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 To end this misery

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Irene Howard

Irene Howard
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MessageSujet: To end this misery   To end this misery EmptyMar 4 Juin - 3:17

To end this misery
Irene & Sebastian

As I walk along, I wonder what went wrong whit our love. A love that was so strong and as I still walk on. I think of the thing's we've done together, while our hearts were young. I'm a walkin' in the rain tears are fallin' and I feel a pain” Runaway - Del Shannon.



Acte final. Scène quasi à jamais clôturée. Aujourd’hui tout se joue. L’unique et misérable représentation se donnera en plein jour et ce à huit clos. Elle se déroulera entre les murs froids d’un cabinet centenaire, isolé sur une grande avenue d’un Chicago goguenard. Grand terminal. La mascarade demande aux deux seuls acteurs de cette triste histoire de revêtir les masques craquelés pour l’immense et dernière fois. Le décor se dresse. Morcelée, la comédienne à la robe légère et encore chaude de l’été n’est pas prête. Sa maigre silhouette costumée de façon féminine jette au sol une énième cigarette consumée par l’impertinent traque. Les yeux se ferment. Un filet d’air épais et voluptueux s’échappe d’entre le carmin des lèvres soignées qui murmurent les futures et irréparables répliques. Face aux marches de grès clair qui mènent à l’entrée sophistiquée, elle se prépare, avale le stress comme l’on siphonne le vin lors des grands soirs. Dans la pénombre elle avance, salue les avocats spectateurs dans les couloirs, les gratifie d’un sourire poli et entre sur la scène par l’intermédiaire d’une jolie secrétaire. Le juge souffleur, dans le bureau, lui indique le siège où tout va se dérouler. Le siège où faire semblant ; où jouer. A ses côtés, l’autre acteur n’est toujours pas arrivé. Le prince n’est toujours pas là alors la princesse l’attend bien que lui et la fatalité l’aient déjà répudié à cent mille lieux loin devant. « Monsieur O’Malley ne devrait pas tarder à arriver. Vous souhaitez un café ? De l’eau ou autre chose pour patienter ? » La femme inspire profondément et secoue la tête à la négative pour toute réponse ; les didascalies conventionnelles de ce que l’on fait dans ces moments, ne l’aidant pas vraiment. De toutes façons, elle ne peut plus ; elle ne sait plus rien avaler depuis déjà un bon moment. « Bien. » Le juge reste debout, en déduit qui des deux parties se soumet et n’est en rien consentant. Il se tait, respecte, après des décennies de profession, les affres compliqués des séparations. Il ne se retourne qu’au moment où l’absent entre à son tour en pièce. « Monsieur O’Malley. Pile à l’heure. Asseyez-vous.» Le voilà. Les voilà. Prêts à œuvrer à l’inéluctable issue. Eux. Les amants qu’il a lui-même maudit.
Elle ne le regarde pas. Elle ne l’observe pas et ne le peut pas. C’est au-dessus de ses forces. Les longs cheveux dorés sont abattus au coin des prunelles déjà détrempées par la nostalgie acariâtre de son odeur suave dégagée. Rideau de fortune dans lequel elle souhaite se piéger pour ne pas entre-apercevoir en lui l’amour qu’il lui portait et qu’il donne désormais à sa terrible gorgone. La blonde, la sorcière non terrassée qui l’a congédiée, elle, renvoyée. Là-haut, Aphrodite a tout décidé et a pris le Roi pour le souiller, le mélanger aux putes, aux filles de joie loin de celle qui lui avait été promise. Sa destinée. Tragédie Shakespearienne aux allures morbides, l’héroïne est loin d’être conquérante pour ce théâtre improvisé. Elle n’est qu’un corps qui subit. Qu’un corps squelettique qui reste droit, solidement attaché au fauteuil qui la maintient dans une pseudo dignité. Elle n’est qu’un corps frêle qui demande grâce. Qui demande merci. Irene. Irene, déesse, fille de Zeus, celle qui personnifie la paix. La paix qu’elle tente encore, dans les arrangements de ce putain de divorce de faire régner malgré cette envie. Malgré ce besoin de périr, d’embrasser, de boire le Styx et ses eaux noires tumultueuses pour nettoyer les restes de son passé, les restes de ce qu'il a déjà tant dévasté. « Avez-vous préalablement pris connaissance de la dernière version de votre convention de règlement marital ? » La gorge nouée peine à prononcer la tirade tant attendue. « Oui votre honneur. » La voix est faiblarde, tremblante mais encore capable d’être entendue et de recouvrir celle de l’homme qui l’éprouve tant. « Madame Howard a souhaité modifier quelques détails avant la signature à l’avantage de Monsieur, ceux-ci ont donc été ajoutés au document sans parlementassions préalables. Ils concernent la garde de l’enfant Abigail O’Malley. Comme convenu celle-ci revient à Madame mais Madame a souhaité spécifier le droit de visite de Monsieur sur le document ainsi que des jours de gardes de l’enfant à raison de un par semaine minimum. Cela vous-convient-il ? » Oui. Bien évidemment que cela lui sied. « Madame a également souhaité procéder au généreux don de 20% de sa part sur la vente de la maison et des biens familiaux afin que Monsieur, actuellement sans emploi, puisse vivre décemment et subvenir aux besoins de l’enfant Abigail O’Malley lorsqu’il sera en possession de son droit de visite. Enfin. Madame a souhaité renoncer à sa part sur le partage des bijoux familiaux afin de les donner à Monsieur. Cela comprend une bague de fiançailles en or blanc 18 carats à saphir, un camée du XVIIIème siècle ainsi qu’une broche ancienne à diamants. Cela défalque la part de Madame et monte celle de Monsieur de 10 000$. Si toutes ces modifications ne posent pas de problèmes, je vous invite à signer respectivement ces trois documents. Si Monsieur veut bien se donner la peine. » Sans demander son reste, le conquérant griffonne, elle l’entend. Sur la table de marronnier vernis, elle ne le voit mais elle l’entend qui s’empresse symboliquement de piétiner de la pointe d’un stylo eux deux, ce qu’ils ont été pendant plus de vingt années. Eux, les enfants, les épreuves et les débris de cette ex-femme à peine désignée. A son tour, il lui tend, fait traverser les papiers jusqu’à elle. Elle, qui vient de se casser, de s’émietter. Elle, lassée, fatiguée d’être toujours celle qui a mal, fatiguée d’être l'éternelle cœur en fumée, la tabassée, l’abandonnée. La sylphide attrape les feuilles et les signe de son nom de jeune fille avant de se lever pour le salut, le clap de fin. « Et bien voilà. La dissolution de ce mariage est désormais effective. Nous allons vous envoyer les papiers par voie postale aux adresses que vous nous avez indiqué. Les frais seront pris comme convenu sur les deux parts de la vente des biens... » Stop. C'en est assez. Elle sort. Elle court, et s'échappe. Elle tire sa révérence avant que le glas ne soit, une bonne fois pour toutes, absolument sonné.
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Sebastian O'Malley

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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyJeu 6 Juin - 17:25

Elle avait tout pour plaire, c’était la plus belle des sirènes. Elle a rencontré ce pirate un soir, quelque part, dans les remparts de la Rochelle. Joli marin, elle avait les yeux rivés sur l'ancre tatoué sur son bras. Quelques bières, des promesses et voilà déjà la belle qui se jette dans ses draps. Il était très fort, elle était en détresse. Il connaissait le grand Nord, elle traversait le désert. En échange de ses faiblesses, il lui a promis un trésor. Il lui a dit "tu es ma perle, tu es mon âme", il lui a dit "tu es mon sel, tu es mon sable et quand je n'avances plus, tu es ma voix. Et si je suis perdu, tu es mon phare". Pauvre sirène d’eau douce, elle a cru ce pirate de rivière, elle a bu ses paroles d'eau de mers. Il lui a offert un bouquet d'anémones venimeuses, il ne voulait plus jouer le rôle de l'homme merveilleux. Il a gravé "je t'aime" sur un galet, juste avant de s'en aller. Il l'a laissé en larmes sur la plage et depuis la voilà qui attend le raz-de-marrée. (@bigflo&olive ; château de sable // beerus)
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   Un appartement plongé dans le noir, et sa présence qui se fond avec les ombres ; le couteau avec lequel il jouait tombe. Autour dansent les silhouettes tortionnaires, flottantes au gré de la fumée qui flirte avec ses lèvres avant de s'élever. Pas un mot, un semblant de regret qui teinte ses traits. La cœur geint silencieusement et l'homme se perd pensivement, la douleur à son bras qui s'amenuise lentement. Quelques souvenirs emportés avec lui dans le gouffre qu'il a créé, l'ironie veut que toutes les images de ces dernières années lui reviennent. Elles frappent, s'abattent contre le corps brisé, fatigué. O'Malley dépérit pour une raison qu'il ne viendra pas admettre, se laissant submerger par sa stupidité qui règne en maître. Un jour comme les autres mais où l'histoire se termine, un jour comme tant d'autres où il devrait faire bonne mine. La douleur rattrape et l'hésitation se propage, poison incurable qui profite du voyage, rongeant chaque partie de son âme. L'ancien héros de ce cœur meurtri qu'il doit revoir aujourd'hui se souvient des ravages, mais aussi des promesses qu'ils érigeaient pour braver les âges. Et les images deviennent éphémères, s'estompent aussi certainement que les résidus grisés de ce qu'il continue de consumer. Il ne reste que des cendres, par sa faute – et les probabilités d'un avenir imaginé se brisent sous la marée haute. Il avait fait ce choix par souci de fierté, sous l'impulsion d'une colère puérile qui, cette fois, parvient à le faire basculer, à le jeter dans le précipice qu'il redoutait. L'aurore se défait, fébrile et incolore. L'aube s'assombrit aussi clairement que les cernes sous ses yeux sans réellement de vie. Et les prunelles se détournent du vide, rappeler à la réalité par son téléphone qui s'est mit à vibrer. La lumière emplie l'espace, ravive un peu le tombeau dans lequel il se terre. Il hésite, ne s'anime pas totalement ; Sebastian doit remonter du gouffre dans lequel il s'est évanoui depuis un moment. L'heure tourne et presse, et lui attend que cette drôle de stupeur ne cesse. Si les mots semblaient aisés à faire valoir, les gestes deviennent difficile à prévoir. Il peine à s'en lever, à se préparer – ne possède pas l'envie de quitter cet antre embrumé. Grotte enfouie dans les tréfonds d'un monde qui doit désormais survivre à ce raz de marée. Sebastian doit faire face, assumer. Sebastian doit accomplir ce qu'il a provoqué. La souffrance ne sera que peine méritée, souvenir indélébile de tout ce qu'il a brisé ; de celle qu'il a accablé. Pénitence qu'il accepte d'endurer, du plus profond cachot au fond d'une prison sinueuse, il continuera avec cette vérité qui s'impose à lui et qu'il ne pourra plus jamais nier ; Sebastian est responsable de ce naufrage et de cette finalité. Et c'est cette même idée qui s'inscrit en lui tandis qu'il erre avec l'idée d'une douche, s'arrêtant un moment devant le miroir. Il détaille ses propres traits, le filet de sang qui perle sur son bras virant au noir, croit percevoir Billy qui dans son dos continue de juger ses choix par devoir. Parce qu'ils sont faits, actés. Le rendez-vous est fixé, les papiers sont à signer – le Sergent d'Armes ne peut plus reculer. Et, d'ailleurs, il lui faut y aller – cuir rattrapé et enfilé, bandage au poignet.

