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 the final chapter

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Leo Mills

Leo Mills
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MessageSujet: the final chapter   the final chapter EmptyJeu 12 Avr - 21:00



the final chapter
EXORDIUM.
Il y a le vent qui frappe, qui vient se perdre jusque sa peau déjà abîmée. Abîmée par les larmes, la douleur, le manque de sommeil qu'il n'a pas su rattraper. Il y a le vent qui persiste, qui rappelle que le monde tourne, qu'il continue de tourner alors qu'elle n'est plus là ; qu'elle n'atteindra plus jamais ses bras. Et, dans l'inconscient paralysé, il cherche encore à la rattraper. Dans les eaux sombres de son monde, Leo essaie à l'appeler, à la ramener. En vain, la petite fille désormais noyée. Alors subsiste la torpeur, le manque de tout jusqu'aux plus banales émotions. Il n'a pas réussi à pleurer, n'y parvient plus, le cœur fatigué, le palpitant abîmé ; de sa chaleur délaissée. Il aurait voulu la sauver, lui épargner cette fin pleine d'atrocité. Il aurait voulu la retrouver, lui faire entendre que plus jamais, plus jamais on ne pourrait les séparer. Des mots qu'il avait tant répété, cette scène qu'il s'était si longuement imaginée. Celle qui n'arrivera pas, parce qu'il ne la reverra pas. Le cercueil fut fermé avant son arrivée, Daniel lui avait fait entendre que cette image-là ne serait pas à s'infliger. Et, pourtant, il a essayé. Il a essayé, pris d'un élan non-contrôlé. Il est allé au funérarium mais n'est jamais entré. La force a manqué. Et, désormais, il attend. Il attend, loin d'être patient, seulement absent. Leo se tient là, sur l'un des bancs extérieurs à ces lieux-là. Il attend parce qu'il n'a nul autre choix. Aucun autre choix si ce n'est d'attendre que le voyage ne se fasse jusqu'à l’église, jusqu'à cette immense bâtisse où ils se tiendront ; hypocrites, menteurs, voyeurs. Un haut le cœur. Le peu de café plus tôt avalé se fait recracher, l'une de ses mains fermement refermée sur le médaillon qui pend désormais à son cou, l'autre qui se tient à son assise pour ne pas sentir le trottoir s'approcher de sa joue. Leo dépérit, silencieusement, seul. Seul parce que partie sans le moindre mot, le moindre bruit. Seul parce qu'il n'arrive plus vraiment à parler, terrer dans un monde qu'il croit désespérément sauver ; là où elle s'était tenue mentalement durant toutes ces années. Il aurait voulu préserver ce havre de paix, aujourd'hui dénué de la moindre couleur, de la moindre parcelle de bonheur qui l'habitait. Un soupire, les poumons qui manquent d'air, le cœur qui frappe, violente. Et Leo qui se souvient, qui se rappelle les pas qu'il doit désormais faire pour rejoindre cette ultime fin. L’église n'est pas loin. Non, elle n'est pas si loin ; tout comme Claudia l'avait été avant qu'on ne lui arrache son espoir des mains. Il peine à se redresser, à finalement s'élancer. Leo va pour marcher, marcher parce qu'il ne veut pas être accompagné. Pas cette fois, pas ici, pas en sachant ce qui l'attend là-bas. Car l'heure tourne, continue. Elle lui échappe aussi certainement que sa propre existence en cet instant. Leo s'est perdu, dans les méandres de ses ténèbres il ne voit plus.

Et il aurait voulu que cette finalité se répercute sur cette vérité. Car, quand il arrive, il perçoit déjà la mascarade de cet instant, tout ce que d'autre pourrait en tirer après tout ce temps. Un pardon, une rédemption, des excuses énoncées en pensant qu'il viendrait les accepter en suivant sa raison. Et, parmi ceux-là, des grands-parents jusqu'alors absents, de la famille lointaine dont les visages ne sont plus importants. Au loin, des blousons de cuir qu'il reconnaît, une famille d'accueil pour ce frère qui a failli à la promesse qu'ils s'étaient fait. Il n'arrive même pas à s'y concentrer, avançant sans même s'arrêter, passant devant ceux qui auraient tant voulu lui parler, lui faire entendre qu'ils sont désolés. Désolés de quoi, finalement ? De n'avoir rien fait ? Tout comme Abraham qui, finalement, le coupe dans son élan. Il vient s'imposer, sur son chemin s'ancrer. Et ça l'arrête dans sa course, Leo marque l'arrêt, relevant son regard sur cet homme dont les traits se font un peu plus marqués. Tant mieux qu'il ne parvienne pas à se relever ; il comprend enfin ce qu'il a ressenti, dès lors que la nouvelle fut tombée, dès lors qu'il a comprit qu'il lui faudrait se battre et ne pas abandonner pour pouvoir la ramener en sécurité. Ils ont failli, pas parce que le hasard en a décidé ainsi mais parce que celui qui lui fait face, ici, n'a pas suivi. « Leo, il faut que je... » Et il n'a pas le temps de terminer sa phrase, il n'a pas le temps parce qu'il s'anime, le blond, désormais trop violent. Il s'anime, laisse sa main claquée contre les lèvres à peine entrouvertes, celles qu'il fait fermer tandis qu'il appuie, pousse, malmène ce frère jusque la pierre de l'édifice contre lequel il le claque, le coince, le colle. L'azur terne de ses prunelles se perdent sur les siennes et, pour la première fois depuis des jours, elle lui revient sa voix. Elle revient, tremblante, dure, menaçante, murmure fatigué qui vient contre lui aisément glisser. « Si j'entends encore un mot de ta part, si tu m'approches encore une seule fois, j'te promets que tu rejoints Claudia et tu lui expliqueras pourquoi tu m'as pas aidé à empêcher ça. » Les doigts continuent de s'enfoncer dans la chair malmenée de ses joues avant qu'on ne vienne le reculer, de son propre sang l'éloigner. Et il s'en défait, de ces mains-là, Leo. Il s'en défait, dégageant ceux qui s'étaient rapidement interposés pour enfin entrer, rejoindre le devant de la grande salle encore vide ; s’enfonçant dans un recoin teinté d'ombre. Pas d'assise pour lui, pas de première loge, seulement les ténèbres quand le cercueil baigné de Lumière avance, sur les épaules de ceux qui – seulement à ses yeux – viennent souiller sa mémoire de leur présence. Il a le cœur qui peine à battre, le médaillon qui semble creuser sa peau dans l'espoir de l'abattre. Et, peut-être le souhaite-il derrière les nombreuses questions qui s'imposent, derrière tout ce qui se perd dans sa tête pour ne plus rien laisser que sa folie ; celle qui depuis hante ses nuits.          
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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyDim 15 Avr - 19:06

The final chapter.



January, the 15th, 2018


Un coup d'oeil dans le miroir. Je ne suis pas certain, pas sûr de moi, pas sûr que ce soit la meilleure façon de m'habiller. Je fronce les sourcils en observant la chemise noire fraîchement boutonnée et enfile ma veste en cuir par-dessus pour me faire un peu plus un avis. Pas de ceinturon voyant, un jean noir. Cela me semble être correct mais...

« T'es déjà prêt ? »

La voix de Jess me détourne de mon reflet. Je regarde ma fille dans l'encadrement de la porte, moins prête que moi.

« Je tournais en rond, je me suis dit que c'était aussi bien de me préparer mais je ne suis pas sûr...
- De quoi ? »

Elle entre, s'approche doucement de moi. Au fur et à mesure que ses pas la rapprochent, je distingue les poches sous ses yeux : elle n'a pas dû dormir beaucoup elle non plus.

« De ma tenue. J'ai acheté un costume et je voulais le mettre mais je ne me sens pas à l'aise dedans alors je me suis dit que juste la chemise noire... Même avec la veste en cuir ça va ? Ou je dois mettre la veste de costume ? Je ne sais pas ce qui serait le mieux... »

Paumé pour la tenue. Paumé pour tout en fait. Et peut-être que cette incapacité à être sûr de moi concernant ce que je dois porter n'est jamais dans le fond qu'une manifestation de tout le reste, tout ce qui me ronge.

« Papa... »

Les mains de Jess viennent se poser sur mes joues et elle me force à la regarder, ce que je fais.

« C'est très bien, d'accord ? Comme ça c'est très bien.
- D'accord. »

Oui, d'accord. J'esquisse l'ombre d'un sourire à l'attention de ma fille avant de me défaire de ma veste en cuir que je repose sur le lit.

« Il est où Leo ? »

Silence.

« J'en sais rien.
- Quoi ?
- Il est parti tout à l'heure, il ne m'a pas dit où il allait mais je ne lui ai pas demandé.
- T'as essayé de l'appeler ?
- Non.
- Papa...
- Tu te souviens de ce jour-là Jess. »

Il ne lui faut qu'un bref instant pour saisir ce à quel jour je fais allusion. Quelques secondes de plus pour comprendre où je veux véritablement en venir.

« Oui... L'enterrement de Jason était l'après-midi mais t'as disparu pendant des heures le matin. Maman était super inquiète.
- Et je suis inquiet pour lui mais je veux le laisser respirer un peu. Je ne sais pas s'il a besoin des mêmes choses que moi, je ne sais pas ce qu'il cherche en s'éloignant mais je préfère lui laisser l'espace dont il a besoin. »

J'avais eu besoin d'espace le matin de l'enterrement de Jason. J'avais eu besoin de ces heures seul, loin des préparatifs, loin de tout et de tout le monde. Et j'imagine que Leo a peut-être besoin de la même chose. Je suis en tout cas décidé à ne pas l'empêcher de faire ce dont il a besoin.

« Si jamais je vois qu'il traîne trop, je l'appellerai pour m'assurer qu'il va bi... »

Ma voix se meurt sur le dernier mot et je craque. Parce qu'il ne va pas bien. Non, il ne va pas bien. Je ne vais pas bien. Rien ne va. Rien. Les bras de Jess viennent m'enlacer avec force et je la serre contre moi, je viens cacher mon visage dans son cou où je laisse sortir les larmes, les sanglots. Sur le moment, je ne retiens plus rien. Je me suis retenu depuis cette nuit-là, depuis qu'on l'a découverte. Je me suis retenu et là je n'y arrive plus.

« Je suis désolée papa... »

Je ne dis rien.

« Je sais bien que ça fait tout remonter, je sais... »

Je resserre mon étreinte autour d'elle. Bien sûr qu'elle sait. Elle doit le ressentir aussi. Elle doit en souffrir. Et pourtant elle est venue. Elle est là.

« Merci d'être là... » je parviens à murmurer dans son cou. « Merci... »

A son tour de resserrer son étreinte pendant quelques secondes avant de se reculer, de glisser de nouveau ses mains sur mes joues cette fois-ci pour y essuyer les larmes. Elle ne pleure pas. Elle tient le coup. Elle est mon roc en cet instant.

« Je pouvais pas vous laisser. Je pouvais pas te laisser papa. »

Je détourne mon regard d'elle, incapable de soutenir le sien plus longtemps.

« Papa ? »

Je secoue doucement la tête de droite à gauche et cherche à me défaire de son étreinte mais elle résiste.

« Faut que tu me parles. »

Je ferme les yeux, prends une profonde inspiration.

« Je me sens tellement... Je ne suis qu'un connard.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Un égoïste.
- Papa, pourquoi tu dis ça ?
- Parce que j'arrête pas de penser que je vais le perdre ! »

Je rouvre les yeux et reporte mon regard sur elle. Un regard teinté à la fois de douleur et de colère : contre moi-même.

« On va enterrer Claudia et j'arrête de penser à... J'ai si peur de le perdre...
- Mais pourquoi tu le perdrais papa ?
- Parce que j'ai perdu ta mère Jess. Je l'ai perdue... »

Je vois ma fille se crisper à l'évocation de ce souvenir et j'ai dans le fond conscience que je ne devrais pas en parler davantage mais maintenant que les vannes ont été ouvertes... Tout a besoin de sortir. Ce que je garde en moi depuis cette nuit fatidique.

