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ft. Alma
« Qu’est-ce que tu regardes ? » grogne Caleb, son regard un peu vitré braqué sur lui, ses lèvres retroussées en une expression de pur mépris. Ezra ne répond pas. Qu’est-ce qu’il est supposé dire ? Qu’il le regarde, lui ? C’est une évidence. Mais il sait ce que lui demande son père, ce qu’il veut savoir par là… S’il le voit comme un homme, comme un vieillard croulant, comme un tas de viande, un faible… Caleb a chuté devant tous ses hommes, en pleine réunion. Ezra peut aisément imaginer dans quel état il se trouve, à quel point il est embarrassé. Il le sait parce qu’il y a à peine deux heures, son géniteur l’a giflé devant ces mêmes hommes, qui se sont assurément réjouis de la scène. Seul James n’a pas assisté à l’attaque de Caleb. Ce cher James, ce bon vieux James, le fils prodigue… « Va t’en » ajoute Caleb en se détournant finalement de lui. Ezra ne bouge pas. Son regard sombre croise celui de Sondra, la seconde femme du Président des Kings. Elle n’a jamais eu beaucoup d’affection pour lui, mais l’a défendu en quelques occasions, ou a du moins tenté de les séparer pour éviter un bain de sang. Ezra la hait. Il a souhaité sa mort des centaines de fois. La sienne et celle des deux bâtardes qui sont sorties de ses entrailles et que son géniteur traite comme deux princesses. Ce ne sont que des écervelées, vénales et laides, indignes de son intérêt. « Je m’occupe de lui. Retourne au club. Assure-toi que ses hommes sachent qu’il se porte bien et que l’affaire ne s’ébruite pas. » Ezra grimace, agacé. Elle n’a aucun ordre à lui donner. Aucun. Elle n’est rien ni personne. Rien d’autre qu’une stupide femme avec laquelle Caleb se montre trop conciliant ! Sa mère est tombée sous ses coups pour une broutille et cette…sale putain avec ses grands airs peut s’exprimer à la place du Président sans en subir les conséquences ? Ce n’est pas juste. Il ouvre la bouche pour protester, mais Sondra lui fait signe de se taire et de filer. Et c’est ce qu’il finit par faire. Que pourrait-il faire d’autre ? Imposer sa présence ? Celle de son géniteur et de sa seconde femme l’insupporte. Il n’a pas envie d’être là non plus. C’est le fait d’être rejeté qui le met hors de lui, qui lui donne envie d’insister, de se justifier, de leur tenir tête. De commettre une erreur stupide… Parce qu’il est à l’origine de tout ça. C’est LUI qui a provoqué cette attaque ! C’est LUI qui est au pouvoir et ils le traitent comme un vulgaire chiot, comme un gosse qu’ils peuvent congédier comme bon leur semble ! Ce n’est pas juste…
Ezra tourne les talons et éloigne d’un pas rapide dans les couloirs du Chicago Medical Center. Il n’a aucune intention de suivre les instructions de sa belle-mère en s’assurant que l’autorité de Caleb n’a pas été ébranlée par son malaise. Il a mis ce plan au moins pour le faire paraitre diminuer et il y est parvenu. Il l’a vu dans leurs regards à tous. Ils doutent. Son plan suit son cours, exactement comme il le voulait. Alors pourquoi se sent-il si mal ? Parce qu’il s’est fait taper sur les doigts ? Congédier comme un malpropre ? Parce qu’il s’attendait à une autre réaction de la part de Caleb ? Précisément. Une part de lui espérait que Caleb changerait d’attitude à son réveille… Qu’il lui montrerait un peu de reconnaissance, qu’en ayant senti sa fin approcher, il aurait réalisé… Quoi ? Qu’en réalité, il éprouve de l’affection pour son fils unique ? Ezra se sent stupide. Stupide, seul, impuissant. Il a l’impression d’avoir régressé, d’être retombé en enfance. Il ne sait plus ce qu’il veut… Il pensait que la mort de Caleb le réjouirait comme jamais rien auparavant, mais quand il l’a cru mort, il n’a pas ressenti une quelconque félicité. Il s’est senti… Plus perdu que jamais. Trompé par lui-même. Il ne sait plus quoi penser à présent. Il ne sait plus ce qu’il veut, ce qu’il voulait, ce qu’il espérait. Le doute l’envahi…sournoisement, comme un tas d’insectes grouillants sous sa peau. Une peau qu’il aimerait quitter sur le champ. Ezra a l’impression que son crâne va imploser. Il est trop plein, il y a trop de choses. Trop de choses à gérer, de sentiments à maitriser, de pulsion à contrôler. Il ne va pas y arriver. Il va échouer… Son père aura alors raison de le considérer comme un moins que rien, comme une raclure, comme indigne de lui…
Le trésorier des Kings atteint le parking du services des urgences par lequel il est arrivé. Il espère que l’air frai lui fera du bien mais ce n’est pas le cas. Il a toujours autant l’impression de se noyer. Il se débat à l’intérieur de lui-même, va à contre-courant de ses sentiments, mais rien n’y fait. Sa vision se brouille, il marche comme un aveugle, se heurte à une voiture, au rétroviseur d’une seconde. Il serre les dents, ses poings se contractent et il continue d’avancer, sans savoir où il se rend, essayant de mettre le plus de distance possible entre lui et Caleb Cavanaugh. Mais il sait qu’il n’ira jamais assez loin, qu’il ne lui échappera jamais. Même mort, il pressent que son géniteur continuera de le hanter… Il est coincé. Ses jambes menacent de le lâcher et Ezra se laisse tomber sur le banc le plus proche. Il a l’impression d’avoir couru un marathon. Il est épuisé, en nage, furieux, désespéré… Les minutes s’écoulent alors qu’il tente de reprendre son souffle, en vain. Et puis l’illumination. Alma. Sa lumière au milieu des ténèbres qui pavent son existence. Alma. La seule personne qui ait cru en lui, l’ait défendu face à son tortionnaire de paternel. Ezra glisse sa main dans la poche de son blouson et attrape son portable d’une main tremblante. Il doit s’y reprendre plusieurs fois pour rédiger son message. Il tient à ce qu’il soit impeccable mais ses mains tremblent beaucoup. Il ne veut pas inquiéter Alma et en même temps, il veut qu’elle soit suffisamment alarmée pour venir sur le champ… Mais pas pour s’assurer que Caleb aille bien. Il veut qu’elle vienne pour lui. Uniquement pour LUI.