De longues minutes à hésiter, le doute persiste encore tandis qu'il guette le bâtiment qui abrite la fin d'une vingtaine d'année, la fin qu'il a amené, la fin qu'il a provoqué. A être un salaud, Sebastian a tout gâché – et pourtant il continue, laisse le coup de grâce tomber. Il s'avance et s'impose, brave la distance sans oser ne serait-ce qu'une pause. Et le bureau s'ouvre sur la silhouette côtoyée mais aussi sur cet homme qui doit tout orchestrer. Un soupire, un maigre sourire et l'assurance qui tente et parvient à revenir. Faire façade, c'est un quotidien, Sebastian laisse à penser que tout va bien. Mais la chute est lente et immédiate, elle se peaufine et se dessine au fil des mots qui s’échappent. Il fait une nouvelle fixette sur la mort, lui qui croyait pouvoir être fort. Une pause dans sa noirceur, Sebastian acquiesce à ce qui se dit avant d'en revenir à sa brève torpeur. Le tout s'écoule rapidement, les explications s’enchaînent et prennent effet dans le temps ; complètement. « Et bien voilà. La dissolution de ce mariage est désormais effective. Nous allons vous envoyer les papiers par voie postale aux adresses que vous nous avez indiqué. Les frais seront pris comme convenu sur les deux parts de la vente des biens... » Et puis plus rien, le bruit des talons qui fendent l'air. Dans son dos, la lumière s'éclipse, quitte la pièce pour le priver de cette possible fierté qu'elle doit lui imaginer ; si elle savait. Si elle savait l'hésitation qui n'a cessé de le blesser, mais qui est-il pour lui demander de comprendre, d'envisager cette possibilité quand elle est la seule qu'il ait autant esquinté. L'azur dévie, quitte le visage impassible de celui qui vient les guider vers un autre tournant de leur vie ; celui qui le salue et le laisse s'en remettre à lui. Lui et seul qui s'élève, quitte la pièce – le roux réclame de l'air, n'y voit plus vraiment très clair. Dehors il marche, continue quelques mètres avant de s'asseoir sur les marches. Les mains tremblent, les doigts tâtonnent, partent à la recherche des cigarettes et du calme qu'elles donnent tandis que, dans sa tête, chacune des phrases énoncées plus tôt résonnent. L'horizon en ligne de mire, il balaie les alentours du regard, comprend maintenant que tout diffère et qu'il n'y peut rien, réfléchissant à ses actes bien trop tard. Et, là-bas se tient la silhouette cambrée, amincie puisque épuisée par ce qu'il impose depuis que sa colère a parlé et qu'il y a cédé. Pourtant il se lève, ose l'affront et réduit au silence cette espèce de raison. Sebastian suit les premiers réflexes qu'imposent cette nouvelle chute subit, il va vers ce qu'il perd, il approche avec négligence alors qu'il devrait se cacher six pieds sous terre. « Hé. Il voit la détresse, la peine matérialisée en quelques larmes – des perles salées qui, dans cette phase enclenchée, sont contre lui une bonne arme. La culpabilité lui revient, là, insufflée sous sa peau, elle tente un nouvel assaut et parvient enfin à rajouter un peu de poids sur son dos – il n'a que ce qu'il mérite à ressentir ce lourd fardeau. Ça va aller ? »
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Irene Howard

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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyMar 2 Juil - 1:23

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As I walk along, I wonder what went wrong whit our love. A love that was so strong and as I still walk on. I think of the thing's we've done together, while our hearts were young. I'm a walkin' in the rain tears are fallin' and I feel a pain” Runaway - Del Shannon.


Elle crut. L’'espace d'une seconde, Irene crut. Elle crut qu'elle était morte. Sans trop savoir comment. Sans trop savoir pourquoi. Dehors, elle se retrouve les pieds sur la vaste esplanade de marbre et de béton. Le souffle coupé, les poumons arasés qui cherchent et ne trouvent que sous le glas des violents sanglots. Abritée derrière la statue d’une femme au voile qui s’étiole dans la pierre, elle a contre ses traits l’expression même du grand désarroi. Elle crut. Elle croit encore. Non c’est certain : elle est morte. Ça ne peut qu’être cela. Irene O’Malley est morte. Et d’ailleurs, il n’en reste plus rien. Il n’en reste plus rien si ce n’est cette pauvre et pathétique carapace charnelle qui pleure à en perdre l’usage de la voix. Muette, trémolos enroulés dans le coquillage autour de son cou ; on lui a ôté les mots, les expressions, les phrases et les idées. Elle n’a plus que les maux. Durs, intransigeants et fermes. Elle n’a plus que des maux. Une image, rouge écarlate derrière la rétine supplie pour que l’on abrège les souffrances ; pour que l’on cesse les battements frénétiques du cœur. Celui qui meurt. Enfermé, le fou se débat, saccage et cogne la cage d’os et de peau qui le maintiennent, de force, enchaîné à cette triste vie. Il se retourne, la renverse et elle, elle est toujours vivante. Les gens la regardent. Les passants froncent les sourcils et les anciens amants que l’on vient aussi de déchiqueter l’imitent. Devant le tribunal, les larmes salées souillent les pavés et la sécheresse passée de l’été. Quelques pas esquissés pour les contourner, eux, tous ; pour les éviter les voyeurs, les pervers et les indiscrets. Du bout des talons hauts, de la pointe du pied n'étant que le prolongement naturel d'un mollet, d'un genou et d'une cuisse tel le bout d'un ruban qui s'agite au grès d'un vent frissonnant, d’un vent de cet automne qui approche. Elle n'est plus que ça. Elle n’est plus que ce corps en mouvement, coincé dans un manteau dont l'ouverture laisse apercevoir les longs moments qu'elle a passé à encore essayer de lui plaire. Et après avoir ralenti un instant la marche, presque jusqu'à l'immobilité, elle s’élance. Trois enjambées. Peut-être plus mais pas moins. La foulée est longue et la détente est brusque à l'image de cette tristesse teintée de haine qui, depuis les dernières secondes, anéantit son esprit. Ça annihile sa conscience, le vide dans son âme. Il n’y a plus personne. Plus d’Irene O’Malley. Plus d’Irene. Plus, rien si ce n’est qu'un carcan d’impuissance qui se libère de ses chaînes et qui se matérialise en un hurlement profond de peine. Tout, tout n'est que désastre – cet endroit, cet homme, cette foutue et satanée existence qu’ils ont partagée. Gâchée.
Contre la portière de l’immense voiture qu’elle a pu sauver du divorce, elle pleure. La voix perce les complaintes à en faire pitié, à en battre le tiers monde et ses horribles vérités. Les phalanges blanchissent et la porcelaine blêmie. Craquelées, les courbes féminines se morcellent, se meuvent et se tassent sur elles-mêmes. Penchée, elle tente de reprendre contenance sans pour autant parvenir à s’arrêter de laisser l'oxygène glisser, s’échapper de sa coquille qui se tord pour rétablir l'équilibre. Une bouteille en plastique écrasée sous la semelle conquérante du temps qu’on ne peut plus rattraper, qu’on ne peut plus réparer. Une canette d‘aluminium aplatie sous la semelle victorieuse du mari, de l’ex que l’on maudit. Maudit soit-il. Maudit soit elle. Maudit soient-ils - tous les deux - d’avoir échangé à l’époque le regard de trop, le sourire de trop, les paroles de trop et d’avoir pris les mêmes respirations au crochet redoutable des secondes de perdition. Maudit qu’ils ont été de s’être observés avec intérêt. Envie. Damoclès personnifié, son interdit, sa part d’ombres. Les abysses de la jolie petite sirène, la candide naïve qu’elle a pu souiller cette étrange silhouette qui n’avait pas immédiatement parlé d’amour. Une pure véracité qu’elle n’a fait qu’occulter durant tant d’années pour qu’il vienne, que s’imposent à son quotidien les prunelles claires et envoûtantes ; que se glissent dans son lit lui, Sebastian, le monstre malfaisant.
Oh qu’elle l’avait aimé. Elle l’avait tant aimé et elle l’aime encore et toujours à vouloir en crever. Se tuer, se damner et recommencer telle une pauvre idiote qui a bien conscience de cette façon sordide qu’elle a de se détruire, de se droguer sans parvenir à se stopper.  « Hé. Ça va aller ? » La question fait flancher l’être, qui, sur ses petites jambes sent le monde partir, se désagréger à juste entendre à nouveau cette voix qui, pourtant, n’est maintenant - en principe - plus qu’un mauvais souvenir, qu’une chose à vite oublier. Sur le coup, la bouche encore maquillée frémit, les lèvres s’entrouvrent et elles peinent à balbutier. D’un geste rageur, essuyant les perles d’eau qui ont, tout contre ses joues, roulé, elle se retourne et détaille avec mensonge assuré le regard qui la fixe. Elle sent l’horreur revenir en elle, maîtresse cruelle, et plonger dans son esprit tout en provoquant des vagues immenses de détresse qui viennent s’écraser contre les parois de son âme qu’il a maintes fois arraché. Elle est ébranlée, elle qui est déjà si fatiguée, si fragilisée. « Oui pourquoi ? » La sylphide s’écrase sous la violence de sa simple question : pourquoi ? Pourquoi voudrait-il savoir si ça va aller ? C’est tellement insensé comme interrogation après tout…ça ? C’est cru, nu, d'une simplicité mordante et criarde et c'est au fond tout ce qui leur reste et tout ce qu’elle déteste. Ces mots, ces syllabes. Lui. Pourquoi. Pourquoi elle. Pourquoi lui. Ses lèvres se referment car, en dépit de tout, il n'y a aucune réponse valable qui puisse justifier que ça aille bien désormais. « J’ai oublié quelque chose là-bas ? Tu as besoin que je te ramène ? »
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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyMar 2 Juil - 14:26