« J'étais tellement noyé dans ma douleur et dans ma colère que ça l'a éloignée de moi. Elle a fini par prendre ses distances et je l'ai perdue.
- Papa...
- Je l'ai perdue et si ça recommence Jess ? Hein ? Si ça recommence ? Si Leo se perd et que je m'éloigne parce qu'il se perd ? Si je ne supporte pas et que je fais comme ta mère... Que je lui fait à lui ce qu'elle m'a fait à moi...
- Papa ça suffit. Faut que tu arrêtes et que tu m'écoutes.
- Mais je...
- Stop. Tu me laisses parler. »

Mes lèvres se pincent. Jess vient serrer mes mains dans les siennes.

« Je suis pas une experte là-dedans mais ce que je sais, c'est que maman t'aimait et que tu l'aimais et que malgré ça, tu l'as jamais regardée comme tu regardes Leo papa. Jamais... »

Mes doigts serrent les siens alors que les larmes me remontent aux yeux.

« T'as aimé maman mais je crois que tu as jamais aimé comme tu l'aimes lui. Je sais pas si les âmes-sœurs ça existe mais si ça existe, c'est lui la tienne et t'es la sienne. Alors peut-être qu'il va se noyer mais tu l'aideras à remonter, tu le lâcheras pas, parce que tu l'aimes trop pour ça. Tu feras en sorte d'être fort pour lui.
- Parce que je suis fort moi peut-être ?
- Bien sûr que tu l'es.
- Tu es très bien placée pour savoir à quel point je suis faible. »

Et ça aussi ça lui fait mal. Son visage se ferme d'ailleurs, se durcit, mais elle ne lâche pourtant pas mes mains.

« Oui, je suis trop bien placée en fait même. »

Je regrette déjà mes paroles. Un soupir.

« Jess...
- Non. Tu termines de me laisser parler. J'ai vu à quel point tu pouvais être faible parce que t'as pris toutes ces saloperies mais après, même si ça m'a pris du temps, j'ai fini par comprendre que t'étais fort parce que si plonger c'est être faible, s'en sortir c'est être fort. Et même quand t'as replongé, t'as réussi encore une fois à t'en sortir alors oui, parfois tu déconnes, et tu déconnes grave mais... T'es fort. Faut que tu aies confiance en toi et tu auras confiance en vous. »

Silence.

« Tu l'aimes et t'as le droit d'avoir peur de le perdre, ça ne fait pas de toi un connard égoïste, ok ? Papa, ok ?
- Oui, ok... »

Ok.

|||

La main se tend en direction du frère de Leo. Frère que je n'ai jamais vu que sur des photos mais que je reconnais tant par son visage que par le blouson qu'il porte sur le dos. Il observe ma main avec froideur avant de daigner la serrer.

« Abraham je suppose ?
- Oui, et vous, vous êtes qui ?
- Daniel. Le compagnon de Leo. »

Il lâche ma main, me jette un regard noir.

« D'une mon frère est pas pédé. »

Ma mâchoire se crispe. Derrière mes lunettes noires, mon regard le fusille.

« De deux, vous n'avez rien à foutre ici. Il est où Leo ?
- Il prend l'air. Il en a assez vu, assez supporté, il était hors de question qu'il assiste à ça.
- C'est pas votre place. »

Je supprime la distance entre nous pour pouvoir parler plus bas, à l'abri des quelques oreilles tendues près de nous, dont celles de Jess et d'autres KOS.

« Je l'ai trouvée. Je lui ai annoncé. Je suis avec lui. C'est ma place et je crois pas que ce soit le moment de faire un scandale, si ? »

La menace est présente bien que très légère. Mais elle est bien là. Il me jette un regard noir et se détourne de moi pour pénétrer dans la pièce où se trouve Claudia sans rien ajouter. Quand je vois qu'il ne referme pas la porte, j'en déduis qu'il a opté pour le « non scandale ». Alors je le suis et referme la porte derrière moi. Nous voilà seuls avec les croques-morts et l'officiel devant être présent. Un simple hochement de la tête pour leur signifier qu'ils peuvent y aller. Mes poings se crispent, mon corps se tend et mon cœur est écrasé. Parce qu'il est si petit le cercueil... Celui de Jason n'était pas bien grand non plus mais celui de Claudia est encore plus petit. D'une blancheur immaculée à l'image de cette pureté qu'elle avait avant qu'on l'arrache cruellement et monstrueusement à ce monde. Mon visage se détourne de la scène sordide et je ferme les yeux quand j'entends le son de cette foutue visseuse... Ils scellent le cercueil. C'est définitivement terminé. Il fallait que quelqu'un soit là et il était hors de question que ce soit Leo. Hors de question qu'il la voit ou même qu'il ne fasse qu'apercevoir son corps enveloppé dans un linceul blanc à l'intérieur de ce putain de cercueil. Trop de crainte qu'il ne s'en remette pas. J'ai voulu qu'il garde l'image qu'il a d'elle, de ce jour de septembre. Je ne sais que trop à quel point les images d'après peuvent coller à la peau.

Au point de rendre dingue.

|||

Un nouveau coup d'oeil à mon téléphone portable avant de jeter un regard circulaire. Je capte le regard de Taylor qui me fait comprendre qu'elle non plus n'a pas de nouvelles de lui. Aucun appel de Leo. Aucun message. Moi c'est pareil. Jess me jette un regard teinté d'un soupçon de panique. Leo n'est toujours pas là. Je soupire avant de me pencher vers elle.

« Je vais sortir, essayer de le rappeler, d'accord ? »

Elle hoche la tête. Sur quoi je me lève, et au moment où je suis sur le point de remonter l'allée de l'église qui mène à la sortie, je le vois pénétrer à l'intérieur. Je ne peux nier être soulagé de le voir mais le soulagement est bref et vite balayé par le reste : l'inquiétude pour lui, la douleur pour lui. J'aperçois Abraham rentrer à sa suite. Est-ce qu'ils se sont disputés dehors ? Pas le temps de poser la moindre question. Seul Leo compte. Leo qui ne vient pas me rejoindre, qui ne vient même pas s'asseoir. Leo qui se contente d'aller se glisser dans un coin, dans l'ombre alors que le cercueil pénètre enfin à l'intérieur de l'église. Pas d'hésitation me concernant : je repasse devant Jess qui hoche la tête quand elle croise mon regard avant d'aller rejoindre Leo. Aucun mot de ma part cependant. Je me contente de venir entrelacer mes doigts aux siens, me tapissant ainsi dans l'ombre à ses côtés. J'observe le cercueil avancer derrière mes lunettes noires, mes yeux ainsi planqués à la vue de tous, à la vue de Leo surtout. Je ne veux pas qu'il se rende compte. Je le refuse. Bientôt le cercueil est installé à la vue de tous, les bougies allumées et posées dessus, un portrait installé au devant du cercueil et tout me revient d'une façon très violente. Trop violente. Si violente que j'en serre un peu plus malgré moi les doigts de Leo. Et si c'était trop violent pour lui aussi ?

« Si à un moment tu veux sortir, on sort. » je lui murmure tout bas alors que la voix du prêtre s'élève.

Je serai la poignée de sa porte de sortie s'il le faut.



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Leo Mills

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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyVen 18 Mai - 22:15



the final chapter
EXORDIUM.
Les jambes tremblantes et l'impression que le monde s'effondre. Leo se souvient qu'en vérité, tout est déjà tombé. Toutes ses remparts, toutes ses défenses, tous ses espoirs fondés en se souvenant de son regard. Tout est défait, définitivement noir. Et il le sait, plus que jamais. La douleur s'invite, s'impose, brise la dernière porte qui la maintenait encore plus ou moins à distance de son âme. Mais elle entre, s'ancre. Brutale, déterminée, s'infiltrant en lui avec tellement de sévérité. Elle creuse, creuse aisément et profondément. Le soupire qui s'extirpe semble lui arracher la gorge, le soupire qui franchie la barrière de ses lèvres pour résonner dans l'enceinte de l’église qui, sous son regard, lui paraît tellement vide. Aussi vidée que puisse être son cœur depuis cette nouvelle annoncée. Il prend pourtant sur lui, continue sa route jusqu'à cette place teintée des restes d'une lueur de vie. Ils s'y trahissent, ses yeux. Cette pâle étincelle qui peine encore à tenir, à survivre derrière les horreurs qui n'ont de cesse de le faire pâlir. Et s'il n'y survivait pas, lui, finalement ? La question se pose, se perd, installée dans un recoin de son âme que sa Lumière a oublié depuis un temps bien passé. Il le lève tout de même, cet azur fracassé, cette teinte dépassée, abîmée. Il lève le bleu de ses prunelles sur l'avancée qui, devant eux, se fait ; à l'instant même où les doigts de Daniel viennent s'emmêler aux siens. Une présence qui ravive un brasier pratiquement éteint, l'unique et dernier lien qui puisse encore le maintenir à sa place ; celle qu'on attend de lui, celle à l'écart de laquelle il se tient. Non, pas d'assise pour lui, aujourd'hui. Pas d'assise parce qu'il refusera encore longtemps que ce puisse être fini. Il l'a cherché, appelé. Il a hurlé qu'on puisse l'aider à la retrouver, durant des mois, une foutue année à espérer qu'elle puisse être retrouvée. Le cœur qui s'emballe de nouveau, le palpitant qui s'affole sous la souffrance qu'il n'est pas à même de soutenir. Et cette main qui enserre un peu plus la sienne, cette présence qui se rappelle à sa conscience comme dans l'espoir qu'il ne flanche pas. Pas ici, pas de cette manière là. « Si à un moment tu veux sortir, on sort. » Sortir, non. Dépérir, hurler jusqu'à s'en détruire. Ce qu'il veut, ce n'est qu'entendre de nouveau son rire. Et les larmes qui s'invitent rien qu'en y songeant, le blond n'osant pas encore le laisser résonner, dans sa tête s'installer comme dernier souvenir sauvé. Les prunelles qui se cachent, les yeux qui se ferment. Leo fouille les eaux troubles des limbes de son être, il cherche sa présence, la Lumière de sa petite robe claire qui, dans les profondeurs, l'avait guidé. Plus rien, plus rien si ce n'est cette immensité délaissée de sa présence durant des mois et des mois rêvée. Son autre main vient se perdre contre l'arrête de son nez, frottant machinalement comme pour faire disparaître cette nausée qui, sans prévenir, parvient à s'imposer. Elle s'immisce jusqu'à son front, frappant, le laissant toujours plus souffrant. Plus encore qu'auparavant. C'est trop lourd, trop pesant.