La réponse d’Alma ne tarde pas et un lourd soupir de soulagement lui échappe lorsqu’il la lit. Elle arrive. Elle vient. Il ferme ses paupières brûlantes et prend sa tête entre ses mains. Il espère qu’elle arrivera vite. Il a besoin qu’elle arrive vite… Il a l’impression d’être sur le point de suivre les traces de son père et de voir son coeur lui faire défaut. Il est en train de se concentrer sur sa respiration lorsque son téléphone portable se met à vibrer dans sa main. Alma. Il décroche sans perdre une seconde. Il porte l’appareil à son oreille mais son souffle est encore trop court et il n’est pas certain d’être capable de prendre la parole. Alors Ezra se tait. Il ne veut pas perdre davantage la face, pas devant Alma… Elle ne le jugerait pas mais il s’y refuse. « Ok sweetie respire, ça va bien se passer » s’élève tout à coup la voix si délicieuse de la seule personne qui compte pour le trésorier. « Je suis déjà en route pour venir te chercher. » TE chercher. Aucune mention de Caleb. Elle ne lui demande même pas comment il va vraiment, ce qui s’est passé. Peut-être que Caleb l’a déjà mise au courant ? Non, sans doute pas. Sinon elle l’aurait déjà contacté, elle serait certainement déjà aux portes du CMC. Peu importe. Elle vient. Pour lui. Alma vient le chercher. Ezra ferme ses paupières avec un peu plus de force, tâche de réguler son souffle. Ça lui demande un effort surhumain, mais il y parvient. Et quand il est en mesure de prendre la parole, c’est pour prononcer trois mots qu’elle l’a déjà entendu prononcer en de rares occasions, lorsqu’il se laisse un peu aller… « Je le hais » articule-t-il froidement. Il sait qu’aime n’apprécie pas de l’entendre dire du mal de Caleb. Parce que s’il l’a toujours traité comme un chien, elle, Caleb l’a toujours traitée comme une princesse, au même titre que ses garces de filles… Elle n’a aucune raison de lui en vouloir. Alma aime le club et Caleb est à sa tête, ce qui lui concède son respect. Ezra n’est donc pas étonné que, dans un premier temps, seul le silence lui réponde… Un silence que la brune finit par rompre. « Je sais. » « S'il crève avant...avant qu'on ait pu... S'il crève avant que j'ai pu le lui dire je le haïrai encore plus. Tu comprends ? Il n'a pas le droit de s'en tirer aussi facilement. S'il meurt il deviendra un dieu aux yeux de tout le monde et… » Ezra s’interrompt. Il ne veut pas faire de Caleb un martyr. Mais ce n’est pas ça le véritable problème. Ce n’est pas ce qui le dérange… « Il n'a pas le droit » conclut-il simplement, essayant de retrouver sa dignité. « Ezra, chéri, il ne va pas mourir maintenant, tu m'as dis toi-même qu'il allait bien. Respire. Je t'entends, c'est un solide, il va s'en remettre et vous discuterez bien un moment donné. Pour l'instant, s'il te plait, calme-toi. Tu te rappelles, comme avant. Tu respires profondément. » « Oui » lui répond-t-il soudain, n’ayant tout à coup aucune envie de poursuivre cet échange. Parce que ce qu’il était sur le point de lui dire, ce qui ne sortait pas…il ne veut pas qu’elle l’entende. Il ne veut pas s’entendre le dire. Ezra ne veut pas admettre ressentir quelque chose de ce genre à l’égard de son géniteur. Jamais. « Je t’attends. Ne tarde pas. » Et sans plus un mot, il raccroche et fait disparaitre le téléphone dans la poche de sa veste.
