Le restaurant de l'amitié - Feat Leo

Le restaurant de l'amitié

EXORDIUM.

Il se confie, au mieux, même malgré ses paroles, malgré cet enthousiasme dont elle vient lui faire part. Parce qu'elle tient à le revoir, parce qu'elle tient à ravoir sa présence au sein du bar en sachant la détente qu'il y mène, toute l'attraction qu'il y sème. Et pourtant, ça le retient encore. Parce qu'il sait la tentation, tout ce que ça pourrait faire se raviver en Daniel. Et il tient à lui épargner cette douleur, à lui épargner tous ces tourments. Parce qu'il ne sera pas à même de l'épauler comme il le devrait, parce que les forces de Leo s'amenuisent malgré toute cette volonté dont il regorge. Aussi, il lui confie, vraiment. Il vient faire savoir les barrières qu'il s'impose, tout ce qu'il doit prendre en compte avant de se lancer tête baissée dans des projets de la sorte. L'heure n'est pas encore propice à s'y essayer et il le sait, mieux que quiconque pour avoir été le brun à s'en sortir. Il sait que cette nouvelle stabilité est encore fragile, il sait que la ligne est encore fine. Et pourtant, pourtant Fanny reprend la parole, Fanny en revient à ce qu'il venait de lui dire, toujours prête à arranger ceux qui lui sont chers ; bien que le mot soit encore un peu fort. Chose qui le touche, en soit. Leo y songe et, intérieurement, il s'avoue chanceux de posséder une amie comme celle-ci ; la bonté se faisant rare. « Le Blue Frog's est peut être un bar mais c'est aussi un restaurant. Si tu veux, je peux faire en sorte que cela ne soit pas une tentation pour lui, en lui donnant une table loin du comptoir, comme s'il était simplement dans un restaurant. Un sourire vient se perdre le long de ses traits tandis qu'il relève la tête vers la jeune femme, tandis qu'il écoute attentivement ses arguments malgré son envie de ne pas tenter le diable. Leo sait se raisonner et c'est ce qu'il vient essayer de faire quant à cette possibilité, cette volonté de mener son amant jusqu'au cœur de cet endroit qu'il chérit sans mesurer ; et elle vient lui rappeler pourquoi, outre cette perdition à pouvoir pleinement y jouer. Je ne lui donnerais pas de cartes contenant de l'alcool, juste des jus de fruits, de l'eau pour qu'il se sente à l'aise et qu'il ne soit pas tenter de replonger. Malheureusement, l'alcoolisme est quelques choses que je connais bien maintenant ; certains de mes clients sont des alcooliques mais si Daniel lutte contre cela, alors nous ferrons tous pour qu'il ne replonge pas si cela va mieux pour lui. D'accord ? »

