find the peace in the riot | laura

Les perles noires sont posées sur la jeune femme endormie, allant et venant entre elle et sa fille, paisiblement endormie. Un regard pour Abby, pour cet ange à l'avenir un peu plus radieux maintenant qu'elles se sont enfuies. Loin de la tourmente d'une âme à peine stable, loin de la tornade qu'il peut être, désarroi total d'une existence qu'il a réduit à néant. Il est le responsable de ce chaos innommable, Sebastian le sera à jamais. Et Jakob en soupire, silencieusement. Il a le cœur lourd après toutes ces péripéties, l'âme un peu fatiguée de devoir faire face à autant de conneries – l'espace d'un instant, il y pense, se dit que – peut-être – le front paraissait moins vulgaire, plus simple, loin de ce genre de fantaisies. Le smog a eut l'effet d'une claque sur l'esprit, le cœur en a presque pâti. Les idées s'égarent parfois, reviennent quelques heures en arrière, quelques jours même mais la même mélodie se répète : s'il est parvenu à rejoindre Irene et la petite sans une égratignure, sans qu'elles n'aient quoi que ce soit, il se souvient que d'autres n'ont pas eu cette chance. Il se souvient des larmes, de la peur, des râles de douleur. Il se souvient de cette détresse peinte sur des traits innocents, conséquence d'une stupidité trop grande, trop dérangeante. Ils auraient dû faire mieux, ils auraient dû intervenir bien plus tôt. Jake se retourne dans le lit, quitte la vision de la Belle et de sa descendance pour pouvoir réfléchir – qui sait, peut-être se rendormir. Mais la culpabilité est là, règne dans les recoins de la misérable pièce dans laquelle il les a accueilli. Il n'a pas eu le temps de s'excuser, de faire savoir qu'il aurait voulu lui épargner cette tragédie à braver. Une pensée pour Laura, donc. Ce petit bout de femme qu'ils n'ont pas su tirer d'affaire au bon moment – ils ont été trop lents. Il cherche le repos quand elle, de son côté, ne parviendra pas à le trouver. Il s'agace seul, dans son coin. Jakob perd pied à tout imaginer, quels auraient été les instants de cette femme s'ils n'avaient pas échoué. Alors il se lève, ne prend pas le risque de faire le moindre bruit en tournant encore et encore sous les draps. Un baiser déposé sur la tempe féminine, une brève caresse sur la tête de la petite qui dort encore à poings fermés. A peine préparé, il quitte l'appartement, rejoint l'air plus ou moins frais de la Cité des Vents qui peut enfin honorer son titre. Les brises sont légères, au coin des rues résident les vestiges des effondrements de ces dernières nuits – la nature humaine n'a fait que prouver à quel point elle digresse. La discorde a été de taille, les heures se sont transformées en éternité avant que ne revienne en cette grande ville un semblant de paix. Il se le dit, là, tout le long du trajet, essayant de trouver les mots dont il devra user. Vraiment, ça lui pèse sur le cœur de ne pas avoir pu la sauver de cette triste et nouvelle réalité.

Les marches montées, il s'arrête tout de même devant la porte indiquée. Une légère pause, l'impression de ne pas être le bienvenu en ces lieux détruits. Jakob s'autorise un instant de réflexion, un maigre bouquet de fleurs en main pour l'occasion. Il s'imagine l'intérieur de cet antre plongé dans une certaine obscurité, là où bien des fantômes pourraient avoir la possibilité de danser. Là où les ombres sont invitées, synonymes d'une perdition que cette jeune femme ne peut éviter. La douleur, il l'imagine à peu près, sait qu'il ne pourra pas totalement la ressentir mais il veut essayer. Il veut faire les choses comme elles auraient dû être faites bien avant maintenant. Un soupire, un énième filet d'air bravant les lèvres masculines avant qu'il n'ose, avant qu'il n'entreprenne de frapper maigrement contre la petite porte qui lui fait face. Il fait molosse devant cette dernière, rapace qui pourrait pénétrer en ces lieux sacrés sans même se fatiguer. Il pourrait, mais là n'est pas l'idée. Non, il vient s'excuser – il vient partager le fardeau qu'il porte sur ses épaules et, à ses yeux, de manière plus que justifiée. Mais la honte se fait plus grande que jamais, le quadragénaire commence à douter. Et s'il pensait faire demi-tour, rejoindre les profondeurs de cette ville meurtrie, il n'en possède pas tellement le temps. La porte s'ouvre sur celle qu'il était venu voir, amaigrie, fatiguée, endeuillée. Bien-sûr, comment pourrait-elle bien aller ? « Hey m'dame. Désolé d'vous déranger. » Il a l'air un peu con finalement, lui à l'allure effrayante, quelques fleurs flamboyantes dans le creux d'une main hésitante. « J'ai amené ça. »

