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Ayleen McKinney

Ayleen McKinney
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MessageSujet: [FLASHBACK] Prisoners   [FLASHBACK] Prisoners EmptySam 13 Jan - 14:47

Prisoners
Milo & Ayleen


Les vitres sont ordinaires. Sans teint, sans couleur, sans lumière, ternes Elles sont ordinaires, transparentes, rayées à la force d'une larme, à la trace d'une clé, de l'ongle d'une dame, d'une femme esseulée, d'une concubine et de gosses paumés face à leur taulard de père tueur, violeur ou bien juste drogué. Les vitres sont ordinaires, sales, dégueulasses, des cœurs gras tracés du bout des doigts, des contours de paumes humides laissés ça et là, des ronds de buée dessinés par les respirations chaudes, tristes et saccadées. Les vitres sont ordinaires, d'une banalité affligeante et volontaire, d'un ennui mortel résultant de l'ambiance d'un tel endroit mortifère. Les murs en bas sont verts, les parpaings apparents du haut, eux, sont restés gris façon béton lavé. Au sol, le lino transpire des vapes de javel qu'un homme de ménage, dans le fond de la pièce, laisse avec les lanières trempées de son balais à la pointe de plastique cassée. Dans le bourdonnement des conversations des détenus, dans le brouhaha des grilles que l'on ouvre, des vêtements que l'on tâte et que l'on fouille, Ayleen intègre enfin l'immense parloir. Ses pas résonnent, les roues de Billy crissent, laissent des sillons épais d'un noir de caoutchouc. Ayleen intègre enfin l'immense parloir, cette pièce qu'en plus de deux semaines il lui eut été impossible de voir, d'apercevoir, la perspective d'une simple visite quotidienne s'étant avérée purement vaine et sans espoirs. Elle l'intègre enfin, sous les conseils avisés de son père, sous le piston corrompu d'un gardien qu'il connaît bien, un gardien loin de faire dans les règles, de suivre bille en tête les ordres d'une flic un peu trop zélée, fêlée, complètement tarée pour avoir osé y foutre son petit ami et surtout pour s'octroyer le droit de lui refuser certaines visites mis à part peut être celles de son avocat. Aspect légal oblige. Ayleen intègre enfin le parloir, un sentiment de satisfaction accroché à ses tripes comme pour marquer cette maigre victoire. Elle rentre, elle se dirige comme on lui a dit de faire vers un minuscule box, vers une cabine dans le mur incrustée, cachée derrière des tables larges et de grands bancs. Elle avance, patiente, regarde par dessus la glace le type imposant qui s'y tient. Il est entrain de faire une série de mots fléchés en mâchonnant son crayon de bois gonflé de salive. Ses yeux jaugent sa tenue, sa combinaison, son attirail d'un bleu marine intense sur lequel trône un badge avec une photo d'identité, un nom écrit qu'elle tente de lire pour pleinement se rassurer. Bobby Jones. C'est ça, c'est bien lui qui est censé l'autoriser à le voir, à lui parler, à la faire entrer. « Hm, bonjour ? Excusez moi ? » Elle toussote, dégage ce qui encombre sa gorge pour éclaircir sa faible voix. « Excusez moi ? » Le gars se redresse dans son fauteuil, rajustant sa casquette et plante ses yeux sur elle, tout droit. « Votre nom et celui du visité. » D'un pas elle se rapproche un peu, collant presque sa bouche à la parois, l'abaissant au plus bas. « Ayleen McKinney pour Milo Lawson. » Il lève un sourcil, comprend la requête et puis soupire. Il gonfle sa joue rasée du bout de sa langue, comme s'il mâchait un chewing-gum ou bien qu'il tentait de curer le coin d'une de ses dents tandis qu'il sort une feuille à colonnes, inscrite des patronymes des détenus visités dans bien plus tôt dans la matinée. Il la sort, la glisse dans un misérable interstice. « Ok. Signature ici, ici, là, et là. » Accompagné du papier, un stylo à la pointe coupée afin qu'elle puisse faire mine de signer, d'inscrire son nom qui n'est pas censé y figurer si cette garce et ses sbires se mettaient à vouloir vérifier. « Très bien. Attendez dix minutes. Boxe numéro quatre sur votre droite. Vous allez effectuer ce numéro ci pour le téléphone.  »

