hey handsome
L'histoire de votre personnage en minimum 30 lignes. 8 avril 1987. James pousse son premier cri. Il sera le seul enfant de William Manning et sa femme, Daisy, avant que celle-ci ne s’échappe, quelques années plus tard lorsqu’il a 7 ans. Enfant d’un milieu pas réellement favorisé, James ne vivra pas pour autant dans un besoin matériel affligeant. Le peu qu’il aura lui suffira au début, parce que ce n’est qu’un gosse, et qu’il ne posera pas de questions face à la mine sévère de son père. Un père absent, attaché à son travail plus qu’aux restes peu brillants de sa vie de famille et une mère partie refaire sa vie ailleurs, James se construit dans un cruel manque d’attention. Son père, trop fatigué, n’entendra jamais ses cauchemars d’enfants et sa mère ne répondra pas à une seule de ses lettres.
L’école n’est pas son truc, non plus, alors il s’investit dans ce qu’il sait faire le mieux : des conneries. C’est comme ça qu’il retient l’attention de son prof, de son père, qui vient le chercher quand il peut. La seule présence qui lui donne le gout d’être sage, c’est sa nourrice qui au final, fais plus du bénévolat qu’un réel job car les trois-quarts du temps, William Manning n’est pas capable de payer la vieille femme. Robin, c’est son nom, celui qu’il gardera près de son cœur lorsqu’elle partira alors qu’il a douze ans, fatiguée de jouer les bonnes samaritaines alors qu’elle a deux enfants et des petits enfants bientôt dont elle devra s’occuper.
A douze ans alors il se retrouve face à lui-même, incapable de tisser des liens sociaux normaux pour un gamin de son âge, toujours pris dans les bagarres et les mauvais coups. Avec la déscolarisation approchant, la délinquance vient avec, et James se retrouve rapidement enrôlé dans des actes dépassant le cadre limité de la cours d’école. Vol, casse, tapages, ce seront ses lots de consolations les soirs ou la colère et la culpabilité seront trop lourdes à supporter pour ses épaules d’adolescent. Pour passer son temps hors des cours, qu’il sèche pour la plupart, James se passionne pour la mécanique automobile et plus spécialement dans la moto. Peut-être que c’est comme ça qu’il essaiera de comprendre qui est son père.
Il aurait bien aimé faire des études, il aime lire, il aime comprendre les choses, il sait ça au fond de lui. Qu’il aurait pu faire quelque chose et aujourd’hui, si vous lui posez la question, James saura nier avec élégance. Lire est la seule chose qu’il gardera de cette jeunesse troublée.
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15 ans, c’est l’année où James se fait remarquer par le club. Et c’est le mot. Voler les clefs de la moto, c’était tout ce qu’il devait faire à ce type là, le grand gaillard au blouson de cuir, toujours entouré par plusieurs de ses gars. Il les aime bien ces types, en tout cas à son âge, caché derrière ses cheveux trop longs, il les trouve drôle quand il les entend parler. Mais ce jour là, quand il les observe caché derrière l’angle d’un mur sans savoir qu’ils l’ont déjà repéré, il n’est pas là pour les entendre parler. Non, récupérer les clefs de la moto, c’est ce qu’il veut, parce qu’on lui a demandé, parce qu’à l’époque il n’était pas influençable mais qu’il voulait rentrer dans ce groupe de garçons populaires.
Alors il se faufile, parce qu’il est doué il n’y a pas à dire, il passe comme ça à côté du mec qu’il bouscule un peu trop fort et s’excuse en glissant la main dans sa poche. Coup classique on dira. Si ça n’a pas marché, c’est parce que le président des KOS était à l’époque comme aujourd’hui, familier de ces techniques.