Le corps d’une femme est semble-t-il extrêmement bien fait tout en étant complexe. La magie d’une grossesse n’a pas son paraître dans notre société et il est vrai que Laura finissait par le remarquer. Certes il y avait chez certaine femmes des inconvénients mais donner la vie...quoi de plus beau ? Cette grossesse n’était pas désirée au départ. Donald était vraiment formidable, le genre de gars idéal qui sera sûrement à vos côtés toute votre vie sans vous ruinés psychologiquement, bien au contraire. Mais justement ils étaient jeunes et fous amoureux l’un de l’autre et avoir un enfant était compliqué à leur âge et avec des ambitions comme les leurs. Honnêtement Laura n’avait pas imaginé tomber enceinte avant 30 ans. Oui ils s’en sortaient mais parce qu’ils avaient vécu un peu la même histoire, ils voulaient mériter ce qu’ils possédaient. Ils travaillaient tous les deux énormément, lui pour son cuir et son futur et elle enchaînée son travail de serveuse et celui d’artiste qui lui permettait de vivre plus décemment. Ils étaient ce couple atypique qui ne payait pas de mine mais serait prêt à tout casser sur son passage.  Le soucis en ce moment c’est que Laura était d’un tempérament raisonnable, elle savait qu’elle ne pouvait rien faire concernant la mort de leur enfant mais en même temps ce petit bout de choux ils s’y étaient attachés, ils avaient non seulement apprit à accepter sa venue mais la désirait. Il est simple de se dire que les choses sont juste faites ainsi et qu’il faut avancer mais le corps d’une femme étant bien fait, il rappelait à l’adolescente ce manque dans son ventre et son cœur : les contractions douloureuses, les saignements, croyez bien que ce n’est qu’un détail mais un détail qui vous empêche d’avancer. Son ventre se durcissait, lui coupait le souffle, lui faisait à en mettre sa main sur son ventre presque remit en place. Un ventre vide, flasque. La fatigue se faisait ressentir, pas celle d’une fin de semaine non bel et bien celle qui vous met K.O. Les nuis étaient difficiles. Laura avait été horrible avec son petit-ami qui n’y était pour rien pour la simple et unique raison qu’elle était fatiguée et repoussée donc la seule personne qui lui restait, comme si le pousser à partir et le perdre maintenant serait moins douloureux que de le perdre par la suite. Elle avait été horrible, exécrable mais il restait tout de même présent pour elle.

Donald était partit taffer comme souvent ce là et Laura en profitait pour remettre un peu d’ordre dans l’appartement, il faut dire qu’elle s’était énervée sur la chambre où le petit devait dormir aux premiers temps de sa vie. Tout y été passés : mobiliers, décorations, habits...alors elle voulait faire un effort pour Donald en rangeant tout dans des cartons. Elle se devait de prendre sur elle car elle savait qu’il en souffrait autant qu’elle voir plus vu comment elle s’en était prise à lui par faiblesse. Alors dans l’entrée jonchait  des cartons remplis et vides pour certains comme des cadavres déposés là pour les ranger plus tard dans un placard. Puis finalement, une fois qu’elle se rendit compte que cela lui faisait du bien de faire des efforts, on vain toquer à la porte, l’interpellant. Elle se figea durant un petit moment où elle eu même peur de qui pouvait se trouver derrière. Elle finit par ouvrir après avoir jeté un œil au judas. Elle l’avait reconnu, Donald lui avait donné son prénom quand elle avait expliqué qui l’avait aidé avec toute cette affaire, mais que faisait-il la exactement ? Laura ouvrit et fit un léger sourire à ce colosse qui lui tendait timidement des fleurs. « Oh, merci. Pas de problème. » Non il ne dérangeait pas loin de là. Elle lui fit un signe de tête puis ouvrit un peu plus la porte en se décalant pour l’inviter à pénétrer dans la demeure. Elle attendit que la porte soit refermée pour enfin demander : « Donald va bien ?? » C’était pour ça qu’il venait ? Il y avait un soucis avec lui ou il envoyait quelqu’un pour lui annoncer leur ruptures ? Laura ne se doutait pas un seul instant que cet homme était terriblement attentionné et attendrissant. « Hum, une bière, Jakob c’est bien ça ?»

