Like something's about to happen, but I don't know what

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Octobre 2018 ~ Feat. Cameron

La nuit est fraiche, et il regretterait presque de ne pas avoir pris un blouson plus épais, Owen. Presque. Parce qu’après tout celui-ci passera les prochaines heures pendu à un ceintre loué une petite fortune dans les vestiaires du night club devant lequel il attend patiemment. Ce soir, il sort. Ce soir il veut tenter sa chance à un jeu vieux comme le monde, un jeu délicieux et dont le résultat peut l’être plus encore ou provoquer une chute violente et mortel pour un ego trop fragile. Or son ego, il est prêt à le placer sur le tapis vert des fois qu’il en sorte gagnant, le crooner. Il a laissé le vieux à la maison, s’est assuré d’avoir fait le tour de ses planques habituelles histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise en rentrant et de sortir l’esprit léger. Et l’esprit léger, il l’a bel et bien, tout enjoué qu’il est d’avance à l’idée d’avoir une chance de passer la nuit en bonne compagnie. Parce qu’il est comme les autres, le crooner, comme la plupart des jeunes males en rut qui font la queue devant l’entrée. Il espère ne pas rentrer seul. Il a grand besoin de se vider la tête, d’oublier le vieux, d’oublier cet ange tout blond qui lui reste inaccessible, d’oublier sa frustration et ses regrets. Alors oui, ce soir, il se laissera aller, il cessera de cogiter à tout cela, il a laissé son cerveau dans un bocal à la maison, n’emportant que son portefeuille et son instinct. Il n’a besoin de rien de plus pour passer du bon temps, Owen. Et quand son tour vient, il compte sur sa gueule d’ange et le soin qu’il a apporté à paraitre suffisamment aisé pour laisser croire qu’il consommera assez pour être rentable à la boite. Il connait les astuces, les critères de sélections des videurs, cerbères infranchissables si on ne rendre pas dans les petites cases qu’on leur a demandé de vérifier. Le jean est noir, sobre et passe partout, la chemise est d’un bleu pale, le col large, les deux premiers boutons lascivement oubliés, la tignasse soigneusement peignée dans un fouillis paradoxal. Il a laissé le crooner au placard pour devenir ce type ordinaire qu’on croise à l’entrée de tous les night clubs du monde. Parce que c’est l’ordinaire qui rassure, qui met en confiance. L’ordinaire qui lui vaut son sésame. Du moins son droit de passer à la caisse pour régler entrée et vestiaire.

Il hésite, Owen, ferme les yeux un instant, s’en remet à son instinct et à sa chance. Puis suivant une intuition, il prend la direction de l’étage. Il sera toujours à temps de s’aventurer dans les autres salles plus tard s’il fait chou blanc là haut. La musique est assourdissante, mais pas désagréable. Ce n’est pas ce qu’il écoute en temps normal mais force est d’admettre que pour l’endroit elle s’y prête tout à fait. Le jeu des néons danse en rythme avec les pulsations du son et il se faufile entre les fêtards, cherchant déjà des yeux une première partie à jouer, une première paire de grands yeux de biches avec lesquels tenter sa chance. Une brune par ici, qu’il lorgne sans vergogne, sachant pertinemment ne pas être le seul à se donner cette peine. Une rousse plus loin qui semble en phase avec le rythme imposé par le DJ et qui se démarque de son troupeau de copines éméchées par une certaine élégance. Mais son objectif premier, à Owen, c’est d’atteindre le bar. Une fois un verre en main, et une fois n’est pas coutume un ou deux sur le foie, il sera bien plus simple d’aborder l’une ou l’autre, voir même le troupeau de donzelles entier. Ou bien la délicieuse barmaid qu’il découvre en posant les yeux de l’autre côté du bar. Cette nouvelle découverte lui tirant un sourire des plus charmeurs, il attend qu’elle en est terminé avec le couple qu’elle sert pour lever la main dans sa direction et attirer son attention. Là, comme tous les autres avant lui, il se penche un peu pour tenter de se faire entendre malgré le volume sonore assourdissant. « B’SOIR ! » parce que la politesse n’a jamais tué personne et qu’il devine qu’un peu d’encouragements ne fera pas de mal à la demoiselle « UN JAGGERBOMB S’IL VOUS PLAIT. C’EST BLINDE CE SOIR DITES. » il n’attend pas de réponse, mais il se fera un plaisir de renchérir si elle se donne cette peine. Il se doute qu’il n’est pas le premier à tenter de lui faire la causette, mais qui ne tente rien…

