diamonds, champagne, fire ø mxm

SORRY I CANNOT HEAR U
I’M KINDA BUSY

Il était une fois, une jolie jeune fille nichée dans les bras de sa mère, présente, aimante. Un bébé au caractère déjà bien trempé, s’agitant dans sa couverture de créateur hors de prix. Richard et Ruth Adler observent l’enfant puis l’appareil photo en souriant. La mère, glissée dans un tailleur rose poudré sur-mesure, a l’œil brillant d’émotion face à sa petite création. Le père ne pourrait pas sembler plus fier, la main patriarcale posée sur l’épaule de sa femme. Derrière lui, le drapeau de la nation qu’il sert, à son cou la croix. Première photo de famille pour les Adler qui s’agrandira plus tard avec l’arrivée d’une deuxième fille. La photo raconte une famille aimante et soudée.
Le flash éblouit les parents puis s’évanouit et la mascarade avec. On redonne l’enfant à la nourrice pour cacher la déception d’un premier né féminin.

On ne peut décemment pas dire que Maxime a eu une vie de merde, ce serait abusé, considérant le nombre d’avantages dans lesquels elle baigne depuis sa venue au monde. Ses parents, catholiques, riches et de bonne famille (coucou mariage arrangé !) se sont toujours arrangés pour être du bon côté du panier. Papa a une carrière dans la politique (et semble se dire qu’il serait pas mal un peu de redresser le pays) et maman est mère au foyer, s’occupe des réceptions, fait bonne figure, prêche la bonne parole et le don aux pauvres. Fake Lady Diana dont elle idolâtre l’image (vieille conne ?). Bel héritage, belle maison, belle situation, bonne école et même ! Le bon teint de peau pour une société qui a vu naitre le KKK. Pâle.

Une petite blanche-neige qui n’a cependant jamais été servile. Le seul point noir évident étant celui d’être une femme, d’ailleurs papa aurait largement préféré un garçon comme premier né (plutôt médiéval dans l’idée) mais on fait avec ce qu’on a, paraît-il.

Le cliché pris à sa naissance a rapidement été remplacé par un autre, quasiment identique, avec une enfant en plus, sa petite sœur Addison.

Gosse de riche presque banale, notes évidemment excellentes, élevée davantage par la nourrice que par Ruth Adler, celle-ci s’est néanmoins découvert rapidement un instinct anticonformiste qui ne sied guère à une gamine de bonne famille. Maxime n’a jamais été en accord avec le type de vie de ses parents et pourtant s’est largement saisi de leur fortune. L’argent est une réelle source de satisfaction, après tout, il lui a toujours semble normal de puiser dans les comptes en banque de ses parents pour compenser le manque flagrant d’affection.
La jeune enfant a très vite compris que les deux enfants étaient surtout une façade, imprimer sur le journal la photo d’une famille parfaite, typiquement américaine, le rêve quoi. La villa, le portail blanc, papa en polo qui court avec un chien de chasse (quelle horreur), maman qui suit pas loin et joue la comédie, entretient vaguement ses parterres roses parfaits. Pas un break, une limo.

Maxime s’est toujours considérée comme une espionne infiltrée au sein même de sa famille : taire ses réelles intentions pour savoir où se placer et en retirer le maximum d’infos et bénéfices. Elle a compris qu’il était inutile de crier au scandale mais que de profiter de ses parents sans vergogne lui serait surement plus bénéfique. Alors elle a fait taire son instinct de rebelle, son désaccord constant avec l’idéologie stupide suivie par ses parents racistes à la pensée typiquement médiévale, s’est créée petite fille parfaite pour suivre l’image voulue par son père. Une part d’elle a toujours cherché la reconnaissance de ses parents, un peu d’attention, qu’elle ne trouvera jamais autrement qu’à certains de ses échecs. Dommage, Maxime ne s’est jamais sentie née pour échouer.

Sa petite mascarade lui a permis deux choses : pouvoir vivre de musique plutôt que de politique (plutôt mourir que de suivre daddy et ses idées régressives) en étudiant avec les meilleurs professeurs dans les meilleures écoles, pouvoir considérer sa passion, son langage primaire comme un futur métier au lieu de suivre les traces de Richard ; et enfin, se placer dans l’optique de toujours protéger sa petite sœur.

Addison, voilà un chapitre important de sa vie. Il n’y a personne de plus important dans sa vie que sa sœur, pas même son mari qui viendrait plus tard. Elle la connaît par cœur, elle et son trouble, son petit quelque chose en plus qui a su attirer l’œil du Père Adler. Maxime a toujours mis un point d’honneur à être là pour Addison. Ne pas s’attirer les foudres des parents en jouant la comédie de l’enfant parfaite lui a permis d’avoir plus de latitude pour les lui éviter également. Parce que si les Adler ne savaient pas aimer ils savaient punir. Et rapidement Addison a appris cet instinct de « survie aristocratique ».