Le sourire s'amaigrit un peu mais ne se perd pas, Jake tient ses traits, l'apparence un peu moins tourmentée. Il n'est pas là pour lui faire ressasser ses longues heures d'angoisse, cette tristesse qu'elle doit braver, plus qu'endurer. Aussi, il s'en contente, de ce rictus. Il n'insiste pas, laisse la Belle faire les choses à son rythme après qu'elle ait accepté les fleurs – c'était le moindre qu'il pouvait faire, finalement. Une petite intention mais qui, dans le fond, exprime bien plus que des paroles mal choisies ; et il n'est pas des plus doués quand il s'agit d'user d'un peu d'éloquence. « Oh, merci. Pas de problème. » Il acquiesce, ose entrer après qu'elle l'ait invité. Un maigre signe de tête pour le faire avancer, les mains de l'agent se frottent entre elles, les yeux allant et venant sur les alentours, sur les cartons qui traînent ici et là et qui, suite à sa curiosité, regorge d'objets qu'ils n'ont plus qu'à oublier. C'est d'un gâchis extraordinaire, d'une cruauté sans pareille. « Donald va bien ? » La petite voix de la jeune femme le tire de ses songes, de ses réflexions. Il lui revient, sourcils froncés, prit de court par une telle question à laquelle il acquiesce, lui faisant savoir – même silencieusement – qu'il ne venait pas pour lui ; du moins, pas seulement. « Hum, une bière, Jakob c’est bien ça ? » Quelques pas qu'il fait pour la suivre, parcourant le bazar auquel elle s'adonne – visiblement seule. « Oui, m'dame. Ce s'rait pas de refus et vous en faites pas, Donald va bien. » Il s'essaie à un sourire rassurant – des traits qui ne lui sont pas tellement habituels mais qui témoignent tout de même d'une certaine sincérité. Autant la rassurer de suite, elle doit d'ors et déjà avoir trop de démons à gérer pour laisser une quelconque place à de l'inquiétude inutile. C'est pour ça qu'il lui épargne de drôles de pensées, suivant le mouvement de la jeune femme jusqu'à l'entrée de la cuisine. Il s'avance pas plus, ne s'invite pas plus avant. Il tient la distance, la bienveillance – la politesse en somme, seulement invité à entrer, pas à s'installer. Et il ne tient pas à déranger, pas plus qu'il ne s'en sent obligé pour ce qu'il est venu faire entendre en tout cas. Et, en y pensant, il essaie à trouver les bons mots – encore. Jakob reste peu sûr de la manière dont tout ça puisse être abordé, craignant la réaction de la petite blonde dès lors qu'il s'y risquerait. Un soupire brave alors les lèvres, remerciant le petit bout de femme quand la bière est donnée. « En fait, c'vous que j'venais voir. » Il annonce la couleur, ne masque pas l'air gêné qui se peint sur ses traits. A quoi bon mentir, finalement, dans tous les cas, elle saura la raison de sa présence et de cette presque culpabilité qu'il porte sur son dos. S'il avait pu faire plus, plus rapidement en tout cas, la jeune femme pourrait être mère, comblée à défaut d'être ici sûrement vidée, lassée.

L'apparence de l'homme se fait moins menaçante, moins impressionnante. A la manière dont il se tient, il trahi l'entièreté de son malaise – un fait qu'il n'ira pas nier, il n'a pas fait tous ces pas pour finalement reculer. « J'voulais juste savoir comment vous alliez après c'qui s'est passé. Une pause, le regard qui se lève sur le petit bout de femme, sur la belle qui l'a invité à rentrer et qu'il est peut-être en train de briser à nouveau. Un soupire, le regard qui se fait fuyant mais qui tient à s'assurer qu'elle entende, qu'elle écoute. Elle doit savoir que si c'était à refaire, il s'y prendrait bien plus tôt. Et m'excuser aussi. » Il tique un peu, ose une gorgée de la bière qu'elle lui a donné pour ne pas trop vite continuer. Il la laisse prendre en compte ces syllabes-là, compte sur le fait qu'elle les acceptera. Il l'espèce, en tout cas. Il l'espère même de tout cœur. « J'ai pas agit assez rapidement quand on était là-bas et p't-être que si on avait été plus réactifs avec Kurt, i' vous serait rien arrivé. » La pulpe des doigts tapote sur le verre tandis que les prunelles se déportent du faciès féminin au sol de l'appartement. Par respect, il choisit de ne pas l'importuné avec son regard. Par respect, il choisit de la laisser prendre en compte ses dires et en faire ce qu'elle souhaite ; à savoir le renvoyer d'où il vient ou le soustraire de ses erreurs. « J'sais d'avance que ça changera rien pour vous mais au moins vous savez qu'si j'avais pu faire autrement, j'l'aurais fait. »

