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 Nice to meet you ▬ Eamonn

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Cameron Whalley

Cameron Whalley

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MessageSujet: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyLun 11 Fév - 23:11



Nice to meet you.
 “ One more thing before we start the final face-off
I will be the one to watch you fall “


Devant son miroir, Cameron réajuste le col de sa robe, boutonné jusqu’en haut. Bleue marine, col blanc, cette jeune femme sortirait tout droit d’un couvent que l’on y croirait. Coiffure remontée en un chignon, quelques bijoux pour surmonter le tout et la jeune femme esquisse un sourire.
Parfaite.
Rien ne dépasse, rien n’est grossièrement plié, elle tient à faire bonne impression ce soir pour entrer dans le cœur de cette femme qui n’a pas la place auprès de son père. C’est la seule manière qu’elle a trouvée – pour le moment – pour attirer l’attention d’Euros. Si elle ne veut pas d’une confrontation frontale alors la jeune femme détournera ses codes pour l’attirer dans ce cercle que Cameron compte bien souder de nouveau et surtout, pour de bon. Réunir ses deux parents, reconstituer cette famille qu’on lui à arracher.

Elle consulte la montre délicatement accrochée à son poignet et constate qu’elle possède encore un peu d’avance. Cameron s’assoit derrière son ordinateur et rentabilise ce temps en recherche. Elle s’est rapidement rendu compte qu’internet était une véritable mine d’or d’informations et de ressources. Pour peu que l’on mette sa vie en public, il suffit de quelques minutes, quelques heures et de patience pour trouver ce que l’on veut. Elle ouvre facebook et instagram, consulte le profil de Sadie, s’informe de ses dernières activités mais ne trouve rien sur cet homme qui lui a volé la jeune femme sur plusieurs jours. Elle reste discrète, comme toujours. Peut-être un peu trop mais jamais suffisamment pour fermer toutes possibilités de recherches. Il suffit simplement de savoir où mettre son nez.
L’heure tourne, Cameron quitte son domicile et opte pour le métro où elle croise une multitude de vie qui s’anime tout autour d’elle et qu’elle observe, silencieuse, attentive. Elle regarde les gens s’aimer, discuter, se détester aussi, comme ce couple d’homme qui s’ignore tout en refusant de plus d’un mètre de l’autre. Elle les trouve curieux, voue une véritable fascination à tout ceux qui l’entourent, à ce mécanisme qui les font agir si stupidement ou, au contraire, de façon suffisamment intelligente pour se démarquer du reste de la population. Cameron juge qu’Eamonn et Euros font partie de cette catégorie de personne ou en tout cas, elle l’espère. De ce qu’elle en a vu pour l’instant, ses parents sont loin de la décevoir.
Très loin.

Il lui faut encore marcher quelques minutes pour arriver devant l’immense demeure dans le North Side. Cameron reconnait là le cliché américain. Portail, perron, fleurs, voiture dans l’allée… Tout est là pour parfaire ce tableau si commun, si … « normal ». Elle donnerait sa main à coupée que sa femme est taillée du même bois, de ce même cliché considéré si parfait. Elle l’imagine déjà à mesure qu’elle avance dans l’allée. Son esprit la façonne avec un sourire poli, un visage agréable mais banal, un physique ennuyeux. Une robe parfaitement lissée, plissée. Des cheveux relevés en un chignon propre ou lâché en une cascade ondulée et brillante par les milles produits de luxe qu’elle utilise très certainement.
Cameron se peint ce tableau qu’elle méprise déjà, qu’elle exècre. Elle cale le petit bouquet de fleur sous le bras et appuie sur la sonnette qui retentit en un carillon. Même lui est clair et pur.

- Bonsoir.

Son sourire n’est pas feint, bien au contraire. Il illumine ce visage poupin, clair, aux grands yeux bleus pétillants. Comme le veut les manières bourrées de tradition, c’est la femme d’Eamonn qui lui ouvre et Cameron voit son tableau prendre vie. Cette personne est exactement comme elle se l’était imaginé quelques secondes plus tôt.

- Pardonnez-moi, j’ai quelques minutes d’avance. Cameron tend le bouquet d’Azalée, sourire aux lèvres. Je suis ravi d’enfin vous rencontrer.

Les azalées fraiches, dont certaines dévoilent des pétales jaunâtres, parleront pour elle.
Aux yeux de cette femme ça ne sera peut-être qu’un gage d’amitié, une déclaration cachée de vouloir avoir ses sentiments.
Pour Cameron, c’est une mise en garde, discrète, qu’elle seule comprendra.
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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyVen 15 Fév - 15:52

ft. Cameron
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Les grands yeux clairs de sa femme continue de détailler le costume qu'il porte, tiquant au rappel qu'il ne tient pas à la cravate. Ça n'a rien d'officiel, il reçoit simplement sa fille retrouvée à dîner ; et à y songer, ils n'en ont pas reparlé. Elle n'a rien demandé, n'a fait qu'acquiescer, qu'encaisser ; mais elle est restée, son portefeuille est sauf. Et à y réfléchir, il pourrait ne plus avoir besoin d'elle. L'idée traverse son esprit tandis qu'il la détaille également, faisant fuir l'azur de son regard qui se porte ailleurs que sur ses traits. Comme souvent, comme toujours en vérité. Personne n'est à même de tenir tête au saphir de ses prunelles ; et il n'en attendait pas moins d'elle. « Ne te méprends pas, Eamonn. » Il entend mais ne voit pas. Il entend mais n'écoute pas. Il manque quelque-chose dans son comportement. Il manque quelque-chose qu'elle connaît, pourtant. « Quoi ? » La voix est un peu dure, agacée. Eamonn s'attend à ce qu'elle ne termine par tout gâcher ; lui, de son côté, prêt à rien laisser entraver cette soirée bien préparée. Et, à l'écoute de cette simple syllabe délaissée, Mary cède et relève la tête, sait qu'elle n'y échappera pas. Il soutient son regard, l'accroche le plus possible avec l'espoir qu'elle aura le courage de continuer, il doit entendre ce qui erre dans cette tête vide de raison et de clairvoyance. « Je te disais de ne pas te méprendre en ce qui concerne tout ça. Il fronce les sourcils, maintient sa position, soustrayant seulement sa cigarette de ses lèvres, attendant la suite. Parce qu'il est une suite à venir, quelque-chose qui peine à s'installer mais qu'il compte bien entendre, quitte à devoir l'arracher. J'ai hâte de rencontrer cette jeune femme, c'est seulement... un peu délicat étant donné notre situation, t-... tu comprends ? » Elle a hésité à demander. Elle sait qu'il est dangereux de le contrarier, elle sait qu'il est des choses qu'il ne faut pas lui confier ; il a mit tellement de cœur à tout lui raconter, à en inventer logiquement la moitié. Et, quand il croit percevoir comme un soupçon de frayeur dans son regard, il finit par se reprendre. Il ne doit rien montrer, rien de cette noirceur dont il est fait dans son entièreté. Sa cigarette trouve refuge dans le cendrier d'à côté, libérant sa main qui – aussitôt – parvient le long de la joue féminine, là où ses traits se sont affaissés. Mary a, une fois encore, la tête baissée. « Regarde-moi. Il attend, use d'un peu de force pour lui faire relever le visage, croiser son regard avec l'espoir qu'elle n'y pare pas ; ce qu'il pensait vain avant de devoir admettre qu'il s'est trompé. Sa femme vient obéir à ses dires, un maigre rictus d'accroché au rose de ses lèvres. Je comprends, je suis désolé. Une caresse du pouce, allant et venant contre sa joue maquillée. Mais ça va bien se passer. » Et il insiste sur ces dires-là avant qu'on ne sonne, avant qu'on ne le sauve de cet instant. En partie, Mary s'ose un baiser chaste pour ensuite le laisser terminer de s'habiller.