Il est censé s'occuper des formalités, des quelques détails afin de justifier une sortie de cellule de ce nouvel arrivé. Gabriel n'a pu faire autrement que de se bouger, que de rassurer sa seule et unique fille face à cette détresse pour cet être incontestablement aimé. Tomislav s'est quant à lui montré plus mitigé mais s'est tout de même résolu à l'emmener jusqu'ici, à l'attendre sagement garé sur le parking, en bas, un magasine de sa langue natale avec des filles très blondes tordus entre ses doigts. Les dix minutes passent. Les dix minutes s'écoulent sur son siège bien gros, peu confortable et plein de crasses. Les dix minutes passent et se terminent dans un rugissement métallique. La grille derrière les vitres s'ouvre, laissant pénétrer les silhouettes de gros bras solidement harnachés à leur maigre prisonnier. Milo. Son Milo. Il est là, la tête penchée vers le bas, les menottes à ses pieds et ses poings liés. C'est directement vers elle qu'ils le font avancer. Le crâne loin d'être bien rasé, ses cheveux gras et d'une longueur désormais négligée se couplent à la broussaille d'une barbe naissante. Sale et rachitique ils le détachent, le font asseoir. Lentement, le bleu de son regard se perd sur elle, elle et ses yeux larmoyants, ses émotions chamboulées et son apparence frêle. Elle veut le prendre dans ses bras. Elle veut le prendre contre elle, le serrer fort, maintenant, tout de suite, là. Un sur le champ impossible, inconcevable et plus encore insupportable. Elle décroche le téléphone, compose le numéro pour que leur conversation puisse avoir lieu, il le prend à son tour sans prononcer ne serait-ce qu'un mot pour commencer. « Hey...Tu tiens le coup ? » Question bête, question stupide. Sans réponse de sa part elle le déduit aisément. « Désolée. » Elle renifle, bruyamment, éloigne de quelques centimètres le combiné pour d'un revers de manche essuyer les tuyaux qu'elle a dans le nez. « Je...J'ai demandé à mon père de prévenir quelques unes de ses connaissances qui sont ici pour te protéger et t'aider j'espère qu'elles ont fait ce qu'il fallait faire et que tu n'es pas malmené. » Pas vraiment de suspens, plus vraiment de mystères. Elle qui n'avait jamais abordé la question d'un paternel biologique en vice président d'un groupe de malfrat, le voilà forcément au courant de tout ça. Du moins elle l'espère. « Dis moi qu'ils sont venu, que tu es protégé au moins maintenant. » Il déglutit, il a comme les lèvres sèches, la peau de ses traits tirée. « Tu... Tu me manques Milo, j'ai essayé de te faire sortir de là, je vais continuer c'est promis juré. »
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Milo Lawson

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] Prisoners   [FLASHBACK] Prisoners EmptyDim 21 Jan - 11:35


 
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ayleen & milo

 
Je vais craquer. Je vais exploser. Je le sens. Je ne suis là que depuis quelques jours et j’ai déjà l’impression de devenir complètement fou. Je ne suis pas fait pour être enfermé. Je ne suis pas fait pour tourner en rond, pour être mis en cage. Je le sens, je vais partir en vrille. J’ai envie de me cogner la tête dans les murs, de trouver n’importe quelle méthode pour m’échapper. Je ne suis là que depuis quelques jours et j’ai déjà sérieusement envisagé de mettre un terme à mon existence. Je ne supporte rien, ma peau me donne l’impression d’être en fusion, me démange. J’ai une envie furieuse de m’en échapper, de m’en débarrasser et de laisser mon esprit, mon âme – appelez ça comme vous voudrez – s’envoler loin de ce trou à rat.
Et il n’y a pas que l’enfermement… Il y a cette chose qu’ils m’ont faite. Cette chose dégoutante à laquelle je ne veux pas penser. Mais comment est-ce que je suis supposé faire pour penser à autre chose alors que je n’ai RIEN à faire de mon temps ? Les quelques instants que j’ai pu passer avec mon avocat commis d’office puis l’avocate envoyée par Ayleen ont été de véritables bouffées d’air frai. Enfin façon de parler parce que chacune de ces sorties, même si elles m’ont permises de m’éloigner de tous les barges enfermés là avec moi, ont tournés à la catastrophe. J’ai essayé de faire bonne figure, essayé de garder mon calme et de rester maitre de moi-même, mais ça n’a pas été possible. D’abord je me suis révolté, j’ai clamé mon innocence, crié au scandale, et puis il y a eu les pleurs, l’incompréhension, la panique. Parce qu’ils ne peuvent pas encore me faire sortir de là. L’avocate des Kings of Speed va s’y essayer, a pointé des tas de choses qui pourraient accélérer ma libération contrairement à mon avocat à moi qui avait juste l’air de se faire chier en ma présence. Elle m’a promis de m’aider mais je suis ENCORE là alors sa promesse de m’avance pas à grand chose. Elle me permet de me raccrocher à quelque chose mais ce n’est pas suffisant. Je sens que ça ne va pas suffire. Je vais faire une connerie. Il faut que je sorte de là.
Il faut que je vois Taylor, Ellie, que je retrouve mon chez moi, mon cocon, que je sorte de là putain !