Alors il craque, le trentenaire, laissant un sanglot s'imposer ; du fin fond de sa gorge s'extirper. Le corps cambré par la douleur, l'impression que plus rien ne puisse pleinement l'aider à se relever. Sa main, néanmoins, n'en lâche toujours pas celle du lieutenant, la tenant encore fermement. Il essaie de s'y raccrocher, de placer tous ses espoirs dans cet amour hasardeux qu'il avait su trouver, s'approprier. Les jambes qui flanchent pour de justesse le faire s'accroupir, le laissant là, se retenant de partir. Il a la main qui, instinctivement, se porte sur le médaillon que Daniel lui a ramené, la preuve même que tout lui fut alors définitivement arraché, cette petite sœur pour qui il aurait tant donné ; quitte à marchander sa vie pour la sauver. « Je suis désolé ; parce qu'il sait que les mots qu'il s'apprête à faire entendre auront de l'impact, parce qu'il sait les règles qui tiennent Daniel de par ce qu'il fait, ce métier auquel il tient depuis – il le sait – des années. Je suis désolé parce que tu sais ce qui va se passer. Oui, il le sait mieux que quiconque, mieux que n'importe quelle âme ici présence. Parce qu'il a vu sa noirceur, l'a aperçue prendre la vie d'un homme en pleine rue. J'arriverai pas à vivre sans ça. » C'est dit avec honnêteté, ça vient se perdre dans leur réalité, là où les paroles du prête continuent de déferler. Il n'entend pas, ne veut pas avoir à écouter. Ce serait l'enfermer, à jamais la quitter et malgré son absence de son subconscient, Leo sait qu'il n'y est pas préparé. « Je peux pas, Daniel. » Qu'il soupire dans son coin, maintenant finalement le médaillon de ses deux mains, suppliant le sol d'éveiller sa conscience ; il aimerait que tout ne soit qu'un rêve, il aurait voulu que perdure cette maigre trêve. Ce long chemin entre l'ignorance et le savoir, la perdition menant paradoxalement à tous ces espoirs. Mais les prières silencieuses perdurent de la part de ceux qui se trouvent là, ceux qui se tiennent à quelques mètres de là, le regard ayant très certainement suivi ses précédents pas. Ils guettent, contemplent sa chute et s'en délectent. Et Leo craque, Leo chute. Leo perd toutes les dernières parcelles de défense qu'il s'essayait à faire tenir, brûlées par les ténèbres qui le tirent. C'est son rayon de clarté qu'on enterre, là dans un cercueil aussi clair que l'âme ayant quitté cette chair. Un soupire, une respiration qui peine à se calmer, les poumons qui ne font qu'enfler, le cœur qui n'en peut plus de palpiter quand les paroles cessent de se réciter. Il n'a pas conscience de sa perdition, pas même conscience de la manière dont vient de se briser toute sa raison ; là, en un gémissement énonçant maladroitement son nom. Ce sont ces longues nuits à errer, à ne pas savoir pleurer qui viennent s'imposer, se rappeler à son être déchiré. Leo laisse se réinstaller le peu d'humanité qui soit à même de lui rester.           
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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyDim 20 Mai - 11:15

The final chapter.



January, the 15th, 2018


Impuissance presque totale. Presque. Parce que je peux le faire sortir s'il préfèr. Je peux l'accompagner, l'emmener où il voudra. Je ferai tout ce qu'il voudra, tout. Tout pour le soulager. Alors oui, impuissance face à sa douleur mais pas totale non. Les doigts serrent un peu plus quand je le vois fermer les yeux. Elle est là la lutte, c'est claire, c'est limpide. Et comme je me revois plus de quatre ans en arrière. Comme je me revois... Mon pouce vient caresser le dessus de sa main alors son autre main vient à lui vient presser l'arrête de son nez. Pas la moindre attention accordée au prêtre non, je ne le regarde que lui. Rien que lui. Il est tout ce qui m'importe en cet instant. Et ce tout qu'il est pour moi se fissure au fil des secondes au point que ça m'en brise un peu plus ce coeur déjà malmené. Ce sanglot me donne la nausée tant il me fait mal, juste parce que lui a mal. Son corps se plie et je me penche avec lui, sans rien dire, lui faisant simplement savoir que je suis là. Et quand il termine accroupi sur le sol de l'église, je fais de même, ma main de quittant pas la sienne un seul instant, les larmes me montant aux yeux car bien que je fasse tout ce qui est en mon pouvoir pour me montrer le plus fort possible, je ne supporte pas de le voir dans cet état. J'ai trop mal de le voir souffrir autant, lui que j'aurais voulu pouvoir protéger de ce mal-ci, de ce mal si monstrueux qu'il vous bouffe de l'intérieur. J'aurais voulu qu'il ne connaisse jamais cette douleur si infecte et abjecte. Un « Chut... » murmuré tout bas à son oreille quand il s'excuse car non, il n'a pas à s'excuser. Aucunement. Jamais. Puis un froncement de sourcils alors que Leo souffle à nouveau qu'il est désolé parce que je sais ce qu'il va se passer. Il me faut quelques secondes pour comprendre où il veut en venir, pour comprendre ce à quoi il fait allusion et je secoue tout doucement la tête de droite à gauche. Toujours aucun raison de s'excuser parce qu'il a le droit de songer à tout ça, il a le droit de se laisser aller, il a le droit... Il a plus que le droit. Et voilà le cœur qui se serre quand il ajoute soudain qu'il n'arrivera pas à vivre sans « ça ». Parce que je suis passé par là, parce que j'ai ressenti cette émotion-là, parce que j'ai cru à cette impasse. J'y ai cru pendant si longtemps et c'est normal qu'en cet instant lui aussi ne fasse qu'y croire. Comment pourrait-il envisager la moindre suite ? La moindre vie ? Comment ?

« Je peux pas, Daniel. »

Mon autre main vient se poser sur son épaule, la presser, toujours sans rien dire parce que pour le moment les mots sont coincés dans ma gorge. Parce que ses doigts à lui effleurent le médaillon. Parce que ce geste fait tant écho à ce geste que j'ai tant eu et que j'ai encore à ce jour, si souvent. Si souvent... Et Leo termine de s'écrouler, de s'effondrer et quand il prononce le prénom de Claudia dans un gémissement plaintif, c'est le moment où je parviens, malgré ma propre douleur, malgré tout ce que cela fait ignoblement remonter, à reprendre des forces pour l'aider, lui.

« On sort. Viens. » Sauf qu'il ne bouge pas. « Je t'aide mais il faut te relever, il faut sortir. » Parce qu'il n'est pas capable d'être là. Pas maintenant. Pas pour le moment. Peut-être même pas du tout. Alors je lâche sa main, mon bras vient entourer sa taille pour l'aider à se relever. Nous terminons debout, lui s'appuyant sur moi parce que les jambes trop faibles pour lui permettre de tenir debout tout seul, lui le dos courbé, perdu dans ses sanglots, et moi qui d'un bref signe de la tête au prêtre lui fait comprendre qu'il doit continuer le service, ne pas s'arrêter. Je perçois le regard de Jess qui peine à contenir ses larmes en voyant Leo dans cet état, et sans doute parce qu'elle aussi se retrouve plongée dans des souvenirs trop douloureux. Je me détourne de ma fille et resserre mon étreinte autour de la taille de Leo, mon autre bras l'entourant également pour l'aider à marcher. Je ne m'occupe pas des autres, des regards qui se posent sur nous alors que nous nous éloignons vers la sortie. Le seul dont je m'occupe est le frère de Leo que j'aperçois, qui semble hésiter à s'approcher mais, à travers mes larmes, je lui lance un regard assez explicit : qu'il ne vienne pas. Juste... Qu'il ne vienne pas. Sur quoi nous nous retrouvons dehors et je bifurque à droite, entraîne Leo avec moi un peu plus loin. 

« Là. » que je dis tout bas en le faisant finalement s'asseoir dans l'herbe derrière l'église, à l'abri des regards.

Les mots sont là, attendent de sortir mais j'ai peur de m'effondrer en les prononcer. Pourtant il le faut bien. Pourtant il a besoin de moi alors... Alors je prends une profonde inspiration et vient poser ma main sur sa nuque.

« Leo. » Il est perdu loin dans ses pleurs, loin dans sa douleur. « Mon amour, regarde-moi. Je sais que c'est dur mais regarde-moi. »

Et j'attends de croiser ses prunelles noyées de larmes, ses prunelles qui laissent transparaître toute cette douleur qui le détruit au fil des secondes de l'intérieur. Je capte le regard. Et je prends sur moi pour ravaler mes larmes.

« Je sais que là, tout de suite, tu ne peux pas et c'est normal. » Un silence, mes doigts pressent un peu plus la peau de sa nuque. « Je sais que là, tout de suite, tu te noies et c'est normal. Je sais que là, tout de suite, tu penses ne pas pouvoir y survivre et c'est normal. Tout ce que tu ressens là, maintenant, tu as le droit de le ressentir et c'est normal aussi. » Sur ces quelques derniers mots ma voix tremble plus que je ne le voudrais et je déglutis pour pouvoir poursuivre parce qu'il faut que je poursuive. Il le faut, pour lui. « Mais un jour, tu pourras. Et tu sais que je te le dis parce que je sais. » Pas de détails. Pas besoin. Oui, il sait. « Et ça prendra du temps, des mois, des années peut-être mais je serai là. Je serai toujours là. Mais aujourd'hui... » Un nouveau silence, je prends une profonde inspiration, me mords l'intérieur de la joue pour contenir mes larmes. « Aujourd'hui tu n'as pas à penser à plus tard. Aujourd'hui... » Cette fois je suis incapable de retenir mes larmes. « Aujourd'hui est un jour que tu ne devrais pas vivre mais que tu vis pourtant parce que parfois la vie est une chienne, on le sait... Toi et moi on le sait mieux que personne. Aujourd'hui, tu dis « au revoir » alors que tu ne devrais pas avoir à le faire... Alors... Alors tu vas faire comme tu peux, et tu n'as pas à t'excuser. » Je ferme les yeux et viens poser mon front contre le sien, ma main encore et toujours sur sa nuque, l'autre venant se perdre sur sa joue imbibée de larmes. « Je suis là. »

C'est tout ce que je peux faire et je vais tenter de le faire au mieux.




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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptySam 16 Juin - 21:33



the final chapter
EXORDIUM.
Il croit entendre la voix de Daniel dans les ténèbres environnantes, dans cette noirceur chaque seconde un peu plus dense. Dans sa sombreur tente de s'imposer la main de son sauveur. Mais rien, pas un seul mouvement ne se manifeste, le cœur au bord des lèvres assez conciliant pour laisser à son répit un peu de leste. Mais il insiste, l’écho à son bonheur ; cette voix qui tente de ranimer sa foi, effrayant sa douleur. Et la tête hors de ses eaux troubles, c'est en dehors de l'église que Daniel le mène, parvenant à le faire marcher ; Dieu encore témoin d'un maigre miracle pour lui épargner, au trentenaire, de nouvelles minutes d'humilité. L'air frais s'engouffre jusqu'à ses sens, ravivant chacun d'entre eux pour ne laisser qu'une dernière étincelle de vie ; là, encore couverte dans les corridors oubliés de son âme. Leo s'en souviendra peut-être. Peut-être, si l'espoir gagne la lutte, si la raison se fait entendre, si la souffrance parvient à se ternir autant qu'elle ne le devrait : autant qu'elle ne l'aurait fait si les circonstances avaient été toutes autres. Aussi, il ose un soupire, une brève respiration qui semble le brûler à la grimace qui vient le trouver, animer ce faciès jusqu'alors déphasé. Le corps fatigué, lassé de devoir tout supporter. Mais si j'avais été plus fort, pense-t-il à tord. « Leo. » La détresse dans le regard qui se lève, elle vient s'imposer aux seules prunelles qui soient à même de le comprendre, de potentiellement l'aider. Parce qu'il sait, Daniel. Parce qu'il a vécu plus horrible tragédie, et malgré ça, il se tient là et bien en vie. Alors il s'accroche aux syllabes qu'il prononce, à ce prénom qu'il assume de porter quand son lieutenant se risque à l'énoncer. Il s'y accroche dans l'espoir de ne pas davantage sombrer. Pourtant il peine à tenir ce lien-là, il peine à faire face à cette vision-là ; culpabilisant déjà de lui imposer cela. « Mon amour, regarde-moi. Je sais que c'est dur mais regarde-moi. » Oui, il sait. Ce sont des mots qu'il n'arrête plus de se répéter, des phrases qu'il se doit de bien ancré. Si lui le peut, peut-être le pourrait-il aussi ? Bien qu'il n'en soit pas certain, dans l'esprit de Leo, nul cœur n'a jamais eu la force du sien. « Je sais que là, tout de suite, tu ne peux pas et c'est normal. » Non, ce n'est pas normal. Rien ne l'est à partir du moment où Claudia se tient là-bas, enfermée entre quelques planches de bois. Il renifle, tente de se faire plus fort qu'il n'y paraît, sachant pourtant que Daniel saura voir. Bien-sûr qu'il en viendra à voir, cette profondeur impressionnante dans laquelle se sont noyés tous ses efforts. Et pourtant, il persiste, le quadragénaire. Il persiste à user de sa voix, à tenter de se faire entendre rien que pour cette fois. Leo s'essaie à l'écouter, Leo s'essaie à se concentrer mais ne demeure en lui que l'impression d'avoir tout engendré par son absence totale d'utilité depuis qu'elle lui ait été arrachée. Puis...