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« OY ! Un BLOODY MARY s’vous plait ! » Mots hurlés pour tenter de prendre le dessus sur la musique, que Cameron attrape sans regarder la jeune fille déjà ivre qui trébuche, renverse un shot de vodka sur le bar qu’elle vient tout juste de nettoyer. Elle tend la main en avant et ça n’est pas pour lui agripper les cheveux et exploser son joli faciès sur la surface, mais bien pour réparer les dégâts causés. Cameron balaie les excuses bafouillées par la cliente d’un geste de la main, se contente d’éponger ça avec son torchon et de s’occuper du cocktail réclamé.
Elle récupère l’alcool et tout le nécessaire, se met à l’œuvre jusqu’à distiller ses propres pensées vers un ailleurs. Vers la seule obsession qui ne cesse de planter les griffes sur son esprit tordu. Malgré la fureur assourdissante que la musique crache dans l’ensemble de la salle, au rythme d’une techno frappante, se répercutant jusqu’au cœur de ses entrailles, Cameron gamberge déjà vers d’autres horizons plus sanglants.
Depuis leur retour de leur road-trip à Grayson avec Mira, l’étudiante n’a de cesse que de tourner et retourner tout ce qu’il s’y est produit, dans tous les sens. Essayant d’allier l’inexplicable et l’explicable, la jeune femme arrive toujours à la même et unique conclusion : Elle doit y retourner, accompagnée. Trainer une âme jusqu’aux frontières de cette ville pour retrouver l’essence même de tout ce qui l’habite, de cette adrénaline fulgurante qui a transporté son esprit bien au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer.
Pour la première fois depuis le début de son existence, Cameron s’est presque senti à sa place.

« BON Y VIENT C’COCKTAAAAAIL ! » La cliente se voit visiblement accompagné d’un ami, tout aussi torché qu’elle, gloussant l’un contre l’autre tandis que Cameron remplit le verre humide du liquide rougeâtre. Sans un mot, elle le glisse sur le bar, récupère les dollars dont elle rend que la moitié de la monnaie. Ils ont bien trop ivres pour se rendre compte de quoi que ce soit, Whalley le sait d’expérience. Ça n’est pas les premiers qu’elle croise lors de ses shifts au Night Club. Si nous pourrions croire que ce job à mi-temps pourrait lui coûter une patience qu’elle n’a pas, c’est mal connaitre Cameron qui ne se loge pas dans les cases pourtant bien connu des gens de son espèce. Au contraire, la jeune femme voit là l’opportunité d’apprendre le genre humain, de le scruter dans ses moindres vices, dans ses moindres travers. Apprendre la noirceur ou imbécillité innée, se gorger d’une vulnérabilité, d’une force virile ou féminine. Le Night Club est son catalogue comportemental, apprenant des plus faibles pour parfaire ses propres manipulations. Et étonnamment, son intelligence développée trouve épanouissement dans ce dédale de corps en sueurs, suintant la sexualité et la vie.
Entre deux services, Cameron resserre sa queue de cheval parfaitement tirés et exécutés, remettant en place son chemisier épousant les courbes féminines. Autant de détail qu’elle est bien obligé de suivre à la lettre, tout comme ce léger maquillage réhaussant l’intensité du regard.
Le couple ivre s’échappe enfin, mais aussitôt parti, un autre le remplace. Un moulin humain qui n’a de cesse de venir cogner à la surface du bar pour réclamer de quoi éteindre leurs esprits.