« Et moi dont ! Entrez, je vous en prie. Eamonn ne devrait pas tarder à descendre. » Sa voix porte jusque la pièce dans laquelle il se tient encore, le bleu de son regard détaillant son reflet avec attention. Trop d'années ont passé, trop de temps qu'ils ne pourront jamais rattraper. C'est le constat qu'il fait, détaillant les quelques traits de son visage creusés par l'usure du temps. Un soupire vient fendre ses lèvres entre lesquelles se perd rapidement la fin de sa cigarette. Si trop de temps a déjà été perdu, il ne tient pas à en accumuler davantage. « Eamonn m'a beaucoup parlé de vous... dernièrement. C'est un plaisir que de vous avoir ce soir. Vous souhaitez boire quelque-chose ? » Il entend, descend. Les pas ne font pas grincer le parquet, ce silence permet au brun d'observer. Attentif dans l'encadrement de la porte, dans le dos de sa femme qui s'affaire à mettre leur invitée à l'aise, il perçoit le bouquet, le regard, la présence de cette fille qu'il aurait dû élever. Qu'ils auraient dû élever, Euros et lui. « Je prendrais un whiskey. » Elle sursaute, Mary. Elle sursaute mais n'en perd pas son sourire, réellement ravie de cette rencontre qu'elle appréhendait pourtant. Paradoxale et surprenant. Et, enfin, un sourire parvient à se dessiner naturellement le long de ses traits, ça quand il s'approche pour l'accueillir, dans ses bras la serrer comme s'il en manquait. Dieu qu'il délaisserait bien des choses rien que pour ces maigres instants ; comment Euros peut-elle s'en passer ? Elle est la fille qu'on leur a enlevé et ils ne pourront jamais la renier. « Tu as déjà rencontré Mary. »      

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyMar 12 Mar - 20:54



Nice to meet you.
“ One more thing before we start the final face-off
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- Et moi dont ! Entrez, je vous en prie. Eamonn ne devrait pas tarder à descendre.

Cameron se contente de sourire, la remerciant d’un signe de tête et pénétrant enfin, pour la toute première fois, dans la demeure de son père.
Typique des grandes maisons, proche du manoir, de la famille Américaine riche, aisée et bien élevée. La jeune femme n’aurait pas été surprise de trouver dans l’allée une petite voiture familiale si tout l’univers de ce couple n’inspirait pas des valeurs familiales passées. Elle ne sait pas encore ce qui la pousse à se sentir dans les années 60 ici mais quelque chose lui inspire une authenticité.

D’une inspiration silencieuse elle enregistre les odeurs, le parfum de Mary, la cigarette froide qui plane non loin d’ici presque totalement couverte par une senteur florale, plus chimique qu’un bouquet. Son regard va de porte en porte, de salle en salle, glisse le long de cet escalier qui mène à un étage encore inconnu avant de retrouver les yeux si simplets de Mary.

- Eamonn m'a beaucoup parlé de vous... dernièrement. C'est un plaisir que de vous avoir ce soir. Vous souhaitez boire quelque-chose ?
- Un verre d’eau mon conviendra très bien, merci.

La jeune femme se demande ce qu’Eamonn lui a raconté. Une vérité édulcorée assurément, brodée par ses soins, sans donner de précision sur la mère concernée. Si tel était le cas, elle aurait aussitôt senti le regard de la honte planer sur sa personne venant de Mary. Cette femme a l’air si chaste qu’une simple paire de sein pourrait l’offusquer. Mais Cameron ne peut renier cette fierté que de savoir qu’Eamonn s’est empressé de parler d’elle. Son propre père.
Et elle l’entend arrivée avant qu’il ne se manifeste, de ce pas discret mais pourtant si lourd par le poids du passé.

- Je prendrais un whiskey.

Sa femme sursaute, Cameron sourit de plus belle, ne cachant absolument pas sa joie de retrouver cet homme qu’elle a cherché et dont elle a conquis le cœur. Au point qu’il vienne jusqu’à elle pour la serrer dans ses bras, comme si elle était sa petite chose à lui. Cette petite fille qu’il aurait aimé tenir alors qu’elle n’était qu’un nourrisson impotent. Et dans cette étreinte que Cameron tolère avec le plus grand des plaisirs, qu’elle rend sans aucune honte, elle se perd dans la chaleur d’un amour si particulier. Si unique.
Elle paierait cher pour avoir ce même amour de la part d’Euros. Mais chaque chose en son temps.

- Tu as déjà rencontré Mary.
- Une femme ravissante.

Et inutile. Cameron le sait déjà, le schéma est déjà en place dans son cerveau bien trop futé pour une gamine de 21 ans. Mary, aussi naïve et inoffensive qu’elle est, représente un obstacle majeur pour ses plans. Ceux où elle réunira ses deux parents. Mais pour le moment, là n’est pas la priorité, bien au contraire. Elle est là pour profiter de ce paternel qui lui a manqué mais aussi pour observer, s’imprégner, vivre cet amour qu’elle doute factice. Comment le savoir ? Elle n’est là que depuis trois minutes, à peine.

- Je suis heureuse de te revoir. Il me tardait de venir ce soir.

Sincère jusqu’au bout des ongles, son regard ne cesse pas de briller de satisfaction d’être ici, auprès de lui. Elle freine ses impatiences de le connaitre, de le découvrir, de l’entendre lui conter bien des histoires sur sa personne qui lui permettront de cerner tout ce personnage énigmatique.

- Désolée, je n’ai rien apporté pour toi … J’ai préféré attendre de mieux te connaitre.

Elle lui offre un sourire tendre, s’attarde un instant à le regarder avant de se tourner vers une Mary qui parait, elle aussi, sous le charme de ces retrouvailles.

- Votre demeure est incroyable. Est-ce que j’aurai l’occasion d’en faire le tour ?
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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyLun 18 Mar - 9:12

ft. Cameron
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« Une femme ravissante. » Il esquisse un sourire, n'en doute pas mais sait quelles pourraient être les pensées de la jeune femme à qui il est venu s'adresser ; il semble si singulier, si défait des normalités. Peut-être autant que le sien, si ce n'est pas plus encore, l'avenir pourra lui dire. « Je suis heureuse de te revoir. Il me tardait de venir ce soir. » Une légère caresse dans son dos avant de saisir le verre que Mary lui tend, sourire aux lèvres, un peu plus sereine qu'au départ, avant que le tintement de la sonnette ne leur parvienne. D'un bref geste de la main, il invite la jeune femme à s'installer, précisant silencieusement à Mary de faire de même. « Désolée, je n’ai rien apporté pour toi … J’ai préféré attendre de mieux te connaître. » Il lui rend son sourire, accroche l'azur de ses prunelles tout en lui faisant savoir que ce n'est rien, au contraire. Et l'attention se défait finalement, tournée vers la blonde qui lui sert d'épouse depuis déjà une vingtaine d'années. « Votre demeure est incroyable. Est-ce que j’aurai l’occasion d’en faire le tour ? » La question se perd dans l'instant, les mots de Mary s'élevant déjà tandis qu'il n'écoute pas. Non, il a les songes penchés sur la jeune femme qu'ils ont invité à dîner, cette prunelle qui lui fut arrachée par le passé. Il croit encore entendre les pleures de euros, derrière la porte, tandis qu'on le traînait jusqu'à l'auto garée devant leur misérable allée. Et la douleur lui semble encore bien réelle, tirant contre le muscle de son bras comme à l'époque ; il a cette horrible sensation que d'avoir vécu ces instants hier mais bien des années ont passé, Brona en témoignant par sa présence bien plus affirmée, mature ; le contraire des images du nouveau-né qu'il avait pu en garder au-delà des visites improvisées là où il savait qu'il pourrait la croiser. « Eamonn ? » Il relève le regard, dépose ses pupilles sur Mary qui fronce légèrement les sourcils, prête à poser un tas de questions auxquelles aucune réponse ne pourrait être donnée. Aussi, il s'en redresse, s'offrant une rapide gorgée du liquide ambre qui danse dans son verre avant d'user à nouveau de sa voix. Il s'épargne les inquiétudes, il s'épargne la candeur. « Je l'emmènerai après dîner. » Elle acquiesce, surprise qu'il ait pu écouter malgré son absence trahie par ses traits. « Tu passes la nuit ici, de toute évidence ? » La question porte jusqu'à sa réponse, laissant le libre choix à la jeune femme d'en décider. Mary y réagit aussitôt, heureuse quoi qu'elle aurait pu y répondre. Elle a ce naturel trop enjoué, emballée pour tout et rien, à la limite parfois de la stupidité. Il tait pourtant cette pensée, conscient de tout ce qu'il pourrait y perdre à laisser entendre telle vérité. Il n'aime que trop son confort pour pouvoir oser imaginer son monde sans ces habitudes bien ancrées.

