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 Bird Set Free - Maeve.

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Taylor M. Obrien

Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyLun 22 Jan - 1:51

Bird Set Free
EXORDIUM.



Avoir le poids d’une mort sur la conscience est presque quelque chose que l’on apprend lors de nos études de médecine. L’erreur est humaine, certes, mais il existe surtout des cas désespérer, de ceux que nous ne pouvons pas sauver et ce malgré de multiples tentatives, de procédés. Ouvrir, repérer l’hémorragie, l’anomalie, aspirer, clamper, amputer, suturer. Autant de gestes que nous connaissons par cœur et que nous savons manier à la perfection mais qui, parfois, ne suffisent pas. Avoir de l’expérience ne suffit pas. Et je peux vivre avec ça, vraiment. J’aurai pu vivre avec ça.
Mais avoir le poids d’une mort sur la conscience parce que j’ai failli à mon rôle, parce que je n’ai pas réussi à garder en vie le seul être cher d’une femme qui est venu cueillir sa vengeance, je ne peux pas. Ne pourrais pas. N’y arriverai pas.

Le silence de l’appartement est écrasant, étouffant. Presque violent dans sa solitude. J’ai menti, joué sur deux tableaux pour rassurer Maeve afin qu’elle se décide pour de bon à aller faire quelques courses et voir une amie au passage. J’ai refermé la porte derrière elle, attendu de ne plus entendre ses pas dans les escaliers, compté jusqu’à vingt. Et le corps lâche prise, genoux contre le sol. Un poids m’écrase brutalement les épaules. Les larmes sortent d’elle-même, le sanglot jaillit sans que je ne cherche à l’éviter, à le retenir. Front contre le bois de la porte, je cède sous le poids d’une pression que je ne supporte plus. J’ai mal absolument partout. Du crâne jusqu’aux muscles, du cœur jusqu’au ventre, avec l’impression qu’un démon me bouffe de l’intérieur depuis quarante-huit heures maintenant, jusqu’à m’en rendre silencieusement malade.
Leroy est morte et avec elle, Christensen, abattue de sang-froid. Saoirse a frôlé la mort du bout des doigts, à deux pas de les rejoindre.
Et ce, par ma faute. Par ma putain de faute. Chaque respiration est une souffrance, chaque seconde de plus passée ici, à chercher de multiples raisons pour nier la vérité est un supplice que je ne peux plus encaisser. Chaque tentative de raisonnement me vaut dix images supplémentaires d’une balle dans le crâne de Christensen, d’une autre dans le thorax de Saoirse.
Et moi qui n’a rien. Quedal. La vie sauve, pas même une éraflure, n’ayant pas touché une seule fois le risque de me faire buter sur le lino de cet hôpital.
Ça aurait dû être moi, putain. Moi et ma vie foutrement pathétique. Merdique. Une moins que rien qui aurait déjà dû crever sur le bord d’un trottoir par ces putains de biker de mes deux. Et ce démon qui n’arrête pas de me bousculer de l’intérieur, celui qui m’embrase les sens, m’embrase les veines, me donnant l’impression d’un feu violent dans les tripes, qu’une main m’arrache le cœur d’un geste sec. C’est ce que l’on appelle la culpabilité. Un véritable poison lent et douloureux qui vous grignote l’âme jusqu’à ce que ça ne soit plus supportable. Et je chiale de plus belle, plus fort, alors que mes poings se crispent contre le bois de cette porte que je martèle rageusement comme une furie, une folle furieuse ayant perdu tout sens des réalités et de logique. Mes phalanges s’écrasent violement, représentation physique de cette colère qui explose mes nerfs qui sautent, uns à uns. L’écho des balles, des tirs que je n’ai pourtant pas entendu mais que j’imagine parfaitement résonne contre mon crâne, douloureusement.
J’ai le goût amer d’une sensation de déjà vu au fond de la gorge.