« Mais un jour, tu pourras. Et tu sais que je te le dis parce que je sais. Et ça prendra du temps, des mois, des années peut-être mais je serai là. Je serai toujours là. Mais aujourd'hui... » Aujourd'hui, tout s'effondre sans qu'il ne soit à même de rattraper quoi que ce soit, pas même sa misérable personne. Et ce n'est qu'une constatation de la part du blond dont les larmes persistent à couler, elles qui peinaient dernièrement à se manifester. Elles se déversent toutes, les unes après les autres, pour ne plus rien laisser. Plus rien si ce n'est ce vide des plus douloureux et profonds. « Aujourd'hui tu n'as pas à penser à plus tard. Aujourd'hui... » Le cœur qui se serre, autant pour lui que pour celui qui énonce ces paroles, celui qui se tient encore si près de lui malgré sa perdition, malgré ce très clair abandon. « Aujourd'hui est un jour que tu ne devrais pas vivre mais que tu vis pourtant parce que parfois la vie est une chienne, on le sait... Toi et moi on le sait mieux que personne. Aujourd'hui, tu dis « au revoir » alors que tu ne devrais pas avoir à le faire... Alors... Alors tu vas faire comme tu peux, et tu n'as pas à t'excuser. » Son front termine par rejoindre le sien, l'une de ses mains trouvant le chemin jusqu'à sa joue noyée de larmes. Leo n'en bouge plus, Leo ne parvient pas vraiment à reprendre clairement ses esprits. Parce qu'il n'a plus la force adéquate pour se relever, encaisser le fait que plus jamais elle ne pourra avec lui rigoler, que jamais elle ne pourra aussi le rencontrer. Dieu qu'il aurait voulu qu'il puisse au moins entendre sa petite voix cristalline chanter. « Je suis là. » Lui, oui. Elle, non. Des mots qu'il s'abstient de dire, à même de penser qu'il ne pourra pas comprendre cette phrase mal amenée ; malgré leur amour, Daniel n'a jamais vraiment pu lire dans ses pensées.

« Mais moi non. » Ses paroles demeurent encore sans aucun sens, et pourtant il les laisse là, en suspens. Leo laisse ses mots se perdre dans l'espace-temps qu'ils font tenir, maigrement. Un soupire, l'azur de ses prunelles qui se risque sur les alentours en quête d'un horizon plus clair que celui qu'il s'imagine mais rien. Rien si ce n'est la présence de Daniel ; et en cela réside peut-être le signe qu'il y cherchait. Les larmes montent, sa pression artérielle venant suivre ; puissante, violente. « Moi je ne suis plus là, Dany. » Qu'il souffle avant d'en fermer les yeux, avant d'essayer de vaincre les sanglots qui s'essaient à remonter, ceux qui s'essaient à prendre d'assaut le peu de conscience qu'il lui reste. Mais il tient, Leo. Il tient par le plus grand des miracles tandis que sa main cherche désormais la sienne, entremêlant ses doigts au sien avec l'espoir d'y trouver ses dernières attaches. « Ils me l'ont enlevé. » Un murmure qui se perd dans la légère brise qui vient les caresser, là, tandis qu'il en baisse encore la tête, qu'il lutte pour contenir tous ses haut-le-cœur, tous ses frissons qui n'en finissent plus de le faire ternir. « Ils me l'ont enlevé et ils osent venir... ; une pause, le souffle qui manque, la rage au ventre, la tristesse au creux de la gorge. Ils osent venir et me dire qu'ils retrouveront qui a fait ça mais pourquoi foutre ? C'est déjà fait, ça changera rien... Ça changera que dall. » Et les larmes, les sanglots qui parviennent à gagner leur petite guerre contre sa retenue. Leo craque, les mains tremblantes et la poitrine douloureuse. « Elle méritait pas ça, Dany. Elle méritait pas ça... Pas comme ça... » Il a toutes ses émotions qui se déversent, toutes ses retenues qui se défont de leur place. « J'ai pas arrêté d'imaginer quand elle reviendrait, les yeux qu'elle aurait en voyant l'appartement. J'me suis imaginé refaire ma chambre pour elle, tout réinstaller comme si jamais rien n'avait bougé. J'ai imaginé qu'elle pourrait courir partout, qu'elle pourrait... ; une pause car la suite est douloureuse, parce que les images restent encore bien assez claires dans sa tête. J'en sais rien, qu'elle pourrait jouer avec toi, Jess, moi... » Et les pleures un peu plus denses, tandis qu'en lui sa névrose se prélasse et s'offre quelques danses. Devant Daniel se dresse l'image d'un homme désœuvré, la culpabilité personnifiée. Parce qu'il aurait voulu la sauver, lui offrir bien mieux qu'une fin teintée d'atrocité. Il n'a pas fait assez ; et dans sa tête vient s'inscrire ces odieuses lettres qui, il le sait, ne s'étioleront jamais. Mais il doit se relever, essayer, ne serait-ce que l'accompagner. Parce qu'elle n'a pas à faire ce chemin seule, en tout cas pas en compagnie de ces gens-là, toutes ces présences semblables à des mascarades de mauvais goût. Et y songer, se souvenir des visages présents entre les murs un peu plus tôt délaissés, tout lui donne de nouveau la nausée, laissant son stresse s'intensifier, avec lui sa trop grande culpabilité déjà bien gorgée. « Faut qu'on y aille. Je peux pas la laisser... je peux pas... » Mais il s'offre encore faible au regard de son aimé, encore bien tremblant, bien impuissant. Il le sera sûrement d'ailleurs pendant longtemps.            
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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyJeu 21 Juin - 20:45

The final chapter.



January, the 15th, 2018

« Mais moi non. »

C'est comme un électrochoc. Un violent électrochoc qui me fait terriblement mal. Lui non. Lui il n'est pas là. Ou, plus exactement, il n'est « plus » là comme il aime à le préciser quelques secondes plus tard. Et ça me tord les boyaux. Et ça me donne envie de pleurer. De hurler. Parce que je sais pourquoi il en est venu à penser de cette façon. Je sais qu'il est tellement bouffé par la douleur qu'il a l'impression de ne plus être lui, ne plus exister vraiment ou en tout cas de ne plus exister autrement qu'à travers cette douleur. Je sais et je voudrais tellement pouvoir le protéger de cet état-là mais je ne le peux pas. Je ne peux pas parce qu'il doit en passer par-là, c'est comme ça. Il finira par se retrouver, j'y crois, je veux y croire. Je ne peux qu'y croire parce que si je commence à penser qu'il pourrait ne pas s'en remettre, ne pas en revenir... Si je commence à y penser c'est fichu, je ne tiendrai pas et je me dois de tenir alors je m'accroche à la pensée que ce sera passager au même titre que ça l'a été pour moi. Mais en attendant que ça s'arrange... En attendant il faut faire face à la douleur et à toutes les autres émotions qui l'oppressent. La colère est l'une d'entre elles. Une colère qui s'anime et qu'il exprime après avoir lié ses doigts aux miens. Mes doigts pressent, serrent alors que je la vois sa rage, alors que je l'entends, alors qu'il la transpire presque. C'est une colère qui m'est connue, il colère qui m'a poussé à faire assassiner le meurtrier de Jason en prison. Une colère qui peut vous ronger de l'intérieur si vous la laissez faire... Une colère qu'il est cependant légitime de ressentir. Si certaines sont capables de ne pas ressentir de haine ça n'a jamais été mon cas et ce n'est pas non plus le cas de Leo. Leo qui craque, Leo qui pleure. Des larmes qui me font un mal de chien tant je ne supporte pas de le voir dans cet état. Je voudrais pouvoir apaiser sa peine mais c'est une chose que je ne peux pas faire actuellement. Je ne peux que l'accompagner. Je ne peux faire que ça mais pourtant je détourne brièvement le regard quand il fait mention de ce que son frère et les « siens » lui ont proposé. C'est là une grande différence entre Leo et moi : lui ne semble pas vouloir chercher la vengeance alors que moi je ne rêvais que de cela. Et aujourd'hui, secrètement, je ne rêve que de cela pour Claudia. Trouver l'enfant de salaud qui a fait ça et lui faire payer.

Le prix fort si possible.

Je reporte mon attention sur Leo lorsque ses mots me rappellent douloureusement les miens. Non, elle ne méritait pas ça. Jason non plus. Combien de fois l'ai-je dit ? Combien de fois ? La vérité est que je le dis encore... La vérité est que je le dirai toute ma vie et Leo également. Jamais ce sentiment d'injustice ne le quittera. C'est impossible. Pas alors qu'elle a été arrachée à lui dans ces circonstances si monstrueuses... Pas alors qu'elle a péri de la main de quelqu'un. C'est injuste oui. Tellement injuste que je n'ai pas de mots pour le réconforter. C'est la vérité, une vérité qui est la sienne à présent et qui le sera pour toujours. Et comme mon cœur se serre un peu plus encore quand je l'entends parler de ce qu'il voulait, de ce qu'il espérait. Et je réalise à quel point c'est monstrueux pour lui. Sans doute plus monstrueux que ça ne l'a été pour moi parce que Jason était parti dormir chez un ami et que sa mort a été un véritable choc mais Leo, lui... Lui il a attendu, il a espéré parce que Claudia a disparu et subitement, brutalement, après de longs mois, tout espoir lui a été retiré quand elle a été retrouvée. Quand je lui ai annoncé l'horreur. Une horreur dans laquelle il est à présent plongé et dont il ne parvient pas à se défaire. Ma main libre revient se poser sur sa nuque quand ses pleurs s'intensifient lorsqu'il parle de la façon dont Claudai aurait pu jouer avec Jess ou avec moi... Je dois, de mon côté, me faire violence pour ne pas craquer. Les larmes menacent. Elles sont là, elles sont oppressantes et elles me font mal mais je tiens. Je tiens parce qu'il faut que je tienne. Parce que lui, il a besoin que je tienne.

Pour pouvoir être là pour elle comme il le dit.

Je hoche la tête et vient poser mon front contre le sien.

« Tu ne vas pas la laisser. On va y aller. Je vais te tenir la main, je t'aiderai à te tenir debout s'il le faut mais tu vas être près d'elle jusqu'à... Jusqu'à la fin. » Ma gorge se noue tant c'est douloureux de prononcer ces mots. Je continue pourtant. Il le faut. « Je serai ton roc. Je suis ton roc. » Une promesse de soutien, quoi qu'il advienne. Même si je dois me perdre moi en lui apportant la force dont il va avoir besoin. « On va retourner à l'intérieur et on va aller s'asseoir. Tu ne va pas rester caché dans l'ombre, ta place est près d'elle. Et ma place est auprès de toi. » Là encore une autre promesse d'être à ses côtés. « Allez, debout. » C'est presque un ordre qui est donné et mes mains viennent l'aider à se redresser. Regard planté dans le sien, un bref baiser sur ses lèvres. « Tu vas y arriver. »

Et sur quoi je passe mon bras autour de sa taille, à la fois geste tendre, amoureux, et geste de soutien. Le pas lent, parfois un peu trop, nous retournons à l'intérieur de l'église par là où nous sommes sortis. De nombreux regards se tournent alors vers nous mais je ne m'en occupe pas. Je jette simplement un regard à Jess puis à Taylor avant de jeter un regard en biais à Leo, guettant ses réactions. Je le vois pâle. Je le vois au bord des larmes. Mais je le vois aussi déterminé bien que brisé. Je l'entraîne jusqu'au premier rang, là où nos deux places sont restées libres et nous nous installons. Ma main vient se poser sur son poignet que je presse avec force. Un « Je suis là. » silencieux. Mon regard se porte inévitablement sur le petit cercueil blanc et là encore mes boyaux se tordent au point que j'en aie la nausée. Trop de souvenirs douloureux. Beaucoup trop. Et pourtant pas de larmes non. Je les contiens, j'y parviens. Les mots du prêtre me parviennent et il parle bien. Je trouve qu'il parle bien. Je ne sais pas si Leo se souviendra. Moi, j'ai oublié. Je ne me souviens pas de la voix du prêtre qui a officié pour Jason. Je ne me souviens d'aucun de ses mots.