Elle avait tout pour plaire, c’était la plus belle des sirènes. Elle a rencontré ce pirate un soir, quelque part, dans les remparts de la Rochelle. Joli marin, elle avait les yeux rivés sur l'ancre tatoué sur son bras. Quelques bières, des promesses et voilà déjà la belle qui se jette dans ses draps. Il était très fort, elle était en détresse. Il connaissait le grand Nord, elle traversait le désert. En échange de ses faiblesses, il lui a promis un trésor. Il lui a dit "tu es ma perle, tu es mon âme", il lui a dit "tu es mon sel, tu es mon sable et quand je n'avances plus, tu es ma voix. Et si je suis perdu, tu es mon phare". Pauvre sirène d’eau douce, elle a cru ce pirate de rivière, elle a bu ses paroles d'eau de mers. Il lui a offert un bouquet d'anémones venimeuses, il ne voulait plus jouer le rôle de l'homme merveilleux. Il a gravé "je t'aime" sur un galet, juste avant de s'en aller. Il l'a laissé en larmes sur la plage et depuis la voilà qui attend le raz-de-marrée. (@bigflo&olive ; château de sable // beerus)
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   La question ravive les tornades, se perd entre les deux corps séparés, engouffrée dans le fossé qu'il a lui-même creusé. Sebastian guette, étudie la silhouette qui peine à lui faire face – et à juste titre, finalement. Il le sait, ne l'omet pas. Il est celui qui les a conduit jusque-là. L'espace d'une seconde, l'homme est tenté de tourner les talons, de partir, loin ; aussi loin qu'humainement possible. Il faudrait qu'il mette un terme à cette torture insufflée, il faudrait qu'il mette les voiles, qu'il disparaître – peut-être à jamais. Il se le dit, les idées s'ancrent, hantent. Elles demeurent, bien vivaces et cruelles, creusant l'intérieur de l'être pour ne plus rien y laisser d'un néant innommable, qu'un vide sidérale. Sebastian peine à tenir, là, face aux conséquences de ses actes. Alors il cède, choisit la dernière option. Le bourreau hésite à faire demi-tour, à rejoindre les ombres qui lui sont destiné mais le regard vient, s'accroche sur les traits surpris. Il contemple la douleur, celle qu'elle ne cache pas aussi bien qu'elle le souhaiterait, certainement. Sebastian y fait face, encaissant la claque immatérielle qu'est cette vision pour le cœur coupable. « Oui pourquoi ? » Les sourcils se froncent et les mots bloquent, coincés dans sa gorge serrée – là où bien des excuses se sont perdues. Les rôles s'inversent. Il n'est plus celui qui ment mais bien celui qui entend, qui doit accepter simplement. Il a tout fait vriller, le naufrage de leur âme n'a jamais été que de son fait. Il le comprend maintenant, douloureusement. O'Malley tente à remonter la pente qu'il dévale peu à peu, le Sergent d'Armes doit parvenir à se redresser – mais en vain pour l'instant, en vain comme à chaque fois qu'il se laisse submerger. Au-dessus de son monde se dresse une nouvelle tempête, plus menaçante que les précédentes. Elle effraie, au loin. Elle vient rappeler à la conscience qu'elle ne dure qu'un temps, que la clarté qu'il pensait connaître n'est qu'éphémère. Avec ses décisions vient la souffrance et ses comparses. Les chaînes sont retrouvées, les liens resserrés – pas de répit pour l'homme qui trahit, celui qui détruit. Pas de repos maintenant que s'appose avec brutalité le poids de ses responsabilités sur son dos. Et la question résonne à nouveau, écho malfaisant qui cherche à abattre les remparts, la moindre barrière. Pourquoi ? Parce qu'il vient de briser bien des années en un geste de main qui n'a même pas tremblé. Parce qu'il a mené celle qui lui fait face jusqu'à la corde pour y condamner tout ce qu'il aurait dû sauver. Il a été stupide, sait qu'il ne pourra jamais y remédier. « J’ai oublié quelque chose là-bas ? Tu as besoin que je te ramène ? » Les traits sont tenus, le regard ne dévie pas du sien. Le message passe, silencieux mais bien audible à la fois, paradoxe agressif qui creuse l'intérieur de l'homme à blâmer. La belle se transforme en sirène, laisse faire entendre sa mélodie macabre, criant vengeance dans les tréfonds de son âme. Il devrait fuir, pirate maudit, celui qui d'une caresse à peine peut réduire tout un monde à néant. Il n'est rien de plus que fracas et mensonges incessants. Coupable des affres qui, au cœur de ses prunelles, flamboient tristement.

« Non. La syllabe brise le silence qu'il a laissé s'instaurer, celui qui trahissait sa stupeur, la descente aux enfers qu'il mérite depuis trop longtemps. Maintenant qu'il lui fait face, maintenant qu'il est là, il comprend – il entend. Le glas d'un chapitre qui s'étend. Il a engendré cette fin, il a commandité la mort de ce récit incertain. Il est celui qui a mené les quatre mâts contre les rochers de son idiotie. Sebastian déglutit. Non, je peux rentrer. J'ai ce qu'il faut. » Les mains rejoignent les poches, s'enterrent là où les tremblements n’apparaîtront pas. La fatigue guette, ronge peu à peu, et la douleur sévit, s'installe contre les parois qu'elle pourrie. Il tombe, l'oppresseur – le voilà à commencer à payer le prix de ses erreurs. Celles qu'il continue de commettre au fur et à mesure qu'il demeure à sa portée, Sebastian devrait reculer. « J'voulais juste... te voir. » Il est à peine convaincu de ses paroles, à peine persuadé que ça ait un sens au vu de ce qu'ils viennent de signer. Une main longe finalement ses traits, essayant d'essuyer sa honte, ses regrets, l'impression de se noyer. Tout est plus compliqué, plus difficile qu'il ne l'aurait imaginé. Lui qui pensait sa force revenue, son ignorance bien au-dessus, s'est menti à lui-même. Prince des mensonges, Roi d'une tristesse détestable. Il anéanti et se lamente, cherchant les plaintes pour abreuver sa tourmente. « Écoutes... Mais la suite ne vient pas, pas encore. Il a l'azur clair et fracturé de ses yeux qui s'abandonne sur la belle qui tient face, fait façade. Il contemple ce qu'il a érigé, un être empli d'une certaine haine mais avant tout d'une trop grande affliction. J'aurais dû ne pas signer. J'ai... j'ai fais l'con avec toi. J'le fais depuis trop longtemps et même encore maintenant alors que tu mérites pas ça. » Un soupire brave les lèvres empoisonnées. Il prend conscience de ce qu'il est en train de faire, de ce qu'il a toujours fait. Il relève, offre sa main pour aider avant de tout déchirer, de laisser sa bonté se consumer. Il est le chaos le plus démentiel, l'ange banni du ciel à cause de son fiel. La folie en guise de sang, les remords pour seuls souvenirs tranchants. « Je sais que ça changera rien, que le mal est déjà fait mais... mais au moins, tu le sais. »
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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyMer 17 Juil - 23:55

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Irene & Sebastian

As I walk along, I wonder what went wrong whit our love. A love that was so strong and as I still walk on. I think of the thing's we've done together, while our hearts were young. I'm a walkin' in the rain tears are fallin' and I feel a pain” Runaway - Del Shannon.