Et il ne laisse que quelques minutes s'écouler avant de retrouver la parole, enchaîner à nouveau sur ce qui pourrait l'intéresser. Il veut – doit – en savoir plus sur ce qu'elle peut être, ce qu'elle est désormais même. Parce qu'il en ignore quand même trop malgré ses recherches jamais terminées, sait qu'il est passé à côté de bien des choses quand ils ont été séparés. « Que fais-tu maintenant ? Comme études, par exemple. » Il pose, s'intéresse, ose un coup d’œil vers une Mary attentive à ce que Brona pourrait avoir à répondre à ça. Et, en y songeant... « J'ai cru voir écrit Cameron, quelque part ; il tique, ose une légère grimace désabusée à se dire qu'un nom comme le sien puisse avoir été changé. Décidément, l'irlandais peine à s'installer comme toutes les autres conneries qui se sont aussi ici installées. C'est le prénom sur tes papiers ? » Il attend, se doute déjà de la réponse pour pleinement la connaître désormais. Ces dernières semaines ne se sont pas passées tranquillement avec lui à attendre sagement que ce dîner se prépare. Il n'a fait que fouiller davantage, chercher jusqu'à briser une fois de plus l'entente avec Euros à évoquer le sujet de la jeune femme dont il tient le regard et qui, contrairement aux autres, n'en vrille pas. « Oserais-je demander lequel tu préfères ? » Il esquisse un maigre sourire, sait que la question peut être un peu déconcertante mais elle ne semble pas pouvoir être déstabilisée si facilement ; contrairement à sa propre femme qui en baisse les traits, gênée à sa place et lui faisant comprendre. « Ce n'est pas forcément le genre de questions qu'il faille poser, chéri. » L'azur clair de ses prunelles trouve, cherche à attirer et parvienne à se l'approprier, toute son attention lui est donnée le temps de quelques secondes à peine, le temps de quelques syllabes. « Au contraire. » Ça lui tient trop à cœur pour qu'on puisse se positionner entre lui et ses requêtes. Il n'est pas celui qui demeure détaché, il est celui qui y tient à en devenir acharné.      

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Cameron Whalley

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyVen 22 Mar - 17:20



Nice to meet you.
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Lorsqu’elle regarde le tableau qui s’agite face à elle, Cameron se pose sincèrement la question suivante : Que fait un homme comme Eamonn avec une femme comme Mary. Elle est la lumière, lui l’ombre. Elle le bruit, lui le silence. La stupidité et l’intelligence. Une question d’argent, assurément, comme s’en est si fréquemment douté Cameron mais il y a certainement autre chose, un détail qui lui échappe encore. Mary entretient la discussion avec la jeune femme concernant la visite de cette maison, son père semblant avoir perdu le fil. Elle sent son regard l’a scruté, la détailler, au point de se perdre sans réagir. Sa femme l’interpelle, Cameron attend, son sourire ne se décrochant pas de ses lèvres pulpeuses. Le regard bleu de la jeune femme vient accrocher celui d’Eamonn, si semblable.

- Je l’emmènerai après dîner. Tu passes la nuit ici, de toute évidence ?

Cameron ne répond pas tout de suite, scrute les yeux presque insondables de son père. Ce que les autres voient certainement comme une froideur implacable ou un calme inébranlable, la jeune femme le traduit par une profonde solitude. Ca la touche en plein cœur, bien que ce dernier soit noircit par des idées immorales aux yeux de la société. Elle se fait donc une promesse, simple et réalisable : Elle ne le laisserait plus jamais seule. C’est une tristesse qu’elle compte bien effacer de ses pupilles claires et en un sens, Cameron a déjà commencer cette quête en venant ici, à ses côtés. Elle ne s’arrêtera pas là.

- C’est-à-dire que je n’ai pas d’affaires de rechanges sur moi …
- Oh ne t’en fais pas, je suis certaine que nous trouverons quelque chose dans ma garde-robe.

Si naïvement adorable et serviable.

- Bon… Très bien alors, avec plaisir.

Pourquoi refuser un temps si précieux qui lui est offert ? Mary s’en réjouit, Eamonn sourit.
Oui, elle ne s’arrêtera pas là.
Elle regard sa femme s’éloigner, s’affairer, tourner autour d’eux. Une bulle de joie, rayonnante, solaire. Inépuisable. Cameron en est agacée mais n’en montre rien. Cette femme pompe l’énergie entière de cette maison et se demande sincèrement comment son père réussisse à la supporter sans lui demander de se taire. Une idée pop, comme souvent dans la tête brune. Celle de trouver un tube de glue pour lui sceller les deux lèvres et qu’elle arrête de parler à tout va. Qu’elle se taise enfin et que Cameron puisse profiter de ce silence avec Eamonn. Juste tous les deux.

- Que fais-tu maintenant ? Comme études, par exemple. La pause est courte, suffisante pour se faire la réflexion suivante. J'ai cru voir écrit Cameron, quelque part

La concernée ne cille pas, tout comme elle ne détourne pas le regard de celui qui l’accroche. C’est une remarque auquel elle ne s’attendait pas vraiment, surprise de voir à quel point Eamonn semble tiquer – à en juger par l’expression de son visage – sur le prénom qu’elle porte.

- C'est le prénom sur tes papiers ?
- Effectivement.

Impassible, elle sent se tisser entre eux quelque chose de particulier. Un instant, un moment à part. Un fil qui part de l’âme pour rejoindre son vis-à-vis. Leurs regards s’ancrent et ne se décrochent plus et Cameron pourrait parier que ça suffirait aux mots. Comme s’ils savaient s’entendre, se comprendre, sans articuler la moindre parole. Elle se doute qu’Eamonn est loin de s’imaginer la noirceur de sa fille mais il y a quand même ce petit quelque chose qui leur appartient. Et la chaleur incandescente qui prend possession de son ventre est ce que l’on appelle la fierté. Celle de voir à quel point cet homme semble attachée à l’identité qu’il a donné à la jeune femme. A l’enfant. SON enfant.

- Oserais-je demander lequel tu préfères ?
- Ce n'est pas forcément le genre de questions qu'il faille poser, chéri.

Dans cet échange brûlant, elle en avait presque oublié l’existence de Mary. Elle déteste sa façon d’appeler Eamonn, elle déteste l’idée qu’elle puisse partager sa couche. Ce droit revient à Euros et Euros seule.
Elle a bien fait de venir, décidemment. Elle n’avait pas tort lorsqu’elle se disait que ce dîner serait plus révélateur pour elle que toutes les années qui les ont séparées.

-  Au contraire.

Le sourire de Cameron s’élargit.
Il lui a fallut quitter Los Angeles pour enfin ressentir quelque chose de beau et de parfait autre que le fait de foutre de la javel dans la boisson de cet abruti de Ruben.

- Celui que vous m’avez donné à la naissance et que j’aurai dû conserver encore aujourd’hui. Brona me va très bien.

Dès la seconde où il a prononcé son prénom lors de leur première rencontre, Cameron l’a aimé. Elle n’a pas besoin d’un prénom pour établir son identité, elle sait parfaitement qui elle est au fond d’elle. Mais jamais elle n’irait refuser ce prénom que leur a donné Euros et Eamonn, celui qu’elle aurait dû porter dès le début sans en changer. Celui que cet homme prononce avec une certaine forme d’amour.
Mary les conduisent là où le repas doit être servit tandis qu’elle sirote tranquille son verre d’eau plate.

- J’ai validée ma Licence cette année. J’entre en Master en Psychologie légale à la prochaine rentrée pour devenir psychologue criminelle. En somme, je vais étudier les cerveaux tordus pendant que tu t’occuperas de leur victime.

Elle rit avant de se rendre compte que Mary ne sait pas vraiment si elle doit trouver ça drôle ou … dérangeant ? Non, plutôt mal venu dans cette maison tirée à quatre épingles, là où les convenances doivent à tout prit être respecté. La jeune femme fait mine d’être gênée par sa propre blague, grimaçant légèrement.

- Désolée pour ma tentative d’humour noir.

Elle n’est pas désolée du tout, elle prend même un certain plaisir à mettre mal à l’aise cette femme qui met tant de cœur à ce que cette soirée se passe aussi bien qu’elle l’espérait.

- Je me posais la question … Pourquoi « Brona » ? Une raison en particulier ?