« B’SOIR ! Cameron lui répond d’un geste de la tête, accordant un sourire à ce jeune homme qu’elle n’a encore jamais vu, mais que ses yeux scrutent et analysent déjà. Chemise bleu pâle au col large, deux premiers boutons défait certainement dans l’unique but de paraitre plus animal et sexuel, cheveux dans un amas négligemment construit, il a au moins la politesse de lui sortir un « bonsoir », bien que ce dernier ne soit incroyablement mâché. UN JAGGERBOMB S’IL VOUS PLAIT. C’EST BLINDE CE SOIR DITES.
- COMME TOUS LES SOIRS POUR PEU QU’IL Y AIT UN THEME ! » Elle force sur sa voix, déteste tirer sur ses cordes vocales mais n’a pas tellement le choix pour se faire entendre. Elle n’est pas forcée de lui faire la discussion et n’en a pas franchement l’envie, mais là encore, elle se glisse dans un moule, correspondant à ce que l’on attend d’elle.
Le verre est posé sur la table, remplissant ce dernier de moitié de Red Bull, avant de l’accompagner d’un shooter remplit de liqueur. Pas étonnant que ce cockail porte le nom de JaggerBomb… il y a de quoi vous flinguer le cœur avec ces deux merdes réunit.

La jeune femme prend le shooter qu’elle laisse couler au fond du plus grand verre et le glisse vers le jeune inconnu qui dégage une aura toute particulière. Celui désireux de partir en chasse, peut-être.

« ESSAYEZ DE N’PAS VOUS TUER AVEC CA ! » Petite touche d’humour donné, Cameron lui offre un clin d’œil avant de porter son attention sur le reste de la clientèle. Jamais le bar ne désemplit, peu importe l’heure de la soirée, de la nuit, le flux de clients reste constant. Noyant autant de visage qu’ils n’en apparaissent tout le long de la soirée.

±

Un soupire de soulagement franchit la frontière de ses lèvres pulpeuses lorsqu’elle délaisse le torchon déposer sur le comptoir. Fin du shit, Cameron adresse un salut à ses collègues, un « bon courage » et « bonne soirée », avant de s’éclipser pour laisser la main au serveur suivant. L’étudiante récupère son téléphone déposé sous le bar, dans un recoin derrière quelques bouteilles d’alcool et entreprend de franchir cette vague humaine qui s’anime à n’en plus pouvoir sur la piste de danse. Sans vraiment prendre la peine de s’excuser, elle joue des coudes, repousse un jeune homme qui tente de la ramener sur la piste, agrandit ses pas dans l’unique but de pouvoir atteindre les vestiaires à l’entrée du Night Club pour enfin sortir prendre l’air.
Cameron jette un œil sur son téléphone, ouvre sa boite mail mais n’a pas vraiment le temps d’en lire le contenu avant de percuter une masse. Elle étouffe un hoquet de surprise alors qu’elle relève les yeux vers l’inconnu… plus si inconnu que ça.

« Désolée ! Plus besoin de hurler dans ce coin-là ou en tout cas, plus aussi fort qu’ils ne l’avaient fait tout à l’heure. Je vois que vous avez le coeur solide avec un cocktail pareil ! »

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Octobre 2018 ~ Feat. Cameron

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Il n’espère rien de sa petite tentative, de sa phrase d’accroche pathétique et déjà par trop entendue. Il la voit plutôt comme un tour de chauffe, une occasion d’évacuer toutes ses idées ringardes avant d’attaquer le vif du sujet plus loin. Avec des cibles plus faciles aussi, il n’est pas sot, le crooner, pas assez pour croire qu’il peut réellement séduire une barmaid dans un endroit pareil. Et bien qu’il se surprenne à penser qu’elle en vaudrait pourtant la peine, il a déjà la tête ailleurs. A la rouquine aperçue tantôt notamment. Aussi est-il surpris d’entendre l’employée lui répondre tout en s’activant à lui servir ce qu’il a commandé. Son effort de politesse aurait il payé ? Suffisamment pour qu’elle accepte de lui adresser quelques mots de plus qu’au couple qu’elle servait tantôt visiblement. Il s’enorgueilli de cette réaction, Owen, bombant un peu le torse, prenant cela comme un signe du destin : ce soir il a une bonne étoile au dessus de la tête qu’il ne compte pas laisser s’éloigner sans en profiter. Les yeux rivés aux mouvements de l’employée, à la manière dont elle dose son cocktail sans avoir l’air de prendre le temps d’y réfléchir, comme par reflexe. Il a toujours été fasciné par la façon dont certains gestes du quotidien deviennent des automatismes avec le temps, surtout dans ce genre de métier. Combien de verre a elle et va elle encore servir ce soir, une centaine, deux, plus ? Et combien d’autre clients prendra elle la peine de mettre en garde contre les effets dévastateurs d’un tel combo sur le cœur ? Aucun, du moins s’autorise il à le penser sans trop y croire, tout comme il se laisser aller à penser qu’elle ne distribue pas des clins d’œil à tout le monde. Clin d’œil auquel il répond, assorti d’un « MERCI. BON COURAGE. » en lui tendant son billet avant de retourner vers la piste en lui laissant le dollar et quelque de monnaie en guise de pourboire. Galvanisé par ce qu’il prend donc pour une petite victoire, il s’ose à aller s’aventurer près de la rousse et de son troupeau de copines bondissantes, engloutissant la moitié du verre comme il peut en chemin malgré la foule qui ondule plus ou moins en osmose avec les pulsations des caissons de basse.