James, content que son coup ait marché fait trois pas. Uniquement trois pas, avant qu’un rire gras l’interrompe dans sa marche et que quelqu’un tire sur le col de sa chemise à carreaux bleue. Une raclée, c’est tout ce qu’il a récolté. On ne vole pas le président du club, ni aucun autre membre d’ailleurs. Au-delà des coups, ce sont les railleries que le jeune garçon en recherche d’adrénaline et d’acceptation n’a pas supportées. A chaque fois qu’il se prenait une moquerie, il revenait, droit devant son agresseur pour lever la tête encore plus haut et se reprendre une gifle, une tape dans le dos, et plus encore. Laissé là sur le bord du trottoir, lèvre ensanglantée, James s’est vu cuver une bonne grosse défaite. Car en plus de s’être fait tabassé et humilier, il était sur maintenant que les autres mecs à qui il voulait plaire s’était eux aussi bien foutu de lui, bien marré et s’était barré en crachant sur le souvenir de James.
Ce jour là et les jours d’après, James avait pris une décision. Il devait y aller, il devait les voir, leur demander. Il se répétait sans cesse ce que le grand barbu avait dit avant de lui mettre un coup de poing.
« Il est putain d’borné celui-là, j’aime bien ! Allez relève-toi, mauviette. »Mauviette.
Ça tournait en boucle. La douceur de ce qu’il voulait être un compliment face à l’amertume de ce simple « mauviette ». Alors le lundi suivant, James s’est présenté à un des garages appartenant au club, dans le west side. Le même gars au tag « Pres. » avait sourit sans rien dire, avec ce même air moqueur comme s’il l’avait gardé tous ces jours ou James s’était enfermé chez lui à ruminer sa honte. En arrivant là-bas, James n’était pas ‘fils de’ ou ‘cousin de’, non, il était juste… juste James, le gamin borné et casse-couilles, venu avec une fierté un peu trop lourde pour son corps d’ado et toute cette rage contenue. Bosser pour eux, puis prospect et enfin membre.
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Il a vingt ans et il sourit à cette vie dangereuse qui lui est offerte avec les KOS. 2 ans qu’il est membre et qu’on lui fait assez confiance pour le mêler à des affaires plus sombres qu’un simple job de videur de boite. 20 ans, accepté, aimé et en retour aimant sa nouvelle famille. Il lui a fallu assez peu de temps au final pour apprendre à apprécier chacun des caractères du club, et surtout ceux de la petite bande du président. Il fait son chemin, tranquillement. Sa moto, ses frères, des nanas quand il veut parce que bien sur se servir de son charme et de son intelligence pour serrer des filles, ça, il sait faire. Comme il sait réparer une moto maintenant, se battre, accuser les coups. Chaque jour quand il regarde ses tatouages il éprouve une fierté qui le rend complètement insensible au terme de légalité.
C’est cette année là qu’il la rencontre. Suivre les gars en moto, sous un beau soleil, comme un de ces films à la con qu’il n’a même plus le temps ni l’envie de regarder et croiser le regard de cette fille. Quand il avait réussi à lui parler, il avait compris pourquoi elle lui avait tapé dans l’œil. Natalia n’était pas une fille comme les autres, qu’il pouvait choper simplement en exhibant son cuir et son patch devant elles, oh non. Ça avait matché tout de suite entre eux. Et alors qu’il se croyait indompté, elle avait réussi à l’avoir et James était devenu aveuglément amoureux de cette fille là, à l’accent scandinave à tomber par terre.
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Pas même 21 ans et un matin, alors qu’il se lève, il se dit qu’il va la demander en mariage. James est loin d’être con, six mois qu’ils sont ensemble, mais il l’aime de manière complètement insensée alors pas un seul instant il se dit que ça va foirer, qu’elle va dire non ou se tirer dans deux mois. Il est trop sur de lui pour que ça foire. Quand il lâche son annonce tout sourire, quand il aperçoit l’étincelle dans les yeux de Natalia, il se jure de faire son bonheur.
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Parfois quand il regarde en arrière, dans le confort rudimentaire de sa cellule, James se dit que tout ça n’est plus qu’une sorte de… rêve. Et qu’il lui faudra se battre en sortant pour le reconquérir. Il repense à ses 23 ans, quand tout était presque parfait. Sa liberté qu’il vivait pleinement avec sa femme, puisque Natalia et lui étaient mariés aux yeux monde, aux yeux du club, aux yeux de n’importe qui voulant bien voir la fierté qu’il mettait à exhiber l’anneau à son doigt. Il se sentait roi, empereur et n’avait qu’à observer les prunelles de Natalia pour comprendre qu’elle avait contribué à cette place. Léger comme l’air.