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyLun 25 Mar - 16:23

ft. Cameron
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La voix de sa femme ne lui parvient plus, éteinte derrière ses propres mots. Elle a comprit qu'elle n'avait rien à dire ; comme parfois, Mary sent qu'il est des choses qu'on ne peut lui retirer. Cette question s'ajoute à cette liste et il ne reviendra pas dessus, l'azur de ses grands yeux ne flirtant même pas avec ses traits. Il patiente sur la silhouette de la jeune femme invitée, sentant en lui une certaine animation digne d'une catastrophe à venir. Et s'il s'impliquait trop ? Si la jeune femme ne s'était imposée à lui que par curiosité sans davantage en demander ? Il est enfoncé dans ce flot de pensées quand sa voix lui revient, prête à satisfaire sa requête ; il le sait, le devine au sourire qu'elle arbore depuis que la sienne s'est éteinte. « Celui que vous m’avez donné à la naissance et que j’aurai dû conserver encore aujourd’hui. Brona me va très bien. » Il acquiesce, n'en cache pas un certain rictus illuminant ses traits. C'est nouveau et particulier, agréable ; plus qu'il ne l'aurait imaginé. Eamonn croit retrouver une partie de sa vie trop rapidement arrachée, cette partie qu'il a tant cherché sans jamais pouvoir la trouver jusqu'à il y a quelques années ; bien qu'il n'ait pas pu l'approcher. Tout est en train de changer, les choses évoluent de la manière dont il le voudrait ; c'est un plus, une récompense pour sa patience. Des pensées qu'il garde néanmoins pour lui quand Mary les invite à rejoindre la salle à manger, dans son extrême candeur, elle se fait mielleuse avec cette fille qui n'est pas la sienne. « J’ai validée ma Licence cette année. J’entre en Master en Psychologie légale à la prochaine rentrée pour devenir psychologue criminelle. Là-dessus, son regard ne la pas quitté ; elle est ce qu'il aurait pu devenir d'une certaine manière, ce qu'il est parvenu à être bien que le long d'un tout autre chemin. Si semblables et si loin. Elle est une merveille qu'il ne pourra jamais renier. En somme, je vais étudier les cerveaux tordus pendant que tu t’occuperas de leurs victimes. » Son rire est bref mais sincère, il ose. Il ose sous les yeux de sa femme dont le sourire peine à s'installer. Évidemment, comment pourrait-elle en rigoler ? Ce monde n'est pas pour elle, il ne l'a jamais été. Trop noir, trop dur, trop brutal pour la douceur dont elle se pare. « Désolée pour ma tentative d’humour noir. » Un maigre geste de la main comme pour lui faire comprendre que ce n'est rien, c'est Mary qui en prononce les mots, elle-même désolée d'être un peu stressée par cette soirée. Comment ne pourrait-elle pas l'être ? A cette table se tient le seul espoir d'enfant qui puisse lui rester, la petite blonde convaincue de ne pas pouvoir procréer ; si elle savait. Et finalement, c'est la voix de Cameron qui s'impose, qui ravive la table autour de laquelle ils se tiennent. « Je me posais la question … Pourquoi « Brona » ? Une raison en particulier ? »

Pour la première fois ce soir, ses grands yeux bleus dévient sur un point au hasard. Il contemple un vide profond qui l'amène à réfléchir, à se souvenir. Eamonn sent la douleur d'autrefois s'immiscer en lui comme un poison récemment administrer. Il pourrait lui dire mais hésite encore à faire entendre combien cet abandon l'a touché, creusé jusqu'à ne plus rien laisser si ce n'est cette froideur et cette légendaire neutralité ; comme s'il s'était défait de la moindre émotion, bonne ou mauvaise. La cigarette est finalement écrasée dans un cendrier à portée, les lèvres s'ouvrant brièvement à l'instant où la clarté de son regard se repose sur sa fille retrouvée. « C'est du gaélique. Mary ose son regard sur lui, attendant une réponse plus claire, plus détaillée. C'est comme si elle aussi se demandait ce qui peut en cet instant autant le travailler. Il n'en tient pas rigueur, s'offre une gorgée de son whiskey tandis qu'il reprend. C'est un dérivé plus américain de Bronach qui veut dire « douleur ». » Il a osé, fait entendre la vérité sur les syllabes qui la suive depuis qu'il l'a reconnu. En ce prénom réside la dernière émotion qu'il se soit laissé à ressentir au fil des années, elle est le souvenir de cette vive souffrance implantée en lui à chaque jour où il osait avancer sans pouvoir la récupérer. Mais elle est là, bien portante, bien présente ; vestige de deux êtres fatigués et abîmés. Il n'en revient pas à Mary dont la grimace est lourde de sens, les traits baissés comme pour ne rien laisser paraître ; sûrement aussi désolée que pourrait l'être un curé à cette révélation donnée.     

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyMar 26 Mar - 19:58



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Elle patiente, silencieuse, stoïque et ne détache surtout pas son regard de son père. Cameron n’a aucun mal à se dire que cet homme est son géniteur. Dans ses gestes, sa façon de regarder, de parler, elle se retrouve. Eamonn écrase sa cigarette, Mary détourne les yeux de cette scène qui semble la mettre tant mal à l’aise. Parce qu’elle sent qu’en cette seconde, elle n’a pas sa place, ne fait pas partie de ce cercle si restreint. Ces retrouvailles concernent Cameron et Eamonn, eux seuls.

- C’est du gaélique. C'est un dérivé plus américain de Bronach qui veut dire « douleur ».


Un silence plane où même leurs respirations se font à peine entendre.
Cameron ne déloge pas ses yeux clairs de ceux de son père, analysant, scrutant l’âme au tréfond de ce regard bleu. Si solitaire.
Elle porte l’empreinte de ce qui a marqué sa vie à lui, celle d’Euros. Un instant, elle s’imagine qu’elle n’a pas été voulu, qu’elle a été le fruit d’une haine, ce qui pourrait expliquer avec quelle véhémence sa mère s’applique à l’ignorer, voir la rejeter. Mais lorsqu’elle voit de quelle façon la regarde Eamonn, quelque chose lui souffle que cette « douleur » ne vienne pas d’eux mais potentiellement des autres. Cameron restera à jamais l’image de ce qu’ils ont vécu, une preuve, une empreinte de la souffrance et de la solitude qu’elle lit dans le regard de son géniteur.
Si pour d’autres, ce prénom aurait horrifié, Cameron se dit que parfois la vie fait les choses de la bonne façon. Porter une signification si dure pour une personne telle qu’elle est presque ironique. A se demander si « Brona » ne pourrait pas devenir sa signature.

- Est-ce que c’est parce que vous me détestiez ? Ou que je vous rappellerai à jamais de mauvais souvenir que vous m’avez donné ce prénom ?


Jamais les regards ne se dessoudent, l’atmosphère ne s’alourdit pas mais se mue en quelque chose de presque intime où personne n’aurait sa place. Pas aux yeux de Cameron. Si elle se laissait aller, elle ordonnerait à Mary de quitter cette pièce au pas de course afin qu’elle puisse discuter pleinement et sérieusement avec celui qu’elle finira par appeler « papa », un jour.

Douleur

Ses souvenirs la ramènent à son enfance, là où elle a propagé ses idées horrifiques comme la peste après en avoir chier auprès de ses petits camarades qui s’imaginaient supérieur à elle, parce qu’elle avait été adopté. Les enfants sont certainement les créatures les plus mauvaises de part leur franc parler et de leur absence de dissociation du bien et du mal, ses cours en psycho n’ont fait que confirmer cette règle. Alors oui, la douleur elle la connait. Peut-être pas comme la majorité de cette planète mais à sa façon, elle l’a associé à tous ces êtres inférieurs dont elle compte percer le secret afin de les mettre à genoux, flingue dans la gorge, prêt à se faire sauter la cervelle. Elle se fera marionnettiste de leurs pitoyables idées pour qu’ils touchent le fond jusqu’à ne plus en pouvoir. Derrière les plus calmes se cachent les plus meurtriers. Et ce sont des personnes comme Mira par exemple, qui paieront le prix de leur suffisance.
Donc oui, Brona lui convient parfaitement.
Pourtant, elle veut l’entendre de sa bouche à lui, qu’elle n’a pas été qu’un nid de souffrance à ses yeux. Qu’elle n’a pas été le démon qu’ils n’auraient jamais voulu avoir, donnant ainsi raison à ce regard qu’il lui jette. Au fond d’elle, elle sait qu’elle est le fruit d’un amour défendu mais véritable, puissant. Un amour qui l’a façonné telle qu’elle est aujourd’hui.