Comme elle le lui a rappelé, il se concentre sur des exercices de respiration pour calmer ses nerfs jusqu’à apercevoir sa voiture se garer sur l’immense parking du CMC. Le temps qu’elle soit là, Ezra s’est un peu calmé et est capable de se maitriser. Il remet de l’ordre dans ses cheveux qu’il recoiffe impeccablement vers l’arrière et arbore une stature bien plus digne qu’il y a quelques minutes, lorsqu’il était avachi sur le banc, incapable de retrouver son souffle. Alma lui envoie un message pour savoir où il se trouve et il la renseigne sobrement. Elle le repère une poignée de secondes plus tard et vient à sa rencontre, au moment où il s’allume un cigarillo. Il continue de lutter contre lui-même et cette envie soudaine qui lui prend de lui sauter au cou et de se blottir contre elle, de sentir sa chaleur, son parfum… Il ne peut pas se le permettre. « Tu en as mis du temps » l’attaque-t-il, conscient qu’au contraire, étant donnée la distance qui la sépare de l’hôpital : elle a été plus que rapide. Mais il a besoin de ça. Besoin de rééquilibrer la situation, de se redonner une constance et d’assoir son autorité sur elle d’une manière ou d’une autre… Il s’est montré faible et il déteste ça.
Dernière édition par Ezra Cavanaugh le Lun 6 Nov - 10:54, édité 1 fois
Alma L. Lennox
crédits : @me messages : 271 quartier : Une petite maison dans le West Side avec son fils, et bientôt son mari McKinney physique : Alma a perdu du poids, victime d'un syndrome post-traumatique suite à la mort d'Ezra, elle ne revient que partiellement au cabinet Lennox. De nature insomniaque, elle a du augmenter son traitement pour pallier ses problèmes de sommeils, aggravés.
Sujet: Re: this trumpet in my head Dim 5 Nov - 20:55
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Ezra Cavanaugh
crédits : shiya messages : 188 physique : décédé
Sujet: Re: this trumpet in my head Lun 6 Nov - 10:53
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ft. Alma
Son cœur cogne encore à tout rompre dans sa poitrine et il lutte contre chacun des muscles de son corps pour maintenir sa stature et apparaître le plus digne possible face à Alma. Son pilier, sa seule et unique alliée dans ce monde pourri jusqu’à la moelle. Il faut qu’il compense cette attitude pathétique qu’il a eue un peu plus tôt, lorsqu’ils étaient en communication téléphonique. Il ne supporte pas l’idée qu’Alma le prenne en pitié. Il doit se montrer à la hauteur, il doit se montrer méritant. Alma est une femme forte et il se doit d’être à son image s’il veut continuer de recevoir son affection. Cet affection dont il a tellement besoin pour tenir et affronter chaque journée. Si Alma n’avait pas été là pour lui injecter cette dose de respect et – osera-t-il le reconnaître ? – d’amour depuis des années, il n’en serait certainement pas là. Il croupirait au fond d’une cellule pour avoir brutalement mis à mort son père dans un accès de rage. Ou peut-être serait-il six pieds sous terre. Il y pense parfois. Il sait ce qu’il doit à Love. Sa vie. Ni plus ni moins. Mais il ne peut pas le reconnaître si aisément. Ezra ne peut pas lui laisser voir quel pouvoir elle possède sur lui. Question de principe, de fierté. Une part de lui devine qu’elle n’en ferait rien, qu’elle n’userait jamais de cet ascendant pour le contraindre à quoi que ce soit, mais il y a l’Autre Voix… Et celle-ci lui ordonne de ne rien céder, de ne rien montrer et de ne pas totalement accorder sa confiance. Ce serait dangereux. Mortel. Alors le banquier arbore cette expression un peu rancunière, ce ton hautain lorsqu’il s’exprime pour lui faire remarquer qu’elle n’est pas parfaite et qu’elle est en retard. Mais son regard… Son regard le trahi. Ses traits sont impassibles, fermés, mais son regard est presque suppliant et exprime toute la détresse qui l’anime en réalité et ronge son âme torturée. « Je sais, excuse-moi » lâche finalement l’avocate en continuant de l’observer. Il se détend un peu, soulagé par cette réponse, qui est exactement celle qu’il espérait. Si elle l’avait accusé de quoi que ce soit, si elle s’était montrée hostile, alors il se serait tout à fait fermé et aurait à son tour montré les crocs. Elle connaît ses mécanismes de défense et sait comment les abattre. Il le sait mais chaque fois, il a besoin de s’en assurer… Il a besoin d’être certain. D’être certain qu’elle l’aime encore, envers et contre tout, qu’elle ira toujours le chercher où qu’il soit… Et surtout lorsqu’il se retrouve coincé à l’intérieur de lui-même, dans les ténèbres qui l’habitent depuis l’enfance.