C’est la fois de trop. Je ne peux pas. Ne peux tout simplement plus. Je suis épuisée, éreintée par toutes ces conneries que j’essaie de rattraper et qui me vaut dix autres problèmes derrière. Chaque tentative est un putain d’échec monumentale. Un déchet de l’humanité que j’aurai dû jeter à la flotte ce fameux soir où je me suis faite démonter la gueule par ce camé qui s’en sort certainement mieux que moi.
Mes sanglots se tarissent petit à petit alors que j’abandonne au rythme des minutes qui s’épuisent, se meurt dans l’ombre de l’appartement que cette fin de soirée couvre d’un voile sombre, presque noir. Mes phalanges écorchées me brûlent, me ramène presque malgré moi à cette vie, m’obligeant à grimacer et de constater les dégâts au travers mon regard humide et brouillé de larmes. J’ai la sensation d’avoir un trou béant au creux du thorax, un vide que je n’arrive plus à combler malgré mes tentatives infructueuses de rattraper un bout d’existence du bout des doigts. Dos contre la porte, genoux ramener contre ma poitrine, j’ai le corps tremblant, les dents qui s’entrechoquent de froid ou de fatigue, je ne sais plus très bien.
Et ce soir, je me sens plus seule et plus paumée que jamais. Je n’en vois pas le bout, n’arrive plus à refaire surface.

On aura beau me dire ce que l’on veut, m’expliquer et me prouver par A + B comme s’est évertué à le faire O’Malley que je n’y suis pour rien, que je ne suis pas impliquée dans cette merde, je n’y crois pas. Si cette veuve à la vie déchiquetée est venue jusqu’à l’hôpital, flingue en main, c’est pour une bonne raison et je faisais partie de l’équation. Elément majeur de la mort de son mari pour avoir découper sa jambe en plein jardin, de ne pas réussir à lui sauver la vie sur la table et ensuite lui annoncer tout ça, droit dans les yeux, en essayant au mieux d’être douce. Puis est arrivé la plainte qui n’a pas donnée suite et enfin le désir impérieux de vengeance.
Et plus je me repasse tout ça en boucle, plus je me demande comment est-il possible qu’il n’y ait pas eu plus de dommages collatéraux. Lynch, O’Malley… même Léo était présent. Et si ça avait été lui sous le canon ? Si ça avait été lui dans ce morgue froide, sur ce table en inox. Et si Leroy était venue faire du porte à porte, jusqu’à chez moi et tuer Maeve sous le coup de la colère par simple désir de me faire sentir ce que ça fait de vivre sans l’être aimer ?

L’idée même me donne la gerbe, prête à vomir sur le vieux parquet. Ça aurait pu être pire pour certains. Ça l’est déjà pour moi.

Mais aujourd’hui, ce sentiment d’impuissance, de malaise profond, d’envie viscérale de hurler à s’en déchirer les cordes vocales n’existent plus, ne se manifestent plus. Chaque sensation s’est éteinte au fil des jours, au rythme d’une résolution qui s’impose presque comme une évidence. Un acte qui aurait déjà dû être fait depuis trop longtemps maintenant.
Et ce sentiment d’apaisement est étrange. Je me suis toujours imaginée entrain de paniquer, de flipper jusqu’à en avoir la gerber et de chialer tous les matins en me levant.
C’est tout l’inverse.
Comme si chaque levé était un jour supplémentaire pour cueillir le peu de bonheur que j’ai comme le dernier. La comparaison est faible, voire stupide, mais c’est comme l’attente d’un évènement important. Ça vous stress un peu mais vous savez la finalité inévitable alors vous faite avec. Mieux, vous êtes soulagé puisque justement, la limite s’arrête là. Nette. Et qu’enfin, tout prendra fin. Une bonne fois pour toute.