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptySam 30 Mar - 16:05

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La vérité est donnée, servie sur un plateau qu'il sent pourtant tremblant. Il vient d'avouer une chose, une seule et unique chose sur son passé et celle-ci réside en ce prénom attribué par le passé ; celui qu'elle ne découvre que désormais. Il pourrait en soupirer, faire entendre cette déception que de savoir cette famille si odieuse pour tout lui arracher mais il n'en dit rien, encaissant silencieusement ce qu'il ne peut changer. Eamonn peut simplement rattraper ce qu'ils ont perdu, réinstaurer cette espèce de lien qu'on leur a arraché. Il ne peut que reconstruire ce qui s'était brisé, tenter une nouvelle approche de ce qu'il espérait pour eux, pour Euros. Euros dont la présence manque, Euros qui devrait être là à la place de la petite blonde qui, en l'écoutant, n'a fait que baisser davantage ses traits. Elle a essayé de disparaître lentement derrière cette culpabilité injustifiée. Et il comprend enfin, elle est mal à l'aise. Elle l'est et malgré toutes ces années écoulées à ses côtés, il se tape de savoir s'il doit y faire quelque-chose ou non. Tout ce qui importe réside en ces prunelles qui guettent, qui toisent, qui tiennent le regard comme lui pourrait le faire, une habitude certaine qui s'est transmise par les gênes. « Est-ce que c’est parce que vous me détestiez ? Ou que je vous rappellerai à jamais de mauvais souvenirs que vous m’avez donné ce prénom ? » Il sent quelque-chose frapper en lui, comme un sentiment qu'il n'avait pas encore ressenti. La question erre, se perd dans l'énorme salle qu'ils animent désormais silencieusement. Que devrait-il répondre, en soit ? Qu'ils ont souffert et qu'en résultat, elle en hérita ? C'est une vérité qu'il pourrait lui servir mais il n'est pas sûr des mots, ni sûr de la profondeur que pourrait apporter si peu de détails quant à ce choix. Il y a, derrière cette décision, tout un monde qu'ils ont tu durant des années et des années ; un temps infiniment long à se perdre, se retrouver, s'engueuler pour ne plus se parler. Et au-delà de ses pensées embrouillées, c'est le regard peiné de sa femme qu'il sent se poser sur lui, inquiète de la réponse qui pourrait être donnée. Elle ne sait rien de cette jeune femme et tient pourtant à la protéger de son franc parler. Si elle savait qu'elle est la raison de son hésitation en cet instant précis, la raison de ce silence qui perdure parce qu'il doit choisir ses explications avec précaution. Si elle savait la vérité derrière ses traits, si elle savait l'ampleur, la gravité de ses péchés. Aussi, enfin, il s'en redresse. Son regard n'a pas quitté Cameron – Brona – ne serait-ce qu'une seule fois. Il l'apprend, par cœur, comme par peur silencieuse qu'elle ne disparaisse à nouveau, comme par crainte que rien ne soit vrai.

« J'avais seize ans que tu es arrivée. Il commence, fait attention aux détails dans sa tête. Il prend soin de ne pas trop en dire, de ne rien divulgué. Il doit taire sa terrible vérité, celle qu'on viendrait condamner pour ce qu'elle est. Il n'en doute pas, n'a que trop apprit les coutumes, les bienséances pour savoir qu'il en a enfreint une bonne partie. Une partie de sa vie n'est que mensonge et manipulation, il est le mal qui se cache derrière les traits d'un saint. On m'a pratiquement tout de suite envoyé en foyer après. J'ai pu rester que deux jours avec toi en ne sachant pas quand j'allais être emmené. Il continue dans ses propos, ose l'ouverture du cœur plutôt que d'user d'esprit et de retenue. Il n'a pas à en fournir, pas maintenant, pas en sachant la nature du lien qui le lie lui et son interlocutrice ; et qu'importe la spectatrice. C'était plutôt une preuve qu'on voulait donné. Un ressenti qu'on ne pourrait pas oublier, même avec le temps. C'est l'esprit même de ce qui nous toucherait si... ; il marque une pause cette fois, laisse sa main balayer ses traits des souvenirs qui s'y accumulent. Il se souvient des cris, des supplices. Il se souvient des longues prières énoncées, des souhaits qu'il n'a jamais cessé de réciter. Et la patience à payer. Eh bien, si ça venait à se savoir. » Il ose, termine, voit le regard de son épouse se froncer bien qu'elle n'ait pas le courage d'en demander davantage. Non, elle se tait, tient bon, garde ses syllabes interrogatrices pour une heure plus tardive ; il n'en doute pas. Tant mieux qu'elle la ferme. Tant mieux qu'elle ne prenne pas ce risque. Cette soirée avec Cameron – Brona – le concerne lui et uniquement lui. Elle, elle n'est que la façade du manège, le leur devant les actes. « Tu ne me rappelles pas des mauvais souvenirs, tu me rappelles que c'est la douleur qui a fait que tout soit possible. »     

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyDim 28 Avr - 20:38



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Elle est plus qu’intriguée par ce qui se trame derrière le regard d’Eamonn. Cameron imagine toutes les scènes qui doivent défiler dans sa tête, tous ces souvenirs dont elle n’aura jamais accès. Qu’on lui ait donné un prénom avec une signification aussi forte n’a rien d’un hasard, ni d’anodin. Sans le savoir, ils ont été visionnaire en l’appelant par ce doux nom de Brona.
Cameron est en suspens, attend que son père délie enfin cette langue pourtant si silencieuse pour lui révéler d’autres détails qui la concerne. Sa curiosité est réelle. Personne n’a jamais su ou voulu lui expliquer d’où elle venait, pourquoi elle avait été larguée de cette façon à une autre famille. Toute son identité repose sur cet homme dont elle attend des explications. Elle ne manque pas non plus regard mi-intrigué, mi-inquiet de sa femme, Mary.

« J'avais seize ans que tu es arrivée. On m'a pratiquement tout de suite envoyé en foyer après. J'ai pu rester que deux jours avec toi en ne sachant pas quand j'allais être emmené. Elle ne saurait dire ce qu’elle ressent en cet instant. Cameron pense être touchée par l’histoire d’Eamonn, imaginant cet homme beaucoup plus jeune, aux traits moins durs, peut-être même plus candides. Elle supporte mal l’idée que quelqu’un ait pu lui arracher un avenir qui lui revenait à elle. Elle supporte mal l’idée que quelqu’un ait pu prendre cette décision à la place de ses propres parents, par soucis d’éthiques ou elle ne sait quelles conneries. C'était plutôt une preuve qu'on voulait donné. Un ressenti qu'on ne pourrait pas oublier, même avec le temps. C'est l'esprit même de ce qui nous toucherait si... Eh bien, si ça venait à se savoir. Cameron n’a pas cessé un seul instant de regarder son père dans les yeux, sans ciller. Elle sait parfaitement de quoi elle parle et étrangement, elle doute que Mary en sache quoi que ce soit. Il serait étonnant que ça soit le cas en vue de la famille qui dore certainement son nom. Non, Eamonn a épousée cette petite conne uniquement pour dissimuler ce passé si sombre qui orne ses traits et de ça, Cameron en est persuadée. Il ne peut en être autrement. Elle refuse l’idée même que ceux qui l’ont arraché à sa famille aurait pu briser l’amour que ses parents se portaient. Tout ça sort uniquement de l’imaginaire de Cameron, des espoirs qu’elle découvre plus profondément ce soir, prenant conscience à quel point elle attend de cette rencontre, de ce lien à venir avec Eamonn. Puis avec Euros. Tu ne me rappelles pas des mauvais souvenirs, tu me rappelles que c'est la douleur qui a fait que tout soit possible. »

Cameron reste un long moment silencieuse, ses yeux toujours plantés dans ceux de son père, sans ouvrir la bouche pour l’instant. Elle scrute, observe les traits de celui pour qui elle s’est déjà prit d’affection à la seconde où elle a su qu’il était son père. Et c’est après ce qui semble être un long moment que la jeune femme se décide de bouger, d’agir, s’approchant d’Eamonn. Elle dépose avec délicatesse une main presque gracieuse sur la joue parfaitement rasée de l’homme. « Je suis là maintenant et personne, je dis bien personne ne m’empêchera de rester ici, avec toi. Elle insiste bien sur ses paroles, qui sont également destiné à Mary bien qu’elle ne la regarde pas directement, préférant de loin le bleu des yeux de son père.
Son père, le sien. Jamais elle ne permettra à qui que ce soit de prendre cette place qui lui revient. Que ça soit une femme ou un enfant. Elle ne leur donnera jamais l’occasion d’avoir un nouveau-né pour perdurer leur lignée, car si enfant il doit y avoir, cela se fera entre Eamonn et Euros, certainement pas avec une bâtarde qui ne pourra jamais comprendre ce lien si puissant qui unit la famille des O’More. En cette seconde, elle en est certaine, elle rassemblera cette famille, peu importe les moyens dont elle devra user pour ça. Quoi qu’en dise les autres, je suis ta fille et je n’ai aucune honte à ça. Cameron sait bien que Mary ne comprend absolument pas ce qu’il se passe, ni pourquoi honte il devrait y avoir. Eamonn se chargera certainement de lui expliquer la vérité ou un mensonge, cela le regarde. Elle finit par détacher sa main de la peau chaude de son père, toujours aussi droite, le regard encore présent. Et je suis désolée de toutes les épreuves que tu as vécues. Mais tout cela est derrière nous maintenant et nous avons un bon nombre d’années à rattraper. Eamonn est certainement l’unique personne à recevoir un sourire aussi sincère de la part de la jeune femme. Je veux que tu continues de m’appeler Brona, si c’est le prénom que tu m’as donné lorsque j’ai vu le jour. Et je veux tout savoir de toi, ce soir et dans les jours à venir. »