« Je peux te piquer une clope ? » Elle s’installe à côté de lui et Ezra fouille ses poches pour lui trouver ce qu’elle lui a demandé et lui tendre un de ses cigarillos. Il sait qu’elle ne les apprécie pas trop et note l’effort qu’elle fait pour l’approcher. Subtilement, sans le brusquer… Le silence s’installe entre eux. Ezra appréhende un peu ce qui va suivre. Il ne veut pas lâcher trop de terrain trop vite. EN même temps, il ne l’a pas fait venir pour qu’ils restent silencieux tous les deux. Il a des choses à lui dire, des questions à lui poser… Il veut qu’elle l’aide à comprendre ce qu’il éprouve actuellement, qu’elle l’aide à savoir pourquoi il se sent comme il se sent alors que son désir le plus cher a failli être exaucé ce soir. Du moins s’était-il convaincu depuis des années que son plus cher désir était de voir son père crever comme le chien qu’il est… Maintenant, il n’en est plus aussi certain. Et ça le perturbe beaucoup. Trop. Il n’arrive plus à savoir, il n’arrive pas à faire le tri dans ses idées, dans ses sentiments. Il sait que c’est à son tour de parler. Il sait qu’il doit faire un pas vers Alma qui a fait le déplacement jusqu’ici, physiquement, et s’est psychiquement rapproché de lui. Alors après un long moment, après avoir peser ses paroles il se lance dans un raclement de gorge. « Je ne pensais pas que ça m’affecterait de cette manière » articule donc le motard en soufflant un nuage de fumée grisâtre, gardant son regard fixé sur un point devant lui, évitant celui d’Alma qu’il commence à sentir peser sur lui. « Je pensais que c’était ce que je voulais, qu’il disparaisse de ma vie. Je pensais que j’aurai l’impression que Maman serait vengée le jour où ça arriverait et moi aussi. Pour tout ce qu’il m’a fait. Ce n’est pas ce que j’ai ressenti. » Il marque un instant d’hésitation, se demandant s’il doit lui dire ce qu’il a ressenti ou pas. Et puis il décide qu’elle a droit de savoir. Il a envie qu’elle sache. Il faut qu’il soit honnête s’il veut qu’elle l’aide à comprendre. « Je me suis senti comme l’homme le plus seul du monde… Ce sentiment aurait dû se dissiper lorsque j’ai compris qu’il n’était pas mort mais ça n’est pas le cas. Je me sens trahi. C’est un peu comme avec le sexe. Quand j’entendais tout le monde en parler quand j’étais jeune, ça m’apparaissait comme quelque chose de fantastique, plein de mystères, une expérience unique. Et puis j’ai testé et ça n’avait rien de mystérieux. Juste de la chair contre de la chair. Vulgaire. J’ai été déçu à l’époque. Je suis déçu aujourd’hui. »
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Sujet: Re: this trumpet in my head Sam 2 Déc - 13:00
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Ezra Cavanaugh
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Sujet: Re: this trumpet in my head Dim 3 Déc - 10:23
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ft. Alma
Il a pesé le pour et le contre de cette réplique. Ezra mesure l’impact qu’elle pourra avoir sur son interlocutrice, qu’elle aurait sur n’importe qui. Un homme normalement constitué ne tient pas de tel propos vis-à-vis de l’acte sexuel. Les hommes qu’Alma a l’occasion de fréquenter au club on tendance à vanter leurs exploits, à ne faire que parler de leurs conquêtes, comparer leurs tableaux de chasse et à observer lubriquement toutes représentantes de la gente féminine. Mais il n’est pas un homme comme les autres. Ces choses là ne l’intéresse pas. Dès son premier rapport, il a eu l’impression d’avoir fait le tour de la question. Il s’est dit que, peut-être, le souci venait du fait que sa partenaire n’avait pas suffisamment d’expérience en la matière, alors il s’est payé une professionnelle. Une fille du club avec une réputation. Mais ça n’a rien changé à son sentiment. Ca l’a simplement déçu encore un peu plus. Alma est au courant de cela à présent. Mais ça ne le dérange pas tellement. Pas dans l’état où il se trouve à l’heure actuelle. Parce que plus rien n’a véritablement d’importance… Rien n’en a jamais vraiment eu en fin de compte. C’est ce qu’Ezra tâche de lui faire comprendre. Il aimerait qu’elle lui trouve une solution, qu’elle joue les prestidigitatrice et sorte un lapin de son chapeau. Ezra a besoin qu’elle lui donne une raison de continuer à avancer, quelque chose à quoi se raccrocher. Il tombe. A l’intérieur de lui-même. Il n’a plus aucune prise, aucune emprise non plus, sur quoi que ce soit. Le sol se dérobe sous ses pieds et l’atterrissage sera mortel, il en a conscience. Une part de lui veut encore vivre et cette part s’adresse présentement à Alma et compte sur elle pour lui fournir un parachute, un point d’ancrage, un nouveau tremplin. Quelque chose. N’importe quoi. Elle est la seule en mesure de le faire. Elle a toujours été la seule capable de faire ça, depuis que Meredith lui a été brutalement arrachée. Mais elle n’y arrivera pas. Elle n’a rien à offrir parce que cette vie n’a rien à offrir. Tout ça n’est que du vent qu’ils brassent inutilement. Tu nait, t’en chies, tu crèves. Ezra ne sait plus où il a lu ça, mais cette phrase raisonne en lui. Elle est présentement la seule qui ait le moindre sens. Amasser de l’argent, tromper son monde, faire souffrir les autres et en particulier son père, voilà pour quoi il existe, voilà ce qui lui procure un minimum de satisfaction. Mais plus maintenant. Ce n’est plus suffisant. Il lui manque quelque chose… Un but. Qu’est-ce qu’il fera de tout cet argent que les serbes vont lui rapporter ? Dans quoi est-ce qu’il pourra l’injecter ? Une propriété ? Un foutu ranch ? Un yacht ? Ezra ignore ce qui lui fait envie. Rien. Voilà ce qui lui fait envie. Tromper son monde est amusant, grisant par moment, mais personne ne le sait alors à quoi bon ? Auprès de qui s’en vanter ? Personne. Il n’a personne à qui parler. Quant à torturer son père… Même ce petit plaisir là vient de disparaitre, maintenant que Caleb a lui-même failli disparaitre. Il ne lui reste rien. Rien qui en vaille la peine. A part peut-être Alma.