Un an et demi d’enfer, de calvaire, d’angoisse, de vie perdue, de coups, de sang, de mort. Un an et demi et je ne peux même pas dire que je n’ai pas cherché à sortir la tête hors de l’eau, d’essayer de respirer de grande bouffée d’oxygène pour mieux encaisser les évènements suivants. Si je me débattais encore comme une lionne il y a un mois pour maintenir le fragile équilibre, je n’en suis aujourd’hui plus capable. Par lassitude, par fatigue aussi. Parce que je ne vois plus l’intérêt d’un combat perdu d’avance. La liste des raisons est longue, bien plus que je ne l’aurai imaginé. Je me dis que si ce soir-là sur le pont j’avais franchi le cap, nous en serions pas là. L’incident de l’hôpital est simplement le signe évident que tout cela doit s’arrêter.
Et moi avec.

Courriers en main, nez contre l’écharpe, j’arrive jusqu’à la boite postale et vérifie chacune d’entres elles. Les noms défilent et je prends surtout garde de n’oublier personne.
Daya, Ayleen, Milo, Leo. Et la dernière, Maeve. Certainement la plus douloureuse. Un geste et je les glisse toutes les cinq sous la petite trappe qui claque et fais demi-tour, pas tranquille. Je prends le temps de refaire le chemin inverse jusqu’à l’appartement, jetant un œil à ma montre. J’aurai pu prendre ce jour à bras le corps, vivre une existence à fond, touchés aux excès sous toutes leurs formes. Pourtant je me contente simplement de rentrer chez moi, de pousser la porte de cet appartement maudit où le sourire de Maeve m’accueille. Et il me suffit amplement.
Je dépose un baiser sur ses lèvres, plus appuyé comme il nous arrive parfois de le faire. Et ce qui est pour elle une simple manifestation d’amour est pour moi l’occasion de profiter des derniers impacts de chairs contre les miennes. Douce, chaude, voluptueuse.

- Dylan m’a appelé d’urgence, je suis de garde cette nuit, vers une heure du mat’.

Une semi-vérité. Si Dylan m’a appelé ça n’est pas pour prendre sa relève mais surtout pour me prévenir que Betty se portait mieux, qu’ils ne savent pas encore par quel miracle elle s’en sort mais que les résultats sont là, inscrit noir sur blanc.
Et les heures défilent, presque trop rapidement à mon goût et au loin, sonne la menace d’une angoisse lorsque je scrute le visage de Maeve à la dérobé. La culpabilité se manifeste, violente, présente. Brutale. Est-ce que j’ai le droit de lui imposer ça ? Est-ce que j’ai simplement le droit de me tirer comme ça, sans explication alors qu’elle-même se bat depuis des années contre une maladie qui menace à tout moment de lui dérober cette vie qu’elle chérie tant ?
Blottis contre elle, oreille contre sa poitrine, j’entends les battements de son cœur malade mais pourtant bien vivant, presque rassurant. Je reste ainsi cinq bonnes minutes avant de me redresser, de chercher ses lèvres. D’abord un doux impact. Puis un échange plus appuyé, langoureux, passionnel. Un geste qui laisse entrevoir ce que j’attends, veux d’elle.
Juste une dernière fois. Une dernière étreinte, un dernier toucher. Mes mains sur ses vêtements que je défais d’un geste vif sans être trop pressée, mes lèvres qui glissent à l’orée de son cou que j’embrasse, respire.
Et des heures passées à la toucher, la redécouvrir, l’écouter, ressentir. Un gouffre des plaisirs où j’y plonge tête la première, m’éloignant de toutes ces émotions oppressantes qui m’ont tenu la gorge et le cœur durant ces longs jours passés à remuer toute cette merde. Mais ce soir, je ne veux penser à rien d’autre qu’à elle, qu’à l’amour que je lui porte malgré ce qui suivra. Une sorte d’aurevoir, de cadeau, d’empreinte. Celle du corps, d’un souvenir chaleureux, charnel et passionné qui lui restera pour quelques semaines, quelques mois, jusqu’à ce que le souvenir finisse par se ternir, s’effacer.
Je m’abreuve de tout ce que Maeve constitue, me perds dans cet échange que je devine plus passionné, plus… libre. Presque surprenant. Et c’est le cœur battant que je la laisse se lover contre moi, guettant d’un œil distrait l’heure sur l’horloge.