« Arrête de bouger, tu vas m’foutre la gerbe » soupire l’un des grands malabars qui se sont installés depuis ce matin à la porte de ma cellule avec pour mission d’assurer ma protection. Ils ont des surnoms à coucher dehors mais je m’en moque. Je pourrai les embrasser. Mes héros. Ce sont des durs à cuir, habitués à cette vie contrairement à moi et ils me font peur…et en même temps sans eux, je sais bien ce qui se passerait. Encore…
« J’y arrive pas. »
« Essaie plus fort. Sinon je t’assomme. »
Alors j’essaie plus fort. Je m’assois sur ma couchette, laissant mon genou tressauter nerveusement alors que je lutte pour ne pas éclater en sanglots. Ils m’ont dit que je ne devais jamais faire ça. Mon avocate me l’a dit aussi. Je ne dois surtout pas pleurer. Je dois me montrer fort, intimidant, sinon je vais me faire bouffer ou…pire. Mais le pire est déjà arrivé. Parce que ces conseils sont venus trop tard. Parce que mon service de protection est arrivé trop tard…
« Lawson ! Visite pour toi, ramène ton cul ! » lance tout à coup un des gardiens.
Les hommes chargés de ma protection se dressent devant lui et le toise. Il n’est pas impressionné. Je les observe, indécis, partagé entre la joie de sortir d’ici et la crainte d’avoir à traversé la salle principale avec un des gardiens. Ils sont tous de mèche. Ils savent ce que j’ai dis. Ils savent que j’ai clamé haut et fort qu’une flic, une de leur collègue, m’a piégée et envoyé ici en trafiquant des preuves. Ils estiment que je mens, que je suis un délinquant de plus voulant se servir du système pour s’en tirer à bon compte et nuire à leur réputation…et ils veulent me le faire payer. Ils me détestent et ils me l’ont fait sentir dès le premier soir en donnant le feu vert à des détenus pour faire de moi... Je ne veux pas y penser.
« T’es bouché ? »
Je me redresse, timidement et serre les dents un peu plus fort pour ne pas éclater en sanglots. Mon cœur cogne furieusement dans ma poitrine et j’ai l’impression que mes jambes ne me soutiendront jamais jusqu’au bout.
« Qui veut le voir ? »
« Une gonzesse, j’en sais rien. J’suis pas sa messagère personnel putain. Tu refuses ta visite Lawson ? »
J’en ai le droit mais…j’ai envie de sortir de là, de voir du monde. Si c’était Ellie ? Taylor ? Ma mère ? Ayleen ?  Mais si c’est un piège… Un prétexte pour m’éloigner de la sécurité relative de ma cellule et de ses gardiens ?  
« N…non. Je viens » je finis par coasser en me risquant à quitter ma cellule.

Le gardien se remet en route, sans attendre que je lui emboite vraiment le pas et mes gardes du corps m’escortent au maximum de leur possibilité. L’un d’eux me glisse à l’oreille que s’il m’arrive quoi que ce soit, ils me vengeront, mais cette idée n’a rien de réconfortant… elle me glace le sang.
Le gardien me passe les menottes sitôt que nous quittons la salle principale où s’entassent tous les prisonniers et leur poids me semble insupportable. Je renifle, continue ma lutte acharnée contre moi-même et me laisse guider docilement à travers les différents couloirs, en même temps que quelques autres gars. Je m’attends au pire. Je m’attends à ce que nous nous arrêtions tout à coup et à ce qu’ils libèrent les autres pour qu’ils me sautent dessus et remettent ça
Mais rien de ce genre ne se passe. On nous fait pénétrer un par un dans le parloir en nous donnant le numéro de nos cabines. Et quand, de l’autre côté du plexiglass j’aperçois la frêle silhouette d’Ayleen, j’ai l’impression que mes jambes vont céder. Mais non. Je tiens bon. Le gardien qui est venu me chercher me libère de mes entraves et me rappelle de ne pas faire de vagues alors que je prends place, face à mon amie.
J’ai la tête vide, le cœur lourd, je ne me sens pas soulagé comme ça devrait être le cas sans doute. Je me sens fatigué. Juste épuisé.
Elle prend le téléphone et je fais de même, ce geste me paraissant insupportablement difficile à réaliser. Je porte le combiné à mon oreille et me contente d’écouter ce qu’elle a à dire. Si j’ouvre la bouche, je sais comment ça va se terminer. Pas d’étape colère ou frustration pour moi…on passera directement à la partie lamentation je le sais et elle n’a pas besoin de ça. Elle n’a rien à faire là putain… Pas elle… Pas dans ce décor…
« Hey...Tu tiens le coup ? »
Je ravale péniblement ma salive et mes larmes, renifle. Qu’est-ce que je suis censé répondre à ça ? Elle s’excuse de sa question, un peu déplacée et enchaine pour parler des démarches qu’elle a tenté de mettre en place pour faciliter mon séjour ici. Je déteste l’idée qu’elle ait fait ça. En même temps, je pourrai l’embrasser tant je lui suis reconnaissant de l’avoir fait. Sans son intervention, qui sait où je serai aujourd’hui ? Peut-être en infirmerie, peut-être…pire.
Je me contente de hocher la tête quand elle me demande de lui confirmer qu’ils sont venus et qu’ils me protègent. J’ai envie de lui répondre qu’ils l’ont cependant fait trop tard… Mais elle le voit à mon visage, malmené. Ma lèvre est fendue, mon œil poché et mon nez bleui. Et encore, mon uniforme l’empêche de voir l’état de mon corps…

« Tu... Tu me manques Milo, j'ai essayé de te faire sortir de là, je vais continuer c'est promis juré. »
Et là s’en est trop. S’est trop. Je ne peux rien contrôler et éclate en sanglots. Je dissimule mon visage derrière ma main et relève le bas du combiné pour lui éviter de trop m’entendre. Mais j’entends ses mots à elle qui visent à m’apaiser. Elle se désole. Je voudrai lui dire que ce n’est pas sa faute, qu’elle a fait son maximum déjà, mais pour le moment je suis incapable de parler. Je lutte pour ne pas pleurer trop fort, pour que les autres détenus ne m’accordent pas trop d’attention.
Il me faut une longue, une interminable minute pour me calmer un peu et être capable de recroiser le regard humide de mon interlocutrice.
« Faut que j’sorte. J’vais pas tenir… » je parviens enfin à lui souffler. J’aimerai lui épargner ce genre de discours, ne pas la faire se sentir plus impuissante encore, mais c’est plus fort que moi. « J’vais y rester si j’sors pas Ayleen, j’le sais. J’le sens… Ils vont m’tuer ici… »