Elle savait que son attitude avec Donald n’était pas gentille ni raisonnable mais elle avait du mal parfois à contrôler sa peine ou sa rage alors c’était celui qui lui donnait tout qui trinquait, sa relation parfaite avec le jeune homme également. C’était surprenant de voir un membre des K.O.S lui rendre visite, non pas qu’elle considérait les « collègues » ou « supérieurs » de son homme comme indifférent mais elle, elle faisait partie de sa sphère privée donc pas forcément très intéressante. Mais voilà cet homme tout comme d’autres personnes l’avait aidé ce jour si spécial, comment ne pas l’inviter à se rafraîchir chez eux afin d’écouter ce qu’il avait à lui dire apparemment. Un bouquet de fleur venait d’être mit dans un vase présent dans la cuisine, une bière fraîche servie quasiment immédiatement pour cet homme intègre. Une fois les craintes de Laura dissipée sur l’état de Donald, la jeune femme se concentra à nouveau sur Jakob lorsqu’il lui annonça venir pour elle. Elle pencha légèrement la tête comme si ce geste automatique pouvait l’aider à trouver une réponse au pourquoi du comment il venait la voir elle mais l’homme répondit rapidement qu’il venait de prendre de ses nouvelles, comme s’il tentait de ne pas l’inquiéter, de balancer tout d’un trait malgré le fait qu’il restait un mystère pour elle. Il semblait perdu, gêné alors Laura se rapprocha à nouveau de lui, naïve ou en totale confiance avec l’homme avec une des personnes qui avait déjà fait preuve de bravoure à son encontre. « Oh...c’est gentil. » Elle était toujours aussi surprise et l’homme baissa ensuite ses yeux comme s’il s’en voulait, ce qu’il confirma en lui avouant avoir échoué en voulant l’aider. Mais Laura ne le voyait pas comme ça et contrairement à son comportement avec Donald, elle avait plus de facilité à le lui exprimer. Elle finit par lui sourire en venant déposer sa main sur le bras de l’homme robuste face à elle : « Hey, non? ne dîtes pas ça. » Elle l’invita à s’asseoir sur ce canapé ou Donald venait parfois dormir ces derniers jours avant qu’elle ne se pose quand à elle sur le fauteuil installé juste à côté : « Vous avez fais exactement tout ce que vous pouviez ce jour-là, croyez-moi. Il ne faut pas vous en vouloir, parfois ...les choses arrivent sans qu’on ne puisse les contrôler. » C’était vrai, qui disait qu’elle n’aurait pas fait une fausse couche également même s’ils étaient parvenus à l’arrêter, certes elle ne se serait pas prit un coup mal placé, n’aurait pas chuté mais qui sait de quoi l’avenir est fait ? « Et puis qui sait, peut-être qu’au final vous m’avez empêcher de vivre plus que la perte de notre enfant, qui sait ce qui aurait put se passer de pire si vous n’étiez pas intervenu ? » Laura prit une grande inspiration, elle admirait cet homme d’être venu prendre de ses nouvelles, de s’en vouloir mais elle ne souhaitait pas que quelqu’un d’irréprochable puisse s’en vouloir de fait qui n’était en rien de leur faute. « Vous le voyez comme un échec et moi je le vois comme un acte héroïque. Merci pour ce que vous avez fait. Je n’aie pas voulu embêter votre club avec ca, je suis certaine d’avoir causé des soucis avec tout ca mais je souhaite plus que tout que Donald réussisse ce qu’il entreprend avec vous, j’aurai dut venir vous remercier avant, j’imagine que je ne voulais mettre personne mal à l’aise. » Laura but une gorgée du soda qu’elle s’était servie : « Et si votre venue change beaucoup pour moi, je me rend compte que je garde encore trop de chose en moi, je lutte avec moi-même pour savoir si je dois juste tenter d’oublier ou vouloir m’en prendre à cet homme toute seule...Et j’avoue que mon comportement avec Donald dernièrement n’est pas des plus logique et normal...je devrais m’en prendre à cet homme et pas à celui qui est un amour avec moi. Vous savez, vous pouvez me tutoyer ou m’appeler par mon prénom. Je ne sais pas si cela changera quelque chose pour vous aussi mais je suis certaine que vous avez fait tout ce qu’il fallait et je ne pourrait jamais assez vous remercier d’être intervenue et m’avoir accordé du temps avec Donald, comme je le disais qui sait ce qui aurait put se passer avec lui dans cette pièce et si je l’aurait surmonté. Vous me voyez désolé si je vous apporte de la culpabilité mais je vous assure que vous avez été parfait.» Parfois la nuit elle faisait des terreurs nocturnes en s’imaginant prise au piège par cet homme, laissée indifférente par tout le monde et incapable ensuite de regarder Donald.