Il en sent ses joues rougir, ses traits le trahir. Il n'a pas pour habitude d'être ainsi traité, pas pour habitude d'être ainsi choyé ; que depuis Daniel et ses désirs, Daniel et ses sourires. Aussi, il peine à cacher sa gêne, son sourire à lui ne faisant qu’accroître le long de ses lèvres. Ça, avant que l'azur de son regard n'en revienne à Fanny, avant que son regard ne se pose de nouveau sur cette compagnie d'exception. « Tu sais vraiment pas faire les choses à moitié, toi. » Qu'il vient laisser entendre, qu'il vient dire, tout sourire. Parce qu'il prend conscience du cœur qu'elle pourrait mettre à l'ouvrage pour le voir venir, pour le voir chanter entre des murs qu'il apprécie à animer. C'est ce qui le touche, ce qui viendrait presque le faire accepter. Mais cette discussion doit aussi se jouer avec celui qui habite avec lui, avec celui que ça concerne en priorité pour cette fameuse nuit. Aussi, Leo soupire un instant, essayant de ne pas se précipiter, pour essayer de ne pas flancher sous le regard de la Belle qui sait comment lui parler, qui sait user d'arguments pouvant aisément le faire plier. Car Dieu sait qu'il aimerait pouvoir y aller, voir Daniel s'enchanter devant tout ce qu'il pourrait enfin lui dévoiler. « Si ça ne tenait qu'à moi, tu aurais déjà une date Fanny. » Il plaisante, en sourit davantage tandis qu'il toussote légèrement, se réinstalle un peu plus correctement pour ne pas paraître en décaler avec l'ambiance qu'il vient déjà tâcher. « J'en parlerai avec lui dès ce soir, t'en fais pas. On pourra voir pour se boucler ça. » Une affirmation sur laquelle il ne reviendra pas, pas en sachant qu'en vérité, cette soirée pourrait bien leur être utile. Parce qu'ils ont besoin de s'évader, d'un instant bien à eux pour s'enfuir de tout ce qui s'est récemment passé. C'est ce qu'il cherche à acquérir, ce qu'il cherche à trouver pour son plus grand plaisir, ce que Fanny vient finalement lui offrir. « En tout cas, c'est vraiment gentil ce que tu fais pour moi. Mais tu n'es pas obligé, tu sais, tu me dois rien en soit. » La modestie, cette mauvaise habitude à ne rien vouloir de plus qu'autrui. Leo vient trahir une nouvelle fois ce fait-là, offrant à la jeune femme une vision toujours plus gênée de sa petite personne, cherchant à détourner tous les avantages qu'elle vient poser là. Par respect, par réflexe, parce qu'il estime ne pas forcément les mériter, loin d'être à même de voir ô combien il peut être d'un trop grand cœur avec bien trop de monde.

Le restaurant de l'amitié

Tu tiens à Leo, plus sans doute que tu ne veux bien te l'avouer, pourtant, il n'y a pas d’ambiguïté présentement. Peut être que si tu avais été plus prompt ou rapide, les choses auraient pu être bien différentes ce soir, mais tu n'es pas comme ça, enfin pas vraiment. Tu ne vas pas t'apitoyer sur ton sort, sur de possibles regrets à avoir. Ce soir, c'était un repas, entre amis, car c'est ainsi que tu le considères et tu espères que la réciproque est la même. Tu ne veux pas qu'il soit venu juste parce que tu lui avais dit, juste parce qu'après un de ces passages au Blue Frog's il a pensé à un restaurant pour vous deux, non. De toute façon, la prochaine étape, c'est que toi tu ailles sur son lieu de travail, n'est ce pas ? Oui, ce sera sans doute la prochaine étape, sauf s'il revient au bar avant que tu n'ailles sur son lieu de travail mais quoiqu'il en soit, tu n'as pas oublié cette proposition là non plus. Ils viendront, lui et Daniel, mais pas dans un lieu de tentation pour ce dernier, non, tu ne veux pas le faire rechuter si jamais cela est encore frais pour eux deux. Et tu le lui dis, tu lui explique le plan potentiel que tu peux lui réserver, un plan que tu feras, qui te tiens déjà à coeur pour les voir tous les deux heureux chez toi, enfin dans ton bar-restaurant. Tu ne sais pas s'il acceptera ce plan là, mais dans ta tête, cela résonne positivement. Tu connais les problèmes liés à l'alcool. Toi même tu n'y es pas sujette, mais combien de clients sont de vrais alcooliques dans ton bar ? Un certain nombre, c'est ce qui fait marcher ton business après tout, n'est ce pas ? Mais pour des amis qui luttent contre cela, tu feras en sorte de les en tenir éloignés, le plus possible, pour qu'ils ne replongent pas. En l'occurrence, tu ne connais pas vraiment Daniel, mais tu le considères déjà comme un ami, puisqu'il tient à Leo, c'est tout comme. Les amis de tes amis sont vos amis. Cette devise est loin d'être nouvelle, mais c'est la tienne. Si l'ami d'un ami en qui tu as vraiment confiance à besoin d'aide, tu la donneras sans trop hésiter. Leo semble en tout cas apprécier ces petites attention au vue du teint que prends son visage. Il te dit alors que tu ne sais pas faire les choses à moitié, ce qui te fait sourire. Non, tu n'es pas du genre à agir de la sorte pour les gens que tu aimes, comme pour les gens que tu détestes également. Tu es entière, franche, et quand on gagne ton amitié, c'est fait pour des temps indéfinis, en principe, sauf si on te trahit de façon lourde et délibérée. Cela n'a jamais été vraiment le cas, pas avec ceux en qui tu avais vraiment confiance en tout cas. Il te dit que si ça ne tenait qu'à lui, tu aurais déjà une date, et cela tu l'apprécies. Tes arguments sont convaincants au vue de ce qu'il vient de dire, mais ils sont deux, et la décision sera prise à deux, pas à lui seul. Il lui en parlera le soir même donc.