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Ayleen McKinney

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] Prisoners   [FLASHBACK] Prisoners EmptyDim 25 Fév - 22:00

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Milo & Ayleen


Les pupilles rétrécies, les paupières gonflées, les yeux cernés. Il a l'air un peu absent derrière ce mur blindé, derrière cette porte vitrée. Il a l'air un peu à l'ouest, paumé. Il semble avoir envie de disparaître, de se replier sur lui même, de s'avaler entièrement par sa simple pensée, là, maintenant, s'auto-bouffer, se digérer, se volatiliser dans l'amer acidité de sa destiné. Elle est incapable de précisément déchiffrer ce qui peut bien le tourmenter mais elle n'a aucun mal à l'imaginer, à le supposer, à presque peut être même correctement le deviner. L'entretien qu'elle a eu avec Gabriel a été long, mouvementé, mais ô combien instructif pour ce qui menaçait de lui arriver. Elle se revoit encore mortifiée après la nouvelle, à sauter dans le premier taxi, à appeler – non harceler plutôt – le numéro de son paternel biologique pour lui demander de quoi l'aider. Elle a débarqué en trombe, Billy sous le bras car trop lourd et encombrant pour rouler aussi vite que sa démarche rapide, saccadée, essoufflée. Il n'arrêtait pas de se retourner et de tomber. « Ils ne te feront plus de mal. Mon père me l'a promis. » C'est faux. Il n'a rien dit, n'a rien juré. Ce n'est pas son genre les promesses, encore moins celles qui sont faites pour essayer de rassurer. Pas même sa propre fille. Au contraire, il a plutôt été un peu trop franc du collier. Elle a débarqué chez lui, elle lui a tout expliqué d'une traite, il n'a écouté qu'à moitié comme toujours lorsqu'elle s'emporte, lorsqu'elle semble un peu trop passionnée, entêtée. Il la prise par les épaules, il la calmée en la secouant et en la forçant à s'asseoir, à se caler dans son canapé après avoir retrouvé la contenance de ses poumons fragiles et abîmés. Alors elle a raconté ce qu'elle savait, plus calmement, plus posément. Elle a raconté, il a tiqué, s'emportant un bref instant sur les flics et leur pseudo intégrité, s'emportant un peu plus longtemps sur les personnes de couleurs et leur place qu'il conteste au sein des représentants de l'autorité. Ensuite, il a fumé son cigare, a pointé son doigt ganté vers elle pour la prévenir, pour la mettre en garde contre l'état dans lequel elle allait le retrouver. Il lui a demandé comment il était physiquement, combien il pouvait bien peser, le genre de tronche qu'il pouvait bien posséder. Elle lui a alors tendu son téléphone pour tout résumer, pour aller à l'essentiel et il s'est esclaffé. Il lui a dit, dans un rire non dissimulé. Il lui a dit qu'avec sa gueule de puceau qu'il n'allait pas résister. Il lui a dit, dans un sourire que, pas même ses tatouages d'anarchiste rebelle n'allaient le sauver. Pendant plusieurs minutes il a pris le portable avec le fond d'écran arboré. Il a tout détaillé, il a surtout tout critiqué. Le blond de ses cheveux qu'elle trouve juste assez fort pour être doré, la maigreur de ses traits qu'elle trouve singuliers, l'état de ses dents qu'elle n'a jamais vraiment remarqué. Il a tout détaillé et puis il s'est retournée et il lui a dit sans concession qu'il allait très certainement se faire tabasser, violenter, insulter et pour finir : violer. Il lui a dit que ce serait rapide, un soir, selon son compagnon de cellule, selon ses co-détenus, qu'il faudrait plus qu'il tombe sur un fervent catholique de préférence, un mafieux peut être enfermé depuis peu et non pas sur un pédophile ou bien un assassin glauque qui se serait sur une femme tout juste assassinée.
Ces paroles l'ont profondément marquée. Il tremble. Comme une feuille, comme un animal que l'on aurait lâchement abandonné, comme un gosse que l'on aurait frappé, un gosse apeuré. Il tremble. Ses phalanges blanchis sur le combiné font ressortir ses veines bleutées qu'elle aperçoit se tordre, se crisper. « Non, tu vas y arriver, tu vas tenir encore le temps qu'il faudra parce que dans tous les cas tu n'as rien fait de mal, ils n'ont rien contre toi qui ne justifie un tel enfermement. Tu n'es pas à la tête d'un cartel ! » Il n'a rien d'un revendeur de drogue, tout du moins il n'a rien d'un puissant malfrat, de ceux qui se roulent dans la poudreuse. Il a peut être le profil même du dealer à la sauvette, celui qui aime l'herbe, la boulette, celle bas de gamme. Il a peut être le profil du délinquant de bas étages, celui qui rêve d'un ailleurs, d'une vie de films, d'une vie de clip les amis dans une piscine, les femmes nues qui montrent leur postérieur. « Je vais essayer d’accélérer les choses, je vais essayer. Quand je rentre je vais leur demander de se bouger un peu plus d'accord ? Je vais faire tout ce que je peux mon Milo. Tu...tu veux qu'on fasse quelque chose contre eux...contre ceux qui t'ont fait du mal ? On peut attendre que tu sortes si tu veux, les choses peuvent se régler comme ça tu n'auras pas à craindre des répercussions. Tu veux que je demande des plats, une cellule tout seul, savoir si c'est possible ? Tu veux qu'on fasse quelque chose contre...contre elle ? » Dans sa bouche les mots sonnent doux, les mots sonnent tendres, enrobés d'une bonté et d'une bienveillance quand les actes annoncées, eux, sonnent violents, dangereux, enrobés d'une colère et d'une malveillance. « Je peux le demander, tu sais. » Oui, elle le peut. C'est la première fois qu'elle s'en rend pleinement compte d'ailleurs. Elle le peut. D'une phrase, d'une requête énoncée à ces hommes qu'elle fréquente depuis tout bébé, elle peut le demander. Et tout ceci peut être exécuté. Simplement. Elle le peut et c'est comme un cailloux qu'elle a toujours traîné dans sa godasse ce pouvoir. C'est comme un morceau dur et pointu qui lui piquait le pied depuis plusieurs années et qu'elle a toujours - dans sa grande gentillesse – ignoré ; qu'elle a toujours relayé derrière ses orteils, prenant son mal en patience avant de pouvoir l'oublier ou tout simplement l'enlever. Elle peut le demander, et concernant cette nana là ce sera sans hésiter, elle ne se fera pas prier.
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Milo Lawson