Il délaisse un maigre sourire, quelque-chose qui trahi toute l'anxiété qui peut ici l'habiter. Jakob tient tout de même sa place, la carrure aussi impressionnante qu'elle peut l'être d'ordinaire mais moins violente, moins imposante suite aux mots qu'il énonce. Il fait confiance, impose la vision qu'il porte en fardeau quant à cette fameuse journée – il s'était attendu à un déjeuner banal, loin de toute cette atrocité, loin de tout ce gâchis qu'ils ont à surmonter. Plus elle que lui, en un sens, il n'a à faire qu'avec ses pensées quand elle doit braver l'absence d'un être qu'ils auraient été prêts à pleinement aimer. « Hey, non ? Ne dîtes pas ça. » Il esquisse une légère grimace, plus jamais à dire qu'à prendre en compte de toute évidence mais la main qu'elle dépose contre son bras parvient à l'apaiser ; elle ne lui en veut pas. Il s'accroche à ça pour cet instant, à cette idée qu'il se fait bien que loin d'être à même d'imaginer les pensées ; au final, c'est aisé que de faire semblant pour ne rien aggraver, il le fait depuis des années. L'invitation à s'installer est donnée, Jakob y répond sans rechigner, suivant les pas de la jeune femme et l'imite quand elle prend place. Son regard va et vient, n'ose pas totalement se poser sur la petite blonde qui se tient à ses côtés mais il essaie, vraiment. Il n'est pas là pour fuir mais pour faire entendre à quel point il peut être désolé ; un sentiment qu'elle n'entend pas nécessaire visiblement. « Vous avez fait exactement tout ce que vous pouviez ce jour-là, croyez-moi. Il ne faut pas vous en vouloir, parfois ...les choses arrivent sans qu’on ne puisse les contrôler. » Et elle n'a pas complètement tord, le brun est forcé de l'admettre. Aussi, il acquiesce simplement, une gorgée de ce qu'elle lui a servi avalée. Un peu de courage pour pouvoir l'affronter. « Et puis qui sait, peut-être qu’au final vous m’avez empêchée de vivre plus que la perte de notre enfant, qui sait ce qui aurait pu se passer de pire si vous n’étiez pas intervenu ? » Un bref haussement d'épaules et l'esprit qui se refuse à imaginer de telles immondices. Jake n'a pas le cœur à se perdre sur l'exemple de quelques scénarios, loin d'être à même de faire face à ce genre d'inhumanité. Les Hommes sont capables de merveilles comme des pires folies. « Vous le voyez comme un échec et moi je le vois comme un acte héroïque. Merci pour ce que vous avez fait. Je n’aie pas voulu embêter votre club avec ça, je suis certaine d’avoir causé des soucis avec tout ça mais je souhaite plus que tout que Donald réussisse ce qu’il entreprend avec vous, j’aurai du venir vous remercier avant, j’imagine que je ne voulais mettre personne mal à l’aise. » Et, ce qui se dit ici, c'est l’exactitude de ses songes. Il pensait que venir un peu plus tôt raviverait la douleur. Il pensait que venir plus tôt, oui, dérangerait la jeune femme suite à la douleur qu'elle s'est vue attribuer. Ça l'amène à sourire un peu bêtement, finalement, laissant Laura continuer sur sa lancée, sur tout ce qu'elle porte en elle sans pouvoir y parer. La suite des mots rassure autant qu'elle inquiète, les sentiments sont confiés, la vérité donnée. Elle peine à remonter la pente et est capable de le remarquer. Elle est bien plus forte que d'autres, bien plus forte qu'elle n'y paraît.

Aussi, il ose un nouveau sourire à son encontre, il essaie à se faire rassuré et rassurant en même temps. Les mots ne viennent pas encore mais les siens restent ancrés dans sa tête, comme une vérité à laquelle s'approcher. Il a évité le pire du pire, comme qui dirait – et c'est déjà une victoire, elle lui a confié cette vue là, celle qu'il pourrait un jour partager. « J'vais essayer, m'dame. Et il failli déjà, par le vouvoiement et l'absence de son prénom – politesse oblige. Quant au reste de ses dires... Jake ne les oublie pas. Et j'comprends, votre raisonnement. J'veux dire, c'est assez normal en sachant que l'autre enflure est plus vraiment à portée d'mains ; quand i' s'passe certaines choses comme ça, on a besoin d'évacuer et c'est malheureux mais ça tombe souvent sur les personnes qui restent proches. Il n'est pas sûr de ce qu'il avance mais il essaie, s'il peut au moins l'aider là-dessus, Jakob y mettra le cœur nécessaire à l'ouvrage. Ça excuse rien mais v'là, on peut pas vraiment vous en vouloir. J'pense qu'il faut essayer de prendre un peu d'recul. Essayez d'en parler avec Donald. Essayez d'lui confier tout ça, votre envie quant à l'autre – et oubliez pas non plus que vous êtes deux à avoir beaucoup perdu là-dedans, sans vouloir vous offenser m'dame. » Il lève une main en signe de paix, sait que ses propos pourraient déranger, voire même être malvenus mais il parle, agit, un peu brute de décoffrage. C'est le problème des ours dans son genre, la dentelle n'est pas de mise, les pincettes également. « C'pas tellement mes affaires en soit, j'devrais pas avoir mon mot à dire mais vraiment, essayez d'faire de lui un allié et non un ennemi. J'pense que pour les sentiments qu'il vous porte, vous êtes deux à avoir besoin l'un de l'autre. » Il le pense, imagine la situation de la sorte. L'espace de quelques secondes, Jakob essaie d'imaginer si les rôles avaient été inversés, si Irene s'était retrouvé à la place de la petite blonde chez qui il s'est risqué et le cœur se serre, fissuré maigrement à l'idée qu'elle puisse le repousser malgré ses efforts, toute l'aide qu'il aurait pu donner. Non, il peut imaginer mais pas ressentir tout ce qui se trame entre ces deux-là. « Faites comme vous estimez devoir l'faire, m'dame, mais soyez pas trop dure envers lui, ni même envers vous. Une pause, le regard qui se relève sur son hôte, le regard dur mais les traits un peu plus tendres. Si j'avais l'occasion d'faire quoi que ce soit pour vous aider avec vos sentiments et ce gars, j'le f'rais mais j'ai aucun droit là-dessus et j'en suis désolé. »