« Quelqu'un souhaite prendre la parole à présent ? »

Un silence. Je cligne des yeux en observant le prêtre qui se tient debout derrière son pupitre et qui attend. Il attend que quelqu'un se propose pour venir à sa place. Je me tourne aussitôt vers Leo qui est figé. Est-ce qu'il veut seulement prononcer quelques mots ? Est-ce qu'il va en avoir la force ? Mais c'est moi sa force ou, en tout cas, c'est censé être moi. Alors, je le lâche et me redresse. Rapidement. Et après avoir pris une profonde inspiration je rejoins le prêtre qui m'adresse un sourire compatissant, pose brièvement sa main sur mon épaule avant de me laisser la place. Et je me retrouve face à tout ce monde. Je me retrouve devant tous ces gens que je ne connais pas, pour parler d'une petite fille que je n'ai pas connue. Et au moment où j'y pense, je réalise que ce n'est pas tout à fait vrai. Alors je passe outre le fait que me retrouver là me rappelle encore une fois de biens terribles souvenirs quand j'avais prononcé quelques mots pour Jason. Je passe outre toute cette douleur qui m'accable intérieurement.

Et je fais ce que je dois faire.
Pour Claudia.
Pour Leo.

« Je n'ai pas eu la chance de connaître Claudia parce que j'ai rencontré Leo, son grand-frère, après qu'elle ait disparu. » Des mots difficiles mais des mots véritables. Personne ne peut de toutes les façons échapper à cette vérité. Personne. « Et pourtant, j'ai l'impression de la connaître. Pas seulement grâce à toutes les photos que j'ai pu voir d'elle mais grâce à la manière dont Leo parle d'elle. » Mon regard se pose d'ailleurs sur Leo à qui j'adresse un sourire des plus tendres. « Il en parle avec tendresse, avec bienveillance et avec tant d'amour... » Je marque un silence, prends ces quelques secondes pour combattre de nouvelles larmes qui menacent de se faire une place. « L'amour... » Le regard qui se porte sur le cercueil. Je ne vois plus la photo de Claudia mais la photo de Jason. Mon sourire se teinte de tristesse. « Je veux croire qu'au milieu de cette folie parce que c'est de la folie... On ne devrait pas avoir à enterrer nos enfants... » J'ai bien malgré moi un regard pour Jess qui elle, ne cherche même pas à contenir ses larmes. En ce bref instant nous nous comprenons. « Je veux croire qu'au milieu de tout ça, l'amour est ce qui compte le plus. Je veux croire que c'est ce qu'on emporte avec nous. » Une profonde inspiration et je reporte mon regard sur l'assemblée. « Je veux croire que dans les derniers moments, il n'y a plus que l'amour. Je veux croire que Claudia se sentait aimée et que c'est ce qu'elle a emporté avec elle : l'amour que les siens avaient pour elle. Quant à l'amour qu'elle avait pour vous, personne ne pourra jamais vous l'enlever. Personne. » Je sens mon visage se crisper bien malgré moi. Je sens la colère revenir doucement mais sûrement. Il est temps que je m'arrête. J'en ai parfaitement conscience. Alors je m'éloigne du pupitre, m'approche du cercueil et au moment de le dépasser je m'arrête. Juste quelques secondes. Mon regard se porte dessus et j'y glisse brièvement ma main après l'avoir embrassée avant de me pencher vers le cercueil. « Embrasse mon garçon pour moi s'il te plaît. » Et ça, c'est entre elle et moi car murmuré tout bas. Je retire ma main et au moment où je suis sur le point de rejoindre Leo je le vois se lever.

Alors il est prêt pour ça ?
Visiblement oui.


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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyJeu 21 Juin - 23:45



the final chapter
EXORDIUM.
Il veut se faire fort quand sa propre force physique commence à manquer. Mais c'est ce qu'il a toujours fait, tenir debout face aux autres malgré la douleur, malgré la chute des plus hautes. Leo s'en relève, titubant, le bras de Daniel posé le long de sa taille. Il lui a promit d'être là, suivant ses pas. Il a promit d'être celui qui le tiendrait, qui les tiendrait. Eux deux. Sur ses épaules reposent tout ce qu'ils sont parvenus à construire ; chose dont il se rendra compte, un soir, lorsque les lumières seront éteintes et que son parfum embaumera la pièce à l'instar de sa présence. Un frisson vient parcourir le blond, quelque-chose de tenace qui s'accroche à son dos au fur et à mesure qu'il s'élance dans l'église. Les regards, les présences, les larmes. Elles n'ont pas à tomber, ils n'ont même pas à s'imposer pour l'enterrement de celle qu'ils n'ont jamais su aimer. Il ne doit pas s'y arrêter, le regard qui n'en quitte plus le bois blanc qui se tient devant lui. Tout le reste n'est qu'ombre, silhouette mal agencée. Il ne veut pas les voir, pas même les reconnaître derrière leur tristesse superbement jouée. Un soupire, rien qu'un quand ils parviennent à leur place, quant ils parviennent au premier rang de la Grande Salle. Pas un mot plus haut que l'autre. Rien qui puisse venir briser les pensées de Leo, Leo qui s'essaie intérieurement à nager. Bordel qu'il aimerait la retrouver, là, dans les vagues un peu trop agitées, tenir sa main et vers la rive l'emmener. C'est ce qu'il avait promit qu'il ferait, les premiers jours après qu'on lui ait arraché sa sœur bien-aimée. Et tandis que le calme revient, que les mots se taisent. Leo peine à prendre conscience de ce qui se joue, peine à entendre qu'on attend des paroles, des mots. Des phrases à l'égard de celle que personne ici ne connaît mieux que lui. Mais il lutte, Leo, pour revenir. Il lutte. Plongé dans des pensées profondément enterrées, un for intérieur des plus bouleversés. Ce n'est que quand il perçoit la silhouette claire et nette de Daniel s'élever qu'il en revient à cette horrible réalité. Les sens qui reviennent, la douleur qui – en un coup – frappe de nouveau ce cœur malmené. « Je n'ai pas eu la chance de connaître Claudia parce que j'ai rencontré Leo, son grand-frère, après qu'elle ait disparu. » S'il était parvenu à lever son regard vers lui, rien que ces mots l'amène à le baisser. Parce qu'elle n'avait que disparu jusqu'alors. Elle n'avait que disparu. « Et pourtant, j'ai l'impression de la connaître. Pas seulement grâce à toutes les photos que j'ai pu voir d'elle mais grâce à la manière dont Leo parle d'elle. » Le cœur lourd, les poumons qui bataillent pour recevoir leur air. Il n'est plus qu'un automatisme un peu rouillé, sa souffrance désormais comme seul levier. Il doit y penser pour se souvenir qu'il ne pourra jamais la sauver. « Il en parle avec tendresse, avec bienveillance et avec tant d'amour... »

La suite, il a dû mal à l'écouter, sentant les larmes de nouveau lui monter. Elles reviennent, tortionnaires, se faufiler jusqu'au long de ses joues rosies par le manque de tout. Le manque d'air, le manque d'elle. Le corps qui se cambre, le corps qui tremble à la manière dont il essaie de tenir, de se retenir. Mais c'est plus fort que lui, tellement fort. Il la ressent s'avancer, aisément gagner cette noirceur. Et derrière son chagrin, les mots que Daniel énonce persistent à résonner jusque l'assemblée, jusque tous ceux qui se sont rassemblés. Et rien que d'y penser, il a cette haine qui revient à la charge, s'essaie à venir gagner contre la paralysie et l'inconscience. Assez pour lui donner un peu plus de courage, un peu plus de volonté. Assez pour qu'il n'en relève la tête, soupirant un grand coup, le regard déposé sur son aimé ; il sait qu'il l'aurait encouragé. Encouragé à parler, oui. Quant à ce qu'il s'imagine déjà faire savoir à ceux qui se risqueront à l'écouter, ça... « Je veux croire que dans les derniers moments, il n'y a plus que l'amour. Je veux croire que Claudia se sentait aimée et que c'est ce qu'elle a emporté avec elle : l'amour que les siens avaient pour elle. Quant à l'amour qu'elle avait pour vous, personne ne pourra jamais vous l'enlever. Personne. » Puis plus rien. Pas un mot, pas une syllabe. Rien si ce n'est l’écho de sa voix qui lentement s'estompe à l'arrière de l'église. Il en ferme un instant les yeux, Leo. Rien qu'un instant. Un court instant comme par espoir que tout ne change durant celle-ci. Non. Rien. Rien de tout ce qu'il aurait pu souhaité, aucune des prières faites durant des semaines et des mois ne vient s'exaucer. Alors il se lève, à son tour. Il se lève parce qu'il doit le faire. Parce qu'il doit s'élever, rendre de l'honneur à cette mémoire qu'ils sont en train de bafouer.

Il a les pas tremblants et l'air incertain. Il a ce teint pâle qui pourrait effrayer n'importe qui de plus ou moins vigilent. Et quand l'équilibre va pour lui manquer, quand sa stabilité vient quelques brèves secondes s'estomper, il en vient à refuser l'air qu'on va pour lui donner. Une main levée, l'interdiction énoncée. Il ne veut rien. Rien ni personne à ses côtés. Pas maintenant, pas ici, si proche d'elle. Trop proche d'elle. Ces instants ensembles, il les avait imaginé autrement. Ils sont si loin de la rive, si loin l'un de l'autre et pourtant si proche. Et, une fois devant le pupitre, une fois devant les planches entre lesquelles ils l'ont enfermé, il en ressent tout le poids de cette nouvelle absence ; la finalité de tout ce qu'il s'était imaginé, ces jours qui n'arriveront jamais. « Je... ; il a les regards sur lui, toutes ces âmes malhonnêtes qui n'attendent ses mots qu'en quête d'un peu plus de jugement à faire. C'est pesant, tellement pesant d'essayer de tenir. Aussi, il s'en défait, de leur attention. Il s'en défait pour n'offrir d'attention qu'à la petite fille enfermée, celle qu'il se doit de délaisser pour un endroit qu'il espère bien plus approprié. J'ai rien préparé... Il avoue, confesse. Il vient rendre les choses un peu plus honnête. Mais je t'ai ramené le bracelet que je devais t'offrir à noël, quand tu serais rentrée. Il y a une paye dedans, j'ai dû manger chez la voisine et dormir avec trois pulls durant un mois, environ. Il m'avait fait couper le chauffage... Il y a quelques rires, quelques soupires. Il croit entendre celui de son frère parmi ceux-là, celui de Daniel assit un peu plus bas. Mais lui ne rie pas, n'y parvient pas. Parce que personne ne s'en souciait, en fait, que je crève de faim ou de froid. Et là, silence. Plus rien, une fois encore. Plus rien si ce n'est son regard qui se lève quand d'autres s'abaissent. Ils sont tous venus pour toi, Claudia. Tous, sans exception visiblement. Contrairement à quand tu étais là. » Et la vérité qui vient résonner parvient à en faire pâlir quelques-uns jusqu'alors bien installés. « Alors je sais, ce sont de sacrées petites putes pour oser venir te voir pour cette occasion-là quand, avant – même pour noël – personne n'a fait le trajet pour te voir chanter, rigoler ; être la gamine que t'avais su être. C'est dégueulasse mais moi je me souviens de cette joie que tu savais me donner. J'aurais tout fait pour que... ; et les sanglots qui reprennent, les sanglots qui hantent, qui montent, qui prennent sa gorge pour ne rien laisser si ce n'est un gémissement plaintif, un soupire des plus douloureux. Pour que tu sois heureuse malgré tout, pour que tu sois simplement là. Car si pour ces connards t'es rien qu'un prétexte de bonne figure aujourd'hui, putain t'étais tout pour moi... ; une petite pause, le souffle qui se reprend, du moins il essaie. Contrairement à ce que disait Daniel, parce qu'il est bien plus sage que moi... J'espère que de l'amour, pour vous, elle n'en possédait pas. Vous ne le méritez pas. » Et s'il tenait jusqu'alors, il craque, Leo. A moitié affalé sur le pupitre pour tenir le coup, ne pas finir fou, les perles salées venant rendre sa vue un peu plus floue. Pourtant, il s'en redresse, croisant dans sa descente le regard de sa grand-mère lui semble-t-il ; puis ceux de toute sa famille. Ceux qu'il vient tenir, fièrement, s'approchant de Daniel et de Jess. Le bracelet en main, derrière ses tremblements, c'est dans la paume de la fille de son aimée qu'il vient le déposer. Parce qu'elle est la seule à le mériter, la seule qui se soit trouvée à ses côtés en plus de son père depuis qu'ils se sont rencontrés. A elle-seule, cette nouvelle perle à son cœur s'était trouvée plus proche de lui que n'importe quelle âme appartenant à son sang. « Elle t'aurait adoré. » Qu'il vient faire entendre avant d'en retrouver sa place aux côtés de Daniel et ses traits tout aussi tirés.             
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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyMar 3 Juil - 17:36