" Ne t'en fais pas pour ça. C'est tout à fait normal que tu lui en parles, c'est la bonne chose à faire, mais voilà, si jamais il n'a pas trop envie, qu'il éprouve quelques réticences, tu peux lui ressortir ces arguments là. Tu peux lui dire de m'appeler aussi, je pourrais le lui dire de vive voix s'il le faut. "

Et ton sourire est là, toujours aussi grand et sincère envers le blond. Puis il te dit que tu ne lui dois rien et il a raison, mais pourquoi aurais-tu besoin de lui devoir quelques choses pour agir de la sorte ? Un cadeau qui est un dû n'est pas vraiment un cadeau parce qu'il est là pour payer quelques choses. Là, tu lui offre cela, sans rien demander en retour, absolument rien, mais n'est ce pas ce que font les amis en vérité ? Si, c'est pour cela que tu le fais, car s'il se sent bien, qu'il est bien dans ce moment là, alors toi aussi, ça te fait du bien, et tout le monde passe un merveilleux moment. Peut être que ça ne se déroulera pas comme prévu, peut être que ça ne sera pas aussi bien qu'on le voudrait, ou que tu l'imagines, mais l'important sera de passer une bonne soirée, comme ce soir en fin de compte.

" Ne t'en fais pas pour ça Leo. Je ne le fais pas pour ça tu sais. Passer des bons moments, ce n'est pas toujours facile, ou simple, alors si je peux faire cela pour toi, pour lui, pour vous deux, alors je vous offrirais cette soirée avec bon coeur, car c'est ce que font les amis, n'est ce pas ? "

Donner sans forcément attendre en retour, c'est l'idée que tu veux lui faire passer, et même s'il se la jouera une nouvelle fois modeste, même s'il a ces propres démons qui le ronge intérieurement, tu veux lui offrir cela, à lui, à Daniel, parce que c'est ce que tu veux vraiment.

Le restaurant de l'amitié

EXORDIUM.

Elle fait preuve d'assurance, elle fait preuve de raison, de tact. Elle fait preuve de tout ce dont il manque, parfois, dieu seul sait pourquoi. Et c'est ce qu'il admire chez elle, outre le fait qu'elle soit à même de mettre autant de cœur dans un projet qui, à son cœur, lui est cher. Parce que Daniel et lui méritent un peu de repos, un peu de répit et s'il avait quelques idées pour pouvoir lui en proposer, s'il avait ne serait-ce que la moindre opportunité de les écarter de tout ce qui continue de le hanter, Leo le ferait sans hésiter. C'est une porte vers cela qu'elle vient lui proposer, devant lui installer. Fanny se fait issue de secours pour le jeune homme qui commence à délier sa langue, à voir ses muscles se détendre. Il se sent à l'aise, Fanny parvient à le mettre à l'aise. C'est ce qu'elle fait toujours, ici, au Blue, ailleurs. Il sait qu'il pourrait compter sur elle pour ne pas avoir l'air bête, pour ne pas avoir à faire tâche là où sa présence jure avec le reste. Elle est parfaite sur bien des points et il ne cessera jamais de le lui faire entendre ce qu'il peut avoir à en penser. Davantage alors qu'elle affiche ce sourire, cette envie trahie sur ses traits de pouvoir l'arranger lui. Lui et toutes ses envies à l'égard de celui avec qui il vit. Leo en baisse un instant la tête, gêné, pris de court par tant de générosité. « Ne t'en fais pas pour ça Leo. Je ne le fais pas pour ça tu sais. Passer des bons moments, ce n'est pas toujours facile, ou simple, alors si je peux faire cela pour toi, pour lui, pour vous deux, alors je vous offrirais cette soirée avec bon cœur, car c'est ce que font les amis, n'est ce pas ? » Des paroles auxquelles il répond par un large sourire, quelque-chose de sincère qui vient se perdre le long de ses lèvres. Elle ne provoque en cet instant d'une bonne dose de joie pour celui qui croit voir en elle une échappatoire aux ombres qui les guettent depuis cette fameuse nuit, depuis que tout a basculé et leur a nui. Depuis qu'ils n'ont que leurs ténèbres pour se perdre, dans l'obscurité de l'appartement songer à tout ce qui aurait pu arriver, tout ce à quoi ils ont de justesse échappé.