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyLun 6 Mai - 15:02

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Le silence règne, dur et pesant, comme un jugement dont on pourrait taire les mots. Après tout, elle sait – elle sait l'histoire et ses aboutissants. Elle connaît son secret mieux que quiconque, elle est cette enfant. Leur enfant. Il tique, laisse ce même azur – quoi qu'un peu plus clair – toiser la jeune femme venue jusqu'au cœur de cette antre. Et si Maximilian avait eu raison, si la vérité n'était pas si aisée à comprendre, à entendre, qu'adviendrait-il ensuite ? Un tas de questions se pose silencieusement, des interrogations auxquelles il n'a que trop peu de réponses. Eamonn n'ajoute rien, laisse la vérité s'installer là où elle peut être comprise dans son entièreté. Il en oublie Mary, à ses côtés, cette femme qui brave avec lui un enchaînement périlleux d'années depuis d'ors et déjà assez longtemps. Il soupire, doucement. Il ne presse rien, sait qu'en cet instant tout peut se décider. Pourtant, il a ce pressentiment, cette petite voix qui répète qu'il n'a rien à craindre quant à cette fille qu'il a retrouvé. Elle n'ira pas fuir, ne coupera plus les ponts. Elle restera, qu'importe les raisons. Mais elle se lève, trahissant peut-être cette assurance qu'il s'octroyait. Le légiste n'en bouge pas, éternelle statut de marbre dans son fauteuil qui ne fait que regarder – il s'attend à la voir disparaître dans les pièces voisines, dans les ruelles de cette ville et son immensité. Mais c'est vers lui qu'elle s'élance, qu'elle s'avance. Brona lui revient, appose contre sa joue l'une de ses mains. « Je suis là maintenant et personne, je dis bien personne ne m’empêchera de rester ici, avec toi. Cette détermination dans le regard, il croit la reconnaître – et de très loin, à dire vrai. Ça lui arracherait presque un sourire, quelque-chose de maigre, habituel, mais bien plus sincère. Eamonn se laisse aisément prendre aux dires de sa fille, convaincu que rien au monde ne pourrait empêcher qu'il retrouve celles qu'on lui avait enlevé. Derrière le tableau froid et neutre qu'il peut être se dresse une tornade des plus violentes, des plus grandes – un cataclysme où s'entrechoquent sentiments, raison et doutes. Un océan d'émotions qui n'a jamais trouvé de réelle paix – jusqu'à ce que Euros, jusqu'à ce que Brona en lui reviennent. Quoi qu’en dise les autres, je suis ta fille et je n’ai aucune honte à ça. Et je suis désolée de toutes les épreuves que tu as vécues. Mais tout cela est derrière nous maintenant et nous avons un bon nombre d’années à rattraper. Il acquiesce, laisse le contact se rompre sans qu'elle ne s'en éloigne pour autant. Je veux que tu continues de m’appeler Brona, si c’est le prénom que tu m’as donné lorsque j’ai vu le jour. Et je veux tout savoir de toi, ce soir et dans les jours à venir. » Il comptait là-dessus, l'aurait presque imposé si l'idée n'avait pas été partagée, en plaise à sa femme ou non. Sous ses yeux se trouve la deuxième femme la plus importante qui soit à son existence – comment pourrait-il y résister ?

Il s'en redresse à peine, sans se lever. Eamonn récupère cette main qu'elle a retiré, laissant la sienne s'imposer contre la paume de cette dernière – il y tient, comme imposant un lien immatériel entre celles-ci. La fumée de sa cigarette vient braver la frontière de ses lèvres avant qu'il n'attire la belle vers lui, sa main libre – bien qu'habitée par sa dose de nicotine – trouve refuge sur sa nuque. Les mots sont un secret qu'ils ont à tenir, des dires qu'il ne peut énoncer qu'à elle. Bouche à oreille. « Rien ne m'empêchera d'être avec ma famille. » Il ose, laisse ces murmures lui appartenir, à elle seule – tandis que sa femme s'en écarte, laissant faire. Elle n'interfère pas, respectueuse de cet instant, de ces retrouvailles. La femme bien sous tout rapport, ignorante des ténèbres qu'elle a épousé quand elle pensait n'y voir qu'une lumière certaine bien qu'un peu cachée ; encore bien tenue à l'écart de ses secrets. « Ce sera toujours Elle, et toi. » La voix enrouée du fumeur sait se faire discrète quand il le faut, davantage pour ce partage dont il inscrit chaque seconde sous sa peau... avant de lâcher prise, lui rendre sa liberté non sans lui être pleinement lié. « Ça l'a toujours été. » Là-dessus, il se relève, revenant sur ses précédents pas, avide du liquide ambre qui patiente dans les carafes du buffet. « Mary m'a sorti de la rue quand j'vous cherchais. » Une gorgée, le sourire de sa femme qui semble se retrouver, elle rougie – comme à son habitude – avant de lui jeter un coup d’œil aussi tendre que niais. Il y répond par un bref rictus avant que l'attention n'en revienne à Cameron, entièrement comme depuis qu'elle est arrivée. « Mais ce qui importe finalement c'est toi. Il la désigne de sa main, cigarette calée entre ses doigts où s'est logé son verre. Est-ce qu'ils se sont bien occupés de toi ? »

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyLun 13 Mai - 20:45



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Il a ce quelque chose de magnétique dans sa manière d’être et dans cette façon qu’il a de la regarder. Cameron se demande quel genre d’homme il est avec les autres. Avec une mâchoire et des yeux pareils, il ne peut être qu’un leader. C’est en tout cas ce qu’elle imagine. Le tableau est parfait avec son père sur le trône et les autres, à ses pieds.
Eamonn saisit sa main, puis sa nuque. Un contact franc, paternel, qui lui réchauffe le ventre. Elle qui se serait déjà probablement crispé sous ce contact, ne bronche pas, silencieuse face à cet échange privilégier. Ses lèvres non loin de son oreille articule des mots dorés, qu’elle enferme aussitôt dans un précieux coffre.

« Rien ne m'empêchera d'être avec ma famille. Mary n’existe plus, le reste du monde non plus. Le cœur de Cameron a rarement battu aussi fort qu’en cet instant où elle constate à quel point elle a eu raison de venir s’imposer avec délicatesse. Ce sera toujours Elle, et toi. Son myocarde frape plus fort encore. Elle le savait, même si elle n’en a jamais vraiment douté, qu’Euros et elle seront sa seule et unique famille. Celle qu’il a toujours voulu avoir à ses côtés. Ce sont ces quelques mots qui déclenchent en elle un objectif bien précis qui se monte comme un château de légo : de manière stratégique et logique.
Son rôle est maintenant clair et limpide : Elle doit les réunir. Quoi qu’il arrive, elle doit ramener Euros dans la vie d’Eamonn pour de bon et inversement. Peu importe les méthodes à utiliser, Cameron se jure que bientôt, eux aussi vivront dans une baraque comme celle-ci. Seulement eux trois, défiant les jugements de cette société qui n’évoluera jamais vraiment. Ça l'a toujours été. » Et ça le sera pour toujours. Jusqu’à leur fin. Le sourire de Cameron reste incrusté sur ses lèvres pulpeuses depuis qu’il l’a lâché. Elle aurait pu rester des heures comme ça, à ce simple contact intime et privilégié qu’elle a partagé avec lui. Il y en aura un tas d’autres, de ça, elle s’en fait la promesse.

« Mary m'a sorti de la rue quand j'vous cherchais. Mary ?
Ah oui, Mary. Le grain de sable dans le rouage. L’obstacle à la vie de famille tant désiré. Celle dont il faut se débarrasser. Elle se fiche de savoir quelle prouesse cette conne a effectuée, tout ce qui lui importe maintenant c’est son rôle aujourd’hui. Cameron ne manque rien de cet échange étrange entre le mari et sa femme. Un sourire renvoyé. Est-ce qu’il est amoureux de cette femme ? Impossible. Il n’y a qu’un amour dans sa vie.
Un seul.
- Mais ce qui importe finalement c'est toi. Est-ce qu'ils se sont bien occupés de toi ? » Cameron revient à cette réalité tant attendue, plonge son regard bleu dans celui de son père avant de venir s’assoir en face lui après avoir bougé la chaise. Mary a de nouveau disparu de son champ de pensée pour le moment, bien moins intéressante que cette discussion qui se tisse pas à pas.
Melanie et Desmond ont été deux « parents adoptifs » de grande qualité, il est vrai. Cameron ne se souvient pas à ce que l’un d’eux aient déjà levé la main sur elle, ni même puni. Il faut admettre qu’elle était une gamine si particulière qu’ils n’ont jamais vraiment eu à faire à une rébellion ou des conneries immatures. Pourtant, des choses, elle en a faite. Cachée aux yeux de tous et de toutes.