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] Prisoners   [FLASHBACK] Prisoners EmptyDim 4 Mar - 19:44


 
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ayleen & milo

 
Voilà, j’aurai tenu à peu près quatre secondes. A ce stade, je n’ai plus aucune dignité… Et c’est dangereux. Parce qu’autour de moi, il y a un tas d’autres gars, d’autres prisonniers qui n’attendent que ça. Chialer en prison revient à signer son arrêt de mort ou annoncer à tous qu’on accepte d’être considéré comme une gonzesse… C’est un des premiers trucs que les Kings incarcérés et ayant été payés pour assurer ma protection entre les murs crasseux de la prison m’ont dit. Le souci, c’est que ce conseil est venu un peu tard. Le mal avait déjà été fait…
Il faut que je me ressaisisse. C’est une question de survie. Alors que ma main droite est cramponnée au téléphone, au point de blanchir les jointures de mes doigts, l’autre est placée contre mon front et me sert à dissimuler mes yeux larmoyants aux autres détenus. Je me penche au maximum, pour me planquer derrière les panneaux de bois encadrant ma section du parloir. Ma jambe s’agite nerveusement sous la tablette devant moi. J’essaie de pleurer en silence, je chuchote, ravale mes sanglots du mieux que je le peux.
Je me déteste. Je déteste ‘état dans lequel je suis. Je déteste imposer tout ça à Ayleen. C’est à moi de me montrer fort, j’ai toujours essayé de le faire en sa présence…mais aujourd’hui ce n’est pas possible. C’est trop. Tout ce qui m’arrive me dépasse totalement et je ne contrôle plus rien. Je suis à la merci des évènements, je n’ai aucune prise et je m’enfonce, encore et encore. Sans l’intervention de mon amie, je ne sais pas où j’en serai à l’heure actuelle... Ma première nuit a été tellement atroce…
Sans l’intervention d’Ayleen, je serai mort. Si pas physiquement, à l’intérieur.
Quelque chose s’est déjà fissuré à l’intérieur, je le sens… Et quelque chose est entré, quelque chose s’est insinué en moi et ne ressortira probablement pas, ne me quittera jamais. Ce sera toujours là, tapis à l’intérieur de ma carcasse. Peut-être qu’avec le temps, la chose se fera plus discrète, me rongera moins, mais elle ne disparaitra jamais tout à fait. J’ai été marqué. De manière indélébile.

Ayleen m’assure que je suis capable de tenir, de faire face à tout ça. Elle me dit que j’y arriverai, peu importe le temps que ça durera. Mais je n’en suis vraiment pas certain Vraiment pas… J’ai envie d’hurler, de vomir. Elle se trompe. Je ne vais pas tenir. Pas ici. Cet endroit n’est pas fait pour moi. Il n’est fait pour personne. L’être humain n’est pas programmé pour rester enfermé. Certains méritent d’être là, d’être puni mais ce n’est pas mon cas, et ça rend tout ça plus difficile à encaisser encore.
Je ravale mes larmes, ferme mes paupières avec force et retiens mon souffle. Il faut que j’arrête de pleurer, sinon je vais le sentir passer. Je pense déjà à mon trajet de retour. Qu’est-ce qui empêchera le gardien de me faire prendre une autre issue, de ne pas me reconduire directement dans la sécurité relative de ma cellule où m’attendent les Kings ? Qui pourrait l’empêcher de me conduire à la place dans un endroit où d’autres types m’attendront avec la ferme intention de me faire du mal à nouveau ? Personne. Cette idée m’angoisse d’ores et déjà terriblement.
Ayleen ne pourra rien faire. Je ne pourrai rien faire. Rien faire d’autre que subir les coups et le reste… Les coups je sais les encaisser. Je me suis battu un bon nombre de fois et ça ne m’a jamais fait peur. Mais le reste… Bordel le reste me terrifie.
Alors je m’accroche aux mots de mon amie, à ses promesses, même si je sais qu’elle ne pourra pas forcément les tenir.
« Je vais essayer d’accélérer les choses, je vais essayer. Quand je rentre je vais leur demander de se bouger un peu plus d'accord ? »
Je hoche la tête. Je veux croire que c’est possible, que les choses vont s’accélérer et que je pourrai rapidement sortir de là. J’ai besoin d’y croire…