***

Sa bonne étoile a du s’accrocher à un autre. A ce grand blond de bien dix ans son ainé et dont l’extravagante gourmette dorée lui donne envie de vomir par exemple. La rouquine, elle est partie avec lui. Et la brune aux grands yeux de biche qu’il avait repérée en arrivant, il l’a aperçue plus tard sur les genoux d’une autre donzelle, Owen. Et ces deux échecs là ont eu un effet dévastateur sur son mojo de la soirée. Il en est presque resigné à rentrer seul, rebroussant chemin jusqu’au vestiaire, abandonnant sa chasse pour ce soir de peur de prendre un râteau supplémentaire qui l’achèverait tout à fait. Il laisse cependant son esprit divaguer, se perdre à la délicieuse image de ces deux femmes en train de s’embrasser qui donne une saveur sucrée à sa défaite. Celle là au moins il ne l’a pas perdue au profit d’un abruti exubérant et cette vision là lui donnera de quoi s’occuper l’esprit plus tard. Tout occupé qu’il est à ses divagations, un mince ictus lubrique aux lèvres, il en vient à faire un mouvement ample de trop en enfilant la veste qu’il vient de récupérer et heurter … « Hoow… » exclamation de surprise qui lui échappe malgré lui comme il reconnait la barmaid de tout à l’heure. Il se surprend à croire que le hasard vient brusquement de se substituer à sa bonne étoile, le crooner, l’entendant reprendre sa mise en garde de tantôt de la sorte. Ainsi elle se souvient de lui. De tous les imbéciles qu’elle a dû servir cette nuit, elle se souvient de lui. Son bonsoir et son merci auront donc payé au final. Ou bien est-ce ce sourire charmeur qu’il s’efforce d’afficher de nouveau pour lui répondre. « Le cœur solide? Peut-être. Pas aussi solide que vos reins… » mais s’il résiste tant bien que mal à l’envie de lorgner le bas de son dos comme il vient naturellement à y penser, ce n’est pas ce à quoi il fait référence « … pour tenir toute la nuit debout ainsi, à courir apres les commandes. J’admire ça. Sincèrement. Ça doit etre épuisant. » Il la flatte un peu, et bien qu’il soit réellement admiratif, il surjoue. Faire preuve d’un peu d’empathie lui a valu un clin d’œil plus tôt, il se reprend à espérer qu’en poursuivant dans cette voie il obtiendra un peu plus. « Frustrant même, je pense. J’aurais pas la patience de supporter les andouilles dans mon genre toute la nuit. » Et cette fois, il ricane un peu, pour l’inciter à faire de même. Puis il l’attrape doucement par le bras pour l’entrainer avec lui d’un pas en arrière et laisser place à un petit groupe éméché qui s’avançait pour sortir et les aurait bousculés. « Hey ! Regardez où vous allez un peu ! » qu’il hèle à leur attention bien que sa remarque se perde en chemin et soit tout à fait ignorée. Il tente de se démarquer, Owen, il l’a dit lui-même des andouilles ans son genre elle doit en voir défiler plus d’un. Alors peut etre quelques manières de gentleman, surjouées ou non, sauront faire la différence, ou au moins lui tirer un sourire. Ce qui serait déjà un score plus appréciable que ses autres tentatives de la soirée.