Je la garde entre mes bras, la serre un peu plus fort, les larmes au bord des yeux.
Parce que je suis désolée de lui infliger ça, d’être quelque part si égoïste de quitter ce lit en lui faisant penser que je reviendrais demain matin, fatiguée mais vivante. Que je suis horrible de lui laisser penser qu’il y aura un lendemain alors que la seule chose qu’elle entendra de moi sera un coup de téléphone d’une voix habituée mais gênée, formelle mais un peu bancale, de ceux qui savent ce qu’ils ont à dire sans trop savoir comment le formuler sans heurter l’esprit de l’autre.
La boule au ventre, je m’extirpe rapidement des draps, essayant de ne pas la réveiller. Je veux éviter tout regard, tout mot supplémentaire. Je connais Maeve par cœur et je sais à quel point sa douleur ne pourra jamais rivaliser avec cette haine qu’elle éprouvera à la seconde où elle comprendra. Qu’elle m’en voudra des mois, des années durant. Je suis presque persuadée que cette lettre qu’elle recevra demain midi ne suffira pas à atténuer cette colère qui la malmènera. Tout comme elle n’atténuera pas celles des autres. Partir avec l’idée qu’ils me détesteront sûrement est presque plus supportable que de continuer cette vie que je ne peux plus assumer.

J’enfile tee-shirt, pull, manteau et prend avec moi tout ce que j’aurai pu prendre pour partir lors d’une garde de nuit. Dire que j’ai tout calculé est un putain d’euphémisme. Je reviens à la chambre et m’agenouille devant le lit, Maeve ayant déjà pris place sur mon oreiller, étalée sur la moitié du lit. Je dépose un baiser sur son front chaud, ma main effleurant son épaule nue.

- Je t’aime.

Je me redresse, franchit les quelques pas qui me séparent de la porte et quitte l’appartement. Définitivement.

¥


Il caille mais sans plus. Je trouve un banc un peu plus loin, pile là où je le souhaitais. En même temps, ça n’est pas comme s’il y avait foule dans le parc à une heure du matin. J’ai au moins la certitude d’être seule. Complètement seule. Et si j’ai choisi cet endroit, c’est pour plusieurs raisons.
J’ai les mains qui tremblent légèrement, un nœud au ventre. Je sais que ça ne fera pas mal mais c’est tout de même flippant de se dire que tout s’arrête là. Je m’assoie, refais la liste de tout ce que j’ai fait. Les lettres qui seront réceptionnées demain midi, celles que j’ai envoyé à mes parents et mon frère, prenant garde à ce que personne ne reçoive rien à l’avance. Et si je suis paumée dans ce parc ce soir c’est pour être certaine que Maeve ne me trouvera pas à temps. Aussi horrible que ça puisse paraitre, je refuse de lui infliger une vision pareille tout comme je refuse de tenter le diable, de ne pas avoir la possibilité d’achever tout ça jusqu’au bout.
Je ne veux pas que l’on me trouve, que l’on vienne me réveiller pour ensuite me dire que l’on a bien compris l’ampleur de mon geste, saisit l’appel au secours.
Parce que ça n’en est pas un.