L’ombre noire face à elle bouge, s’agite, s’approche et s’éloigne. Il tangue. Il tangue, s’avance et se recule tout en suivant l’invisibilité d’un reflux tempétueux. Comme un niveau d’eau qui monte. Comme un niveau d’eau qui remue, mousse et qui gronde. Maitre de la malice des vagues qui s’agitent et s’amusent à s’écraser encore et encore contre elle les unes après les autres en fracas - elle fait de son mieux pour se tenir loin de lui. Fixant l’horizon, se chassant au loin des remous frissonnants de son odeur, de son être si beau et si charmeur ; Irene refuse de s’attarder sur la vision de son visage, de ses traits, de ses yeux qui diluent les siens dans l’immensité de son horrible et insondable océan. Elle ne sait comment lui demander de partir. Elle ne sait si elle veut vraiment le voir s’enfuir. Car s’il va, il efface. S’il part, tout trépasse. Les années de malheurs, ponctuées çà et là d’instants moins ravageurs, doux, amoureux. Des instants courts et rares de bonheur. A cette pensée, quelque chose s'écrase violemment derrière les portes encore closes de sa bouche, et s'y presse. Quelque chose tente de prendre possession de son corps, de sa peau qui suinte la haine et la défaite, quelque chose qui dépasse la barrière de la robe, du manteau, du cœur. Quelque chose qui a un goût de tristesse et d'horreur. Un goût de cendres et de terre, l'amertume du tombeau si souvent désiré pour enfin partir. Apaisée. Elle veut le retenir. Elle veut le supplier, lui demander pourquoi. Pourquoi n’est-elle plus suffisante ? Pourquoi n’est-elle plus assez belle, plus assez jeune, plus assez riche, plus assez blonde, brune ou rousse. Pourquoi n’est-elle plus assez parfaite ? Et quelle est sa nouvelle fleur préférée ? Peut-elle ainsi se transformer, encore se métamorphoser ? Peut-elle une énième fois changer ses pétales pour qu’il les caresse à nouveau ? Peut-elle changer son odeur, sa tête, ses pensées, sa façon d’être et de pousser pour être encore celle qu’il persiste à aimer ?
Non.
« Non. » Il le dit lui-même. Il ne vient rien lui demander. Il vient simplement de décider. Il vient de signer, de ratifier la mise à mort de celle qu’il a volontairement modelé, qu’il a cueillie si jeune pour la transformer et ainsi finalement s’en débarrasser. Pygmalion n’aime plus sa statue. Façonnée à l’appel des dieux ; aux coups, aux infidélités et à la dépendance amoureuse, l’artiste s’est lassé de sa créature. La glaise est séchée et mal modelée, le marbre est durci et mal taillé. L’œuvre est pétée, brisée, fissurée et remise à la mer, à l’eau qui coule sur elle. Ces larmes ravalées qui dévalent, qui épousent le corps meurtri et refroidi l’âme désolée. Elle n’a plus d’identité. Elle n’est plus l’épouse, plus la femme, plus l’heureuse rencontre. Elle n’est plus qu’un prénom, qu’une forme. Irene est une entité, une femme cassée que l’on vient de lâchement balancer, de jeter pour la remplacer. Elle veut oublier. Irene veut s’exiler, dans une tour blanche, haute. Une tour sans escaliers et sans fenêtres, un phare, un phare chimère, mystère ; le seul qui aurait alors oublié de se rallumer, de diffuser pour un moment encore sa chaude et jolie lumière. « J’aurais dû ne pas signer. J’ai…j’ai fais l’con avec toi. J’le fais depuis trop longtemps et même encore maintenant alors que tu mérites pas ça… » Il ment. Il ment comme un arracheur de dents. Comme un politique. Comme un diable qui veut son âme en solde absolument après plus de vingt ans. Le regard noir remonte l'étrange vision, jusqu'aux yeux clairs qui l'observent. Pas un mot. Pas un geste dans un premier temps. Irene se concentre sur les paroles qu’il prononce, celles qui creusent l'abysse sanglant qui s'étire dans son ventre et qui fait rejaillir les sanglots et les soubresauts de désespoir qu’elle tente tellement de contenir. La voix difforme, les larmes partout dans la gueule qui menacent de sortir en trombe par le coin de l’œil, elle tente de répondre clairement et distinctement. « Tu n’es pas désolé Sebastian. Tu as déclenché cette procédure il y a maintenant cinq mois. Et la maladie a bien dû te faire voir les choses autrement plus d’une fois en ce laps de temps. Tu aurais pu tout annuler. » Elle ne le regarde pas, cherche avec précipitation et maladresse son paquet de cigarettes pour pouvoir se donner contenance et survivre au poison de cette existence qu’elle traine comme un poids. « Mais…mais…tu fais ça pour être plus heureux. Alors tu n’as pas à, à, à chercher mon pardon ni à t’excuser. » Elle renifle discrètement, extirpe difficilement la boite en carton de ses mains qui tremblent et coince le bâton toxique entre ses lèvres. Elle se penche, froisse sa belle robe et déclenche la flamme brutale de son briquet pour aspirer la fumée et faire tourner son esprit déjà chancelant. « Tu l’as fait pour quelqu’un qui te correspond plus et qui sait te donner tout ce que j’ai été incapable de…Tu l’as fait pour mieux que moi résolument…et je te comprends. » Elle souffle sa fumée, inspire à nouveau et consume plus de la moitié de la clope en peu de seconde. « Ouais. Je te comprends. » Elle ne le regarde toujours pas, se calme comme elle le peut et décide, face au silence qui commence à s’installer, d’occuper à nouveau ses mains dans son sac afin d’y chercher le sac des bijoux qu’elle souhaite lui restituer, ainsi que les clés de la voiture. « Je…tiens ce que je dois te rendre. » Elle tend le sachet, finit par le plaquer de force contre son torse qui électrise ses doigts. « Il…il y a tout ce qu’il a dit, la bague tout ça…je, je vais y aller du coup si tu n’as pas besoin que je te ramène. » Elle se retourne, cherche le bouton pour la centralisation qui se déverrouille. « Je… Je te souhaite de bonnes choses dans ta nouvelle vie Sebastian et, et on garde contact pour la petite. Tu, tu peux la voir quand tu veux. »

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Sebastian O'Malley

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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyJeu 25 Juil - 0:22

Elle avait tout pour plaire, c’était la plus belle des sirènes. Elle a rencontré ce pirate un soir, quelque part, dans les remparts de la Rochelle. Joli marin, elle avait les yeux rivés sur l'ancre tatoué sur son bras. Quelques bières, des promesses et voilà déjà la belle qui se jette dans ses draps. Il était très fort, elle était en détresse. Il connaissait le grand Nord, elle traversait le désert. En échange de ses faiblesses, il lui a promis un trésor. Il lui a dit "tu es ma perle, tu es mon âme", il lui a dit "tu es mon sel, tu es mon sable et quand je n'avances plus, tu es ma voix. Et si je suis perdu, tu es mon phare". Pauvre sirène d’eau douce, elle a cru ce pirate de rivière, elle a bu ses paroles d'eau de mers. Il lui a offert un bouquet d'anémones venimeuses, il ne voulait plus jouer le rôle de l'homme merveilleux. Il a gravé "je t'aime" sur un galet, juste avant de s'en aller. Il l'a laissé en larmes sur la plage et depuis la voilà qui attend le raz-de-marrée. (@bigflo&olive ; château de sable // beerus)
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   « Tu n’es pas désolé Sebastian. La sentence tombe, juge. Elle vient faire de lui un coupable – ce qu'il est en soit. L'homme laisse son regard se défaire, rejoindre les abysses qui menacent sous ses pieds. La chute est là, prête, imminente – engagée. Sebastian soupire, brasse l'air qui jonche sa gorge asséchée. Il l'est, désolé. Il l'est de ne pas avoir su ouvrir les yeux plus tôt, de ne pas avoir su être celui qu'il aurait dû être, salvateur pour l'être sous la peau plus que bourreau. Tu as déclenché cette procédure il y a maintenant cinq mois. Et la maladie a bien dû te faire voir les choses autrement plus d’une fois en ce laps de temps. Tu aurais pu tout annuler. » Oui, il aurait pu ; mais la fierté est un fléau plus dur encore que cette maladie évoquée. Sebastian n'a nulle autre excuse que celle pensée, celle qu'il tait – déjà trop plein d'une drôle de stupidité. Et si la belle s'anime, il ne parvient pas réellement à lui faire face. L'espace d'une seconde, O'Malley hésite à tourner les talons, fuir cette position. Il n'aurait pas dû avancer, s'y risquer. Il n'aurait pas dû ressasser ce passé qu'ils n'arriveront pas à oublier. Trop de maux ont été infligés, trop d'injustice fut causée. Il soupire, une énième fois, essaie à trouver de bonnes paroles pour taire celles de cette femme qui résonnent encore – mais en vain. Le courage lui manque, tout autant que le bon sens. Il serait judicieux qu'il coupe court à cette torture mais un lien invisible l'en empêche encore, la volonté loin d'être dure. « Mais… mais… tu fais ça pour être plus heureux. Alors tu n’as pas à, à, à chercher mon pardon ni à t’excuser. » La voix saute, la mélodie est bafouée, brisée, triste sous les mots gorgés de mensonges voilés. Il ne l'est pas, n'a jamais su l'être. Sebastian se terre dans une image qu'il peine de plus en plus à tenir. Les précipices sont proches, imparables. « Tu l’as fait pour quelqu’un qui te correspond plus et qui sait te donner tout ce que j’ai été incapable de… Tu l’as fait pour mieux que moi résolument… et je te comprends. » Mais les mots rappellent l'attention, l'homme relève son regard au fur et à mesure que perdure cette discussion. La ligne qu'elle choisit de suivre n'est pas la bonne, les pensées sont faussées, elle ne sait rien – ne peut comprendre. Même lui ignore parfois ces élans d'idiotie, œuvres premières des faux accords de sa vie. « Ouais. Je te comprends. » Et si ses yeux clairs guettent encore la silhouette féminine, le regard de la belle dévie et fuit, ignore le lien qu'il essaie à réinstaurer, les vestiges de ce qu'ils étaient perdus à jamais. Le poids est lourd, lâché contre son cœur fatigué, exténué. Il n'a fait que se battre, qu'essayer. Il est un con que le temps ne veut plus aider – même pas en cette journée. « Je… tiens ce que je dois te rendre. » La sylphide s'anime à nouveau, tremblante comme une feuille morte que le vent viendrait bercer. Il tique, fronce les sourcils quand l'enveloppe est tendue, pressée avec force finalement contre son torse comme pour que le choix ne lui soit pas laissé. Il hésite, va pour entrouvrir les lèvres mais n'est pas assez rapide, Sebastian peine à prendre conscience de ce qui commence à se jouer, spectateur impuissant des chemins qui viennent se séparer. Tout est terminé – et il est le seul à blâmer. « Il… il y a tout ce qu’il a dit, la bague tout ça… je, je vais y aller du coup si tu n’as pas besoin que je te ramène. Je… Je te souhaite de bonnes choses dans ta nouvelle vie Sebastian et, et on garde contact pour la petite. Tu, tu peux la voir quand tu veux. » Enfin, pour la première fois depuis longtemps, il le comprend : Irene lui échappe, arrachée à lui sans ménagement – et il en est le responsable, tout simplement.