Elle reprend la parole et il l’écoute, sans grande illusion, déjà convaincu que son argumentaire sera un échec. De fait, il l’entend simplement reformuler ses propres dires. Ezra sent bien qu’elle essaie, qu’elle veut le comprendre et peut-être qu’elle y parvient réellement mais qu’est-ce que ça change ? « J’entends par-là qu’il n’a pas su mourir. » Ses sourcils se froncent alors qu’il s’attarde un instant sur ces propos. Est-ce que ça pourrait être ça ? Est-ce que le souci vient du fait qu’il n’est PAS mort ? Est-ce que s’il avait véritablement passé l’arme à gauche, il se sentirait véritablement libéré de ce fameux poids dont il parlait ? Non. Parce que torturer Caleb est la seule chose qui compte encore un peu. Il était son objectif. Le seul en réalité. Toute son existence tourne autour de ce besoin viscéral de se venger de lui, de lui faire payer l’assassinat de sa mère. S’il venait à disparaitre, alors qu’est-ce qui lui resterait ? Rien. Absolument rien. Mais le fait qu’il s’en soit rendu compte revient au même maintenant. Il ne lui reste plus rien. Il a deviné que sa mort, qu’il pensait désirer plus que tout, conduirait à sa propre perte… Il va devoir revoir sa façon de penser, d’appréhender le monde. Il va devoir se trouver un autre but. Sauf que pour le moment, il n’arrive à penser à rien. Rien du tout. Il n’y a que le néant. En lui et autour de lui. Le Grand Rien. Alma en est arrivée à la même conclusion que lui. Ezra croise son regard, espérant qu’il y ait une suite à son discours et qu’elle ne se contentera pas de citer l’évidence. Mais elle ajoute bel et bien quelque chose. Quelque chose qui, dans un premier temps, lui parait totalement absurde et lui crache un sourire méprisant. « Tu crois qu’une discussion à coeur ouvert avec lui me sauvera de moi-même ? » lui réplique-t-il froidement, avant de cracher délibérément sa fumée dans le visage de l’avocate qui se tient à ses côtés. « Tu nous imagines nous asseoir à une table tous les deux et nous lancer dans des confessions poignantes ? Et alors qu’est-ce qui se passera Love ? Il se mettra à chialer comme un gosse, me demandera pardon pour tout le mal qu’il m’a fait, passera peut-être même son bras autour de mes épaules et me la pincera doucement… Et alors quoi ? Je serai touché par ce geste paternel, l’enlacerait à mon tour et nous pourrons effacer l’ardoise ? » ironise Ezra, tout en sachant que ce n’est pas ce qu’elle voulait dire. Mais il a envie de l’agacer. Il a envie de se prouver qu’il est encore capable de faire ce genre de choses. Qu’il a encore assez de force pour mordre… « On sait tous les deux que si je tentais de lui parler, il me mettrait son poing dans la figure et me demanderait d’arrêter de jouer les fillettes. » Il le sait parce qu’il a déjà essayé. Il a déjà essayé d’arranger les choses avec Caleb. Enfin non, pas tout à fait… C’est juste que durant l’adolescence, il n’a pas toujours été en mesure de se maitriser et a fait sortir certaines choses. Pas de la manière la plus intelligente qui soit d’ailleurs…
Il se souvient d’ailleurs d’une situation plus ou moins similaire à celle-ci. Il devait avoir quinze ans à peine à cette époque. Son père l’avait une fois de plus humilié devant tout le club pour une raison dont il ne parvient plus à se souvenir et, n’y tenant plus, Ezra lui avait balancé ses quatre vérités au beau milieu du sous-sol du Crash que Caleb gérait à cette époque. Il était passé pour un hystérique. Repenser à cette scène encore aujourd’hui le met mal à l’aise… Au lieu de rétablir son honneur, d’humilier son géniteur à son tour devant ses paires en le confrontant à ses erreurs, il n’avait fait que se tourner davantage en ridicule. Oh bien sûr, aucun des motards présents n’avaient ris. Ils s’étaient même certainement senti un peu minables, et il se souvient que Gabriel avait tenté de l’apaiser sans y parvenir. Furieux contre son père et surtout contre lui-même, Ezra avait finit par mettre les voiles. Mais avant de partir, il était allé crever les deux pneus de la bécane de son père… Manque de chance pour lui, Caleb avait décidé de lui emboiter le pas. Soit pour recommencer à lui faire la leçon, soit pour lui filer une correction, soit pour s’excuser. Mais cette dernière option semblait peu probable… Toujours est-il qu’il l’avait surpris en train d’abimer sa moto. Le regard défiant, au lieu de paniquer, Ezra avait alors appuyé son pied sur l’engin pour donner une impulsion et le faire basculer. Après ça, il avait pris ses jambes à son cou et était miraculeusement parvenu à distancer son paternel, après une course poursuite de près de cinq longues minutes dans les rues de Chicago. Conscient que cette fois, il allait payer son geste le prix fort, l’adolescent qu’il était alors était allé trouver refuge chez Alma pour se faire un peu oublier. C’est à ce moment qu’ils avaient eu une conversation assez similaire, à laquelle Ezra repense aujourd’hui…
***
Il n’arrive pas à se calmer. Il tourne en rond comme un lion en cage, faisant des allers retours devant la jeune femme tout juste majeure. Il serre les poings, les rouvre. Des larmes de rage ont coulées sur ses joues et menacent de recommencer à couler. Il a l’impression que quelque chose va imploser en lui. Son coeur qui cogne à tout rompre dans sa poitrine ? Sa cervelle en ébullition ? A moins que sa peau qui lui donne l'impression de grouiller d'insectes rampants ne se déchire tout simplement... « J’vais l’crever ! Il faut qu’il crève ! Je veux qu’il crève Alma ! S’il crève pas c’est moi qui vais crever ! » s’emporte-t-il en continuant de tourner en rond dans le jardin de la brunette, avant de s’immobiliser et de se frapper le crâne de son poing. Une fois, deux fois. Jusqu’à ce qu’elle intervienne.