Il en soupire en y songeant, sachant les détails comme n'ayant pas été confiés à celle qui lui fait face. L'espace d'un instant il hésite, il hésite à lui faire entendre ce dont ils ont besoin de fuir. Il hésite à lui faire entendre tout ce qui s'est passé cette nuit-là mais, au dernier moment, Leo renonce. Parce qu'il se souvient de ses actes, parce qu'il se souvient de sa folie, de tout ce qui l'a à ce moment-là envahie. Et il veut lui épargner cette image de lui, Leo choisit de l'omettre pour ne pas avoir à lui causer le moindre ennui. Il sait comment certaines choses peuvent être prises mais celle-ci, grand Dieu celle-ci, le blond n'en a pas la moindre idée. Alors, il s'abstient tout commentaire, tout commentaire hormis un seul, un seul qui franchie la barrière de ses lèvres en un sourire pincé. « Ça nous changera les idées, c'est sûr. » Et le regard qui se fait fuyant, la peur de devoir avoir en tête les images de cette soirée-là, cette soirée qui ne devait comporter d'un restaurant, que quelques rires, qu'une étreinte, de longs baisers ; pas à se faire insulter, frapper, jusqu'au commissariat traîné pour une défense qu'ils n'ont fait qu'adopter. Qu'il n'a fait qu'adopter. Un soupire, le regard du trentenaire qui se relève sur une Fanny un peu inquiète quant à la manière dont ses traits ont du rapidement changer. Il s'en veut presque de lui gâcher quelques secondes de leur dîner. « Désolé de paraître peut-être lunatique. C'est que c'est un peu lourd, tout ça. La cure de Daniel, les frayeurs qu'il se fait et qu'il me fait par la même occasion. Je pensais pas avoir à gérer ça après les crises de délire d'Aiden quand j'étais avec lui. C'est... spécial. Similaire et pourtant différent. Bref, je t'embête pas avec ça ! Une petite pause, son sourire qui tente à reprendre ses droits sur son faciès désormais droit, lever vers elle quand, verre en main, il en vient à lever légèrement son bras. On trinque à tout ce qu'on a encore à vivre et tout ce qu'on peut encore prévoir ? » Une idée farfelue mais la seule qui lui vient à l'esprit, les seuls mots qu'il parvient à énoncer pour traduire l'idée qu'il se fait dans sa tête. Leo veut passer à autre chose, aller vers l'avenir, aller vers tout le mieux qu'il pourrait désormais avoir et si Fanny est à ses côtés, il n'y voit qu'un avantage parmi tant d'autres. Parce qu'il y tient à cette récente amitié. Parce qu'il y tient bien assez.

