peace of mind | ayleen

 Une heure, à peine. Une heure pour arpenter les rues, Emy à ses côtés, cherchant ce qui pourrait plaire à cette ancienne amante, à cette amie bafouée par son idiotie, sa raison esquintée. Néanmoins, il y parvient sans trop de mal, les bras sollicités pour les sacs qu'il doit ramener, sa chienne faisant le chemin sans vague, sans frayeur donnée. Tout est calme, tout est simple – tout semble comme avant alors que rien ne l'est, surtout pas lui, surtout pas elle. Ils ont tous les deux changés, chacun à leur manière. Il y songe, d'ailleurs, se souvient de tout ce qui lui a été rapporté ; puis Maeve est morte, Ronnie s'est rendu compte de bien des choses, bien des erreurs commises, pas encore réparées. Peut-être le seront-elles jamais, finalement. Le refuge regagné, il fait finalement au mieux pour rendre son bureau accueillant, dénué de cette paperasse dont il n'arrive pas trop à se débarrasser. Luci aide du mieux qu'elle peut mais rien n'est jamais assez, Ronnie est aisément débordé depuis que Rose est partie, depuis qu'ils ont eu à se séparer. Un soupire, un énième souffle brisé qui brave la gorge tandis qu'il patiente. L'appréhension revenue, la peur que tout ne soit qu'un moyen nouveau pour entendre mile et une accusations. Il y songe, là, Ronnie. Il imagine quelle pourrait être la scène prochaine et il n'y tient pas, retrouvant toute sa hauteur pour aller occuper ses pensées plutôt que de les laisser ruminer un tas de scénarios plus mauvais les uns que les autres. Il a changé, doit-il encore s'en convaincre pour être sûr que tout pourra bien se passer ? La tête se secoue de gauche à droite, les pas vont, viennent, le font errer entre les espaces de confort des chiens recueillis, ceux-là certainement mieux installés que lui ne peut l'être dans les locaux à l'entrée. Un sourire cette fois, à cette réflexion silencieuse. Il a mit tellement de cœur en ce projet et, à bien y réfléchir, ce dernier n'est que le reflet de tout ce qu'il est parvenu à accomplir dans sa quête de mieux. Mieux que le déchet qu'il avait été. Aussi, c'est avec ceux à qui il offre un toit provisoire qu'il s'abandonne pour quelques minutes. Un quart d'heure, peut-être, tout au plus, avant qu'elle n'arrive, n'importe sa silhouette longiligne dans l'allée principale. Un sourire qui brave les lèvres, un sourire non feint et qui vient du cœur – comme si le monde avait séparé ces chemins durant un temps infini. Conscient que tout est de sa faute, il fait preuve de retenue, s’avançant timidement jusqu'à cette âme pourtant dotée d'une trop grande bonté. « Hé, t'as pas eu trop de mal à trouver ? » Parce que rien n'est indiqué, parce qu'il a essayé de se faire le plus clair possible dans ses explications mais n'y parvenant pas toujours – la fatigue des dernières semaines n'aidant pas tellement non plus. « J'suis content que t'es accepté de venir. » Un fait auquel il n'aurait pas cru s'il n'avait pas été celui qu'il est désormais.