Il était mal à l’aise mais tentait des sourires par ci par là, il ns’en prenait à lui-même de ce drame et Laura ne put tolérer qu’il porte ce fardeau car c’est bien cela qu’il semblait porter sur ses épaules pourtant il n’avait rien à se reprocher, bien au contraire. La vie était juste cruelle à certains moments : Donald se prenant une balle, cette agression causant une fausse couche mais à y réfléchir même si elle ne devait pas minimiser ces soucis, elle devrait bien se faire à l’idée que d’autre drama se produise, de part car c’est l’aléa de chacun et qu’en plus de cela Donald tait prospect chez les KOS. Laura tenta rapidement de mettre Jakob à l’aise même si ils ne se connaissaient pas avant aujourd’hui, ou en tout cas ils n’avaient pas prit la peine d’échanger de véritables paroles. Mais l’homme en face d’elle semblait avoir des difficultés à la tutoyer ce qui lui fit apparaître un doux sourire timide. Étais-ce son éducation ? Une réserve émise à son égard ? Peut lui importait pour être honnête car elle s’attardait juste sur le principe qu’il soit venu prendre de ses nouvelles et qu’il voulait véritablement l’aider même s’il n’en avait pas les moyens, tout de moins c’est ce qu’il pensait sûrement mais lorsqu’elle évoqua sa réaction face à Donald, il fut certes franc mais également remplit de bienveillance. Car oui il avait raison elle pouvait être énervée et souvent on s’en prenait aux gens qui sont le plus proche de nous mais cela n’excuse pas tout. Elle y pensait depuis un moment déjà alors que Donald occupait sagement le canapé, respectant son souhait d’avoir un peu d’espace. EN réalité elle était tellement en colère contre ce type, contre elle-même qui n’avait pas sut parvenir à garder leur enfant qu’elle n’était pas prête à voir Donnie souffrir de cette perte. Oui il avait perdu son fils, en souffrait en silence sans pouvoir en parler à sa petite amie détraquée qui était également sa confidente, faisant tout pour parvenir à lui redonner goût à la vie. Elle aimait la vie mais elle l’aimait au point de ne pas faire de bêtise car ce qu’elle préférait le plus dans cette vie c’était la présence de ce prospect, depuis les premiers instants. Elle adressa un signe de tête à Jakob afin de lui montrer que non elle ne s’en offensait pas et qu’elle le laissait la conseiller. Alors Lara prit un instant pour elle, baissant la tête, le regard perdu ailleurs comme si parler avec cet homme était bien plus important et efficace qu’une discussion avec Donald et que des verres projetés contre le mur, il avait absolument le ton à adopter dans ces situations si il aurait put devenir une personne proche elle en ferait son psychologue attitré. « Vous avez raison. » commença par trancher la jeune femme, perdant à nouveau son regard dans les yeux du KOS.

« Il en a souffert aussi et au lieu de l’aider je suis la cause de son mutisme sur son ressentit. » Elle ne lui avait pas laissé le choix, rangeant les affaires de leur enfant égoïstement car elle voulait le faire sans se soucier qu’il avait fait cet enfant avec elle, qu’il l’avait également perdu et qu’il voulait peut-être faire son deuil d’une toute autre manière. « Croyez-moi vous m’aidez à y voir plus clair, je pense que Donnie s’il connaissait vos paroles, vous remercierait. » Laura se mit un peu plus droite dans son siège puis se racla la gorge mal à l’aise : « En parlant de cet homme, je peux vous demander si...c’est difficile de s’en prendre à quelqu’un ? Ca a déjà été votre cas? » Elle ne savait pas si elle avait déjà tué quelqu’un mais cet homme avait dut au moins mettre la correction à quelqu’un non ? Si ce n’était pas le cas il pourrait porter plainte pour jugement envers les membres des kos. Mais sa question d’après semblant plus légère était tout aussi sérieuse car si elle remarquait que l’homme lui parlait honnêtement alors elle devait vraiment savoir certaines choses même si sans se le demander ils ne parlaient jamais du club. « Sans indiscrétion, excusez-moi par avance, vous avez quelqu’un dans votre vie ? Parce que je me demande si...enfin vous voyez on ne parle pas du club mais je me dis parfois que je ne suis pas d’un très grand soutien, vous avez des conseils ? Désolé je parle beaucoup, ça doit être le peu de visite et puis vous avez prouvé votre honnêteté. »