Le doute, la honte, la culpabilité – le mélange violent anime le cœur et l'alarme. Le monde s'effondre, des années émiettées. Poison incurable qu'il se dit ne pas pouvoir braver. Sebastian hésite, une fraction de seconde. Sebastian sent ses poumons se serrer, l'air lui manquer. Elle lui échappe, s'éloigne – il est celui qui la pousse à partir, il est celui qui l'amène à devoir fuir. Il a choisi, décidé – il a tout engendré. Le cœur bat, encore, chantonne avec violence dans les tréfonds de son être. Ce même corps qui trahi, expose la faiblesse, les tremblements commencent, la peur augmente. Il s'anime alors, les lèvres déversant une complainte à peine audible mais bien présente. Le sang coule, heurte les parois des veines gonflées, la panique s'immisce avec férocité. « Non, non, non... s'il te plaît, non. » Il insiste, emprisonne le poignet entre ses doigts, force la silhouette longiligne à lui faire face, à lui revenir – là, rien qu'un instant. Rien qu'un instant de plus dans cette perdition engagée. Il n'aspire qu'à un moment, un bref moment de paix. C'est sur cette idée qu'il se perd, la femme rattrapée, entre lui et la voiture retenue, bloquée. Il ne peut s'y résoudre, il n'a fait que tout aggraver. C'était une erreur que de croire qu'il serait à même de le supporter – rien ne pourra effacer ces vingt dernière années, pas même la blonde qui partage ses nuits, quelques unes de ses journées. Il ne peut pas s'y résigner. Aussi, le front masculin s'appose contre celui de celle qu'il essaie à faire rester, celle dont la présence doit encore perdurer. Sebastian déglutit, cherche les mots. Sebastian ressasse quelques parties de sa vie, tente à parer les maux. Il est la seule et unique raison de tous ces fardeaux. « Tu m'as... tu m'as donné tout ce dont j'avais besoin. Tu m'as même trop donné. » Cette fois, la main quitte la voiture, la barrière de son corps s'amenuise mais pas entièrement. Les doigts effleurent la joue humide, la pulpe des doigts craignant qu'elle ne craque sous son contact – comme autrefois, comme lorsqu'il devenait ce monstre qu'il accuse silencieusement. « Je suis désolé. Il insiste, cherche le regard. Il insiste encore, mène les traits de la belle à lui faire face. Vraiment. » Oui, il insiste, délaisse finalement un baiser – apprivoise à nouveau les lèvres trop longtemps abandonnées. Le palpitant et l'esprit se font égoïstes, réclament ce qu'ils possédaient, ce sur quoi ils ne peuvent tirer un trait. Derrière sa connerie que d'engendrer ce qu'ils viennent de vivre, retour à cette liberté agressive, Sebastian n'est pas prêt. « Je t'aime toi... ça n'a toujours été que toi... toujours. » Aussi fou que ça puisse paraître, aussi stupide qu'il puisse l'être. Derrière les mensonges instaurés, derrière les tromperies répétées – malgré ce qu'il est, tout ce qu'il a causé, ses derniers mots ont un goût d'amère sincérité.
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Irene Howard

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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyMar 20 Aoû - 2:40

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As I walk along, I wonder what went wrong whit our love. A love that was so strong and as I still walk on. I think of the thing's we've done together, while our hearts were young. I'm a walkin' in the rain tears are fallin' and I feel a pain” Runaway - Del Shannon.


Pars. Va. Pars va-t’en et oublie. Choisi. Pars. Prend l’éternel face au précipice. Prend l’avenir et réfute ta propre fin au creux des abysses. Pars. Pars. Ça se répète, en elle. Ça se répète en boucle. L’instinct cherche, l’instinct fouille. Les ailes battent, se déplument à la ferveur des gestes saccadés pour prendre la fuite et l’envol. Capturer la liberté, saisir l’ultime volonté. Pars. Va. Contre la bagnole luxueuse, le vautour fonce sur la proie. Il est plus rapide. Il est plus rapide qu’elle ; l’a toujours été quand il était question de la retenir, de la traquer. Le rapace plaque. Le rapace piège. Entre ses griffes acérées, la colombe n’a pas le temps. Elle n’a pas le temps d’esquisser un mouvement, un battement salvateur pour éviter à nouveau les affres de la douleur. Il est plus rapide. Il prend possession d’elle, de tout ; des minutes et des secondes qui coulent. Pars. Va-t’en et oublie. C’en est terminé. C’en est terminé de cette idée. Face à elle, le sablier cruel délaisse ses derniers grains et lui indique la misère. La seconde perdue parmi ses sœurs délétères. La seconde, seule, écrasée par le poids des heures déjà passées en Enfer. La seconde, trou dans le temps, perle noire de malheurs. Irene ne la voit pas et pourtant elle la sent venir. Ça vide ses poumons, ça éclate ses artères un peu plus. La seconde. Elle ne peut l’éviter et pourtant elle est si petite, si fragile, si courte. Elle approche. Elle approche et les entrailles se glacent, son échine se dresse, sa peau s'électrise et ses nerfs tressaillent. Elle a l'impression d'avoir un point rouge sur la tête. Un point rouge qui descend le long de la droiture de son nez, qui caresse le relief de ses fines lèvres, de sa bouche nue. Un point qui s'y attarde. La cible. Sebastian la prend pour cible. Et elle, elle, fragile, exposée ; les os en pâture qui se donnent au charognard. Il a le bec qui claque, l’œil qui luit face à la croûte solaire. Il a le bec qui claque. Il a le bec qui ment et le voile mort de ses bras vers elle qui s’étend. Elle sent venir l’horreur. Elle sent venir l’horreur, maîtresse cruelle plonger dans son esprit. Idiote. Idiote, pauvre petite idiote. C'est un retour aux sources du mal-être, une remontée du cours d'eau qui vient pourtant de tant la faire dévaler. C’est un retour aux sources du mal être, un retour à la noyade. Elle plonge, perpétuelle. Elle coule et dévale la ritournelle. Il lui sourit. Tant de choses retenues dans une telle expression qui rappelle à sa mémoire tant d’actes, tant de mots, tant de souffles. Du bonheur. Irene ne retient que le goût âpre de la cigarette. Irene ne retient que la langue dansant contre la sienne et l’étrange souvenir d’être, pendant un instant, un seul, arrachée du sol ; de la réalité et de s’y lover. Elle se rassure un peu. Elle oublie sa peine et lui semble s’en délecter.  « Je t'aime toi... ça n'a toujours été que toi... toujours. » Ça a été fugace. Ça a été volatile. Une fois bouffée toute crue, la mésange à la carcasse maltraitée est délaissée au profit d’une caresse sage et de paroles dignes d’une fable fantasque. Alors elle tremble. Alors, son pif de moineau se referme, dissimule la rangée de dents et la langue amoureuse violée, et la gorge et la trachée asséchée. Les tréfonds du corps cachés derrière le rempart du silence amer. Ça provoque de la détresse. Ça provoque de la colère qui vient s’écraser contre les parois de son âme. C’est au fond tout ce qui lui resterait de lui et tout ce qu’elle détesterait…ces mots, ces dernières syllabes.
Car il ne l’aime pas. Non. Il aurait pu se taire et rester sur ce baiser langoureusement échangé comme un gage, un serment pour ne pas faire le deuil, pour ne pas s’effacer. Il ne l’aime pas et ne l’a jamais aimée. Il ne sait pas ce que c’est d’aimer. Il ne sait rien de la promesse, de la dévotion, du palpitant sourd face aux preuves des terribles actions. Il ne connait pas l’infini, l’ignorance volontaire des calomnies. Il ne connait pas le pardon, la surdité des mises en gardes. Il ne connait rien de l’esclavage et ce que c’est de s’en remettre, soumis. De vouloir crever quand l’autre s’écarte loin, pour les autres. Loin de sa propre vie. Sebastian ne sait pas. Sebastian n’aime pas. Irene ne pensait pas devoir se le dire, devoir à nouveau y penser. Avec lui, quand elle croit avoir touché le fond, il l’entraîne encore plus bas. La chute. La cible atteinte qui chute ; s’écrase au sol et gémit. Les yeux qui se ferment comme pour atténuer la vérité, elle abdique, fait un signe négatif de la tête pour lui répondre. Non. Non. C’est faux. La comédie à laquelle il joue est repoussée, répudiée à son image. Pas la peine de le dire, pas la peine de l’expliquer. Ils savent. Ils savent tous deux. Ils savent pour Mia. Ils savent pour Addison. Ils savent pour les autres, pour celles de passages et celles qui sont restées à contre-courant des justifications vaines concernant son état trop volage. « Tu ne m'aim...pff. C’est ce que tu leur dis aussi ? C’est…C’est ce qu’elle entend tous les matins après que tu l’aies baisée ? Après que tu l’aies prise dans notre lit, dans, dans notre cuisine, à côté de la chambre de nos enfants ? » Elle ose. Après la faiblesse d’une preuve d’amour odieusement offerte, elle ose tenter de se rattraper ; une dernière percée pour prendre la fuite, le laisser et l’oublier. Acerbe, piquante de rage malgré les larmes qui jaillissent encore sans cesser, le flot des paroles chevrotantes se mélange à l’acidité des perles salées qui roulent encore et toujours sans discontinuer. « Arrête…arrête de…ment... Qu’est-ce que tu veux…que, qu’est-ce que tu attends de moi ? » Elle dépasse les limites du déséquilibre, s’adosse au véhicule, encore prisonnière de la masse masculine pourtant quelque peu reculée. Elle lui fait face, le regarde, lui impose l’ambre clairsemé et rougeoyant de ses pierres humides, désagrégées. Elle demande, la voix se perd, s’essouffle, déraille et ne parvient pas à correctement se faire entendre. Elle demande, pour se fixer. Elle tente d'en terminer.
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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyVen 6 Sep - 15:44