The final chapter.



January, the 15th, 2018


Bien sûr que mon premier réflexe est de tendre les bras vers lui quand je le vois soudain faiblir. Bien sûr que mon premier réflexe est de vouloir l’aider mais l’aide est refusée. C’est net. C’est vif. C’est limpide. Il ne veut pas que je l’aide et je le comprends. Je comprends ce désir, ce besoin même sans doute de faire ce qu’il est sur le point de faire seul, sans aide aucune. Parce que c’est quelque chose qu’il doit faire. Qu’il doit à Claudia. Alors, même si c’est à contrecœur, je reprends place sur le banc à côté de Jess  dont la main vient chercher la mienne. J’échange un regard avec elle, ne prononce pas le moindre mot car ni elle ni moi n’avons besoin du moindre mot pour nous comprendre. Plongés quelques années en arrière dans des souvenirs encore bien trop vifs pour nous. Et pourtant nous sommes-là. Face à Leo qui a pris place où il est censé être, auprès d’elle, pour elle. Mon regard se repose sur l’homme que j’aime pour ne plus en bouger alors qu’il tente de prendre la parole. J’espère que s’il croisera mon regard, il y verra toute la force que j’essaye de lui transmettre silencieusement pour qu’il parvienne à aller jusqu’au bout. Il le regrettera sinon. « J’ai rien préparé. » qu’il avoue et mon cœur se serre. Comment aurait-il pu préparer quoi que ce soit ? Il n’était pas prêt pour ce jour. Il ne le sera jamais véritablement. Mais prêt ou pas les mots s’échappent de sa bouche et je l’écoute, plus qu’attentif. La petite histoire autour du bracelet fait naître malgré moi un sourire sur mes lèvres, bientôt accompagné d’un très léger rire. Pas moqueur mais simplement teinté de tendresse, de nostalgie même. Mais vraiment surtout de la tendresse éveillée par ce qu’il a pu faire, lui, pour elle et rien que pour elle. Mais cette tendresse disparaît cependant bien rapidement quand les mots de Leo s’ajoutent les uns aux autres. Doucement, mon visage se ferme, mes traits se contractent quand je l’entends dire à l’assemblée que personne ne se souciait qu’il crève de faim ou de froid. Mes doigts se resserrent autour de ceux de Jess. Il me faut m’accrocher à elle. Il le faut pour m’éviter d’exploser ici, maintenant, en songeant à quel point ils ont tous pu être indifférent à son sort à lui. Au sort de Claudia également… Il me faut m’accrocher à ma fille pour ne pas me lever et leur intimer à tous, de quitter l’église sur le champ. Je ne veux pas faire ça à Leo qui a des choses à dire. Et les choses il les dit et bien que mon cœur se serre de douleur, bien que mon corps se tende de rage envers ceux qui sont derrière nous et qui n’ont, en réalité, rien à faire ici, c’est une once de fierté qui s’invite doucement en moi quand je vois mon homme leur cracher une vérité brutale mais essentielle en plein visage. Oui je suis fier qu’il ose, même si certains jugeront sans doute que ce n’est pas le meilleur moment pour le faire. Je pense que c’est le meilleur moment parce qu’ils salissent la mémoire de Claudia en venant alors qu’ils n’avaient que faire d’elle quand elle était encore en vie.

C’est tellement facile de soulager sa conscience en venant s’intéresser à un mort…

Et la douleur qui revient me frapper quand les mots de Leo se perdent dans des sanglots qu’il ne parvient pas à retenir. Je voudrais me lever et aller le serrer dans mes bras, je voudrais être en cet instant  le roc que je lui ai promis d’être mais j’ai cette image de sa main qui se lève et qui refuse mon aide. J’ai cette image de son désir d’y arriver seul alors je ne bouge pas. Et ça me coûte de rester assis-là mais je tiens. Pour lui. Lui qui parvient à reprendre la parole malgré les sanglots. Lui qui prononce des mots qui font mal. Très mal. L’amour qu’il avait pour Claudia n’était pas simplement fraternel : il l’avait l’amour d’un père pour elle. Elle était tout pour lui comme il devait être tout pour elle. Et c’est ce « tout » qu’on lui a arraché. Bien trop brutalement. Et bien trop tôt. Trop tôt… Mon prénom se fait soudain entendre. Il parle de la sagesse dont j’ai fait preuve, et je me rappelle cette sagesse oui dans les mots prononcés quelques instants auparavant. Sauf que je ne savais pas et si j’avais su… Si j’avais su ils n’auraient reçu aucun mot de ma part. Rien. Strictement rien. Et comme je suis avec lui en cet instant. Comme j’estime qu’il a raison de dire tout ça même si je suis certain que Claudia aimait sa famille. Les enfants sont capables de donner tant d’amour à leurs proches… La pensée pour Jason qui est fort soudaine pourrait presque me pétrifier sur place si je n’avais pas Leo dans mon champ de vision. Mon Leo qui s’effondre un peu plus avant de venir nous rejoindre. Je ne le quitte pas du regard et la main libre de Jess accueille bientôt le fameux bracelet. Et ces quelques mots qui m’achèvent intérieurement en réalité : « Elle t’aurait adoré. ». Ils m’achèvent tellement que les larmes me montent aux yeux. Il me faut me crisper pour parvenir encore une fois à me contrôler. Oui, Claudia aurait adoré Jess, Jason aurait adoré Leo et Claudia… Toutes ces morts, tout ce manque qui ne sera jamais comblé… Je prends une profonde inspiration pour tenter encore et toujours de me contenir puis Leo vient se réinstaller à côté de moi. Ma main libre vient se saisir de la sienne et je cherche son regard pour le croiser quelques secondes. Je hoche la tête silencieusement, une façon comme une autre de lui faire savoir qu’il a bien fait. Oui, il a bien fait. Puis je reporte mon attention sur le prêtre qui semble attendre que quelqu’un d’autre prenne la parole mais avec appréhension. Il doit s’imaginer que tout ceci va se terminer en règlement de comptes mais personne ne se manifeste non. Personne. Et ça n’a rien d’étonnant : que pourraient-ils dire sur elle ?

Même pas plus que moi et c’est écœurant.

C’est donc là-dessus que la cérémonie se termine et le prêtre invite donc tout le monde à quitter l’église mais nous ne bougeons pas. Ni Leo, ni Jess, ni Taylor, ni moi. Parce que nous trois restons auprès de Leo et lui ne veut pas bouger. Tout simplement. Il veut l’accompagner, à n’en pas douter. Pas besoin de le dire. Alors oui, nous restons-là et nous suivons finalement le cercueil lorsqu’il est emmené vers l’extérieur. Je ne sais pas si ce sont mes pas qui sont difficiles ou si ce sont de Leo, ou si ce sont nos pas à nous deux qui le sont mais ce chemin vers la sortie de l’église est éprouvant et j’ai conscience que le chemin jusqu’au cimetière derrière l’église le sera encore plus. Nous arrivons bientôt sur le parvis de l’église et à peine avons-nous mis les pieds dehors qu’une silhouette attire mon attention : Abraham, le frère de Leo qui attendait visiblement notre sortie pour s’approcher. Et mon sang ne fait qu’un tour alors que je le vois approcher.

« Restez avec lui surtout. » je dis à Jess et Taylor en me tournant vers elle avant de m’approcher à grands pas d’Abraham qui affiche un air mauvais en me voyant approcher dans sa direction. Il semble ne pas apprécier. Je m’en contrefous à tel point que je me poste juste devant lui. Il est plus grand que moi. Plus carré aussi. Peu importe. Je suis droit, mon regard mauvais plongé dans le sien sans ciller. « Je ne crois pas non. »

Non, il ne s’approchera pas de Leo.

« Je veux lui parler. Dégage de mon chemin.
- J’ai dit non.
- Sauf que t’es personne pour me dire ce que j’ai à faire. Tu sais quoi de notre famille hein ?
- Assez. Tu ne l’as pas entendu à l’intérieur ? Il ne veut pas de toi, ni d’aucun de vous ici.
- Je suis sérieux. Casse-toi sinon je vais te refaire le portrait.
- Ah mais vas-y. Fais-toi plaisir. Tu pourras rajouter sur ton casier « agression d’un lieutenant de police ». »

Il se fige, serre encore plus les poings. Je pense pendant un instant qu’il va m’en mettre un et peut-être que je n’attends que ça parce que s’il craque il le paiera cher.

« Tu mens.
- Tu crois ? »

Regard fixe. Et je vois dans son regard le moment où il comprend que je ne mens pas.

« Anti-gangs. » que je rajoute histoire de terminer d’enfoncer le clou.

Et il rumine Abraham. Il rumine. Il me semble voir un soupçon de douleur dans son regard. Après tout, Claudia était sa petite sœur, Leo est son frère mais… Peu importe ce qu’il ressent. Il n’y a que ce que Leo ressent qui compte en cet instant.

« Vaut mieux que vous partiez. Tous. »

Et je me détourne de lui, cette idée en tête qui ne me quitte plus.

« Rentrez chez vous ! » je balance assez fort à l’assistance qui semble se préparer à suivre le cortège jusque dans le cimetière derrière l’église. Les regards se tournent vers moi et je les toise avec toute cette haine que je ressens pour eux après ce qu’ils ont fait ou plutôt ce qu’ils n’ont pas fait pour Claudia, pour Leo. « Que personne ne suive le cortège ! Rentrez chez vous ! » C’est répété une seconde fois pour que cela soit bien compris.

C’est l’exclamation d’une personne un peu plus âgée qui attire mon attention. Sans doute la grand-mère.

« Pour qui vous prenez-vous ?! »

Elle semble offusquée.

« Quelqu’un qui est à sa place contrairement à vous. »

C’est froid. Tranchant. Et ça semble la choquer un peu plus.

« Il a été clair à l’intérieur. Vous n’avez rien à faire ici. Aucun de vous ! » La voix s’élève un peu plus et je me détourne de tous ces gens qui ne représente rien pour moi pour m’approcher des personnes qui comptent. Un regard pour Taylor et pour Jess et ce n’est plus que lui et rien que lui dont je m’approche rapidement. Ma main vient glisser sur sa joue que je presse avec fermeté en plongeant mon regard dans le sien. « Juste nous quatre avec Claudia, ok ? »

Juste nous oui.