Assise sur le banc, les mains agrippées au bois, je fixe le lac, secouant ma jambe. Presque nerveuse. Je me pensais sereine mais je crois que j’appréhende un peu. Juste un peu. Je lâche un soupire, me frictionne le visage. J’ai la boule au ventre, voguant entre l’inquiétude et la hâte. Je veux que ça soit fait rapidement, sans que je n’ai conscience de rien ou presque. Je ne réalise pas l’égoïsme de mes sentiments et encore moins de mon geste, je fais seulement face au gouffre et à son bord où je me trouve depuis des mois. Je ne ressens plus rien d’autre qu’une envie pressente de mettre fin à ce calvaire qui m’épuise au point d’en devenir parfois folle. Je n’ai plus la force de rien, de lutter ou d’essayer de me relever ne serait-ce qu’un peu. J’en ai tout simplement marre. J’ai trop donné, j’en ai trop bavé.
Je veux simplement que tout s’arrête. Une bonne fois pour toute.

J’ouvre mon sac et en sort la boite de médicament que je me suis procurer à l’hôpital et la bouteille de lait.
J’ai longuement tergiversé avec l’alcool, pesant le pour et le contre pour finalement conclure que le seul résultat que j’obtiendrais sera des vomissements et une chance d’en réchapper. Et là n’est pas le but. Le lait colmate l’estomac, conservera l’ensemble des médicaments au fin fond de ce dernier jusqu’à la fin. Je déglutis légèrement, fixe cette bouteille en plastique une demi-seconde avant que mon regard n’aille se perdre sur le lac. L’eau clapote lentement contre les rebords, à peine en mouvement.

Tout s’enclenche. Mes gestes se font fluides, presque automatiques, assurés. J’avale les cachets deux par deux, suivit d’une grande gorgée de lait frais. C’est ironique lorsque l’on se dit que pour une dernière fois je pourrais au moins m’offrir le luxe d’une bonne bouteille. Le lait, ça compte, non ?
Le froissement des plaquettes devient un tempo qui m’aide à garder le rythme. Je pleure sans vraiment savoir pourquoi. Certainement de soulagement, laissant mes dernières émotions mourir en même temps que moi. La plaquette ingurgitée, j’attends. Cinq petites minutes, histoire de ne pas gerber toute cette quantité de lait avalé en si peu de temps… Nous avons l’habitude de recevoir des tentatives de suicide aux urgences, ceux pour qui tout ça n’était qu’une sonnette d’alarme, pour faire prendre conscience aux proches d’un réel problème à défaut de réussir à se faire entendre autrement. Et puis ceux qui ont eu l’envie profonde et sincère d’en finir définitivement, de ne pas en réchapper. Et aussi horrible que cela puisse paraitre, j’apprend de leurs erreurs. Ce qui s’y sont mal prit, qui n’ont pas avalés assez de cachetons, qui ne se sont pas taillé les veines de façon suffisamment profonde. Et j’en passe.
Alors j’enchaine avec la deuxième plaquette de la boite, toujours sur le même rythme. Deux médicaments, deux gorgées, et ainsi de suite.
Tout ça ne me prend même pas dix minutes. Je m’adosse au fond du banc, contemple le lac sans bouger, inspirant à fond. Et j’attends que les minutes s’écoulent, que les cachets fassent effet.

Je ne sais pas tellement ce que je suis censé faire en attendant. Penser aux bons moments ? Penser à mes proches ? Non. Rien de tel que de rendre les choses plus difficiles, que de rendre tout ça encore plus compliqué. Et je n’ai pas envie de finir cette vie avec pour seul bagage la culpabilité et le regret. Je veux partir sereinement… ou tout du moins le plus sereinement possible. J’aurai pu prendre de la musique… Ou un bouquin. J’en sais foutrement rien. Mais est-ce que tout ça a une quelconque importance en réalité ? Je finis par lever les yeux vers le ciel à peine dégagé.
Combien de temps est-ce que je vais leur manquer ? Un mois ? Un an ? Milo va me haïr autant que je l'aime en cette seconde. J'espère juste qu'Ellie lui foutra la paix. Et Ayleen... Tout ça est presque une trahison envers elle.

Je me sens … vide. Comme si j’étais un récipient sans rien à l’intérieur, une vieille carcasse dénuée de toutes émotions, n’ayant gardé qu’une enveloppe cabossée, éraflée, qui tient à peine debout. Tout ce qui me constituait, me caractérisait, s’est déjà fait la malle, est mort à l’hôpital où Leroy a porté le coup de grâce.