Alors voilà, sortie du lycée, Maxime intègre Juilliard avec en main son précieux violon puisque c’est avec cet instrument qu’elle trouve sa voie/voix. Elle a vingt-six ans lorsqu’elle se diplôme, évidemment brillamment, petite prodige et est suffisamment remarquée à ce stade pour voir sa carrière s’envoler dès qu’elle quitte l’école.

the hubby:

Elle a vingt-huit ans (2010 les amis), et sort d’une représentation, navigue gracieusement entre les hôtes de la soirée, bouquet en main lorsqu’elle rencontre Bobby. Il est grand, beau, brun, charmant. Il est familier de son monde, celui de Mahler qu’elle aime reprendre de temps à autre. Il la comprend et lorsqu’il la regarde, elle se sent belle. La violoniste ne s’est jamais trouvée laide (ridicule) mais son regard lui confère un quelque chose de plus, ce qu’elle n’a jamais trouvé ailleurs, pas même dans les yeux brillants de sa petite troupe de fans, admirée, embellie ; précieuse. Elle n’a pas besoin de se cacher avec lui, il semble fasciné par son cabinet de curiosité (Maxime est collectionneuse, de tout) et même par ses aspirations astrales et cette manie à consulter une voyante. Il l’aime entière, pas pour son argent (il est bien loti lui aussi, wink wonk), pas pour sa notoriété.
Ils se marient un an après, Bobby adoubé par les parents Adler qui souhaitent que Maxime leur offre –enfin- un enfant. Il n’en sera rien.

Il est largement possible que vous l’ayez croisée à la terrasse d’un café new-yorkais, lunettes de soleil campées sur le visage, vêtements noirs hors de prix, avec son petit air de sorcière huppée, bitch resting face oblige. Maxime aime s’asseoir à une terrasse et observer le monde, celui qui ne lui appartient pas souvent, dans lequel elle n’a pas sa place : la classe moyenne. Il n’y a pas de jugement dans son regard en réalité à l’égard de cette partie majoritaire de la population, elle est simplement curieuse, elle déteste davantage sa propre classe sociale, hypocrite, si stupide et petit à se croire supérieur.

Bobby aime ce monde là. Mais Maxime aime Bobby alors elle laisse passer. En tout cas jusqu’à ce soir là, un verre de vin à la main, glissée silencieusement au fond de la terrasse du café, elle voit son mari sortir d’une voiture et il a l’air en bonne compagnie. Une jeune femme (surement un peu plus de la vingtaine, elle a trente-deux ans maintenant), mains dans la mains d’abord puis les lèvres collées dans un long baiser passionné, un de ceux qu’elle n’a plus depuis un certain temps se dit-elle.

Alors qu’elle le voit là-bas, à cent mètres d’elle, sa mâchoire se décroche, son cœur semble se fendiller, tomber par terre, glisser sous sa chaussure pour se faire écraser par ses talons aiguilles. Elle mettra un an avant de faire sa demande de divorce, le temps de découvrir l’étendue du mensonge, le nombre d’amantes de Bobby accessoirement le confronter à ce sujet puis finalement décider de partir. En 2015 commence alors une longue procédure de divorce.

2017, mars, fin de tournée pour Maxime, la dernière date dans sa ville natale, un petit retour aux sources. Le soir où tout a basculé. Ça fait deux ans que Maxime se bat avec son futur-ex-mari au sujet du divorce, bien décidée à ne rien lui lâcher. Il lui reste une représentation à donner sur les deux à Chicago, celle qui ponctuera son trip international avant de retourner à New-York sa tarentule.
Ce soir là comme tous les soirs dans sa chambre d’hôtel, elle allume ses bougies, ses encens, parfume ses draps d’huiles essentielles et s’y glisse nue comme à son habitude. (cherchez pas, tous mes persos dorment naked.)

Elle sera réveillée dans la nuit par une odeur de brûlé, une impression de ne plus pouvoir respirer. L’étage et sa suite sont en feu. Maxime ne se souvient pas beaucoup de cette nuit-là, simplement qu’elle a couru pour attraper son bien le plus précieux à savoir : son violon et qu’en voulant s’échapper de l’hôtel et sauver son instrument, elle provoquera la fin de sa carrière.

Déplacement de la hanche, brûlée à différents endroits du corps mais surtout aux bras. Les flammes ont touché ses nerfs et la violoniste a perdu sa motricité. Son problème de hanche l’amène à devoir utiliser une canne pour se déplacer. Maxime ne peut plus exercer et ne sait pas si elle pourra à nouveau un jour. Ce qui faisait sa vie est réduit en cendres, son violon préféré laissé dans l’incendie, et avec lui sa capacité à en jouer. Les jours avec, Maxime peut se déplacer tranquillement, réussit à garder les choses qu’elle porte dans ses mains ; les jours sans, tout lui échappe des mains.



Il lui faut tout réapprendre.
Cet événement, tragique, de nature criminelle (coucou Bobby) est au centre de sa déchéance et la pousse à quitter New-York pour revenir s’installer à Chicago. Elle s’achète un manoir d’allure victorienne (intérieur bois en moulure, ornements, plafonds peints et chandelier), fait décorer la salle de musique et celle de réception, se dit qu’on peut y faire un cluedo. Elle fait rapatrier le personnel qui le souhaite et engage les manquants à Chicago, fait rapatrier ses affaires, sa tarentule et son cabinet de curiosité puis fait construire une serre.

La voilà retournée à Chicago avec un agent plus que décidée à mettre à profit son image maintenant qu’il n’est plus possible d’utiliser le talent distillé dans ses mains brûlées en paradant à des soirées de charité. Sa sœur s’est installée avec elle dans son manoir, consciente de la dépression latente de Maxime qui fait son maximum pour la cacher suite à l’événement.

Elle a fait installer un système de sécurité extrêmement cher et efficace au manoir pour prévenir à qui voudrait lui porter atteinte à nouveau, en l’occurrence Bobby, décidé à récupérer sa fortune en se débarrassant d’elle (ce qu’elle ne sait pas, évidemment). Et maintenant le quotidien de Maxime se déroule entre galas de charité, rendez-vous avec sa voyante, pas mal de temps avec Addison et le rappel constant de sa perte de talent à chaque intervention de chirurgie reconstructrice.