Le restaurant de l'amitié

Tu ne veux pas devenir une pierre d’achoppement pour Leo, encore moins pour son compagnon, Daniel qui semble avoir eu quelques soucis dernièrement. Il n'en a pas trop dit, mais son silence radio durant quelques semaines et ce qu'il a pu sous-entendre ce soir te font comprendre que tu n'auras pas droit à l'erreur. Et cela tombe bien, tu n'es pas très friandes de ce genre de choses là. Les erreurs tu n'aimes pas en faire, même si ce n'est jamais évident. Il faut savoir prendre des décisions, choisir les choses qui conviennent le mieux pour vous tous, pour toi, pour lui en l'occurrence. Et si tu penses que cette décision est la bonne, elle inclut encore une autre personne qui n'est pas là ce soir, alors tu feras en sorte que cela aille dans son sens. Tu rassures Leo à ce propos, tu le lui fais bien comprendre, car cela doit être fait. Et il semble le comprendre car les amis font ça, et tu penses pouvoir dire que vous êtes amis tous les deux, n'est ce pas ? Si cela lui fait plaisir, alors cela te fera plaisir à toi aussi, c'est comme ça que le tout fonctionne évidemment, car l'âme généreuse s'épanouie plus facilement que les autres, l'âme qui reçoit n'en est que plus cajolé dans son réconfort, et tu espères que c'est le cas pour Leo. Son sourire indique à lui seul une réponse positive à ce sujet et cela te convient à merveille, car c'est comme cela que tu veux que les choses se passent. Tu ne le forces d'aucune façon, cela doit se faire naturellement, le plus naturellement possible mais ce sera le cas, tu en es persuadée. Tu tentes de te faire rayon de soleil pour lui, pour eux, un rayon capable de les réchauffer un peu pour que leurs membres ne finissent pas par être bleuis par le froid comme cela pourrait être le cas. Il semble vouloir te dire quelques choses de plus, ces lèvres bougent à peine mais aucun son ne sort, si ce n'est une petite phrase, celle qui t'indique que cela leur changera les idées, alors que pourtant, ce que tu leur offres n'est en rien si extraordinaire. Mais si cela leur changera les idées, c'est que le but est atteint, même si tu ne sais pas exactement ce qu'ils ont pu subir. L'alcool peut parfois faire de grands ravages, tu le sais bien. Tu n'es pas alcoolique, non, tu ne l'es pas, mais certains de tes clients le sont, eux alcooliques, et parfois, la vérité se fait plus présente dans leur bouche, quand ce n'est que ça. Ils disent à haute voix des choses qu'ils ne devraient pas, mais tu ne prends pas ça pour argent comptant. Tu te dis que ce n'est qu'une exagération d'une certaine vérité, et quand cela ne te concerne pas, tu fais semblant d'écouter pour ne pas leur en tenir rigueur, car sinon, il y en a certains qui ne reviendraient jamais, tu le sais très bien ça. Mais le visage de Leo change, comme si finalement, il regrettait le cadeau que tu allais lui faire. Pourtant, ce n'est pas ça. Tu ne sais pas ce qui se trame dans sa tête, mais sans doute pense-t-il à ce qu'il a tenté de te dire à l'instant, sans doute qu'il se rejoue le mauvais film de cette journée/soirée là, tu ne sais pas, tu supposes. Tu te demandes toutefois ce qui se passe, et ton regard, bien malgré toi montre de petits signes d'inquiétudes. Il s'en rends compte, et du coup, il t'en dit un peu plus. Tu comprends donc que tout cela n'est pas anodin, surtout qu'il en vient même à parler d'un de ces ex complètement fou d'après ce qu'il avait pu t'en dire. Mais s'il ne t'avait rien dit, s'il n'avait pas voulu rentrer dans les détails, c'était avant tout pour ne pas t'embêter, pour ne pas gâcher cette soirée, tu t'en rends compte, alors tu ne veux pas le mettre plus dans l'embarras, tu ne lui demandes pas plus de détail, ce qu'il t'a dit te suffit. Tu feras en sorte que cette soirée prochainement offerte se passe bien pour lui, pour eux, pour vous tous. Tu ne peux pas le garantir à 100% cependant, la perfection n'est pas de ce monde quoiqu'il en soit, mais tu mettras toutes les cartes que tu as dans ton jeu pour que celui-ci soit le meilleur possible.