Le regard s'est baissé, affrontant des songes qu'il n'est pas à même d'entendre, ni même d'imaginer. Il n'a perdu personne, Irene lui est revenue – tout autant que cette fille dont il essaie de prendre soin. Enfant abandonné par un père abruti, névrosé. Un soupire, l'impression que ses mots n'ont fait que tout aggraver. Jake tient sa place, sa langue. Il n'insiste pas, laisse ses perles brunes aller et venir entre l'appartement et son hôte. La jeune femme est ailleurs, mais lui revient enfin, quelques paroles bravant les lèvres. « Vous avez raison. » Il hausse les épaules, l'ignore pour être honnête mais l'espère tout de même, avoir raison. S'il peut l'aider, grand bien lui fasse. « Il en a souffert aussi et au lieu de l’aider je suis la cause de son mutisme sur son ressentit. » Puis il tique, l'hispanique, conscient désormais d'avoir peut-être mit plus de responsabilités sur les épaules frêles de la blonde au lieu de l'en défaire. Il veut rectifier le tir mais peine à trouver les syllabes adéquates à cette envie, au lieu de ça il se tait, soupire brièvement – de manière à peine audible. Il aimerait pouvoir l'aider, plus que ça en tout cas. « Croyez-moi vous m’aidez à y voir plus clair, je pense que Donnie s’il connaissait vos paroles, vous remercierait. » Le sourire qui brave les lèvres est bref, mais honnête. Bref parce qu'elle reprend, se redresse. La petite blonde dévoile quelques cartes, quelques songes et les traits s'en font que plus inquiets désormais. « En parlant de cet homme, je peux vous demander si... c’est difficile de s’en prendre à quelqu’un ? Ça a déjà été votre cas ? » Les mains se joignent entre elles, se frottent avec nervosité. Ça ravive bien des souvenirs, autant que ça vient installer de nouvelles images – c'est vers la mort qu'elle souhaite se diriger ? Alors quoi, les coups ont été si violents que ça contre sa tête pour qu'elle en vienne à réfléchir de la sorte. Jake se pare d'un nouveau mutisme, essayant de faire profil bas, peu enclin à répondre à ce genre de questions mais les mots reprennent et la voix de la belle retrouve ses droits. Il écoute, attentivement, un peu choqué – il faut l'avouer. « Sans indiscrétion, excusez-moi par avance, vous avez quelqu’un dans votre vie ? » Nouvelle bombe, le cœur qui lâcherait presque. L'ancien militaire se redresse, essayant de lui faire face sans cet air plus coupable que gêné. Il n'a pas la moindre idée de tout ce qui se joue dans les esprits de la petite blonde, craint un instant d'imaginer quoi que ce soit. « Parce que je me demande si... enfin vous voyez, on ne parle pas du club mais je me dis parfois que je ne suis pas d’un très grand soutien, vous avez des conseils ? Désolé je parle beaucoup, ça doit être le peu de visite et puis vous avez prouvé votre honnêteté. » Un sourire, la main qui se lève comme pour lui dire que ce n'est rien. Non, qu'elle parle si ça peut l'apaiser – il aime écouter.

« Non, m'dame. Je... J'ai personne pour l'instant. » Mensonge nécessaire, la présence de cette femme dans sa vie devant encore se taire. Jakob prend sur lui, sait mentir ; il est même plutôt doué, n'a pas tellement le choix que de l'être au vu de son métier. Et quand bien même cette partie ne soit pas tellement à cacher pour sa sécurité, il tient tout de même à celle d'Irene pour ne pas lui attirer plus de problèmes. Alors non, il se contentera de faire comme s'il n'avait personne, il jouera le jeu jusqu'au bout – coûte que coûte. « Mais j'pense que ça vaut mieux comme ça, en fait. J'veux dire que le p'tit en bave déjà assez la journée avec les autres parce qu'il est prospect... alors devoir aussi en parler en rentrant, j'pense que ce s'rait pas facile. » Une fois encore, il essaie à se faire le plus sincère du monde, voulant réellement leur épargne la douleur des jours à venir, les éventualités qu'il se doit de servir. Jake, inconsciemment, essaie de la mener vers un tout autre horizon – même s'il sait qu'elle ne verra pas au-delà, elle donne la sensation de réellement l'aimer ce petit gars. Dommage que des esprits aussi jeunes soient aussi influençables. « Quant à l'homme qui vous a fait du mal, mon conseil serait de ne pas remuer la plaie plus encore. J'veux dire, il s'est barré, c'est un peu comme si les autres l'avaient exilé pour c'qu'il a fait et c'est tout c'qui se passera. Si vous commencez à foutre des idées de vengeance dans la tête du gamin et dans la votre, j'crains que ce soit pire que l'reste ensuite. J'dis pas que vous pourriez pas y arriver, j'dis que ce genre de trucs, ça reste en tête. » Et il parle en connaissance de cause, il parle selon du vécu. Jake soupire un peu, les mains jouant encore entre elles, essayant de parer avec l'appréhension de cet instant. « J'ai fait pas mal d'années en Afghanistan et en Irak m'dame. J'combattais des ennemis, vous voyez, mais ça n'empêche pas que j'ai des nuits à cauchemarder de c'qui s'est passé là-bas. » Là-dessus, son regard se fait un peu plus dur mais essayant à lui faire comprendre ce qu'il essaie à sous-entendre. Qu'elle ne parte pas entamer cette chasse, elle n'en sera que plus brisée ensuite.

