ordinaire si rauque prend des accents plaintif quand les premières notes lui viennent « I spent last night on the last flight to you… took a whole day up trying to get way up.. » Il n’est pas certain des paroles, ni même d’avoir chanté juste, certainement pas d'avoir chanté juste pour etre honnête, mais de ce qu’il en sait ce morceau là a eu son petit succès. C’est du moins ce qu’ils avaient l’air de dire à la radio. Ca devrait suffire à la blonde, du moins il l’espère. Deux points pour lui, c’est déjà presque de trop. Il voulait s’assurer qu’elle garde son sourire, pas la vexer en remportant ce petit jeu.

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Un peu de sport pour la

condition physique

Seamus & Fanny

C'était étrange, tu ne sais pas vraiment comment vous en êtes arrivés là, à faire un blind test en plein milieu du parc, mais ça n'a pas d'importance, car ton moral est redevenu bon, tu as oublié les raisons de cette baisse soudaine, comme si elle n'avait jamais eu lieu avec cet homme que tu ne connais pas, qui semble venir d'un autre temps mais qui aime la bonne musique. Et la musique c'est un rayon que tu connais bien, à en écouter à longueur de journée, dans ton bar, chez toi, dans les transports, en faisant du sport, c'est comme si ta vie était rythmée par la musique, que tu ne pouvais pas vivre sans. Alors tu n'écoutes pas toujours la même choses, non, tu varies les plaisirs selon tes envies, tes besoins du moment. Tu crois reconnaître la chanson qu'il fredonne mais tu vois à sa tête, que tu fais fausse route, du moins, en partie, car tu as le bon artiste mais pas le bon titre de chanson. En même temps, ce n'est pas ce que tu écoutes le plus ces derniers temps, mais c'était ce genre de musique que tes parents appréciaient plus que de raison. Il te confirme donc bien que tu n'as pas la bonne chanson même si tu n'étais pas loin. Tu en souris lorsqu'il semble heureux de remporter le premier point de ce combat. Alors, tu lances la chanson suivante, qui jaillit de tes lèvres, un classique, que tu apprécies beaucoup et qu'il reconnait immédiatement d'ailleurs. Il ne veut pas que tu le ménages, pas besoin que tu lui sortes une chanson de son époque, il est prêt à accepter la défaite. Mais tu n'es pas comme ça, à vouloir à tout prix gagner, à vouloir lui prouver ta suprématie sur des chansons qu'il ne connait sans doute pas le moins du monde. Ce serait dommage de gagner de la sorte, tu n'en aurais absolument aucun mérite, n'est ce pas ? Mais tu vas jouer le jeu quand même, tu vas faire en sorte qu'il puisse trouver sans que ta prochaine chanson ne soit trop vieille pour ainsi dire. Et finalement, c'est lui qui te surprends, car il se met à chanter du Maroon 5, et pas l'une de leur première mais bien l'une de leur dernière chanson. Tu supposes qu'il a pu l'entendre récemment, ou quelques choses comme ça, ça semble être évident.

" Je ne pensais pas que c'était votre style, mais j'aime bien ce groupe, en particulier cette chanson là de Maroon 5 avec Cardi B, Girls Like You. Je suppose qu'on en est à 2 points pour vous, et un pour moi. "

Alors tu réfléchis à une chanson qu'il peut connaître, qu'il doit connaître, qui est un classique en elle-même mais qui n'est pas si vieille que ça. Elle a bien une vingtaine d'année maintenant, environ, mais ce n'est pas une chanson aussi vieille que celle des Beatles, précédemment donnée. Alors tu ouvres la bouche, et tu commences à chanter.

" Another head hangs lowly Child is slowly taken ... "

Tu ne sais pas s'il trouvera, mais tu restes dans un domaine pop rock différent des années 70, la continuité si l'on peut dire cela ainsi. Tu jauges son regard, est ce qu'il va trouver ? Tu ne sais pas, tu vas voir.

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Feat. Fanny

Il est toujours juché sur le dossier du banc, tapant tantôt du pied sur les rythmes qu’ils proposent tour à tour, tantôt torturant nerveusement ses doigts sur ses genoux pour mieux réfléchir à ses réponses. C’est un bon exercice, que de puiser dans sa mémoire et la faire travailler de la sorte. Pour les futilités que sont ces simples chansons et non pour ressasser tout ce qu’il voudrait laisser moisir dans un coin. Il voulait tenter de la rassurer, de chasser ses larmes à elle mais, Seamus, il commence à se demander si tout ceci n’est pas aussi en train de lui faire le plus grand bien à lui. Un interlude formidable. Et quand elle reconnait le morceau qu’il avait entonné, il ne peut s’empêcher de ricaner. Il la croit sur parole. Le nom du groupe, le nom du morceau, il ne s’en souvenait plus de toute manière. A peine avait il retenu ce passage là et l’air entêtant du refrain. « J’suis forcé d’tirer mon chapeau. » Il n’en dit pas plus, un peu honteux de ne pouvoir argumenter avec elle sur le sujet. Il pourrait bien tenter de bluffer, le quinquagénaire, de prétendre en connaitre plus sur le style en question ou sur les origines de la chanson mais puisqu’il est persuadé qu’elle le prendrait à son propre piège et qu’il ne ferait que se ridiculiser lamentablement, il s’abstient. Elle semble chercher de quoi pimenter la manche suivante et il en profite pour tirer son paquet de cigarettes de sa poche. Une clope aux lèvres, il cherche le briquet dans son jean, tendant vaguement l’oreille à ce qu’elle propose en guise de challenge. Et il se fige, Seamus, non seulement parce qu’il est à deux doigts d’abandonner ses recherches ne trouvant pas l’ustensile qu’il recherche, mais parce qu’il lui semble reconnaitre la mélodie. « Ah… celle-ci… » Et il fredonne, l’ex-taulard, il fredonne avec elle sans pour autant pouvoir mettre un nom sur le morceau, sans qu’aucune des paroles de l’extrait ne revienne se poser sur la mélodie. « Dam’it… je vais trouver hein… » En vain. La clope à présent coincée entre un index et un majeur, dans une main qu’il vient porter à son front comme pour l’aider à réfléchir. Sans plus de résultats. « J’suis désolé. » Qu’il finit par admettre à regret. « Je sèche sur ce coup-là. Ça me dit bien vaguement quelque chose, mais j’saurais pas dire, voyez. » Et il se tourne de nouveau vers elle, un rictus gène au coin des lèvres. Il attend le verdict, le quinquagénaire, admettant volontiers sa défaite.

