SAISON 1 # INTRIGUE 3

L’ancien Prospect entend la porte se refermer sèchement dans son dos et son sang ne fait qu’un tour. Ca veut dire que Jade ne le suit pas. Ca veut dire qu’elle est encore dehors avec Cillian, les vigiles, et ces enfoirés sans couleurs qui leur tombent dessus pour une raison qu’il ignore totalement. Pour le moment, l’urgence va à la serveuse inconsciente dans ses bras, mais son prochain objectif sera de rejoindre ses camarades au combat qu’il a maintenant le sentiment d’avoir lâchement abandonné.
MadMax arrive à sa rencontre en même temps que le troisième vigil qui est allé le prévenir de ce qui se passait dehors. Le gérant des lieux lui réclame un rapide topo et, le souffle plus court qu’il ne l’imaginait, Kurt lui explique ce qu’il sait en refilant Judith au grand black baraqué qui accompagne son boss. Une bande de types, au moins sept, étaient en train de tabasser Judith quand ils les ont surpris. Il n’en sait pas plus.
« J’y r’tourne » le prévient-il, son regard laissant clairement entendre au motard qu’il ne le fera pas changer d’avis et qu’il est hors de question de le cantonner maintenant à une autre tâche…
Max acquiesce rapidement, le prévient que les poulets arrivent et l’incite à se presser pendant qu’il fait demi-tour, pour s’occuper de Judith, géré les clients pour ne pas créer un vent de panique où Kurt ne sait quoi encore.

Lorsqu’il remet le nez dehors, la situation a encore évolué. Cinq de leurs assaillants sont au sol, certes, mais un des vigiles du Crash les y a rejoint et paraît inconscient, Cillian est également par terre, sonné et… Kurtis ne comprend pas tout de suite ce que jfais Jade. Tout ce qu’il voit, c’est un éclat lumineux qui suit le mouvement de son bras qu’elle abat dans le dos d’un des attaquant du serveur du Maureen’s Tavern. Et puis la lumière se fait dans l’esprit de Kurtis au moment où le type en question se met à hurler, un couteau planter dans le dos, non loin du cou.
Le cri est comme un déclencheur et Kurt se rue en avant pour intervenir. L’homme poignardé a chuté au sol, mais Jade relève déjà la lame de son couteau et ses propos de tout à l’huere lui reviennent subitement en tête… « Là, j'ai pris un couteau à gâteau, tu vois ceux qu'ils ont hein pas vrai, les grands pointus là et j'ai chopé un des types comme ça, gros coup dans sa cuisse à c'batard ! ». Il revoit son expression jubilatoire alors qu’elle racontait son histoire et attrape de justesse son poignet au moment où elle s’apprête à plonger à nouveau ce couteau là dans le corps de l’agresseur de Cillian devenu victime. Cette fois, ce n’est pas l’excitation qu’expriment ses traits, mais la rage. Et la peur. Kurtis sent une vive douleur électriser son bras et comprend qu’il s’est coupé mais ne lâche pas prise pour autant. L’espace d’une seconde, il a l’impression que Jade va le repousser, voire le planter lui aussi pour terminer son œuvre, mais elle le reconnaît et son visage se transforme, pour laisser place à un genre de stupeur. Un : Oh, désolé, j’t’avais pas reconnu…  
« Jude a b’soin d’toi là-bas» lui lance-t-il, son regard barbouillé de sang toujours braqué dans le sien. Il lui faut encore une seconde pour assimiler l’information et puis elle acquiesce, se lève et s’éloigne en direction du club pour mettre à contribution ses talents de guérisseuse.

Kurtis jette un coup d’œil sur la lame qu’il tient à présent et grimace, écœuré. Il n’a aucune envie de se servir de ça. Il l’a déjà fait et n’a aucune intention de réitérer l’expérience. Il l’a payé chèrement en prime… Le karma est une salope après tout.
Mais il n’aura pas besoin de le faire. Le temps qu’il fasse rentrer Jade au Crash, le vigile encore debout est parvenu à maitriser le dernier assaillant de Cillian qu’il maintient au sol pendant que ce dernier se redresse maladroitement. Gardant l’arme en main, pour être certain que personne ne l’utilise plus contre personne, Kurt se rapproche de lui.
« Reste tranquille » lui ordonne-t-il en plaquant sa main libre dans le dos de son ami, pour compresser la plaie.
Il en profite pour jeter un œil aux alentours et le constat qu’il fait lui retourne un peu l’estomac. La plupart de leurs assaillant portent des vêtements civils, du genre que porterait Monsieur Tout-le-Monde. Ils n’ont pas l’air de gangsters, ceux qui sont encore conscients ont l’air plus choqués que prêts à remettre ça et obtenir vengeance. Ils ont l’air d’émerger d’un mauvais rêve et de ne pas comprendre ce qui leur arrive… A les voir comme ça, maintenant que le vent de folie a cessé de souffler, ils ont presque l’air inoffensifs… Presque. Kurt n’oublie pas ce qu’ils ont fait subir à Judith, avec quel acharnement ils l’ont cognée.
« Appuie là-dessus » grogne-t-il à CIllian en l’abandonnant pour se rapprocher d’un grand type d’une bonne quarantaine d’année qui porte une chemisette de marque et un bermuda ridicule. Le type est en train d’essayer de se relever et Kurt le domine de toute sa hauteur, pointant sa lame dans sa direction, espérant que l’autre ne se doute pas qu’il n’a aucune intention de l’utiliser. « Bouge pas, sac à merde. »
« Qu’est-ce que… Vous n’avez pas droit de… »
« J’tous les droits, connards ! C’vous qu’avez ouverts les hostilités ! »
« Non… Non ! C’est vous qui avez commencé tout ça ! C’est vous les responsables ! C’est vous qui avez tués nos enfants ! » s’emporte le type, avant de se mettre à sangloter, se prenant la tête entre les mains.
Kurtis, décontenancé, échange un coup d’œil avec Cillian, sans trop savoir comment réagir. Sa colère est toujours bien présente, mais en même temps, il est un pris d’un doute. Des enfants ? Quels enfants ? Il a peur de comprendre…