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Sujet: Re: this trumpet in my head Dim 17 Déc - 21:07
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Ezra Cavanaugh
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Sujet: Re: this trumpet in my head Jeu 21 Déc - 10:10
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ft. Alma
Elle attrape ses poignets et une lutte s’impose entre l’adolescent et Alma. S’il est plus fort qu’elle et animer par la rage, son désir de la préserver prend le dessus et l’empêche d’être efficace. Il se laisse donc faire, en partie soulagé qu’elle soit intervenue comme elle vient de le faire, qu’elle n’ait pas choisi la violence à son encontre ou la fuite, comme l’auraient fait la plupart des membres du club. Ceux qui ne veulent rien voir, rien entendre, rien savoir. Ceux qui sont restés passifs quand son père a commencé à l’humilier, qui détournent le regard chaque fois qu’il l’attrape tout à coup par le bras ou lui en colle une sans véritable motif. Alma ne fait jamais cela. Alma intervient. Alma ne fait jamais la sourde oreille et l’écoute vraiment. Elle ne le comprend pas toujours mais elle s’y essaie. Quand il s’éloigne, elle va toujours le rechercher. Quand il la repousse, le coeur chargé d’effroi, elle revient systématiquement vers lui. Ca lui fait un bien fou chaque fois qu’il a l’occasion de le constater, de tester cet amour qu’elle dit lui porter et qu’elle confirme éprouver par ses gestes et paroles… Il plonge son regard brûlant et incisive dans le sien et Alma le soutient sans ciller. Il continue malgré tout de chercher la faille, de chercher la peur dans son regard, le dégoût, quoi que ce soit qui puisse le conforter dans son idée qu’il n’est qu’un monstre, un refus dont personne ne voudra jamais. Mais Ezra ne trouve rien de cela, et se laisse peu à peu envahir par le soulagement. La voix de la jeune femme lui fait autant de bien que la douceur de son regard, braqué sur lui. Elle est tout ce qu’il voit et il est tout ce qu’elle voit. L’univers leur appartient à cette seconde. Alma lui appartient. Elle est là, rien que pour lui. Toujours. Elle l’aime et il l’aime. « Un. Deux. Trois… » commence-t-il à réciter avec elle. Avec elle. Pour elle. Elle est avec lui, corps et âme pour ces quelques secondes. Elle est là pour lui et uniquement pour lui. Elle ne pense plus à ses études ou à ce crétin de Prospect qui la regarde un peu trop souvent au goût d’Ezra à qui rien n’échappe. Elle est à lui, rien qu’à lui… Et pour quelqu’un qui, comme lui, n’a rien ni personne : c’est une véritable bénédiction. Les mots perdent leur sens. Ezra les récite distraitement, mécaniquement, pendant qu’il détaille les traits de son visage, se perd dans son regard.