La suite de ses paroles m’interpelle. Il me faut un temps infini pour comprendre à quoi elle a d’abord fait référence, avant de me parler de simples plats… Et ça me glace le sang, d’entendre ces mots là dans sa bouche à elle.
« Tu veux qu'on fasse quelque chose contre...contre elle ? Je peux le demander, tu sais. »
« Non ! » je m’étrangle, mon regard larmoyant plongé dans le sien.

Je ne pleure plus à présent. Je suis trop choqué pour me laisser aller davantage. Je renifle, essuie mes yeux et soutient le regard du petit brun de femme qui me fait face à travers la vitre rayées et sale de plexiglass.
« Non, je… Non Ayleen. J’veux pas ça. J’veux pas… J’veux juste que ça s’arrête, je veux juste sortir de là. Je ne veux pas… Non. J’suis innocent, je veux rester innocent, OK ? »
Je ne veux pas du sang de Zara sur mes mains. Malgré ce qu’elle a fait… Non, c’est contre ma nature. Et puis il y a une partie de moi qui craint malgré tout des représailles. Ils penseraient directement à moi et alors ma vie deviendrait un véritable enfer. En même temps, j’ai du mal à envisager un sort pire que celui-ci…
« J’veux juste… J’veux pas parler de ça, d’accord ? J’veux …être avec toi pour le moment. Parler d’autre chose. Penser à…à ailleurs. J’suis désolé que…tu te retrouves mêlée à cette merde » je soupire, passant une main dans mes cheveux avant d’appuyer ma joue sur mon poing, mon coude reposant sur la tablette. « Merci. D’avoir fait tout ça. J’sais que c’est à toi que j’le dois. Tu me sauves la vie Ayleen. J’te jure tu m’sauves la vie. J’sais même pas comment te remercier. »



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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] Prisoners   [FLASHBACK] Prisoners EmptyLun 19 Mar - 20:08

Prisoners
Milo & Ayleen


Zara. A peine dix minutes qu'ils se sont retrouvés, qu'elle est parvenue enfin à pénétrer dans cette prison sans attirer les soupçons ; à peine dix minutes à lui parler et ils en sont évidemment déjà là, à la cause de tout, à la raison de son état. Ah Zara, Zara, comment ne pas aborder ce sujet ? Comment ne pas simplement l'oublier ? Zara, sorcière à la peau d'ébène, aux formes prononcées contre lesquelles cet idiot n'a pas hésité à se damner. Et elle le comprend. Un visage hautain, des traits hauts et fins loin d'être grossiers, des hanches et une poitrine aux arabesques sensuels, une démarche aussi féline qu'assurée. Elle le sait, elle a regardé sur Facebook, Instagram, et puis elle a aussi essayé Snapchat lorsque Taylor lui a appris. Elle a contemplé sa gueule, elle a contemplé ses photos, ses statuts, son quotidien coincée dans les plis de son canapé, ne faisant rien envers Milo puisqu'elle a conscience qu'elle va bientôt crever. Zara, une antithèse face au gringalet tatoué qui se trouve devant elle, face au blanc-bec démesuré à la platine du cuir chevelu désormais effacée. Elle ne sait pas vraiment quand ça a commencé entre eux, mais il est évident que ce n'est que quelques semaines après leur coucherie, après leur soirée intense de beuverie pour se sentir à nouveau en vie. Il n'a pas cherché de sens à tout ça, n'en a jamais reparlé ; il n'a rien demandé, n'a pas envoyé de message ni cherché à la contacter et c'est avec cette saloperie qu'il s'est mis. Le drôle et le rebelle sont devenu un foutu soumis, un pauvre mec battu qui écoute du rap dans sa baraque, qui ne sort plus, une sorte d'Eminem raté aux excuses encore plus nombreuses que les mandales qu'il a bien pu ramasser. Zara, prénom stellaire qui cache pourtant une vraie garce, une dictatrice putassière. Zara. Évoquer ce prénom sans même le prononcer est une épreuve par laquelle Ayleen se sent obligée de passer. Il lui vient un élan de colère tout naturel lorsqu'elle en parle, lorsqu'elle pose la question au sens non équivoque, évidemment. Il lui vient un élan de colère, un truc qui monte lentement le long de l'échine et qui finit par se transformer en paroles, en idées, en images qu'elle n'oserait elle même matérialiser au final. Elle n'avait pas ressenti une telle jalousie et une telle haine depuis que Lou l'avait larguée pour un autre, prenant sa maladie en excuse ; depuis que Matthew l'avait humiliée devant son propre père, lui faisant comprendre qu'il s'en était servi pour une relation mafieux/flic de bonne guerre. « Non ! » Et il beugle, et il répond à la négative, un truc de paniqué dans ses yeux aveugles. Elle sursaute quelque peu et puis détaille sa réaction, le sent puiser dans ses dernières forces pour effacer le projet qu'elle vient de proposer. Zara, tuer Zara, ce n'est pas ce qu'elle voulait dire, ce n'est pas exactement ce qu'elle sous entendait même si, dans ses mots, une certaine violence résidait. De toutes manières, en sortant d'ici, elle n'est pas certaine d'être en mesure de garder intacte cette envie, de faire en sorte qu'elle se réalise. La faire suivre, attendre au coin d'un bar, après un service, envoyer quelques hommes lui refaire le portrait, lui éclater la gueule et puis enfin la mâchoire. « Oui, je suis désolée. » La sauvagerie est dans ses gênes, mais pas dans son esprit. Un remord soudain la prend et elle baisse le regard.