Elle avait tout pour plaire, c’était la plus belle des sirènes. Elle a rencontré ce pirate un soir, quelque part, dans les remparts de la Rochelle. Joli marin, elle avait les yeux rivés sur l'ancre tatoué sur son bras. Quelques bières, des promesses et voilà déjà la belle qui se jette dans ses draps. Il était très fort, elle était en détresse. Il connaissait le grand Nord, elle traversait le désert. En échange de ses faiblesses, il lui a promis un trésor. Il lui a dit "tu es ma perle, tu es mon âme", il lui a dit "tu es mon sel, tu es mon sable et quand je n'avances plus, tu es ma voix. Et si je suis perdu, tu es mon phare". Pauvre sirène d’eau douce, elle a cru ce pirate de rivière, elle a bu ses paroles d'eau de mers. Il lui a offert un bouquet d'anémones venimeuses, il ne voulait plus jouer le rôle de l'homme merveilleux. Il a gravé "je t'aime" sur un galet, juste avant de s'en aller. Il l'a laissé en larmes sur la plage et depuis la voilà qui attend le raz-de-marrée. (@bigflo&olive ; château de sable // beerus)
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  Les mots passent, s'ancrent puis trépassent. Les promesses sont rompues, le cœur asséché – la Belle n'y croit plus. Il le devine, le voit dans son regard, aucune émotion n'est donnée au hasard ; et c'est un fait, depuis trop longtemps l'homme s'égare. La folie d'antan s'éteint aussi certainement que ses paupières se ferment. La jeune femme dévie, esquisse l'embuscade de mots, de syllabes empoisonnées qu'il pense pourtant, au plus profond de lui même ; derrière ses méfaits et cette horreur qu'il garde et enchaîne. Et, finalement, la silhouette s'anime sous l'océan tumultueux de ses prunelles. Elle bouge, enfin, rappelle à l'homme qu'elle est encore en vie, s'y essaie en tout cas malgré la douleur qu'ont pu insuffler quelques signatures. Il guette, se souvient de ces jours où elle cédait, revenait – ces jours où tout se passait pour le mieux avant qu'il n'en revienne à sa stupidité, à ce respect bafoué. Sebastian déglutit, péniblement, en attendant les paroles, la fissure entière et totale de ce monde qui se brise en deux sentiers. Ils ont à marcher, à s'éloigner, à délaisser toutes ces années de choses et d'autres, parfois belles, parfois pénibles. Parfois rassurantes, parfois meurtrières. Il a gâché bien des moments qu'il tentait néanmoins toujours de rattraper, l'homme malade aux deux facettes. L'homme partagé entre le mal et la bonté. Faible qu'il est, abruti au plus haut point – ça n'a jamais été un secret. Ni pour lui, ni pour elle, ni pour qui que ce soit. Il est le fautif, celui qu'on doit blâmer pour la traverser éprouvante de cet océan salé. « Tu ne m'aim... pff. » Et le cœur bat, appréhende. Celui dont l'assurance inspire bien souvent l'agacement est loin de pouvoir y prétendre en ce moment. Il a le palpitant qui s'alarme, l'impression que tout lui échappe ; comme à chaque fois, comme toujours, comme depuis plus précisément quelques jours. La chute est là, la sienne, égoïste, menaçante, poussant l'ancien militaire jusqu'au bord de ses retranchements. « C’est ce que tu leur dis aussi ? C’est… C’est ce qu’elle entend tous les matins après que tu l’aies baisée ? Après que tu l’aies prise dans notre lit, dans, dans notre cuisine, à côté de la chambre de nos enfants ? » Reproches envoyés, délaissés avec l'effet même d'une claque en plein faciès qu'il ne peut pas vraiment paré. Sebastian l'a mérité. Il le sait, abdique de son côté. Comment résister quand s'ancre avec violence une telle vérité ? Il a été celui qui a tout gâché, il l'est encore. « Arrête… arrête de… ment... Qu’est-ce que tu veux… que, qu’est-ce que tu attends de moi ? » Et le regard se lève, se pose sur celui qui abîme, bourreau ayant traversé les âges avec elle, exténuée. Elle ose, défie celui qu'il est de pleinement la regarder et de répondre, de faire preuve d'un peu d'honnêteté, bien qu'elle ne sache plus tellement ce qu'elle pourrait être chez lui ; les traits oubliés, effacés de la mémoire pour d'autres plus durs, plus noirs. Il saisit l'ampleur de son désastre, là. Il le contemple, inscrit dans les prunelles d'orées et fatiguées. Il le perçoit, percutant sa propre âme avec une telle brutalité, l'espoir même qu'il puisse souffrir de ce qu'il a insufflé durant tout ce temps qui n'est plus à rattraper. Une dernière claque, un dernier élan de lucidité avant que ne revienne les ténèbres de son idiotie la plus pure, la plus installée.

Il soupire alors, l'homme au courage évincé. Il soupire, cherche quelques paroles à offrir mais n'en trouve pas, l'inspiration fracassée par la voix de la jeune femme qui continue, tient son regard avec fermeté. Derrière les larmes, derrière la tristesse qu'elle n'a pas su cacher demeure un soupçon de colère, de haine refoulée – des émotions pour lesquelles il n'a pas le droit de la blâmer. Seulement, pour la première fois depuis vingt ans, elles sont là, bien visibles à l'azur qui s'était fait aveugle quant aux tourments causés. Finalement, les mains se rangent, retrouvent le maigre confort des poches dans un ultime élan un peu abruti. Il demeure  à sa place, bien qu'ayant un peu reculé. Sebastian lui fait face, ose à son tour braver le regard qui lui est donné. La gorge serrée, les poumons qui manquent d'air, de nicotine aussi. Il essaie, sait au plus profond de lui qu'il lui doit une réponse, une vérité qu'elle n'ira pas croire – qu'elle ne croira plus jamais. « J'attends rien, je voulais juste que tu le saches. » Maigre réponse mais nécessaire, oui, rien que pour apaiser l'instant, taire un instant les maux – si tant est que ce soit possible. « Que tu saches aussi que, contrairement à ce que tu sembles penser, je n'ai jamais dit ça à qui que ce soit. » La voix calme, un peu saccadée. Il ne flanche pas, l'homme. Il tient bon, s'y essaie en tout cas, du mieux qu'il peut au vu des circonstances, des faits actuels, de tout ce qu'ils viennent de sceller – à cause de lui. Peut-être grâce à lui en ce qui la concerne derrière les larmes et l'impression de vide qu'il en ressent aussi, elle saura le comprendre. En un sens, la souffrance qu'il lui causait s'arrête là, évanouie à jamais, évincée du chemin qu'elle se doit désormais d'emprunter, le nom de son tortionnaire effacé. Il soupire une énième fois, tente de tenir tête à toutes ces questions qui hantent sa tête. Et puis, finalement, n'était-ce pas ce qu'elle avait ardemment désiré au vu de toutes ces vaines tentatives à vouloir elle-même s'en séparer ? Il y réfléchit, ancre cette question dans sa tête jusqu'à ce que la réponse ne vienne seule jusqu'à son ignorance désormais éclairée. Elles étaient vaines, justement, ces tentatives. Encore et toujours vaines, sans suite – contrairement à la seule qu'il ait enclenché. Les traits s'abaissent, le cœur lourd, l'assuré devient indécis. Et le regret frappe, de toutes ses forces. Il frappe là où ça fait mal, en pleine poitrine, avec l'effet clair d'une balle. « J'ai pas été celui que tu pensais et j'en suis désolé. Je peux rien faire d'autre pour rattraper toutes mes conneries si ce n'est te le dire que... ; la gorge qui brûle un peu plus, les mots lourds de sens qui bravent jusqu'à la trachée pour terminer sur les abords de ses lèvres empoisonnées. Je regrette. J'aurais voulu que ça se passe autrement, comme à chaque fois. Ça excuse rien, ça vaut peut-être rien mais j'aurais au moins la maigre satisfaction d'avoir pu te le dire. » L'homme humain, sensé, qui prône au-dessus de l'autre facette névrosée.
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physique : petite: 1m55 - cicatrice au niveau de la poitrine pour des implants aujourd'hui retirés - ventre quelque peu distendu suite à deux grossesses dont une récente - pommette droite légèrement plus petite suite à des violences conjugales - maigreur causée par l'anxiété et une récente dépression: anorexique en guérison