" Tu sais très bien que tu ne m'embêtes pas avec cela. Tout le monde à ces problèmes, ces soucis. Mais c'est avec les amis qu'on peut réussir à les combattre efficacement. "

Un sourire parcourt ton visage, un sourire sincère et amical, comme depuis le début, comme depuis le premier jour où vous vous êtes croisés, depuis qu'il a commencé à jouer dans ton Blue Frog's, depuis qu'il a commencé à émerveiller tes oreilles voilà maintenant quelques temps. Tu ne saurais dire depuis quand exactement, mais ce n'est que récemment que vous avez vraiment tissés une véritable amitié. Il propose alors que vous trinquiez un peu, levant légèrement son verre. Cela te fait à nouveau sourire. Et tu lèves aussi ton verre pour venir le faire tinter avec le sien.

" Trinquons à tout ce qui nous arrivera de positif dans la vie dans ce cas. "

Et tu bois une légère gorgée du breuvage qu'il y a dans ton verre. Le repas n'est pas encore terminé, il reste la fin, le dessert, la cerise sur le gâteau, en quelques sortes. On vient vous débarrasser vos assiettes vides, la suite arrivera rapidement, c'est une certitude que tu as là. Et peut être que Leo t'en dira plus, ou simplement que vous finirez une belle soirée.

Le restaurant de l'amitié

EXORDIUM.

« Tu sais très bien que tu ne m'embêtes pas avec cela ; des mots qu'elle laisse l'atteindre bien qu'il n'en soit pas complètement convaincu. Ou peut-être que si, réside en lui que la seule impression d'en dire trop, de rompre l'ambiance jovial de cette soirée avec des tourments encore bien frais. Leo en sourit, simplement, baissant un instant la tête comme dans l'espoir que cette bile acide qui caresse sa gorge, quand il y pense comme en cet instant, ne disparaisse enfin. Raison pour laquelle il se risque à un toast, raison pour laquelle il en revient à des notes un peu plus claires, des notes un peu plus attrayantes. Il ne tient pas à imposer ce cauchemar à la jeune femme qu'il est venu trouver, celle qui partage avec lui, ce sourire toujours ancré le long de ses lèvres, cette petite soirée. Ils y tenaient, peut-être elle autant que lui. Parce qu'il espérait sortir, se défaire des murs oppressants de cet appartement chaque jour un peu plus sombre que les jours précédents. Et, tandis qu'il se perd dans cette idée, là, durant une minime fraction de seconde, la voix de Fanny continue de rendre les lieux un peu plus vivant. Tout le monde à ses problèmes, ses soucis. Mais c'est avec les amis qu'on peut réussir à les combattre efficacement. » Son regard revient sur elle, plein d'une admiration qu'il ne pourrait feindre tant elle se trahie seule. Parce qu'elle est force, bordel, d'une volonté qu'il lui envierait presque. Elle est là, la tête haute, persuadée qu'elle pourrait tout faire, tout réussir sans même songer à fuir et c'est ce qu'il voit, en elle, ce qu'il parvient à apercevoir et qui lui fait comprendre qu'il n'use que de trop peu de volonté. Leo choisit alors de se redresser, venant l'imiter quand son verre et son regard rejoignent enfin les siens. « Trinquons à tout ce qui nous arrivera de positif dans la vie dans ce cas. » Un sourire, Leo qui vient acquiescer aux dires de la jeune femme qu'il contemple un instant. Rien qu'un instant pour pouvoir admettre, silencieusement, qu'il possède tout de même une certaine chance. La chance que d'avoir des âmes aussi généreuses que peut être la sienne dans ses fréquentations. Parce qu'il connaît la noirceur de ce monde, parce qu'il sait les tranchées qu'il n'ose enjamber ; parce qu'il sait ô combien il est des tourments qu'il a su éviter. Et bien souvent, finalement, grâce à eux. A ceux qui ont su être là, ceux qui ont su tendre les bras ; Fanny faisant désormais partie de ces gens-là.