La tête ne tarde pas à me tourner violemment avec un profond sentiment de nausée, que le corps cherche à rejeter ce trop plein de médocs ingurgités. Je me crispe, m’accrochant au banc comme pour ne pas chuter tout de suite. J’inspire, expire. Mon cœur s’affole, palpite. Mon organisme lutte, ne pige rien à ce qu’il se passe… le corps n’a pas toujours été en accord avec l’esprit et ne semble pas saisir le message que je lui ai pourtant fait passer violemment ce soir.
Le lac tangue, le monde tangue et moi avec. J’ai chaud, me sens mal mais surtout, je sens un profond besoin de dormir. Et durant tout ce temps je ne prends pas conscience de ces larmes qui ne cessent de s’écouler, sans pouvoir s’arrêter. La peur me quitte pour laisser place au soulagement de voir que j’arrive sur la fin, que tout s’achèvera bientôt.
Ma vue se brouille, le malaise sa manifeste violemment et je m’allonge, me laisse glisser sur ce banc, mes yeux toujours rivés sur les ondulations du lac que je n’arrive plus réellement à regarder. Je crève de froid, je sens mon corps se crispé, trembler et je me recroqueville sur moi-même, cherchant une once de chaleur.
Mes paupières sont lourdes, ma respiration presque erratique mais je me laisse porter, à aucun moment je ne manifeste une lutte quelconque. Je laisse les effets des médicaments m’engourdir, m’envelopper de leurs effets mortuaires. Et lentement, doucement, l’inconscience frappe enfin.
Je m’y laisse glisser, sans lutter, comme je me glisserais pour la dernière fois au creux des draps. Yeux clos, la dernière chose que j’entrevois sous le voile de mes paupières sont des flash blancs, signes avant-coureurs du malaise avant que le noir s’abatte. Définitivement.
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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyDim 28 Jan - 17:11




Le verre se brise violemment au sol, éclaté en un millier de morceaux, à l'image de mon cœur.

[Trois heures plus tôt]

8h15. Ce sont les rayons du soleil à peine filtrés par les fins rideaux qui me réveillent dans un grognement contenté. Contentée je l'ai été cette nuit. Quatre fois. Et c'est avec un large sourire que j'ouvre enfin les yeux après de longues minutes de paresse, attrapant l'oreiller sur lequel dors ma compagne pour le serrer et respirer son odeur, comblant un minimum son absence. Je finis par me lever en m'étirant bruyamment, attrapant mes lunettes pour rendre ce monde plus net. Nue, je déambule d'un pas traînant jusqu'à la salle de bains, affrontant mon reflet sous toutes les coutures. J'ai repris des couleurs durant les dernières semaines et un peu de poids. Mes joues sont de nouveau pleines et légèrement rosies et les cernes qui striaient le pourtour de mes yeux s'en sont allés. J'ai encore du mal à intégrer ma tignasse fraîchement retrouvée après abandon de mes dreads et suis encore en plein réapprentissage pour la dompter, mais je ne ressemble plus à un zombie traînant sa bouteille d'oxygène derrière elle. Maeve Wheelan est de retour, et le monde peut de nouveau aller se faire foutre. Je m'adresse un clin d'oeil et dresse le majeur en l'air en direction de l'épée de Damoclès qui me poursuit avant d'entamer ma petite routine. Douche, coiffure, maquillage léger, habillement, tentant de positiver malgré tous les nuages gris au-dessus de ma tête.