« Excuse moi. Je pensais que... » Elle pensait qu'il aurait eu l'envie de se venger, de troquer la mesquinerie sournoise de ces événements contre la satisfaction de la savoir au moins quelques minutes apeurée, secouée, peut être même comme lui, violée. « Laisse tomber. En tout cas, c'est rien, je sais que je peux demander certaines choses et pour toi je l'ai fait c'est normal. Ça ne me plaît pas, mais je peux alors voilà. Mais...mais c'est...C'est pas moi qu'il faudra remercier. » Elle hésite à enchaîner, à lui faire comprendre explicitement que derrière la requête posée à son paternel se cache un banal contrat, un arrangement comme on en fait dans la mafia, dans les groupes peu scrupuleux. Ceci n'est pas un service rendu avec amabilité, peu importe si c'est grâce à l'amour qu'il porte à sa fille que Gabriel s'est décidé à s’exécuter. D'ailleurs, le véritable prix de cette mascarade n'a pas encore été fixé ; il a dit qu'il verra ça plus tard avec les autres membres, avec le trésorier. Milo doit se douter. Désormais il doit bien se faire une vague idée de comment les choses fonctionnent, de ce qui se passe quand on demande à de telles personnes d'aider. «Mais je verrai avec mon père pour tout ça, tu n'as pas à t'inquiéter. » Une moue désolée se loge contre sa bouche crispée qui rappe contre le combiné. « Ecoute, le temps de ma visite est limité puisqu'elle a des amis à elle qui bossent ici. Je n'ai pas pu rentrer comme je voulais avant, c'est pour ça que j'ai tardé à venir mais il faut que tu tiennes bon. On fait au plus vite c'est tout ce que tu dois te répéter, plus que quelques semaines et ton calvaire sera terminé, je te le promet. Tu vas y arriver mon Milo. Tu vas y arriver d'accord ? » Elle pose sa paume contre la vitre sale, appuie un peu plus comme si elle était en mesure de caresser sa joue, sa main, une parcelle de sa peau humide de larmes pour un peu plus le rassurer, tout du moins essayer. « Tu veux que je te fasse de la lecture pour le temps qu'il nous reste ? J'ai un bouquin qui traîne dans mon sac, je pourrais peut être essayer de revenir plus tard avec pour te le terminer ou demander à te le prêter par les gardiens ? A moins que tu veuilles qu'on parle de quelque chose en particulier ? Faut pas que tu hésites à me demander ce qui rendrait les choses plus facile...Enfin bref, c'est toi qui décide. »
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Milo Lawson

Milo Lawson

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MessageSujet: Re: [FLASHBACK] Prisoners   [FLASHBACK] Prisoners EmptyLun 26 Mar - 21:53


 
I look inside myself and see my heart is black ; I see my red door, I must have it painted black
ayleen & milo

 
Ayleen s’excuse pour sa proposition, le regard bas et je réponds par un simple  soupir. De soulagement ? De regret ? Je n’en sais foutrement rien. Tout est trop confus dans mon esprit. Par moment, j’aimerai que Zara paie pour tout ce qu’elle m’a fait subir, avant notre rupture et depuis qu’elle et ses collègues ont débarqués dans l’appartement de ma sœur avec un mandat de perquisition. Mais je suis déjà dans une merde noire et je n’ai pas envie de faire quoi que ce soit qui pourrait aggraver mon cas. Je ne veux pas passer un jour de plus, une minute de plus que nécessaire entre ces murs. Une part de moi veut l’atteindre, mais elle est infiniment plus petite que la part qui aspire à mettre un terme à ce cauchemar. Je veux juste que ça s’arrête. Je songerai à une vengeance éventuelle plus tard, quand je serai hors d’ici et en mesure de rassembler mes esprits.
« Excuse moi. Je pensais que... »
Je comprends où elle veut en venir et hoche la tête, doucement. Elle est dehors, elle peut penser à toutes ces choses, s’imaginer à ma place et en tirer des conclusions. Je comprends et si la situation était inversée, je voudrai faire payer le responsable de sa déchéance, je voudrai obtenir vengeance en son nom moi aussi. Mais je n’ai pas ce luxe. Moi je suis coincé ici et le temps s’écoule différemment, ma capacité a raisonner, à planifier s’en trouve altérée. Je ne peux pas me projeter. Je n’arrive pas à penser à un après, je vis au jour le jour et suis trop préoccupé par ce qui pourrait me tomber sur le coin du museau dans la minute qui va suivre pour songer à ce que je pourrai faire une fois dehors, dans un avenir plus ou moins lointain. Et puis rien ne me garantie que je sorte d’ici…
Et si mon avocate échouait ? Elle se frotte à un dossier plutôt épineux. Peut-être que je me trompe, qu’elle a déjà eu à faire à des cas plus complexes que le mien mais qu’est-ce que j’en sais ? Elle m’a dit de ne pas m’en faire lors de notre courte entrevue, que le dossier de l’accusation était plein de failles mais je n’y connais rien moi.  Tout ce que je peux faire, c’est attendre…

