Elle glousse quand il évoque sa polygamie, mais est bien vite stoppée par le baiser qu’il vient déposer sur ses lèvres, qui demeurent étirées en un sourire tranquille. Une joie sauvage gonfle sa poitrine récemment opérée. Elle ne pensait pas qu’officialiser sa relation avec Ethan serait si grisant… C’est excitant, ça lui plait et en même temps, ça a quelque chose d’un peu effrayant. A une époque, elle était une grande amatrice de sensations fortes, en recherche quasi perpétuelle d’adrénaline et il avait fallut un accident d’avion et la mort d’un ami et collègue pour qu’elle se calme un peu… La déclaration d’Ethan équivaut à un saut dans le vide, à une chute libre. Saoirse espère juste qu’au moment où elle en aura besoin, son parachute ne lui fera pas défaut…voire qu’elle n’aura jamais à le tester. Oui, ce serait encore mieux.
Mais avec ce qu’ils ont traversés l’un comme l’autre, cette poisse qui semble les coller (en tout cas LA coller) comme une seconde peau, l’irlandaise sait qu’elle doit rester méfiante.
Elle en revient à penser à Sidney… Sidney qui a été froidement abattue parce qu’elle n’a pas été capable de sauver un homme condamné par sa propre maladresse. Lorsqu’il était arrivé aux urgences, il n’y avait déjà plus rien à faire, il avait perdu beaucoup trop de sang, il était en état de choc et son cœur était simplement trop fragile pour encaisser tout ça. Elle et Taylor n’avaient pas commis de faute. C’est ce que le procès avait démontré mais Mme Leroy avait refusé de l’admettre et décidé de se faire justice elle-même. Saoirse s’en tirait avec un trou dans le cœur, au sens littérale du terme, et son petit ami au sens figuré puisque cette affaire lui avait coûté sa meilleure amie.
Saoirse en vient donc à lui demander si, à l’occasion, ils ne pourraient pas aller tous deux se recueillir sur sa tombe. Elle en profite également pour lui répéter qu’elle est là pour lui et qu’elle compte l’être pour un moment encore, s’il en a besoin. Maintenant qu’Ethan a un peu dessoûlé, il l’entendra certainement d’une manière différente.
Ce dernier est réceptif à cette idée et lui avoue avoir parlé d’elle et de leur relation à son ancienne mentor et amie. Sidney n’y a jamais fait allusion en sa présence. A une occasion, elle lui a sorti le fameux discours « si tu fais du mal à mon pote, je saurai te le faire payer » mais c’était à peu près la seule fois où le sujet avait été abordé entre les deux soignantes. Et ça le resterait, du coup…
everybody leaves
Ethan - Saoirse
«
Je crois que j'ai assez vidé mon sac pour ce soir. J'ai pas l'habitude tu sais, de partager mes problèmes. Va falloir que j'apprenne. À former une équipe aussi dans le privé. Mais si ça peut te rassurer, la prochaine fois que je sens que je craque, je viens d'abord t'en parler avant de me noyer dans l'alcool. »
Saoirse lui adresse un sourire encourageant.
«
Tu te débrouilles très bien pour un novice en la matière » tente-t-elle de le rassurer alors qu’ils s’enlacent tendrement dans la baignoire. L’eau a commencé à tiédir et sans les bras d’Ethan autour d’elle, la jeune femme commencerait sans doute à moins apprécier ce moment.
«
Je veux juste passer la nuit avec toi en oubliant le monde extérieur jusqu'à demain matin et regretter d'avoir bu dès que ma gueule de bois se déclenchera. Si ça te va... »
«
Ca me va… » confirme la petite blonde en venant déposer un baiser sur ses lèvres, avant de tapoter le bout du nez de l’officier de police de son index. «
Et rassure-toi, j’ai deux trois tuyaux contre la gueule de bois. J’ai même une solution miracle à portée de mains… Mais je ne l’utiliserai pas. Je pense que tu as besoin de vivre l’expérience jusqu’au bout ! »
Grand sourire mutin.
Ils profitent encore un moment du bain, jusqu’aux premiers frissons de la jeune femme qui commence à montrer des signes de fatigue. Elle propose à Ethan qu’ils aillent se coucher et il accepte sans se faire prier.
Il se contente d’une serviette nouée autour de sa taille alors qu’elle passe un peignoir en éponge (dérobé dans un hôtel de luxe après une nuit de débauche lors de ses premiers mois sur le sol américain) puis rejoignent sa chambre à coucher. Une fois secs, ils se glissent dans les draps, se faisant face, ne distinguant la silhouette de l’autre que grâce aux rayons lunaires qui filtrent au travers des larges fenêtres de toit de son loft.
«
Bonne nuit… » souffle-t-elle après quelques instants, se mordant nerveusement la lèvre inférieure pendant que ses doigts s’entremêlent à ceux de son petit ami. Ce sont d’autres mots qu’elle a envie de prononcer. Mais elle ne veut pas être la première à le faire. Alors Saoirse se contient, le cœur battant, espérant qu’il fasse preuve d’un peu plus de témérité qu’elle…