I swear I'm trustworthy

i swear i’m trustworthy

ft. Kuku la malice

« Va chier »

James laisse échapper un petit rire. Au moins, il aura réussi à le dérider un peu, ce qui n’est pas facile quand il s’agit de Kurtis. James a rarement connu quelqu’un d’aussi peu réceptif à la discussion. Felix peut-être, feu mentor de Thomas, ex-mari de l’avocate du club. Lui aussi était du genre à pas spécialement discuter, plutôt à rester là et à observer avant de passer à l’action. Et quelle action… Des trucs qui feraient froids dans le dos à n’importe quel homme normal. Quelque chose que les KOS devraient avoir l’habitude de traiter. Ça lui fait bizarre de repenser à tout ça à cet instant, tous ces souvenirs qu’il garde écrits et cachés à la vue de tous, compilés dans des carnets,… Peut-être qu’il devrait s’y replonger. Il ne sait pas à qui la faute, mais souvent, il oublie. L’héritage familial, KOS, aujourd’hui dénaturé. Le club doit revenir à sa source, à ce qu’il était, quand il s’agissait des vieux. Un Caleb et un Gabriel plus jeunes, le vieux Gratchiov et puis le père d’Alma, Papy Burton, tout du moins, appelé ainsi uniquement dans son dos. Pour James, une partie de l’essence des KOS a disparu avec le temps. Les repas dominicaux, les votes clairs et ouverts, l’artillerie et la gonzesse, et uniquement ça, l’entente entre chapitres, avec les habitants des quartiers. La fidélité, les patchs par choix, non par défaut. Les dernières décisions du groupe les mènent à leur perte. Et ça le bute, James n’a pas signé pour voir sa famille dépérir, se faire manger par trois étrangers aux yeux plus gros que le ventre. Peut-être que la solution se trouve dans ce qui est en train de se passer, dans les liens qu’il lui reste à tisser, notamment avec Kurtis. Il retient un soupir alors que Kurtis élève à nouveau la voix, il était parti loin, le regard ailleurs, loin d’être concentré sur ce qu’il se passe.

« Vous restez pour diner ? T’peux d’mander à Nathalia d’nous r’joindre. C’ soirée pizza » Un mince sourire s’étale sur les lèvres du blond. Au fond, pourquoi pas. Mais le motard est fatigué et, il a envie de laisser sa chance à Kurtis. Peut-être que finalement son monologue intérieur pourrait changer quelque chose, une petite voix lui dit qu’il a le pouvoir de changer les choses, à commencer par les plus petites. Et il s’est promis de faire de son mieux, de s’impliquer complètement à la lignée KOS. « J’ai encore un bon stock de bières. » James va pour lui répondre mais il est interrompu par deux gamins bien décidés à se cogner. Le trésorier n’ose pas venir intervenir, ne souhaite pas saper l’autorité de Kurtis sur les gosses, il estime qu’il en a déjà fait assez pour le faire chier à son retour de prison. S’il avait besoin d’aide, il lui demanderait non ? Enfin, peut-être pas. Il laisse alors le gérant du speakeasy se démerder avec les gosses et lorsque le calme revient enfin, à coup de concessions pour les un et les autres, James récupère rapidement l’attention de Kurtis.

« Si ça t’embête pas, j’me disais qu’tu pouvais garder Eliott. Il a visiblement pas envie de partir depuis tout à l’heure il évite mon regard dans l’espoir qu’ça marche. Eliott ? Le garçon ne relève effectivement pas la tête, concentré dans un dessin en coopération avec Beverley, mais répond à son père quand même, bien conscient que la limite est mince entre être futé et désobéissant.
— Oui ?
— On y va.
— Encore cinq minutes s’te plait p’pa
— Tu vois, il en a marre de moi… Et puis Nat a enfin l’occasion de se reposer alors… C’est sa manière à lui de lui donner sa confiance, pour la première fois, James veut confier son gamin, volontairement, sans encouragements de la part de son épouse, à Kurtis. Les efforts doivent commencer comme ça, s’il veut un jour redorer le blason des KOS, ça doit déjà venir de l’intérieur. J’te revaudrais ça. »