Et au moment où il abdique, ces mêmes cloches qui plus tôt lui faisaient se demander ce qui pouvait bien l’avoir poussé à se lever de si bonne heure retentissent de nouveau. Là, sur ce banc, à converser et jouer de la sorte, il en a perdu la notion du temps. Et puisque tout ceci lui a redonné suffisamment de baume au cœur et d’envie de garder la tête haute sous ce beau soleil, il laisse son esprit lui rappeler ce pourquoi il était dehors en premier lieu. Il attend qu’elle lui donne la réponse à ce dernier défi, parce qu’il ne veut pas paraitre brusquement rude et passer pour le dernier des enfoirés, puis il quitte ce dossier de banc, sa clope éteinte toujours entre les doigts. « J’vais devoir y aller. Des CV à poser, quelques entretiens à quémander. » Machinalement, il a replacé une mèche en arrière, replaquant sa tignasse sur son crane avant de gratter un peu l’arrière de sa nuque. Chassez le naturel... Ce n’est pas qu’il pense soudainement avoir la moindre chance de décrocher un boulot aujourd’hui, Seamus, c’est simplement qu’il sait que plus il retardera ses recherches, plus il donnera raison à son officier de probation. « Ça va aller vous ? » Parce qu’il n’a pas oublié qu’elle sanglotait avant leur petit jeu. Parce qu’il espère sincèrement que tout ceci n’aura pas été vain.

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Un peu de sport pour la

condition physique

Seamus & Fanny

Le blind test continue, et ça te fait sourire à vrai dire. Tu ne sais pas pourquoi il a voulu se lancer là dedans, dans ce jeu, qu'il pourrait perdre facilement au vue de sa non culture musicale de ses dernières années. Tu aurais pu lui faire mordre la poussière dès la première chanson, mais ce n'est pas le genre de la maison, faut bien l'avouer. Tu n'es pas là spécialement pour gagner ce petit challenge totalement improvisé, tu t'en fiches réellement de gagner ou de perdre, ce qui compte, c'est de passer un bon moment, et c'est réussi car tu as déjà oubliée pourquoi tu t'étais assise sur ce banc avec quelques larmes dans les yeux. Tu n'es pas du genre à te laisser avoir longtemps par cela, la preuve avec ce qui se passe. Tu le vois chercher cette chanson qui est en théorie à sa portée, il la connait, sans plus, sans réellement la connaître, car il chante l'air, sans avoir les paroles ni le titre de la chanson, alors il admet qu'il ne sait pas plutôt que de chercher éternellement un titre qui ne viendra pas. Alors, tu lui donnes la réponse et sans doute que ça lui sautera aux yeux.

" C'était les Cranberries avec Zombie. "

Tu le lui dis avec le sourire avec que derrière vous sonne l'heure pour lui de reprendre la course qu'il était en train de mener, une différente de la tienne de toute évidence, mais qui semble toute aussi importante, si ce n'est plus que ça d'ailleurs. Toi, tu cours pour le loisir, pour entretenir cette condition physique que tu affectionnes tant, car être un soldat du feu, ce n'est pas donné à tout le monde. Tu es encore en cours d'apprentissage mais tu participes à quelques missions, tu observes encore plus que tu n'agis vraiment, mais ça va venir, tu le sais, ça viendra avec le temps quoiqu'il en soit. Il a donc des CV a déposer, des entretiens à passer, il recherche du boulot de toute évidence. Qu'est ce qu'il sait faire ? Tu ne sais pas du tout, tu as du mal à cerner son profil dans l'immédiat. Tu ne sais pas si tu lui parles du Blue Frog's, tu ne recherches personne en particulier pour le moment, mais après tout, pourquoi pas ? Il te demande si ça va aller, mais oui, ça ira.

" Ne vous en faites pas pour moi, ça ira. Si jamais, déposez un CV au Blue Frog's, c'est un bar-restaurant, je connais bien la propriétaire, elle aime la bonne musique comme vous. "

Tu t'es levée, tu n'as pas précisée que c'était toi la propriétaire, comme pour lui faire la surprise si jamais il ose s'aventurer dans ses murs là même si ce n'est que pour finalement boire un verre. Tu regardes ton téléphone, tu cales à nouveau la playlist qu'il faut pour revenir chez toi.

" Bon courage pour votre recherche d'emploi et encore merci. "

Et puis finalement, tu te sauves, comme si tu partais de chez toi, avec un rythme tranquille que tu tiendras jusqu'aux portes du Blue Frog's que peut être il passera tout à l'heure ou plus tard, tu ne saurais dire. Peut être que tu ne le recroiseras jamais, la ville est grande, c'est possible après tout.

» SURFRUISE POUR CHACHOUNE !
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