Il tient le regard, quelques instants seulement – quelques secondes en vérité, avant que ce dernier ne vienne à dévier. Les images sont souvenirs insurmontables, passé meurtrier qui hante encore, qui corrompt les songes jusqu'à ne plus rien laisser. Et pourtant, la conscience n'a pas faibli, l'homme n'a pas abandonné. Il esquisse un maigre rictus en y songeant, un coup d’œil lui suffisant à voir qu'elle n'est plus aussi à l'aise qu'elle aurait pu l'être en d'autres circonstances. A lui de s'en vouloir d'avoir fait entendre l'existence de quelques tourments. Il va pour la devancer sur les mots mais la jeune femme est plus rapide, dotée d'une vivacité contre laquelle, en ce moment, il ne peut pas tellement rivaliser. « Je suis désolé pour vous, excusez-moi parfois mes questions sont trop personnelles je ne voulais pas vous faire penser à quelque chose de douloureux. » Un signe de la main pour lui faire savoir que ce n'est rien, l'homme prêt à insister pour qu'elle n'est aucun regret quant à sa prise de parole amenée par nécessité. Il a souhaité lui confier la réalité des conséquences que peuvent avoir certains actes, il a choisi son histoire pour qu'elle puisse imaginer la douleur qu'amène la vengeance et la brève satisfaction qui peut suivre les idées qui deviennent actes ; et erreurs ensuite, tout le monde le sait. « J’espère sincèrement que les nuits deviendront plus douces, mais en tout cas même si ça ne changera rien pour vous, j’estime beaucoup les soldats ou anciens soldats. » La tête qui esquisse un mouvement de bas en haut, les lèvres qui trahissent un « merci » inaudible ; plutôt fier de savoir que toutes les âmes n'en sont pas à les mépriser. Là-dessus, sur ce maigre silence, les mains se joignent tandis qu'il se redresse un peu, quittant le dossier du canapé en rattrapant son regard, son attention, la sienne accrochée quand les lèvres se remettent à s'animer. « Donnie ne se vengera pas. » Il acquiesce, imprime cette information dans sa tête. Dans l'idée, il pourrait laisser passer tout ce qu'il vient d'apprendre, tout ce plan qui aurait pu se monter. Elle a ses raisons, il n'y a pas pire qu'un homme qui brise une famille ; pire, une famille à en devenir – et si sa carrière ne comptait pas autant, il s'en serait peut-être mêlé. Aussi, il acquiesce seulement, un peu rassuré de savoir que le gamin ne risquera pas plus que ce qui l'attend déjà, elle également finalement. Petite fleur qui n'aspire à rien d'autre qu'à avancer, s'élever – il en est persuadé. « En réalité, en prenant la peine d’y réfléchir la tête reposée, je sais bien que je serai incapable de faire quoi que ce soit. » Un nouveau bref mouvement de tête et le silence qui persiste, Jake n'osant pas dire quoi que ce soit. Quoi répondre, en soit, face à l'acceptation d'une telle tragédie ? Il ne peut qu'observer, qu'approuver. « J’imagine qu’il faut laisser couler et se concentrer sur autre chose désormais. En tout cas merci pour votre sincérité, personne n’est venu me dire les choses de cette façon et il le fallait. »

Un instant de pause, un moment qu'il s'offre en partie. Jakob prend le temps de réfléchir, de trouver quoi ajouter mais tout a été dit et il n'approfondira pas ses tourments, le fardeau lui appartenant à lui seul uniquement. « Me r'mercier pas. J'ai rien fait qu'exposer les choses de la manière dont moi j'les vois. Personne n'a forcément la même vision du truc qu'un tel ou un autre ; et avec les épreuves que vous avez à surmonter, c'pas toujours facile de savoir comment s'situer. » Les mots lui viennent naturellement, instinctivement. Il a cette envie de l'aider, de lui offrir une paix intérieure qu'elle ne trouvera sûrement pas malgré tout ça mais l'espoir ravive les songes et l'envie de vivre. Pourvu qu'elle ne le perde pas, aux traits qu'elle porte, la belle a encore beaucoup à vivre, beaucoup à découvrir. Les épreuves seront nombreuses mais la sérénité saura y remédier, il ne doute pas de ce fait, espère simplement qu'elle saura se faire généreuse pour l'âme avec laquelle il est en train de converser. « J'vais pas vous déranger plus longtemps. J'veux pas que l'gamin imagine des trucs si jamais i' rentre. Un bref rire, l'envie de faire les choses correctement, il ne s'abaissera pas aux règles ridicules et dégueulasses de ceux dont il doit gagner la confiance, ceux qu'il doit faire tomber, aussi rapidement que possible et avec un impact digne du travail qui lui fut donné. Si vous avez b'soin d'quoi que ce soit, hésitez pas m'dame. J'ferai au mieux pour aider. » Là-dessus, il a retrouvé sa hauteur dans le séjour, un peu penaud, les mains liées qui s'entremêlent sans grande douceur.