« Oui, je n’ai jamais manqué de rien. Ils ont été de bons tuteurs. Je crois qu’ils étaient fiers de me voir arriver en tête de classe. Elle marque une pause, peint un nouveau sourire sur ses lèvres. C’est ce qu’elle pense avoir décelé en tout cas dans le regard de ces deux personnes lorsqu’elle ramenait d’excellent résultat. J’ai pu faire plusieurs activités extra-scolaires en plus de mes cours habituels grâces à leurs économies et à ce que tu leurs donnais. J’ai appris le piano et un peu de violon. Ce sont deux choses qui l’apaisent même si elle n’a pas les moyens d’avoir ni l’un, ni l’autre pour elle, préférant cibler ses économies sur son départ de L.A et ainsi venir rencontrer celui qui se tient devant elle. La jeune femme marque une nouvelle pause, toujours scrutant les traits de son père avant de poursuivre. Ils ne m’ont rien dit jusque mes 18 ans, j’ai économisé depuis tout ce temps-là pour venir vous retrouvez. Elle marque une pause, penche la tête légèrement sur le côté. Je te l’ai déjà dit mais je me souviens de toi. Je me souviens de toutes les fois où tu es passée pour essayer de me voir. » Elle ne pourra certainement pas remonter aussi loin dans ses souvenirs mais toutes ces fois où elles se remémorent ses visites, restent gravés au fond de sa mémoire. Des petits instants magiques, qui lui ont donnés l’ambition nécessaire pour débarquer ici un jour.
Autre chose la chiffonne, lui gratte le fond de la gorge et de l’estomac. Le passé de son père. Elle a bien noté ce détail, le fait d’avoir été à la rue et la curiosité la pousse a entrer sur un terrain peut-être miné.

« Et toi ? Ton histoire ? Je sais juste que tu es légiste, ça a toujours été le cas ? »

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyMar 21 Mai - 14:05

ft. Cameron
Nice to meet you.
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L'esprit s'imprègne de cette toute nouvelle présence. L'esprit retrouve une partie qui s'était estompée, là, quelques années auparavant – quand le monde punissait ses actes, ses choix, cette vie qu'il menait comme persuadé qu'ils pourraient tout deux s'en sortir. Foutaises, l'injustice a été complète mais s'avère un peu plus minime ici. Parce qu'elle est là, bien réelle, bien décidée. Parce qu'elle est là, faisant taire cette espèce de paranoïa quant à un possible piège à son encontre, à leur encontre. Cameron – Brona – parvient à raviver certaines choses qu'il avait choisi d'omettre, ces drôles de sentiments qu'il n'aimait pas à ressentir – pour personne, presque personne en soit. Et, cette fois, rien n'a d'importance si ce n'est elle. Elle et tout ce qu'elle a été durant ces années perdues, toutes ces années au cours desquelles il n'a rien pu faire si ce n'est regarder ; contempler cette fille qui aurait dû être la sienne grandir loin de l'immondice qu'ils peuvent être, lui et sa sœur. « Oui, je n’ai jamais manqué de rien. Ils ont été de bons tuteurs. Je crois qu’ils étaient fiers de me voir arriver en tête de classe. Et il l'aurait été aussi, en soit, plus qu'eux. Il n'aspirait qu'au meilleur, du haut de ses quinze ans, pour cette enfant arrachée, enlevée. Emmenée aussi loin qu'humainement possible de l’aberration commise. J’ai pu faire plusieurs activités extra-scolaires en plus de mes cours habituels grâces à leurs économies et à ce que tu leurs donnais. J’ai appris le piano et un peu de violon. Il esquisse un maigre sourire, y songeant. Il essaie d'imaginer quelle aurait été leur vie si les choses s'étaient passées autrement. Il essaie de se souvenir ces nombreuses images qui hantaient sa tête, les disputes qui avaient éclaté entre ces deux personnes qui l'ont élevé et lui. Lui qui n'aspirait qu'à la voir, ne serait-ce qu'une minute – peut-être deux. Un bref soupire brave ses lèvres tandis qu'il écoute, ramène l'azur clair de ses prunelles sur la jeune femme qu'il ne quitte plus vraiment du regard. Il veut en entendre davantage, il veut tout savoir. Tout malgré le poison qui s’immisçait en lui depuis ses jeunes années : Brona ne lui reviendra pas, elle ne le voudra pas. Une erreur dont il prend conscience, les mots de sa fille s'élevant à nouveau. Ils ne m’ont rien dit jusque mes 18 ans, j’ai économisé depuis tout ce temps-là pour venir vous retrouver. Je te l’ai déjà dit mais je me souviens de toi. Je me souviens de toutes les fois où tu es passée pour essayer de me voir. » Le sourire qu'il portait semble croître un peu plus à mesure qu'elle ose, à mesure qu'elle délaisse toute cette vérité entre eux deux – Mary y comprit bien que sa présence semble s'effacer. Et bien que la statue de marbre n'ait pas bougé, il a le palpitant qui réclame un peu plus de sang, pompant à un rythme bien moins régulier. Elle lui est revenue. « Et toi ? Ton histoire ? Je sais juste que tu es légiste, ça a toujours été le cas ? »

L’intérêt revient tandis qu'il imprime tous les détails qu'elle vient de lui donner sur sa propre personne ; finalement, ils ne pourraient la renier. Elle est l’exactitude de leur deux êtres assemblés. C'est un fait, une vérité que seule une personne pourrait percevoir quant à ce qu'il a osé lui révéler ; ce même homme qui lui avait conseillé de se tenir en retrait. Connerie. « J'ai fait en sorte de l'être, depuis le départ. Toutes mes études n'ont toujours qu'autour de ça. Je n'ai rien fait d'autre. » Il n'ajoute rien, ne va pas plus loin en sachant que la totalité de son existence se résume à cela. Derrière l'image qu'il donne, Eamonn n'a rien d'extraordinaire. Il tique en y pensant, pas vraiment à même de pouvoir accepter cette vérité ; parce qu'il voudrait être plus que ça, plus haut encore que le grade acquis. O'More, du fond de son manoir, aspire à un empire. « Tu sais déjà tout, en soit. Je pourrais mentir ou même me confondre en détail que ça n'apporterait rien. Et même si ça le gêne, une pointe de honte visible le long de ses traits, il use de vérité. Enfin bon, j'apprends au moins qu'ils n'ont pas garder cet argent pour eux. Peut-être qu'au-delà de mes a priori, je devrais admettre qu'ils ne te voulaient que du bien. Une gorgée de son verre, une nouvelle cigarette qui s'allume. Mary n'ose rien dire, rien ajouter, elle sait ce sujet sensible – plus que n'importe quel autre pour cet homme dont le bleu des yeux peine à se défaire de sa fille. Tu en joues toujours, alors ? » Il demande, s'y intéresse finalement. Si ces cours lui ont été offerts, il estime être celui grâce à qui elle a pu s'y adonner. Qu'on lui laisse au moins ça dans l'éducation de cette jeune femme, rien que ça.

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Cameron Whalley

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyMar 4 Juin - 23:57



Nice to meet you.
“ One more thing before we start the final face-off
I will be the one to watch you fall “


Son père est beau lorsqu’il sourit. Elle lui découvre un charme que personne sur cette terre ne saurait lui enlever. Elle apprend à en apprécier l’esquisse, affinant ses lèvres, tout comme elle aime voir sur ses traits la dureté et la froideur d’une colère qui lui font écho. Cameron se retrouve en chacun d’eux, ici et là, un sourire, un regard, le calme et la patience, elle est un savant mélange d’Eamonn et Euros. Un équilibre qu’elle juge parfait. C’est pour une elle une preuve supplémentaire que les deux êtres sont faits pour vivre le restant de leurs jours ensemble. Sans l’ombre de Mary au tableau, sans l’ombre de qui que ce soit d’autre.
Cameron a terminé son récit, elle attend celui de son propre père désormais, avide de savoir ce qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Certainement un homme parfait, il ne peut en être autrement dans son esprit.