Les secondes s’écoulent et sa rage s’apaise. Lorsqu’elle l’estime calmé, Alma relâche peu à peu la pression sur ses poignets. Elle l’observe, prudemment mais sans crainte. Elle n’a pas peur pour elle-même, elle a peur pour lui. Ce n’est pas de la pitié comme il a pu en voir dans les yeux de certains. Ezra sait faire la différence. Elle veille sur lui, le couve de son regard bienveillant. Ezra se reprend. Ses épaules en tension s’affaissent un peu à mesure qu’il se détend. Alma lui propose d’aller s’asseoir un peu pour qu’ils puissent discuter et l’adolescent accepte de la suivre. Ils s’installent sur l’herbe devant la propriété, leurs jambes dépassant du trottoir et s’étendant devant eux sur le bitume. La circulation est loin d’être intense dans ce quartier et seuls quelques piaillements d’oiseaux et cris d’enfant viennent rompre l’après-midi tranquille. Alma s’allume une cigarette et en propose une à Ezra qui l’accepte en silence. Ses mains tremblent encore trop pour qu’il soit capable de l’allumer et Alma finit par lui reprendre délicatement le briquet pour lui venir en aide. L’adolescent la laisse faire, trop las pour protester. Il a couru sur des kilomètres pour venir jusqu’ici se décharger de sa rage et est à présent épuisé. Le silence perdure encore un moment et Ezra devine que son amie veut le laisser s’exprimer librement, le laisser venir à elle. Et puisqu’elle a fait un pas vers lui, il accepte d’en faire un à son tour… « Je supporte plus ça. Lui. Cette ville, cette vie… » se lâche-t-il en crachant un nuage de fumée, son regard sombre braqué sur l’asphalte sous ses talons. « Je suis constamment en colère Alma. Constamment » insiste Ezra en se risquant à croiser son regard. Il déglutit péniblement, la gorge nouée. « Ca finira mal. Ca finira forcément mal… Pour lui ou pour moi… Je le sens…je le sais, Alma. Je le tuerai ou il me tuera. C’est comme ça que ça se passera, tu peux me croire sur parole… Le jour où l’un de nous tombera, l’autre ne sera pas loin et aura sa part de responsabilité dans cette chute… » Ezra est intimement convaincu. Il pense que Caleb aura sa peau, qu’un jour, il le frappera trop fort ou au mauvais endroit, et que s’en sera fini de lui. Comme ça en a été fini de Meredith, sa mère. C’est le scénario le plus plausible parce qu’il n’est pas en mesure de se frotter à son père et de ressortir vivant de ce combat. Il n’existe de David capable de combattre un Goliath que dans les fables. Sa seule chance d’avoir son père serait d’utiliser la ruse… Mais il n’est pas certain d’ne être capable. Il le hait…et en même temps, quand il le regarde droit dans les yeux, il cherche encore. Il cherche encore à trouver quelque chose qui s’apparenterait à ce qu’Alma a dans le regard quand elle le voit. Il cherche encore une trace, même infime, d’approbation, d’affection, quelque chose, n’importe quoi…
Dernière édition par Ezra Cavanaugh le Dim 21 Jan - 13:30, édité 1 fois
Alma L. Lennox
crédits : @me messages : 271 quartier : Une petite maison dans le West Side avec son fils, et bientôt son mari McKinney physique : Alma a perdu du poids, victime d'un syndrome post-traumatique suite à la mort d'Ezra, elle ne revient que partiellement au cabinet Lennox. De nature insomniaque, elle a du augmenter son traitement pour pallier ses problèmes de sommeils, aggravés.
Sujet: Re: this trumpet in my head Jeu 11 Jan - 20:13
ft. ezra my boy, just needs to rest
⇜ code by bat'phanie ⇝
Ezra Cavanaugh
crédits : shiya messages : 188 physique : décédé
Sujet: Re: this trumpet in my head Dim 21 Jan - 14:09
you say you can't stand me when I'm quiet so I shot you in my silence
ft. Alma
Les secondes passent et elle ne dit toujours rien. Ezra se résigne. Il sait qu’il a raison. Il le sait et elle le sait. Tout le monde le sait, comme tout le monde savait que Caleb buvait trop et, qu’avec un coup dans le nez, il devenait agressif, violent. Et personne n’a rien fait pour les protéger de sa fureur, lui et sa mère. Maintenant Meredith est morte et il est contraint de vivre sous le même toit que le meurtrier de sa génitrice. Il est contraint de le supporter tous les jours, de supporter ses regards méprisants, méfiants, mesquins… Il est contraint de supporter son bonheur, retrouvé auprès de Sondra. Ezra est obligé de voir grandir les filles de son père, ses demi-sœurs qu’il déteste viscéralement et qu’il voudrait noyer toutes deux, étouffer avec sa haine. Tout le monde est heureux. Tout le monde sauf lui… Et puis Alma reprend finalement la parole et les mots qu’elle choisit sont exactement ceux qu’il voulait entendre, qu’il avait BESOIN d’entendre. Elle ne le laissera pas lui faire de mal. Et il la croit. Il décide de la croire sur parole. Parce qu’il voit l’affection qu’elle lui porte dans son regard, dans ce sourire doux qu’elle lui adresse. Ezra lui fait aveuglément confiance. Elle est son rempart, sa bouée de sauvetage, sa lueur dans toutes ces ténèbres dans lesquelles il s’embourbe toujours davantage, sans rien pouvoir y faire. « …j’ai confiance en toi, on va trouver un moyen de te délester de cette colère, d’accord ? » lui dit-elle en lui imposant son regard. Il veut y croire. L’adolescent voudrait croire que c’est possible, qu’avec un peu de force, un peu de cet amour qu’il désespère d’obtenir et qu’elle pourrait lui offrir : il sera en mesure de se délester de cette rancœur qui noirci son cœur et son âme depuis tant d’années. Mais ça semble trop facile… Et il sait que rien ne l’est. Rien n’est acquis, rien n’est simple. Pas pour lui, pas dans son monde. Peut-être que dans celui de Alma, les choses sont différentes et ça rend le fait de s’en convaincre plus simple pour elle. Il essaie d’avoir l’air convaincu mais doute d’être convainquant. Ezra soupire, appréciant de la sentir un peu plus proche de lui que précédemment. Il aimerait pouvoir s’autoriser un rapprochement à son tour mais n’ose pas.