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Le sourire charmeur revient aussitôt qu’il pose son regard sur elle. Le loup semble bien confiant ce soir, dans toutes cette bergerie. Un loup suffisamment empoté pour se retrouver seul à la sortie de cette boite. La chasse n’a visiblement pas été très fructueuse …

« Le cœur solide? Peut-être. Pas aussi solide que vos reins…Difficile de ne pas imaginer un sous-entendu lorsqu’il affiche cette petite gueule de séducteur, mais Cameron ne relève pas. pour tenir toute la nuit debout ainsi, à courir apres les commandes. J’admire ça. Sincèrement. Ça doit etre épuisant. Bien évidemment. Le compliment lancé comme une ligne de canne à pêche, espérant que l’appât soit suffisant pour la voir papillonner des yeux, fondre comme une idiote face à quelques mots pour qu’il puisse mieux la sauter dans une chambre sordide qu’il doit occuper. Elle ne déloge pas son regard clair du sien, l’observe rapidement, repère quelques détails que son cerveau trop intelligent pour la stupidité qui l’entoure, trie sur le tas. Frustrant même, je pense. J’aurais pas la patience de supporter les andouilles dans mon genre toute la nuit.
- On s’adapte à tout, parait-il. » Cameron achève à peine sa phrase suivit d’un rire léger que l’inconnu la tire par le bras, lui faisant faire un pas en avant. L’espace d’une seconde, la jeune femme s’attend à ce qu’il n’ait prit ces quelques mots pour un encouragement et qu’il ne vienne se servir de lui-même d’un baiser ou de tout autre geste auxquels elle assiste une centaine de fois par soir, ici-même. Il n’en est visiblement rien.

« Hey ! Regardez où vous allez un peu ! Elle se tourne vers le groupe qui manque de les bousculer, le jeune homme leur ayant éviter toute collision et à le regarder, c’est qu’il pourrait être presque fier de l’exploit qu’il vient d’effectuer. Il ne lui faut visiblement pas grand-chose pour avoir l’impression d’une quelconque importance aux yeux du monde.
- Ce sont plutôt ce genre d’imbéciles que je dois supporter toute la nuit. A choisir, je préfère voir une centaine de type comme vous. » Ca ne manque pas, le compliment dore l’égo imbécile. Cameron perçoit l’étincelle dans le regard brun dont elle ancre le sien, comme si elle cherchait à y lire son âme qu’elle imagine pauvre. Il n’a, à première vue, rien de bien exceptionnel. Un type lambda en quête d’un peu de chaleur, d’un peu de présence pour ne pas se sentir éternellement vide.
L’épuisement lui tire la nuque, les jambes, la jeune femme devrait certainement rentrer chez elle et se coucher sans plus de préambule. Mais face au benêt, elle se dit qu’elle aussi aimerait bien « s’amuser », abuser de cet espoir à l’appétit sexuel évidente. Elle le voit à sa façon de réagir lorsqu’elle lui offre un large sourire. Tout du moins, c’est ce qu’elle imagine derrière son analyse faite après une cinq bonnes heures de travail acharné, entouré de connards éméchés.

« Il y a une tonne de façon de faire payer ce genre d’idiot sans avoir à leur hurler dessus. Je suis à peu près certaine d’avoir cracher dans au moins un de leur verre. » Elle le regarde, tout à fait sérieuse, avant d’éclater de rire sans honte, laissant planer le doute. Elle a fait bien pire que ça, mais ça n’est pas une chose qu’elle lui admettra. Plus elle le regarde, plus elle se demande s’il ne serait pas celui qu’elle trainera à Grayson pour accomplir ce qui la démange depuis tant de temps. A bien y réfléchir, il pourrait être le candidat idéal pour tester tout ce qui la transcendait la dernière fois, pour accomplir toutes ces images si délicieuses qui ont longuement bercé ses nuits.
Ou pas. La frustration s’installe déjà. Mira est celle qu’elle veut trainer là-bas, elle est celle avec qui elle prendra le maximum de plaisir à tout ce rituel qu’elle a imaginé, fantasmé.

« Cameron. » Elle tend la main vers l’imbécile heureux, décide d’entretenir son intérêt encore un instant. Une chance pour le jauger, évaluer à quel point il pourrait être une distraction au milieu de cet ennuie mortel.

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