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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptySam 7 Sep - 0:02

To end this misery
Irene & Sebastian

As I walk along, I wonder what went wrong whit our love. A love that was so strong and as I still walk on. I think of the thing's we've done together, while our hearts were young. I'm a walkin' in the rain tears are fallin' and I feel a pain” Runaway - Del Shannon.


Il la voit. Il la regarde. Pour la première fois peut-être, son attention à lui, lui est uniquement consacrée. Dévouée. Pas une femme sur le parvis ne l’attire. Pas une courbe, pas un galbe ne l’en détourne. Il la voit. Il la regarde. Elle. Il a enfin l’œil orienté sur elle, elle, la prostrée, elle, la défaite. Le visage blanc, plus blanc que jamais ; elle n’a plus rien, n’a jamais rien eu pour, face à lui, se protéger. Dans le bleu de ses yeux, elle fixe un point invisible, un point douloureux, quelque part dans les vestiges désastreux de leur univers passé. Souvenirs dévastés. Il la voit. Il regarde, il contemple la douleur dans sa représentation la plus virulente. Un cadavre. Un cadavre vivant, encore un peu exquis si on sait reconnaitre ce qui est beau chez une femme en dehors de sa pale maigreur. Dans sa main qui tremble, la cigarette disparait avec lenteur. Ironique métaphore. Elle se consume ; dépose les cendres grises contre les cuisses décharnées sous la robe volantée. Les morceaux de papiers brûlés tombent sur la peau, blessent sans un bruit, comme lui. Ils s’évanouissent. Pareils. Semblables. Il la voit. Il la laisse partir en fumée. Entre l’index et le majeur la clope frisonne. Elle vrille et menace de s’éteindre. Les lèvres viennent en épouser la base, celle du tube. Les poumons inspirent tout ce qu’ils peuvent dans un silence étouffant. Le poison se répand dans le corps, suicide les veines et les alvéoles encore trop fonctionnelles au gout particulier et meurtrier de leur hôte. Dans un épais nuage gris, Irene soupire sa douleur, sa vapeur de souffrance. Entre le pincement de sa bouche rougie, elle hurle, sans un mot, sans un cri. Pourtant, en elle, ça monte. Pourtant, en elle, ça gronde. Derrière l’enceinte de ses cheveux qui tombent devant son visage tiré, dissimulent les joues creuses la femme malade s’anime. Ses paroles suintent. Elles suintent la crasse du mensonge, la misère pitoyable des excuses. L’acte de justice et de vérité rongé par l’égoïste conscience de l’homme qui tente de se racheter à lui-même. La pitié ne semble monter à sa gorge. Il ne reste pas plus de place pour la compassion puisque chez lui, les regrets et les remords ont toujours été ses boulets de prédilection. « Qu’est-ce que ça va faire que je le « saches » ? Tu…t’as rien voulu du tout, comment j’peux croire à ça ? Je te connais et quand tu veux quelque chose tu fais tout pour l’obtenir. » Elle laisse le mégot au sol s’écraser tout comme ses dernières volontés. Elle le voit. Elle le voit elle-même désormais. Dans le bleu de ses yeux, elle fixe un point invisible, un point douloureux, quelque part dans les vestiges désastreux de leur univers passé. Souvenirs dévastés. Et aucun, aucun fantôme de ces vingt dernières années ne tend de main ; aucun ne vient passer des doigts réconfortants et lui donner l’amour qu’il prétend lui porter et qui lui manque tant. « Si c’est ce que tu avais voulu tu…rien n’serait signé. Rien ! Si tu le dis qu’à moi tu n’me jetterais pas comme la pire des merdes périmées pour une…une une putain d’salo… Tu…t’es qu’…j’aurais tellement préféré ne pas m’louper pour que tu comprennes… tellement préféré partir avec James… Le pire c’est que t’en as rigolé…On me l’a raconté que tu t’es bien foutu de moi. Ça te fait rire avec ta salope que tu me donnes envie de crever hein ? Ça te fait rire hein ? Ça te fait marrer d’me faire ça ? Tu veux que j’crève Sebastian ? C’est ça ? Parce que j’peux le faire ! » Elle est minuscule face à sa colère, à son désespoir et l’irréparable vacuité des dires censés l’aider. Selon lui. Lui, aimé et détesté. Foutue pour foutue. C’est le dernier voyage. C’est leur dernier naufrage. Tout s'enfuit et tout s'efface, tout disparaît et tout s'en va. Il vient de le décider. Il ne se bat pas. Il ne se bat pas comme autrefois, ne se traîne pas à genoux et ne cherche pas. C’est terminé. Irene laisse la torture ronger son ventre et l'épiderme. Là où les choses n'ont ni de limites ou de fin, là où tout n'est que silhouette, flou gaussien et lointain; elle se laisse porter par l’euphorie, la folie, la rage et sa raison ternie par une incontrôlable hystérie. Elle le gifle. Une fois, deux fois. Six, dix fois peut être. Elle le gifle. Les bruits autour sont anesthésiés, les sens asphyxiés et les regards des passants interloqués sont oubliés. « Vingt ans…vingt putains d’années. Je t’ai tout donné …je t’ai tout donné Sebastian, tout, tout et... Elles font quoi pour toi elles ? Elle sait faire quoi ? Elle ramasse ta gerbe quand tu rentres bourré ? Elle dort pas d’la nuit malgré 48h de travail quand tu prends trop de médocs en phase descendante ? Elle t’empêche de te suicider ? Elle passe ses nuits à te rassurer ? Elle planque les armes et les couteaux ? Elle veille sur des enfants que tu lui as fait et que tu n’as pas envie de voir ni d’élever ? Elle nettoie la tombe de ton fils mort par ta faute et tes copains ? Elle risque d’perdre son boulot pour s’faire sauter pour pas qu’tu la trompes ? Elle fait l’ménage, à manger ? Elle connait tes goûts ? Ta couleur préférée ? Elle repasse les fringues que tu mets et s’décarcasse pour retirer les traces du rouge à lèvres des autres ? Elle s’fout des implants, se teint les cheveux selon tes humeurs ? Elle fait quoi pour toi elle hein ? Elle fait quoi ? Elle abandonne sa maison ? Elle abandonne l’endroit où ses enfants ont grandi pour que tu puisses en baiser une autre qu’elle ? Elle fait quoi elle pour toi ? » Elle le gifle à nouveau. Elle mord ses propres dents à s’en meurtrir la joue. « Rien ? Hein ? Bien sûr et tu…tu me…tu m’jettes comme ça et tu oses …tu oses encore essayer de te trouver des excuses. » Un coup de pied, un coup de talon et elle se retourne. Irene suffoque. Irene se noie dans ce tsunami de sentiments qu’elle ne connait pas. Un souffle. Elle tente de reprendre ne serait-ce qu’un souffle et parvient misérablement à faire baisser le son acariâtre et brisé de sa voix. « T’façon ça a toujours été qu’ça avec toi… des excuses, toujours des foutues excuses. Toi, toi et tes maladies à la con, sauter sur tout c’qui bouge et pas être foutu d’me toucher pendant un an…je sais, je sais que j’suis pas belle, ni la plus baisable, mais… pfff « ne pas le dire à d’autres » pfff tu parles t’as été capable d’avoir deux maîtresses régulières quand même dont une qui continue d’me harceler… mais ça…ça aussi ça t’fait marrer que bobonne se fasse taba... » Elle se détourne à nouveau. Sa tête tangue dangereusement et les larmes versées obscurcissent sa vue. Elle vient de tout donner. Elle vient de tout vider, tout. Et comme ces enfants, comme ces animaux qui sont montés trop haut, soudain, elle a peur. Elle a peur. Elle panique, cherche, tend des bras aveugles et des doigts écorchés. Elle panique, cherche la branche, le mur, le point d'ancrage et l'aspérité ; s'accrocher, se raccrocher pour ne pas tomber, ne pas s'évanouir dans la brume. Il va partir. Il va disparaître à tout jamais. Elle ne peut, elle ne veut pas encore encaisse cette réalité si douloureuse, rouge, cette réalité qui lui arrache, sans qu'elle ne puisse les retenir, des gémissements étouffés dans la gorge nouée. Dans la tourmente, elle le cherche, elle cherche celui qui aurait dû la rattraper lorsqu'elle trébuchait. Elle cherche ses mains et ses épaules. Il est là. Non. Il est loin. Il va partir. Il va la laisser. Il va la délaisser pour toujours. Sans retour. « Qu’est c’que j’ai fait ? Qu’est ce que j’ai mal fais ?... je peux, je peux le changer, je peux répar … »
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Sebastian O'Malley