« J'ai fait en sorte de l'être, depuis le départ. Toutes mes études n'ont toujours qu'autour de ça. Je n'ai rien fait d'autre. Ce qui est déjà énorme, elle imagine bien tous les obstacles qu’il a dû traverser pour en arriver là. Elle en sait trop peu sur lui, ne fait que deviner et esquisser quelques contours autour de sa personnalité. Tu sais déjà tout, en soit. Je pourrais mentir ou même me confondre en détail que ça n'apporterait rien. Les mots meurent dans sa gorge, se demandant si Mary n’est pas responsable de ce manque d’information à donner. Si la femme n’était pas là, Eamonn se montrerait-il plus bavard ? Car ce qu’elle veut apprendre, Cameron, c’est toutes les difficultés qui l’ont aidé à se construire, elle veut qu’il lui raconte la séparation avec Euros, ce qui les a menés à s’éloigner. Mais elle veut aussi savoir les couleurs de leur amour toujours vif, présent. Ce qu’ils ont vécu de beau, de passionnel. Pourtant, ce soir, la jeune femme a bien l’impression qu’elle n’aura le droit qu’à quelques miettes… Injustement. Enfin bon, j'apprends au moins qu'ils n'ont pas garder cet argent pour eux. Peut-être qu'au-delà de mes a priori, je devrais admettre qu'ils ne te voulaient que du bien.
- Oui, j’ai eu de la chance. » Elle aurait pu tomber sur beaucoup plus bête, sur beaucoup plus négligeant. L’avantage de Mélanie et Desmond est que Cameron a pu vivre une enfance et une adolescence tranquille, laissant libre court à son imagination si particulière et parfois un peu trop gourmande. Il lui a fallut un bon nombre d’année pour comprendre et canaliser les démons qui, parfois, hurlent en elle. La jeune femme reste concentrée sur ce père qui ne se dévoile plus, qui en reste là. Elle a cette sensation de rester sur sa faim, de louper un tas de détails qui pourraient compter avec merveille et beaucoup de tragédie l’existence de celui qui lui a en partie donné la vie.

« Tu en joues toujours, alors ?
- Plus depuis que je ne suis plus chez eux. Elle esquisse de nouveau un sourire. Il lui a déjà été compliqué de rassembler une somme d’argent nécessaire pour pouvoir payer son billet jusqu’ici et commencer une nouvelle vie. Et lorsque vous êtes étudiant, tout devient plus compliqué. Elle peut s’estimer heureuse d’avoir Mélanie et Desmond qui lui envoi un peu d’argent par mois qui complètement suffisamment son mi-temps en tant que serveuse au NightClub. Tout cela est bien trop maigre pour pouvoir se payer un quelconque instrument de musique. Ils ont racheté à un ami un piano… Enfin, rien de grandiose, quelque chose d’assez petit et de peu coûteux mais ça me permettait au moins de continuer la pratique. Et le violon, tu imagines bien que le tout revenait trop cher. Il a fallu faire un choix. De nouveau son sourire se fait léger. Elle n’a pas d’amertume ou de rancœur à ce sujet bien qu’elle trouvait étrangement une certaine paix à jouer de ses doigts, faire fonctionner cette oreille qui s’est révélée plus douée que la moyenne. La musique repousse et calme ses démons. Aujourd’hui, il lui faut trouver d’autres alternatives.


« Penses-tu que j’aurai la chance de pouvoir rencontrer ma tante ? »
Cameron n’est pas folle, elle ne la mentionnera pas comme sa mère, pas de cette façon. Mary est là, à les observer presque aussi silencieuse et inutile qu’un des meubles de salon. Le mot « mère » brûle ses lèvres mais jamais elle ne compromettra celui qu’elle souhaite appeler « papa » ce soir.

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Eamonn O'More

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MessageSujet: Re: Nice to meet you ▬ Eamonn   Nice to meet you ▬ Eamonn EmptyVen 7 Juin - 17:00

ft. Cameron
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« Plus depuis que je ne suis plus chez eux. » Une petite pointe de déception, Eamonn s'attendait à une autre réponse, une autre alternative que celle-ci ; parce qu'il devient, avec Euros, la raison pour laquelle ses doigts ne jouent plus. Il tique un peu, affiche une moue un peu déconcertée – la savoir ainsi douée parvient à lui faire comprendre qu'ils n'ont pas engendré le mal, comme sa sœur aime à lui faire penser, mais bien une jeune femme parfaite et promise à de grandes choses. Aussi, il se doit d'accepter la finalité de ses pensées, il sait ce qu'il devrait faire, ce qu'il souhaite faire en vérité. S'il n'a pas pu être là autant qu'il le fallait, il pourrait l'être à l'avenir, plongé dans des passions qui lui échappent mais qui sont importantes à celle qu'il contemple, à celle dont il renvoie un sourire pour répondre au sien. Eamonn commence à prendre ce rôle à cœur, plus que jamais. « Ils ont racheté à un ami un piano… Enfin, rien de grandiose, quelque chose d’assez petit et de peu coûteux mais ça me permettait au moins de continuer la pratique. » Il acquiesce, imagine déjà l'objet dont ils parlent et son habitude à la luxure l'amène presque à grimacer – il aspire à mieux pour celle qu'est sa fille, cette dernière enfin retrouvée après des années et des années de silence pesant et désespéré. « Et le violon, tu imagines bien que le tout revenait trop cher. Il a fallu faire un choix. » Un choix qu'elle n'aurait pas eu à faire si elle avait été là ; quoi que, peut-être les choses auraient été différentes, bien moins aisées. Il doit l'avouer, sait que sa vie aurait pu être toute autre si les événements de son passé n'avaient pas été ceux-là. Vivre dans le péché n'amène pas forcément de grande gloire. Le monde est fait sur des banalités, des codes qu'il faut respecter – et l'esprit fermé d'autrui ne peut que blâmer les écarts auxquels il aurait voulu s'adonner, vivre le parfait amour avec la seule qu'il ait jamais aimé. Euros manque au tableau qui se dresse, Euros manque à sa vie depuis un temps qu'il ne prend plus la peine de compter. Tout comme ces moments avec Brona – Cameron – pour qui il est d'ors et déjà prêt à tant donner. Et c'est cette pensée qui lui brûle la gorge, qui tente à braver la frontière de ses lèvres. Il veut s'accrocher à ce sourire qu'elle garde, à ce faciès plus qu'heureux d'être en sa compagnie ce soir – c'est en tout cas ce qu'il imagine, ce qu'il préfère se dire plutôt que d'en chercher une autre raison. Et, tandis qu'il s'apprête à céder, Cameron parvient à le faire taire. La question vient, se pose dans le séjour comme d'une évidence. « Penses-tu que j’aurai la chance de pouvoir rencontrer ma tante ? » Un sourire se pare sur ses lèvres, quelque chose de réellement enjoué – la jeune femme fait perdurer le tableau, garde avec hargne son secret.

Il essaie d'y réfléchir, oublie un instant l'achat qu'il s'apprêtait à lui confier, toutes ses pensées se perdent sur Euros, sur cette famille qu'ils pourraient être, tous les trois, si le temps leur en laissé le temps. Il pense avec enthousiasme mais la réalité sait faire son retour quand les rêves sont espérés. Lui et sa sœur ont déjà eu cette discussion et, finalement, un temps infini s'est passé sans qu'ils ne se soient parlés. Ce sera difficile à entreprendre, difficile à installer – mais, pour sa famille tout juste complètement retrouvée, Eamonn est prêt à se battre pour faire valoir ce qu'ils ont perdu, ce qu'on leur a arraché par le passé. « Je l'espère. Rien que ça, les mots bravent ses lèvres, les notes un peu plus graves, un peu plus noires. Je ferais en sorte que ce soit possible. Et une presque promesse qui s'impose dans l'instant, qui vient s'inscrire dans leur deux têtes. Tu sais quoi ? Je lui proposerais de venir avec nous quand nous irons choisir ton violon. » Et il laisse ces dires-là lui échapper, s'imposer en plein milieu de son temps de parole comme une affirmation sur laquelle il ne reviendra pas. Eamonn laisse un maigre sourire s'installer contre ses traits, se moque assez de savoir si cette idée puisse être approuvée ou non – il y tient à ce cadeau, il tient à racheter son absence, involontaire certes mais tout de même réelle. « Si on disait la semaine prochaine ? Si t'as rien de prévu, évidemment – et s'il te reste du temps libre. Je sais, par expérience, que les études peuvent prendre pas mal de temps. » Il se fait presque insistant mais prends cette proposition au sérieux. « Réfléchis-y pendant qu'on mange, étant donné que tu passes la nuit ici, t'as tout le temps d'accepter. » Et c'est là-dessus qu'il se lève, imiter par Mary qui aussitôt s'engouffre dans la salle à manger. Quant à lui, il marque une légère pause, osant un clin d’œil à sa fille avant de l'inviter à suivre le mouvement. Une heure, rien qu'une petite heure encore avant qu'ils ne puissent converser calmement, à l'abri des oreilles indiscrètes qui n'aspirent qu'à pouvoir user d'un peu de jugements.

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