Et quand il pensait avoir trouvé l’équilibre parfait, comblé le manque d’attention qu’il avait eu comme un boulet rattaché à sa cheville toutes ces années, quand il siégeait sur son petit trône personnel et pensé qu’il n’irait pas plus haut, Natalia lui avait alors offert le plus beau des cadeaux. Un enfant. Voila ce qu’elle portait en son ventre.
23 ans pour lui, 20 pour elle, ils étaient jeunes, mais peu importe. Lorsque la jeune femme lui avait amené cette nouvelle, rien à ses yeux n’avait été plus beau. La concrétisation de leur amour, de leur mariage un peu fou, de leurs échanges souvent insensés. Aujourd’hui quand il repasse les images de ce souvenir derrière ses paupières fermées, pour se calmer, il ressent encore la même chose. Cette espèce de fureur à l’intérieur du corps, qui crépite, qui le rend instable, bêtement joyeux. La bouffée d’amour qu’il avait ressenti à cet instant de sa vie était tout ce qui lui avait manqué durant sa jeune vie pleine de rebondissements. Tout à coup, il a avait près à pardonner les absences de son père, aller le voir, lui dire « He, William, tu vas être grand-père. », pire encore, courir jusqu’en Californie pour aller chercher sa mère et lui dire à elle aussi que son premier enfant allait être papa. Il était près à aller reconquérir les parents de Natalia, leur prouver qu’il était un homme bien et puis merde ! Il allait être papa. Après tout, rien d’autre ne comptait à par sa petite famille, alors au diable ceux qui n’approuvaient pas. Il allait être papa.
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Le dire au club, voilà qui est autre chose. Parce que la fierté sera mélangée à une sorte de pudeur. Il a grandit avec les gars du club et sa loyauté est sans limite. Ils sont sa famille, ses frères. Ce jour-là alors qu’il décide enfin à aller leur exprimer sa joie, quelque chose cloche. Les jours d’avant, plongé dans son bonheur sans fin, il n’avait alors pas remarqué les mines défaites de certains, il avait oublié… Quelques détails, sur les derniers évènements, avait éclipsé les mauvaises nouvelles d’un geste de main.
« Ok, la réunion commence. — J’ai un truc à vous dire, les gars.— On voit ça après, l’ordre du jour est… »Un monde qui s’écroule. Une vie de liberté contrariée. C’est ce qu’il retiendra de cette réunion ce jour-là. Tous les regards tournés vers lui, au moment ou la question fatidique lui a été posée.
Le trafic d’armes est une des activités du club à laquelle bien sur il participe, laquelle il a contribué à l’améliorer avec cette ruse qui le caractérise, il a aidé à le rendre plus discret. Ils se sont toujours gentiment moqués de lui à chaque fois que l’un d’eux trouvait un bouquin dans la poche intérieure de son cuir. Mais il est pratique d’avoir à disposition un gamin futé pour apporter des idées qui améliorent les services rendus. Pourtant sur ce coup, ce n’est pas son intelligence qui les a amenés à le choisir mais plutôt… l’absence de prison sur son casier.
« Un des flics nous a rencardés sur le fait qu’ils savent pour l’échange dans trois jours. On peut pas se retirer cette fois, ils vont venir jusqu’ici autrement, les armes sont déjà là. On ne doit pas les laisser fouiner ailleurs, il faut qu’on leur donne quelque chose. »Le temps que chacun réalise ce que ça sous-entend, James a sentit le truc venir.
« Pour ce qu’il y a là, 5 à 7 ans. On a tous un truc sur le dos, si l’un de nous y va ce sera facile le double. James, t’es le seul entre nous à pouvoir te taper la minimale. »Le calcul est vite fait selon lui à cet instant. Comme si c’était quelque chose qu’il avait préparé inconsciemment depuis le moment où il s’était assis autour de la table. Ils en avaient déjà discutés, il le sait, parce qu’ils sont là tous à l’observer comme s’ils n’attendaient que l’approbation du motard.