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Taylor M. Obrien

Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyLun 13 Aoû - 18:49

Final Chapter
EXORDIUM.
Je suis devant ma glace, rentre ma chemise noire dans mon jean avant d’enfiler ma veste de costume par-dessus. J’ai à peu près l’air de quelque chose même si j’vais pas à la Fashion week. Et pour le coup, j’aurai préféré. J’ai la boule au ventre, la gorge sèche et prête ou non, je m’en fou. Je dois être là-bas, au moins pour Leo.
J’aurai préféré que mes discours d’il y a quelques mois ne soient pas avérés, qu’ils retrouvent Claudia vivante, prisonnière d’un couple un peu maboul mais qui ne lui aurait pas fait de mal. J’aurai préféré ça plutôt que d’apprendre que la gamine dont on a entendu parler aux infos était sa petite sœur. Je continue de me regarder dans le miroir, l’espace d’une seconde je me demande si ça aurait été la tenue que l’on m’aurait accordée si je ne m’étais pas loupé un mois plus tôt.
J’ai perdu du poids, déjà que je n’étais pas très épaisse, cette fois j’ai les joues légèrement creusées, des cernes qui souligne un regard déjà fatigué et abattue. Maeve est partie ou plutôt, je les fais partir. Pas au sens propre du terme mais parce que j’ai merdé. A quel degré je peux être considérée comme étant une belle salope d’être triste de cette rupture mais de ne pas regretter ce que j’ai fait ?

Je soupire, ma vie n’a aucune importance aujourd’hui. Ce qui m’importe, c’est l’état de Leo. Et de ce que j’en ai vu et de ce que j’en sais, j’ai peur de ce qui va suivre aujourd’hui. Je ne suis clairement pas tranquille, j’ai peur qu’il nous claque entre les doigts, que Daniel soit là ou non. Quoi qu’il en soit, je bougerais pas de là-bas, je serais derrière ou à ses côtés, comme il le souhaite mais je ne le lâcherais pas. Il est l’un de mes amis les plus chers, il est comme un frère, donc peu importe l’épreuve, je serais là.

Je prends finalement une inspiration, sors de l’appartement, manteau long et noir sur le dos. Couleur de la mort. Couleur du deuil.

#

Je secoue la tête, lançant un regard inquiet vers Daniel après avoir vérifier pour la dixième fois mon portable.
Pas d’appel, pas de message, rien qu’un silence et une lourde absence alors que l’enterrement ne va pas tarder à commencer. Il est retard et quelque part, j’me dis qu’on a été bien trop con de pas aller le chercher nous-même. Qui sait s’il n’a pas fait une connerie, sous la pression ? C’est con mais ça m’angoisse.

- Je vais sortir, essayer de le rappeler, d'accord ?
- Ok.

J’dirais pas que la hache de guerre est entièrement enterrée mais il y a du mieux, à croire que la TS, à contrario de foutre en l’air plusieurs choses, remettent en ordre d’autre plans, d’autres relations. Et puis bon, je sais suffisamment me tenir et être adulte pour pas jouer les connes à tirer la tronche parce que je dois me coltiner quelqu’un que j’ai menacer quelques semaines, mois plus tôt.
Daniel a à peine eu le temps de foutre un pied dans l’allée qu’il s’est stoppé. Je me retourne : Il est là. Je retiens un soupire de soulagement entre mes dents serrés. Il est là, certes, sauf qu’il ne vient pas. Il va se caler dans un coin de l’église, dans l’ombre et mon cœur se serre. Je me redresse mais Daniel est plus rapide que moi. Je ne bouge pas de ma place, le laisse exécuter son rôle sans interférer malgré l’envie bouillonnante de sortir d’ici parce que merde, j’étouffe. Ils sont là, à pleurer alors que le cercueil plus petit que moi entre dans l’église… ça me bouffe, me fout mal à l’aise à en gerber et de croiser le visage de cette gamine sur cette grande photo, est pire que tout. Des bougies éparses, des fleurs, une musique lugubre en fond. Est-ce qu’on ne devrait pas mettre quelque chose de plus joyeux pour une enfant ? Faire une cérémonie à l’image du merveilleux sourire qu’elle affiche sur cette photo ?

- Tu crois qu’il va tenir le coup ?

Je me tourne vers Jess qui n’en mène pas plus large que moi.

- J’sais pas. J’espère.

On se regarde brièvement, bien conscientes que c’est la merde et que toute la force du monde ne réussira pas lui donner ce qu’il faut pour digérer cette disparition qui l’a complètement brisé. Les souvenirs que j’ai de la fois où je l’ai récupéré chez lui, au fond du trou, avec une gueule à faire peur. La frontière pour y retourner est mince, j’en suis plus que consciente et nous n’aurons pas d’autre choix que de veiller sur lui, à tour de rôle. Au moins pendant un temps. J’veux pas qu’il fasse une connerie. J’entends un sanglot alors que le prêtre commence à parler, énoncer tout son discours mortuaire… je me retourne et vois Léo en larmes auprès de Dan.
J’ai clairement l’impression qu’un monstre me déchire les entrailles. Qui me déchire tout entière quand j’entends la porte claquer derrière nous.

- Tu veux aller les rejoindre ?

Je secoue la tête, mollement. Est-ce que ça serait une bonne idée, honnêtement ? J’pense pas. Leo a besoin de l’homme qu’il aime, Daniel sera certainement le seul à réussir à le hisser vers le haut aujourd’hui. La seule chose que je peux faire, là, maintenant, c’est faire acte de présence pour lui si jamais quelqu’un le mentionne ou j’sais pas trop quoi.
Les mots sont émouvants, ça me fout les larmes dans la gorge. Je tousse plusieurs fois dans le creux de ma main pour ne pas craquer, garder la tête droite.

- Ca va aller ?

Un murmure adresser à Jess. Elle sait très bien de quoi je parle et oui, je m’en soucie. Je la connais depuis aussi longtemps que je connais Dan’.

- Oui. T’inquiète.

D’une main chaude, je viens saisir la sienne sans honte, sans gênes, main qu’elle serre entre ses doigts. Autant lui apporter un minimum de réconfort, quand bien même elle sait parfaitement gérer la situation.
Leo et Daniel reviennent finalement, jusqu’à nous.
Est-ce que l’on peut considérer la situation d’ironique ? Je connais Daniel par cœur, je vois bien cet élan de douleur lui traverser le regard quand il le porte sur le cercueil blanc de Claudia et la seule raison pour laquelle il ne pète pas les plombs, c’est parce que son esprit est focalisé sur la propre douleur de Leo.

Le prêtre demande si quelqu’un veut prendre la parole et contrairement ce à quoi je m’attendais, c’est Daniel qui se manifeste. Je me glisse légèrement vers Leo, prenant le rôle du soutient le temps que le brun fasse son discours, après avoir jeté un coup d’œil à Jess. Mes doigts viennent serrer ceux de mon ami même si je ne suis pas certaine qu’il capte quoi que ce soit. Peu importe. Le plus important c’est qu’on soit là.
Les mots de Daniel sont touchants. Terriblement touchants. Je passe un bras autour des épaules de Jess parce que bien évidemment, elle craque. Ca la renvoie à tout ce qu’elle a pu traverser avec son père. J’ai l’impression d’être la pelle qui ramasse tous les morceaux de la journée, pour essayer de colmater les failles, pour que tout le monde tienne debout.
Le discours de Dan prend à peine fin que Leo se lève et je ne fais rien pour le retenir. La seule chose qui m’inquiète c’est de savoir s’il va tenir debout jusqu’à la fin.
Il se plante devant le micro … et c’est là que nos craintes prennent forme.
Le départ est doux, tranquille. D’une voix tremblante, blanche, avec un regard qui exprime toute la douleur d’un homme.
Et les reproches fusent. La haine prend forme en quelques paroles suffisantes pour ébranler une partie des spectateurs. Principalement la famille.

- Alors je sais, ce sont de sacrées petites putes pour oser venir te voir pour cette occasion-là quand, avant – même pour noël – personne n'a fait le trajet pour te voir chanter, rigoler ; être la gamine que t'avais su être.
- Merde.

Je lâche un juron entre mes dents, jetant un regard à Daniel du genre : On fait quoi ? On laisse faire ? On va l’chercher ? Parce que j’le vois Abraham, pas très loin, qui menace certainement d’aller chercher son frangin pour lui dire de fermer sa gueule. Rien à foutre, je saute par-dessus tout le monde pour le cogner s’il fait ça.
Leo n’en a pas fini et visiblement il en a des choses à dire. Une vague de malaise s’abat sur la foule, sur le pretre aussi. En d’autres circonstances, ça aurait pu me faire rire mais là ça m’inquiète plus qu’autre chose. Et ça me déchire le cœur de le voir dans une détresse pareille. J’ai envie de le serrer dans mes bras, de lui dire que ça va aller, qu’on est là mais je me contente de me taire, de rester à ma place.
La cérémonie s’achève, j’ai l’impression qu’on a fait un bond dans le temps tellement ça a l’air d’être le foutoir pour tout le monde. Jamais je ne lâche Leo, restant à ses côtés en silence ou en me manifestant par quelques gestes, quelques regards, jusqu’à ce que nous soyons à l’extérieur où là encore, je laisse Daniel prendre les choses en main. Aka virer ces sales trous du cul de là. Notamment, d’Abraham. Je prends la main de Léo dans la mienne, la serre en douceur avant de glisser un bisou sur sa joue.

- On est là, même si tu tombes, je te promets qu’on ne te lâchera pas.

De nouveau, Daniel se manifeste, se fait froid, tranchant, intransigeant, faisant respecter le souhait de Leo de vouloir se retrouver seul auprès de Claudia pour un dernier au revoir. Il lui murmure quelques mots tandis que je reste auprès de Jess. Et ce n’est seulement lorsque le garde du corps attitré de Leo a bien veillé à ce qu’aucun connard ne s’infiltre à cette fête mortuaire que nous suivons le cortège. Tout se fait dans un silence de plomb, sans que je ne vienne moi-même interférer. Le trajet est pourtant court, quelques mètres derrière l’église pour atteindre le cimetière mais j’ai l’impression qu’il dure une putain d’éternité.
Nous arrivons à la deuxième étape : La mise en terre. Peut-être l’épreuve la plus difficile à mon sens puisque c’est là, le dernier adieu. Définitif. Dès lors que le cercueil sera au fond de cette cavité sombre, Claudia disparaitra à jamais pour Leo et là encore, j’ai peur de la façon dont il va gérer les choses. Le prêtre fait un autre discours et la première personne devant jeter quelques pétales de roses sur le cercueil, c’est lui. Il fait un pas, puis deux, menace de tomber parce que ses jambes se dérobent certainement sous le coup de l’émotion trop forte, trop lourde. J’ai tout juste le temps de le rattraper par la taille et quand bien même il pèse plus lourd que moi, je reste debout, l’aide doucement à se redresser.

- J’te tiens, tu vois ?

Je t’ai dit tout à l’heure qu’on ne te lâcherait pas. Je me permets cette fois de prendre les devants. Je prends sa main dans la mienne et le guide en douceur vers le panier de pétale où il se s’en saisit d’une main tremblante.
J’ai le cœur en miette de le voir comme ça mais aucune larme ne me traverse. Ça n’est pas par manque de compassion mais mon attention est tellement focalisée sur lui que je n’ai pas le temps de me concentrer sur ce que je ressens actuellement. Je n’ai pas le temps de m’arrêter et de me dire que ce cercueil, en d’autres circonstances, aurait pu être le mien. Et la claque aurait été gigantesque. Suffisamment puissante pour me faire prendre conscience à quel point tout aurait pu être bien pire que je ne me le suis imaginé dans ma noirceur.
Mais je suis loin de cette image, de cette prise de conscience, tandis que je maintiens fermement Leo. Lorsque mon regard se déporte sur le cercueil blanc de Claudia, c’est une promesse silencieuse que je formule : Celle de veiller sur son frère, en son absence.

