la la land | jade

Il refuse. Odieusement. Il refuse ses avances, ses pas et ses charmes volontairement offerts. Il dénigre la femme, l'envie et le charnel pour un peu plus de...quoi déjà ? Un peu plus de poésie ? Un peu plus de sentiments ? Un peu plus de normalité ? Jade arque un sourcil étonné par dessus son regard à la limite du blessé. Le langage silencieux et corporel dont ils font d'ordinaire usage en temps de crise s'étouffe dans le simple et désarmant refus du mercenaire qui arpente à nouveau leur conversation d'une phrase bourrée de banalités amoureuses. Un commentaire, une phrase sur son physique, une remarque faite sans qu'il ne leur soit possible que les maigres frontières de hargne et de colère qui les séparent encore sur quelques idées passagères – si elle y pense et elle y pensera forcément - ne puissent s'atténuer et se franchir d'un baiser, d'une caresse, d'une nudité sans défauts. Jade en hausse les épaules et tente d'accueillir le romantisme nouveau qu'il tente d'instaurer sur leur relation avec un seul et long soupire, se rappelant alors de la naïveté des deux jeunes qu'elle a tout à l'heure croisée. « J'ai pas maigris tu dis d'la merde. T'aurais pu le vérifier d'ailleurs si t'avais voulu rentrer au lieu de te forcer à voir quelque chose que je sais clairement qu'tu vas pas pouvoir blérer. » Elle hausse les épaules, faisant sa moue d'enfant, ces traits du "je te l'avais bien dit", déjà prête à accepter, non sans encore sourciller, son joyeux sort. Des heures de Ryan Gosling, de longues minutes musicales et entêtantes qu'il aurait pu tout simplement éviter. Une histoire d'amour sur fond coloré, des baisers de cinema à l'en faire craquer, en bref un idéal sentimental à gerber. « J'te préviens, tu viendras pas t'plaindre quand la séance aura commencée, ça va être un dégueulis d'amour de gonzesse ce truc et si tu t'engages j'veux pas t'voir roupiller. Tu devras être droit, alerte et dans le film. Rapport complet en sortant de la séance, débriefing et tout le bordel sinon je te boude sur trois générations. » Un spasme silencieux secoue les épaules masculines qu'elle frappe presque aussi immédiatement d'une poigne assez peu mesurée. Ça la déporte un peu sur la droite du corps de l'homme qui s'esclaffe de manière plus franche désormais. « Tu l'auras cherché ! J'te préviens !» Son rire rocailleux éclate et s'envole dans les airs tandis que le cinéma se dresse devant eux, la devanture un peu sale se laissant bouffer par l'énorme affiche du film déjà à succès.
Places en main, ils passent par la case obligatoire du marchand de pop corn situé en contre-bas du bâtiment avant de pénétrer au travers de l'obscurité de l'une des salles. S'asseyant, ils laissent les sachets de bouffe asiatique embaumer la pièce sans se soucier le moins du monde des réprimandes exacerbées des quelques autres spectateurs installés autour d'eux. Elijah se sentant pousser quelques ailes d'indiscrétion, se laisser aller à jeter deux trois trucs sur les aigris du ciné. Une fois calmé, c'est contre lui que Jade se laisser aller, les yeux brillant, prête à enfin tout apprécier.