Sebastian O'Malley
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MessageSujet: Re: To end this misery   To end this misery EmptyMar 10 Sep - 17:05

Elle avait tout pour plaire, c’était la plus belle des sirènes. Elle a rencontré ce pirate un soir, quelque part, dans les remparts de la Rochelle. Joli marin, elle avait les yeux rivés sur l'ancre tatoué sur son bras. Quelques bières, des promesses et voilà déjà la belle qui se jette dans ses draps. Il était très fort, elle était en détresse. Il connaissait le grand Nord, elle traversait le désert. En échange de ses faiblesses, il lui a promis un trésor. Il lui a dit "tu es ma perle, tu es mon âme", il lui a dit "tu es mon sel, tu es mon sable et quand je n'avances plus, tu es ma voix. Et si je suis perdu, tu es mon phare". Pauvre sirène d’eau douce, elle a cru ce pirate de rivière, elle a bu ses paroles d'eau de mers. Il lui a offert un bouquet d'anémones venimeuses, il ne voulait plus jouer le rôle de l'homme merveilleux. Il a gravé "je t'aime" sur un galet, juste avant de s'en aller. Il l'a laissé en larmes sur la plage et depuis la voilà qui attend le raz-de-marrée. (@bigflo&olive ; château de sable // beerus)
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☆ irene & sebastian ☆
   

  Mais ça ne suffira jamais. Qu'il se redresse, qu'il se relève – rien n'a jamais tellement changé. Sebastian rappelle la douleur, rappelle les choses qui se sont passées. Sebastian rappelle à quel point il l'a brisé pour la récupéré, recommencer. Encore et encore, schéma classique de celui dont le cœur n'a rien apprit. Jamais. Jamais il n'apprendra, ainsi soit-il. Un soupire, l'absence de paroles blesse. Un soupire, parce que plus rien ne peut franchir sa gorge en ces circonstances. Pourtant, le silence est de courte durée – déjà imaginé mais ils n'entendent plus ce qui se passe à côté. Il guette, l'azur des prunelles détaille et apprend les formes une dernière fois, tout comme la douleur qu'il laisse derrière soi. Stupide, il n'a été que cela. « Qu’est-ce que ça va faire que je le « saches » ? Tu…t’as rien voulu du tout, comment j’peux croire à ça ? Je te connais et quand tu veux quelque chose tu fais tout pour l’obtenir. » Parce qu'elle ne peut qu'avoir raison, il avait voulu cette décision avant de se rendre compte que l'esprit souhaitait l'inversion. Il baisse les traits, fuit le regard. Il baisse la tête, sait qu'en ses paroles il s'égare. Les épaules se sont affaissées, contrairement à l'homme du passé Sebastian n'a pas le courage de tout endosser. Lâche au possible, homme pathétique qui pensait que ne viendrait jamais cet instant fatidique. Il ne dit rien, ne l'empêche même pas. Il a la gorge qui brûle et l'âme perdue dans un drôle d'au-delà - en son silence résonne finalement leur glas. Et c'est ce qu'elle dénonce, ce qu'elle vient faire savoir dans la voix brisée qui s'élève une nouvelle fois. Il écoute les accusations, les regrets, la fin espérée. Il écoute la déchéance d'une âme qu'il a abîmé, les complaintes violentes de celle qu'il n'a pas su sauver. Les méfaits de ce qu'il est reviennent, énoncés avec hargne et colère entre les dents féminines bien serrées. Il a été un con, un prétentieux petit con. Il a agit comme le pire des enfoirés et elle l'a su, ne l'oubliera pas même après des années. Tout ce qu'ils ont été est déjà gâché, cet échec n'étant plus que sa responsabilité. Aussi, il tient son mutisme, le fait perdurer. Devant lui se tient la femme acculée par ces souvenirs qui l'ont exténuée, toutes ces années à subir son idiotie, la plus violente des hérésies. La première gifle ancre ce fait contre l'homme immobile, immuable à son tour. Une première pour tout ancrer, une dizaine d'autres pour tout imprimer. Il ne réagit pas, n'en a pas le droit – Irene devient bourreau et Sebastian accusé. C'est de bonne guerre, en vérité nécessaire. Il doit entendre, ne pas fuir. Il doit faire face à tout ce qu'il a engendré et les mots reviennent, le poison s'étale. Il longe la conscience, prend d'assaut le cœur qui s'est arrêté. Irene s'exprime, déverse toutes ces années de galère, là, sur l'homme qui a tout apporté. De maigres souvenirs heureux, pleins d'horreurs pour ce Dieu miséricordieux. Elle a tout fait, il n'a rien rendu. Pas de monnaie à cette pièce trop longtemps tendue. Elle a tout fait, le lui rappelle par ses questions incessantes, lourdes pour l'âme qui essaie à taire ses démons, le faciès de ce qu'il est ; personnification d'un mal qu'on ne peut pardonner. Masque de nouveau frappé, comme dans l'espoir qu'il ne puisse plus jamais y parer. S'il pensait avoir tout entendu, tout essuyé, le pire est à venir. Il l'appréhende, là, dans la démarche énervée de celle qui essaie à s'échapper. La colère suite des traits trop longtemps silencieux, le cœur amoureux saigne de cette haine à défaut de ne pas pouvoir faire mieux. Dénigrée, la confiance écrasée. Elle continue sur sa lancée, trahie tout ce qu'il a fait d'elle – spectre de ce qu'elle aurait pu être si les choses n'avaient pas été telles quelles. Dernière vague avant que la marée ne se retire, avant que la tornade ne s'apaise et que les ruines se dessinent. L'orage se brise, en une fraction de seconde, en un détour ravisé aussitôt. La stupeur gagne, l'appréhension en compagnie, tout autant que la peur. Les mains reviennent, s'accrochent à lui. Les mains reviennent, moins assassines, ne réclamant plus la vérité mais lui. Rien que lui. « Qu’est c’que j’ai fait ? Qu’est ce que j’ai mal fais ?... je peux, je peux le changer, je peux répar… »

Rien, plus rien n'est à changer. L'humanité de l'homme, celle qui parvient à encaisser tout ce qu'elle vient de cracher, réclame qu'elle puisse enfin s'en détacher. Pour son bien, elle doit fuir, ne plus se retourner. Inconsciemment, Irene vient de confirmer la décision qui fut prise. Il n'a pas le droit de revenir, pas après tout ce qu'il lui a insufflé, cette douleur instable qui n'a finalement fait que de s'amplifier. La main masculine bascule sur les doigts fins qui essaient à le retenir. Il soupire, laisse l'azur de ses prunelles se cacher derrière les paupières tout juste abaissées. Il réfléchit, essaie à se rendre raisonnable – rien que pour une fois. Une première depuis ces vingt dernières années, en cette maigre seconde résonne une réelle nécessité. Après tout ce qu'elle a fait pour lui, la manière dont il lui a rendu, horrible et irrespectueux, il ne peut faire en sorte qu'elle reste, qu'elle demeure. Sebastian a à libérer ce cœur. Pas facile de se faire à l'idée mais ainsi vont les choses maintenant qu'ont été dites les confessions violentes et méritées. Pourtant, derrière les pensées, les actes se font tout autres. Ils trahissent l'inconscient, réprime la conscience qui hurle, qui gronde, néanmoins rapidement enterrée. Il s'avance, lui permet un soutien plus proche, plus présent. Sebastian brave l'interdiction qu'il s'est fait, la main libre qui essuie les larmes, le regard qui revient à ce visage bafoué, déchiré par les sillons des perles trop salées. Un soupire et les lèvres qui gagnent, retrouvent leur point d'ancrage. Il lui arrache un baiser, malheureux qu'il est à oser, là malgré tout, derrière toutes ces paroles qui n'ont de cesse à résonner. Il embrasse, y met un cœur plus grand, plus gros que jamais. La saveur est autre que par le passé, plus sincère, plus accrue. Les sentiments que ce baiser insuffle ne sont qu'amoureux – plus qu'il n'avait pu l'être, aussi féroce qu'il aurait dû être. Pas de mot, seulement ça pour balayer la tempête, pour apaiser la souffrance – rien qu'un instant. Un maigre instant de paix avant que ne revienne le temps, l'instant. Avant que ne reprenne le court du temps. Là, en son audace, Sebastian bloque les aiguilles, l'heure en une pause irrationnelle et meurtrière. Le naufrage est suspendu, le bateau s'est immobilisé, entre la chute et son apogée. Il cueille ce qu'il abandonne. Il retrouve ce qu'il doit ignorer. O'Malley entraîne une dernière fois la sirène dans l'obscurité de ses propres tréfonds. En ce ballet insoutenable, en ce lien réinstauré pour peu de temps, il déverse tout ce qu'il ressent depuis des années, ces sentiments cachés qu'il n'a pas su laisser gagner. Il n'a pas été celui qu'elle pensait, aspire à l'être pour cette fois – rien qu'une seule et unique fois. Il le lui doit. Ce baiser, c'est pour tous ces au revoir, tous ces je t'aime qu'il n'a pas dit. Ce baiser, c'est dans l'espoir qu'elle sache que le problème n'était pas elle mais venait bien de lui.
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