HRP:


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Leo Mills

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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyMar 14 Aoû - 22:21



the final chapter
EXORDIUM.
Sa place retrouvée, il ne parvient pas vraiment à défaire son regard du cercueil ; parce qu'elle est là, désormais. Elle est si proche ; si proche et pourtant si loin. C'est cette vérité qui vient le briser, cette prise de conscience-là. Il a passé des mois et des mois à la chercher, à se demander où elle pourrait être, ce qu'elle pourrait faire, pour quelle raison son sourire pourrait se manifester en sachant qu'ils ne sont pas ensembles. Des mois et des mois à fouiller le monde entier pour finalement la retrouver, entre quatre planches trop petites pour la taille qu'il avait fini par lui imaginer. Aussi, les larmes retrouvent leur place le long de ses joues, le long de sa peau quand tous les autres, eux, s'en vont aussi rapidement qu'ils sont arrivés ; voraces d'un peu de drame à raconter. L'imaginer l'amène à finalement se lever, prendre la suite du cercueil qu'on fait sortir, qu'on accompagne jusqu'au parvis sur lequel il s'arrête ; à bout de force. Leo l'est, depuis trop d'heures, depuis que ces mots l'ont atteint quand il s'était remit à y croire. Un soupire, le cœur lourd, les poumons qui manquent d'air. Leo s'abaisse, prenant appuie sur ses cuisses de la paume de ses mains, visage bien trop baissé pour entendre ne serait-ce que les paroles d'un Daniel qui – au final – s'éloigne. Au fond de lui sonne une légère alarme, quelque-chose de violent qui ne le ravive pas pour autant. Il reste figé, le blond, figé dans un temps qu'il sait désormais perdu, dans ce monde au sein duquel ils avaient vécu Claudia et lui. « On est là, même si tu tombes, je te promets qu’on ne te lâchera pas. » La voix de Taylor lui parvient d'un peu loin. Dernier et unique lien, pour l'instant, à ce monde qu'est également le sien. Il ne pourra pas le nier, jamais. Il y appartient encore malgré tout ce qu'on vient de lui arracher. « Vaut mieux que vous partiez. Tous. » Cette fois, il a son visage qui se relève, son attention qui se porte sur Daniel qui s'anime, sur ce frère contre qui il pourrait se hisser. Il a cette rage qui revient, qui s'impose d'elle-même au fin fond de son être. Ça grogne, gronde. Ça vient se perdre dans chaque partie de sa tête pour ne laisser plus qu'un soupire lassé, exténué, brouillé par la tristesse qu'il ne parvient pas à surmonter. « Rentrez chez vous ! Que personne ne suive le cortège ! Rentrez chez vous ! » C'est à ces mots-là qu'il sent les regards se tourner vers lui, vers l'autre de son sang également. Abraham affiche ce même air penaud que tous les autres tandis que lui, lui Leo... Lui ne parvient pas à s'en faire désolé. Au contraire, Dieu qu'il aimerait pouvoir répéter ces mots, les appuyer. Mais la gorge encore bloquée, il se contente de soutenir le regard de cette grand-mère qui s'est enfuie quand elle a comprit, quand elle a su que tout irait à changer dans leur vie. Il soutient jusqu'à ce qu'elle ne dévie, jusqu'à ce qu'elle se risque vers son amant qui, remonté, ne laisse rien passer. Rien. « Il a été clair à l’intérieur. Vous n’avez rien à faire ici. Aucun de vous ! » Mais derrière toute cette colère demeure la tristesse, la perte, le deuil qui pose ses affaires pour ne plus jamais se taire. Il a les larmes qui remontent, l'envie de hurler, de s'effondrer ; davantage quand Daniel revient à ses côtés, son regard cherchant le sien déboussolé. « Juste nous quatre avec Claudia, ok ? »

Il acquiesce, termine par faire ce petit geste de la tête ; la main de Taylor toujours dans la sienne qui ne la lâche pas. Il a besoin de ce contact, de tous ces piliers-là. Ils sont là, les seuls qui soient à même de l'accompagner, sa petite blonde arrachée, malgré qu'elle ne les ait jamais rencontré. Eux ont cru en ses espoirs, eux ont soutenu le fait qu'il pourrait un jour la revoir. Aussi, ce n'est qu'avec eux qu'il entame son avancée vers ses adieux non terminés. Il doute de pouvoir y parvenir, sait qu'à présent ne reste plus qu'à survivre au pire. Une dernière demeure pour celle qu'on a éloigné de son cœur. Un dernier discours une fois la place rejoint, un dernier discours pour cet emplacement qui sera le sien. Il soupire, peine à respirer. Il essaie de tenir malgré tout ce qu'il sent sur lui peser. Leo bataille contre sa propre personne, Leo s'essaie à résister à ce glas qui de nouveau sonne. Les larmes qui ne font plus que monter, cette impression de toujours plus se noyer ; dans les profondeurs de son âme s'abandonner. A quoi bon sans son sourire ? A quoi bon continuer si ne subsiste plus la promesse de réentendre son rire ? A quoi bon, finalement, perdurer quand toutes les paroles données se sont volatilisées ? Il essaie d'y songer, parvient à entendre son prénom dans l'assemblée. C'est après lui qu'on attend désormais. Un regard autour de lui, sur l'horizon de ces tombes à moitié décorées ; est-ce vraiment dans cette tristesse qu'elle se doit de reposer ? Il a le palpitant qui manque quelques battements, ses pas qui se font d'abord tremblants. Et les nausées qui reviennent, la fatigue qui réinstaure son règne. Leo manque de tomber, rattraper de justesse par une Taylor aux aguets. « J’te tiens, tu vois ? » Le sanglot jusqu'alors bloqué, il ne le réprime pas plus longtemps. A cette envie d'abandonner, de se laisser effondrer devant celle qu'il s'était juré de sauver. Bordel, il avait tout fait et on lui avait dit de ne pas insister. S'il ne les avait pas écouté... Il acquiesce, essaie de braver ses larmes. Il acquiesce et la laisse l'aider, guider sa main effrayée vers le panier qu'on a laissé à côté. Un dernier geste. Rien qu'un dernier, à défaut de pouvoir l'embrasser ; lui promettre qu'elle sera à jamais en sécurité. Là, un peu plus bas, il croit entendre les pétales se perdre sur le bois. Il croit entendre la promesse silencieuse d'une Claudia éteinte, les paroles d'une enfant cherchant à réconforter ; à faire entendre que, désormais, tout pourra bien se passer. C'est ce qui l'achève, ce qui l'amène à se défaire de la présence de Taylor, d'un maigre coup d'épaule. Il brave quelques mètres, s'éloigne le cœur au bord des lèvres avec la menace de se mettre à vomir ; possiblement même de le voir s'évanouir. Il tente à résister, Leo. Il tente de s'accrocher à ces mots. Mais rien, rien ne vient effacer la rage qui hurle en lui, cette peine qui hantera sa vie. Il le sait et c'est avant tout la première raison pour laquelle il s'effondre, à genoux, là ; si proche et pourtant si loin. Leo retient ses hurlements, Leo retient tous ces tiraillements. Il a la poitrine qui se soulève, la main qui se porte sur ce médaillon qui – presque – tracerait des sillons douloureux le long de sa peau. C'est un fardeau ; le fardeau de ne pas avoir su lui épargner ces maux.              
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MessageSujet: Re: the final chapter   the final chapter EmptyLun 20 Aoû - 20:35

The final chapter.



January, the 15th, 2018


Daniel parvient à esquisser un petit sourire à l'intention de Leo, un sourire qu'il espère assez tendre et rassurant. Et finalement, Leo termine par hocher doucement la tête : oui, juste eux quatre. Bien. Daniel voit la main de Taylor tenir avec fermeté celle de Leo et ça lui arrache un autre sourire qu'il adresse cette fois-ci à Taylor. Un sourire plein de reconnaissance. Il glisse sa main sur la nuque de Leo, le caresse doucement et dans sa main, c'est celle de Jess qui vient se glisser alors qu'ils s'avancent à présent en silence derrière le cercueil. Un petit cortège, minuscule. Aussi minuscule que l'est l'être qui est dans le dit cercueil. Et plus ils s'avancent, plus ça le prend aux tripes Daniel, plus ça le prend au cœur et à l'âme. Trop d'images se superposent, trop de souvenirs se font violence et cela devient de plus en plus dur de garder le cap, de rester aussi fort qu'il est censé l'être. Heureusement que Jess est là pour lui tenir la main. Heureusement que Taylor est là pour tenir la main de Leo car Daniel ne pourrait sans doute pas apporter le soutien nécessaire, plus particulièrement quand vient le moment de dire ce dernier au revoir après un dernier discours du prêtre. Il s'avance, Taylor à ses côtés et Daniel, lui, est figé. Figé dans sa propre douleur qui revient se faire violence, pire à chaque seconde. Ce putain de cercueil blanc... Il en tremble si fort que Jess serre avec plus de force sa main avant de venir se blottir dans ses bras. Ses bras qui l'entourent et la serrent tout contre lui. Les larmes du père. Les larmes de la fille. Les larmes pour Claudia comme il y a eu les larmes pour Jason. Il voit Taylor soutenir Leo à travers ses larmes et il s'en veut le flic de ne pas être capable de plus mais il a tenu. Jusque-là il a tenu et il ne peut plus. Il a ce moment de faiblesse, ce moment où il se laisse gagner par la douleur. Parce que comme il a vu le corps de Jason, il a vu le corps de Claudia et ce sont des images qui le hanteront jusqu'à la fin de ses jours. Comme la douleur hantera Leo jusqu'à la fin des siens même si elle s'atténuera avec le temps. Elle fera toujours partie de lui comme elle fait partie de Daniel, comme elle fait partie de Jess.

« Papa, ça va aller... » qu'il entend Jess souffler tout contre lui.

Et ses mains se resserrent autour de sa fille. Il s'accroche comme un dément à ses mots, à cette certitude que tout finira par aller bien. Il faut qu'il s'y accroche car sinon... Sinon il va s'écrouler définitivement. Comme il s'est écroulé par le passé. Comme Leo s'écroule, là, un peu plus loin. Et Daniel brave alors sa douleur. Il dépose un baiser sur le front de Jess et ne vient pas déposer quelques pétales sur le cercueil de Claudia. Elle a eu ses adieux à lui, elle a eu ce pacte échangé silencieusement dans l'église. Lui, Leo, a besoin de plus. Et alors qu'il s'approche de lui il se revoit dans le couloir de la maison. Il revoit son ex-femme au sol, effondrée, en train de hurler toute sa douleur d'avoir perdu son fils. C'est son image qui se superpose sur celle de Leo. Et il se revoit, lui, s'enrouler autour d'elle, la serrer fort contre lui, encaisser des coups de douleur, de rage aussi, et pleurer, pleurer, encore et encore et encore... Alors il s'enroule Daniel, il s'enroule. Les genoux viennent toucher le sol et les bras viennent entourer Leo. Son Leo. Son homme. Son âme-soeur. Celui pour qui il ferait absolument tout. Celui pour qui il refoule une fois encore ses larmes et sa douleur. Celui pour qui il surmonte les souvenir douloureux qui l'assaillent. Celui qu'il aime plus qu'il n'a jamais aimé personne. Et là, doucement, sa main vient se poser sur la sienne. Sa main vient se poser sur ces doigts qui pressent le médaillon récupérer. Il pourrait sentir celui de son propre fils lui brûler la peau. Et il a un regard vers le ciel Daniel. Un regard vers ce Dieu auquel il demande de la force.

Tout la force pour surmonter tout ce qui est à venir.




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