Et, avant qu'il ne revienne à leur discussion, à tout ce qu'ils pourraient prévoir pour cette amitié récemment tissée en vérité ; on le devance, débarrassant ce qui traînait devant eux, retirant ce qu'il peut qualifier – sans s'en tromper – de restes délicieux. Leo laisse l'instant passer pour finalement en revenir à une Fanny quelque peu silencieuse, à l'écoute en vérité ; chose à laquelle il n'est pas spécialement habitué si ce n'est avec Taylor, avec Daniel, ceux qui ont toujours su se faire présent quand ses ombres commençaient. La place lui revient, d'ordinaire, les lèvres pincées à tenter de trouver des solutions aux tracas d'autrui, peu importe qu'il puisse ou non connaître le moindre recoin de sa petite vie. Mais là, là tout est différent et, à n'en pas douter, il sait que cette soirée aidera plus qu'elle n'y paraît. Parce qu'il s'en détend, parce qu'il s'en apaise, parce qu'il décide de profiter de l'instant présent comme rarement depuis peu, depuis l'apparition de certains inconvénients. Leo se perd dans ses dires, dans tout ce qu'il pourrait avoir à lui dire, dans quelques uns de ses sourires. Ça change des frayeurs, des terreurs qui chaque nuit lui font peurs. Raison pour laquelle il termine par laisser cette soirée se dérouler aussi normalement qu'elle n'aurait pu l'être dès son arrivé. Parce qu'il s'est fait stressé, parce qu'il s'est imaginé tout un tas de scénarios ridicules et compliqués ; ce qu'il comprend maintenant, voyant à quel point il avait pu penser bêtement. Parce qu'importe la note, la manière dont il aurait eu à trimer ensuite, sa conscience n'en serait que plus requinquée d'une force oubliée. D'une force qui, finalement au départ, n'a su se transformer qu'en timidité, qu'en gêne occasionnée. Parce qu'on leur offre leur soirée, parce qu'on vient seulement les saluer, leur souhaiter la bonne soirée. Pas une seule note, pas le moindre centime à déposer et tout ça sous le regard de la belle bien amusée. De cette soirée, il saurait s'en souvenir comme l'une des rares qui puissent désormais lui servir de pilier ; même au moment de se quitter, après qu'il ait osé l'accompagner jusqu'à son palier. « Je te remercie pas assez pour cette soirée, c'est gentil de m'avoir supporté. » Qu'il laisse entendre avant d'oser, dans ses bras l'enserrer, maigre étreinte pourtant aisément communicative.