« … Mais...mais c'est...C'est pas moi qu'il faudra remercier » enchaine Ayleen alors que je tente de rester concentrer sur notre échange et de ne pas laisser mon esprit fatigué trop se disperser.
Le ton qu’elle emploie est hésitant et ne m’inspire rien qui vaille. Elle marque un temps d’arrêt durant lequel j’hésite à la questionner, à lui demander ce qu’elle entend par là, et puis elle reprend et je saisis. Ce n’est pas elle que je vais devoir remercier mais son père…et le club auquel il appartient. Et je devine qu’un simple merci sera loin de suffire. Mais je savais déjà tout ça. Je l’ai su au moment où l’avocate s’est présentée à moi et m’a expliqué qui l’envoyait, pour qui elle travaillait. Pas pour Ayleen…
J’ai aidé Taylor à rembourser une dette que son frère avait contracté avec les Kings of Speed et je sais à quoi m’attendre. Enfin plus ou moins… Tout ce que j’espère, c’est qu’ils ne me demanderont pas de me salir les mains et de me rendre coupable d’un crime pour compenser le fait qu’ils m’aient aidé à me faire innocenter d’un autre que je n’avais pas commis. Ce serait le comble franchement…
Mais je crois que c’est une possibilité malgré tout. Et je crois qu’Ayleen le sait aussi et que c’est pour cette raison qu’elle se dépêche d’enchainer, de changer de sujet pour me faire savoir qu’elle a peu de temps devant elle et préfère l’utiliser autrement qu’en parlant de tout ça.  
L’espace d’une seconde – d’une interminable seconde – je me mets à éprouver de la colère, envers elle. Elle a fait appel à son père et son gang pour m’aider et m’a mis en porte-à-faux en le faisant. Si j’avais été en mesure de réfléchir, de rassembler mes idées, peut-être que j’aurai refusé cette aide et compter sur la Justice seule pour me sortir de cette impossible situation… Elle a cédé à la panique, face à l’urgence de ma situation et voilà où nous en sommes. Voilà où j’en suis.
Et puis la seconde passe et je réalise qu’elle n’est responsable de rien. C’est ma faute. J’ai porté mon dévolu sur Zara, je suis resté quand elle a commencé à me malmener, quand elle a commencé à me frapper et je me suis mis seul dans ce guêpier. J’ai de la chance qu’elle accepte de m’aider, qu’elle se démène pour moi.

Je renifle, ravale mes larmes et pousse un soupir fatigué quand elle appose sa main contre la vitre crasseuse de plexiglass qui nous sépare. La voir ans ce décor, par ma faute, me chagrine. Ayleen n’a rien à faire ici. Rien. Moi non plus parce que je suis innocent, mais je l’ai cherché en agissant comme je l’ai fait. Et si elle attrapait un virus ou je ne sais quoi ici à cause de moi ?
« Tu veux que je te fasse de la lecture pour le temps qu'il nous reste ? J'ai un bouquin qui traîne dans mon sac, je pourrais peut être essayer de revenir plus tard avec pour te le terminer ou demander à te le prêter par les gardiens ? A moins que tu veuilles qu'on parle de quelque chose en particulier ? Faut pas que tu hésites à me demander ce qui rendrait les choses plus facile...Enfin bref, c'est toi qui décide. »  
« Parle-moi de Taylor. De toi… De… Comment vont les autres ? » je lui demande en prenant sur moi pour garder le contrôle, essayer de m’apaiser suffisamment longtemps pour qu’elle reparte avec une image moins dégradante de moi, que celle que je lui offre depuis mon arrivée au parloir. « Tout le monde va bien ? Mes parents ont dit qu’ils allaient venir quand j’ai réussi à les appeler. Je déteste… Dans ma famille, tout le monde a toujours pensé que je tournerai mal, que je finirai en taule ou un truc de ce genre et ça me bute qu’ils aient raison ! Ils vont faire chier mes parents avec ça, c’est sûr. Ils n’ont pas mérités ça… T’as rien à faire ici toi non plus. Bordel Ayleen j’ai vraiment été trop con ! J’aurai dû vous parler, j’aurai dû…gérer ça autrement… » je soupire, fermant les paupières un instant, le temps de me ressaisir, pour ne pas jouer les pleureuses une fois encore.  
Je ne rebondis pas sur son histoire de prêt de livre. D’abord je n’aime pas ça – lire – et ensuite je serai de toute façon incapable de le faire dans mon état de nervosité.


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