« Mais avant toutes choses, raconte-moi. Qu’est-ce qu’il s’est passé là-bas ? » Alors il lui raconte. L’humiliation, le regard des autres pesant sur lui à un moment puis le fuyant comme la peste. Il lui raconte l’indifférence des témoins de la scène, la haine dans le regard de son père. Il ne lui parle pas de sa peur. Des images qui lui sont venues quand il a senti que Caleb perdait patience, de la boule qui s’est formée dans son ventre et qu’il a cherché à compenser en se montrant agressif à son tour. L’adolescent lui raconte comment il a poussé la moto de son père au sol et la voit se tendre. Elle sait que son père ne pourra laisser passer un tel affront. On ne touche pas à l’engin d’un motard. Jamais… Ezra lui raconte ensuite sa fuite, son impression que son père allait le pourchasser. Et finalement, il lui avoue qu’il a pensé à elle, son seul refuge. « Je savais pas où aller d’autre… T’es la seule… T’es la seule à pas me dire d’arrêter de faire des vagues et d’essayer de me mettre à sa place… T’es la seule à pas me dire de prendre sur moi en me rappelant que bientôt, je serai en âge de me tirer de chez lui et de vivre ma vie… T’es…la seule avec qui je peux parler de ma mère sans avoir droit à ce regard que je déteste… » Cette pitié détestable, cette lâcheté. Ils savent tous. Ils l’ont connue. Ils ont connue Meredith, savait ce qu’elle subissait et aucun ne l’a aidée. Et ils ont tous hoché la tête d’un air désolé quand Caleb leur a raconté sa version des faits, celle qu’il a donné aux ambulanciers et à la police. Cette version dans laquelle c’est Ezra le responsable. Lui et ses jouets qu’il laissait trainer partout dans la maison, qu’il a laissé négligemment en haut des marches et ont entrainé la chute mortelle de sa mère… Il soupire à nouveau, une fois son laïus terminé, et se tourne vers la brune aux yeux clairs. « J’peux rester chez toi un peu ? Juste le temps…que ça se tasse ? » Alma accepte et lui propose de retourner à l’intérieur pour boire un coup et se réhydrater un peu après le marathon qu’il vient de se faire. Il accepte et lui emboite le pas, ravi de pouvoir passer un moment avec elle… Il en oublierait presque la raison de sa venue jusqu’au domicile des Burton.
***
Il a un souvenir encore cuisant de la manière dont s’est terminée cette journée… Mal, bien entendu. En le trouvant chez lui, le père d’Alma l’a chassé en y mettant les formes, lui disant qu’il ne pouvait pas le garder ici alors que Caleb le cherchait. Il lui a précisément sorti le genre de discours auquel s’attendait l’adolescent : qu’il fallait qu’il assume ses actes, se présente devant son père qui allait peut-être s’emporter mais qu’ensuite, ça irait mieux… Alma a bien tenté d’intercéder en sa faveur, en vain. Alors Ezra a pris son courage à deux mains, gardé une apparente assurance et a quitté la maison de son amie pour rentrer chez lui, sans se presser. Sur place, il a trouvé la maison plongée dans l’obscurité et a pensé l’espace de quelques instants pouvoir s’en tirer à bon compte. Mais c’était sans compter sur le côté vicieux de Caleb… Son père avait envoyé Sondra et les filles dormir chez des amis pour être certain que la belle-mère de l’adolescent n’intervienne pas, pour que ses précieuses princesses ne sachent rien du monstre tapis sous les traits de leur père aimant… Dès qu’il était rentré dans la maison, Caleb lui était tombé dessus. Il avait tenté de trouver refuge dans sa chambre, mais son père avait retiré sa porte et l’avait empêché de se terrer là. Il avait pris une raclée dans les règles de l’art. Une raclée qui l’avait empêché de se présenter en cours pendant une douzaine de jours. Une raclée qu’il s’était imaginé être la dernière, la fameuse, celle qui lui coûterait la vie. Mais non. Cependant, ça avait été la dernière qu’il ait jamais reçue de sa part. Peut-être parce que cette fois-là, Caleb s’était fait peur. Parce qu’en réalisant qu’il l’avait frappé assez fort pour lui faire perdre connaissance et provoquer des convulsions, il avait réalisé que les choses auraient pu aller encore plus loin. Peut-être que son père aussi avait cette espèce de Prophétie sur leur fin à tous deux dans un coin de sa tête…
Alors il à défaut de vraiment le cogner, le Président des Kings s’est mis à l’attaquer plus souvent avec des mots, avec des regards assassins, en usant d’armes plus perfides encore… Des armes comme James, comme MadMax, à qui il le comparait, qu’il regardait différemment de lui, comme il aurait aimé qu’il le regarde, lui, son fils. « Je ne sais pas pourquoi je t’ai dérangée pour ça, c'était idiot » enchaine-t-il tout à coup, se sentant mal à l’aise, gêné, envahi par des souvenir pénibles. « Je n’avais plus toute ma tête mais maintenant ça va mieux. Tu peux aller le voir si tu veux. Sondra est à l’intérieur aussi. Je vais rentrer. Genevieve doit s’inquiéter. »