« On n’a pas envie de te dire ça, James mais, c’est soit toi, soit nous tous. — Je sais. »Il le sait. Il n’a pas besoin de l’entendre pour le savoir comme beaucoup de choses, d’ailleurs. Il devine très vite les choses et les gens, c’est en parti ce qui l’a aidé à grimper aussi vite et aussi jeune au sein des KOS. Il sait aussi qu’il ne peut se permettre de refuser. C’est sa famille. A-t-il a envie de les voir en prison ? Non.
A-t-il envie d’y aller ? Encore moins.
C’est en silence qu’il réfléchit, le regard posé dans le vide. Il sait, et déjà au fond de lui sa décision est prise. Il ne peut et ne veut même pas envisagé de fuir, non, James est un type fidèle et il n’a pas peur. Il n’a pas peur des barreaux de cellules, ni même d’attendre, la patience ? Il en a un certain stock. Il n’a pas peur qu’on le passe à tabac, il n’a pas peur de devoir montrer les crocs, rien de tout cela ne lui fait battre le cœur.
Jamais il ne se risquerait à dire non. Un code est un code. Il s’est tatoué les couleurs de son clan dans le dos alors il sait, oh oui comme toutes ces autres choses qu’il se dit depuis que l’annonce est tombée, que jamais ils ne le laisseront dire non sans représailles. Si son cœur bat aussi vite c’est qu’il comprend que Natalia serait en danger, son enfant à naitre aussi.
James a pertinemment conscience que s’il se met en travers du club, ce sera sa femme qui en pâtira après lui. Lui-même a déjà été acteur dans ce genre de situations, une fois seulement il a vu un de ses frères se retourner. Il se souvient alors du goût de la trahison dans sa bouche et celle de la vengeance.
Il refuse de trahir sa famille, ses frères et de mettre sa femme et son enfant en danger.
« J’irais. »Ses mots lui assèchent la gorge. Il ne verra pas sa fille ou son fils naitre. Il ne pourra plus regarder sa femme dormir au matin, il ne passera plus son temps à déconner avec ses frères.
« J’irais mais Natalia est enceinte. »Plus que sa régulière, sa femme. Il ira en prison pour eux, il se fera coffrer. Et bien sur en échange, ils s’occuperont d’elle comme ils savent le faire. Il a confiance en eux, il a toujours eu confiance en eux, et quelque chose en lui sait qu’il fait cela pour le club, pour qu’il perdure. Pour la première fois de sa vie il n’aura pas envie de pleurer parce que sa mère lui manque mais parce qu’il manquera à son enfant.
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Chaque fois qu’il repense au moment où les menottes se sont passées autour de ses poignets, James tremble de peur à l’intérieur de lui. La cellule, les barreaux, les commissariats il connaît. 6 ans c’est ce qu’on lui donne à faire. Et durant toutes ces années ce sera la peur de mourir au levé par la lame d’un gang ennemi qui le tient éveillé, affuté. Six ans de prudence. Six ans où il ne reçoit des nouvelles de son enfant que par le club, puisque sa femme Natalia, trahie, ne daigne pas lui amener de photos. Il comprend sa colère, il comprend sa peine. Bien sur qu’il se sent coupable mais il préfère la savoir énervée, il préfère la voir venir au parloir, le venin au bord des lèvres, que morte ou balancée dans il ne sait quel réseau de prostitution du club. Les règles sont les règles. Celles qu’il a appliquées aux autres s’appliquent à lui-même.
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Bien qu’il porte constamment le souvenir de la prison dans sa tête, James est aujourd’hui libre, il a repris sa place au sein du club et tâche d’en faire de même dans la vie d’Eliott et Natalia. Plusieurs mois après sa libération, James profite de sa liberté et s’implique dans le quotidien de sa famille, de son club, venu chercher ce qui lui reviens, du calme et ses responsabilités après 6 ans de taule.