« Ben ouais, l’handicapé pourra pas courir et sauver son cul s’ils sont encore dans l’coin »Nikki lève les yeux au ciel alors qu’elle s’approche de la porte. Bien sur. S’il veut lui faire croire que ses intention sont complètements désintéressés il faudra s’adresser à quelqu’un d’autre, d’un peu plus teubée. Nikki est une junkie, pas une abrutie, et si l’héro doit évidemment lui attaquer les neurones, elle n’est pas encore complètement à côté de ses pompes pour passer à côté d’un truc pareil.
Mais bref, peu lui importe, c’est ce qu’elle se dit alors qu’elle ouvre la porte et lui annonce que l’espace est tranquille. Au pire, elle a qu’à courir si vraiment il la fait chier, avec ses béquilles il n’ira pas bien loin et elle se fiche complètement de savoir où est-ce qu’il va finir. La voilà elle aussi, mauvaise et égoïste.
Maintenant que le cimetière est tranquille, Nikki n’a plus qu’une envie : se barrer, rentrer chez elle, ne plus revenir dans cet endroit et puis mettre de la glace sur son œil abimé. Le type ne l’a pas loupé, et si le manque pallie la douleur, bientôt le tout reviendra la frapper de plein fouet. Alors elle fait un premier pas dehors, continue d’observer les alentours histoire de ne pas se faire avoir par une flicaille trop silencieuse, la main toujours posée sur la porte du mausolée. La grande tige a des béquilles et Nikki n’est pas encore trop malpolie.
« J’peux avoir un peu d’aide par ici ? » En parlant du loup, l’italienne fait un retour en arrière alors qu’il n’arrive pas à se redresser sur ses grandes pattes. Elle retient un soupir et puis s’essaie à l’aider, lui tend la main, l’attire vers elle pour lui donner l’impulsion nécessaire pour se relever. Une fois debout, Nikki lui lâche la main et s’éloigne pour repousser la porte.
« J’propose qu’on reste ensemble » Elle hausse un sourcil, l’interroge du regard. Elle ne voit pas dans l’immédiat ce que ça peut leur apporter, deux abrutis qui trainent dans un cimetière après une descente de flics. Mais le type se corrige aussi rapidement et Nikki se laisse aller à un sourire.
Si jamais… Bon, j’vais l’dire franchement : si jamais j’ai besoin d’aide. J’te revaudrai ça — Bah tiens. » La blonde lève les yeux au ciel, à nouveau. Elle sait aussi bien que lui qu’ils n’auront aucun business à mener après ce moment. Ça ne l’intéresse pas de passer du temps avec ce type qu’elle trouvait plutôt sympa au départ.
— Pretty please ? » Il contorsionne son visage pour arborer une expression qui se veut mignonne, certainement destinée à lui inspirer de la pitié. Elle pousse un soupir, le visage brièvement éclairé par un mince sourire amusé quand même… Elle ne pourra pas se refaire, une part d’humour la constitue et même s’il l’agace… il a quand même un truc un peu marrant. L’italienne secoue la tête de gauche à droite et puis ouvre la porte un peu plus grand histoire de le laisser passer avant elle.
« Je vous en prie milady. » Une pointe d’ironie flirte avec l’amusement dans sa voix. Ses émotions sont en plein rollercoaster, elle ne maitrise pas ses humeurs. Peu importe. Elle retient la porte qui se ferme dans un bruit grinçant derrière le blond et puis se place à ses côtés pour commencer à marcher et sortir de cet endroit de malheur. Il fait nuit, et froid, sa respiration créé des volutes de fumées. Elle reste silencieuse, guette le moment où il lui faudra donner un coup de main à son compagnon d’infortune mais ils se retrouvent rapidement hors du cimetière. Elle ne pensait pas qu’elle s’en sortirait aussi tranquillement à vrai dire, avec sa chance hors du commun, Nikki s’était dit qu’elle devrait obligatoirement faire face à un autre examen de police.
« C’est étonnant la chance qu’on a de pouvoir s’en sortir tranquillement. J’aurais pas parié dessus. » Elle rompt enfin le silence à la veille de leurs adieux.
« Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin. » © TITANIA