Le restaurant de l'amitié

Naturellement la soirée s'était passée, différemment de ce que tu avais imaginé cependant, un peu différemment mais pas trop quand même, mais au final, tu avais réussi à vous faire passer une bonne soirée à tous les deux, tu le pensais, tu l'espérais au moins. Peut être que le chef te demandera qui était ce jeune homme la prochaine fois que tu passeras par là, sans doute qu'il te fera quelques remarques sur son style vestimentaire que tu balayerais d'un revers de main. Leo était parfaitement bien habillé pour cette occasion comme pour toutes les autres d'ailleurs. Son style est toujours parfait. Mais ce soir, les regards ne sont pas inquisiteurs, bien au contraire, tu n'étais pas venue ici depuis trop longtemps alors tout le monde était content de te voir, ton invité n'avait que peu d'importance à leur yeux. En tout cas, tu étais heureuse d'avoir pu passer d'avantage de temps avec Leo, d'avoir réellement appris à un peu mieux le connaître, car cela allait dans la digne ligne de conduite que vous aviez l'un envers l'autre, pas entre ces murs, mais au Blue Frog's. Lui le musicien, et toi celle qui pourrait pousser la chansonnette sur une de ces compositions. C'est une idée qui te plait, qui vient d'émerger dans ton esprit, peut être que vous pourriez faire ça un de ces jours, en dehors de son travail principal, un soir après la fermeture du Blue Frog's ou peut être dans un cadre encore plus intimiste d'ailleurs. Leo est un ami, et tu ne veux pas qu'il aille mal même si c'est plus compliqué que ça évidemment. Tu ne peux pas faire en sorte que tout aille bien dans sa vie en un simple claquement de doigt, tu n'es pas magicienne, et encore moins son ange gardien, même si tu tends à y ressembler, ce n'est qu'un bien pâle ange gardien que tu es. On ne parle pas là du maquillage, mais tu ne peux pas être là pour lui dans les moindres instants de sa vie, mais tout ce qui se rapporte au Blue Frog's, tu peux en faire partie. Tu te dis intérieurement que plus jamais tu ne manqueras un de ces numéros dans ton restaurant. Tu es et tu restera une de ces fans, tu aimes ce qu'il fait, et qui sait, peut être qu'un jour tu réussiras à écrire une chanson sur sa musique, des paroles qui pourraient sceller votre amitié, la faire prendre un peu plus d'épaisseur. C'est une idée qui te plait, que tu partageras avec lui prochainement car il le faut, tu ne peux pas passer à côté de cette collaboration là, non, c'est une évidence. Alors finalement, on débarrasse vos plats, avec ce qui restait dedans, ce que vous n'avez pas eu la force de finir malgré le prix que cela pourrait coûter. Mais ce soir, il n'y aurait pas de notes, du moins pas ce genre de notes là. Vous avez mangé gratuitement, même si au fond, le repas n'est pas si gratuit que ça, mais c'est un service rendu que l'on te devait qui a été pour ainsi dire en partie soldé. Leo s'en étonne, mais il doit se douter que tu as plus d'un tour dans mon sac, ô oui. Tu n'es pas si mystérieuse que ça, mais tu caches bien des atours, il a pu en voir certains ce soir, et prochainement, il en verra d'autres, sauf si d'ici là, les choses se sont assombries pour toi. Tu ne sais pas de quoi l'avenir est fait, c'est pour cela que tu profites autant que tu peux du moment présent. Puis, il finit par te raccompagner chez toi, là où pour la première fois vous vous êtes croisés, au Blue Frog's voilà maintenant une belle petite poignée d'années. Pourtant, jamais vous n'aviez franchis le pas d'une relation purement professionnelle, jusqu'à récemment. Pourquoi ? Tu ne saurais dire, quelques mots échangés en plus par rapport aux autres fois, la découverte peut être de points communs que vous ignoriez. Mais Leo, tu l'apprécies, c'est quelqu'un qui compte pour toi, non parce qu'il égaye quelques soirées à ton travail, non, parce que c'est quelqu'un de vrai, de gentil, tu sais qu'il doit avoir certains mauvais côtés, comme toi, mais il s'efforce d'être là, souriant, avenant avec les autres. Tu as hâte de le découvrir sur son lieu de travail d'ailleurs, voir comme les personnes sages depuis plus longtemps que vous deux réagisse à ce qu'il fait pour égayer leurs journées monotones. Finalement, il te remercie de l'avoir supporté ce soir, en te prenant dans ces bras. Tu fais de même, tu l'entoure de tes bras et tu serres légèrement comme pour ne pas le casser en deux. Tu souris à ces paroles.

" Merci d'être venu. J'ai passé un très agréablement moment. Du coup tu me tiens au courant, tu viens quand tu veux au Blue Frog's. Et puis, faudra bien que je vienne te voir sur ton lieu de travail aussi, je n'ai pas oublié cette invitation là. "

L'étreinte s'est desserrée, et vos regards se croisent. Tu ne sais pas quand il viendra avec Daniel mais il sera le bienvenue, tu ne sais pas quand tu iras le voir sur son lieu de travail mais ce sera un grand et réel plaisir d'agir de la sorte. Cette soirée semble être sur sa fin. Tu l'inviterais bien à monter chez toi pour lui faire découvrir ton univers, pas forcément si particulier que ça mais ça pourrait être bien, une fois, plus tard, pas aujourd'hui. Vous aviez encore tellement de choses à découvrir l'un de l'autres, peut être le mieux, ou le pire même si le mieux était le meilleur.

» Quand la vie n'est pas aussi simple qu'on le voudrait - Feat Leo