9h30. « Dégueu ! » Je repose le verre dans une grimace, piaffant à plusieurs reprises pour tenter de faire disparaître un peu le goût, en vain. Mes yeux se portent sur le mélange verdâtre et épais qui trône face à moi et que je me force à boire tous les matins. Antioxydant et oméga 3 mon cul, je préférais ma dose matinale de caféine. Mais j'ai promis et je me force donc à avaler une seconde gorgée, prenant mon traitement dans le même temps. Avaler le négatif pour mieux se concentrer sur le positif, telle est ma devise. Ça et nous trouver un nouvel appartement, près d'ici, dans un immeuble correct, à la hauteur de nos moyens et pouvant recevoir Milo dès que l'envie lui prendra de squatter. C'est donc en mastiquant mon bol de fruits mélangés et parfaitement sains pour mon corps que je feuillette les petites annonces, les dernières visites n'ayant pas été concluantes. J'entoure ceux qui me semblent convenir à nos attentes respectives avant d'entamer la seconde routine de femme en arrêt maladie, à savoir la vaisselle et un brin de ménage. Heureusement que je n'ai pas de gosses où je ressemblerai à Lynette Scavo.
J'en profite pour mettre les quelques morceaux de fruits laissés exprès pour Einstein dans une coupelle avant de la déposer dans sa cage discrètement puisque monsieur est profondément endormi.

10h45. Un sac de courses dans les bras je rentre dans le hall de l'immeuble, frigorifiée, en profitant pour récupérer le courrier. Je déteste l'hiver, la grisaille et la neige. Autrement dit le quotidien de la ville de Chicago de novembre à février. Remontant doucement les escaliers – puisque l'ascenseur est encore en panne – pour préserver mon cœur, je finis par arriver au bon étage, refermant la porte derrière moi. Posant le sac de courses et le courrier dans la cuisine, je remonte de deux degrés le chauffage de l'appartement avant de ranger les provisions, retirant mon manteau, mon écharpe et mon bonnet. Puis je me fais chauffer un verre de l'ait chaud au micro ondes, triant les enveloppes qui sont, de toute façon, presque toutes adressées à Taylor. Toutes sauf une. Une enveloppe blanche, avec mon nom écrit de façon manuscrite. Je ne reconnais pas l'écriture tremblante et fronce les sourcils. Le micro ondes sonne et je récupère mon verre, attrapant l'enveloppe que j'amène avec moi au salon, la posant sur la table basse en même temps que je m'installe sur le canapé, prête à débuter la partie ennui total de ma journée. Me redressant pour attraper la télécommande mes yeux se portent sur mon téléphone resté ici depuis hier soir. C'est finalement sur ce dernier que mes doigts se referment. « Wow » Six appels en absence. Trois messages vocaux. Le plus ancien d'un numéro que je ne connais pas qui a tenté de me joindre aux alentours de trois heures du matin en laissant un message. Probablement un mec alcoolisé qui s'est trompé de numéro. Les cinq autres, accompagnés de deux messages vocaux, sont de.....Luca ? Mes doigts se crispent autour de mon verre, inconsciemment. Premièrement parce que je frère de Taylor ne m'appelle jamais. Il sait que je ne l'apprécie guère depuis que je sais que ma petite amie s'est mis dans la merde pour lui sauver les miches et qu'il n'a rien fait pour empêcher ça. Deuxièmement pour l'insistance de ses appels, du milieu de la nuit jusqu'à récemment. Serait-il possible qu'il se soit encore attiré des ennuis et que, ne réussissant pas à joindre sa sœur il se tourne vers moi ? S'il aime se faire insulter de tous les noms d'oiseaux qui existent sur cette terre, il va être servi. Levant les yeux au ciel, j'appelle ma messagerie, tombant sur le message le plus récent.

11h15. « …...Putain Maeve répond ou rappelle ou....je sais pas quo faire. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ? Rappelle moi. Vite ! » Je fronce les sourcils, me redressant complètement sur mes deux pieds. Dans quels ennuis cet idiot s'est encore fourré. Comme si Taylor avait besoin de ça en ce moment. Je presse la touche pour écouter le second message, de Luca lui aussi. « Pourquoi tu décroches pas ! J'arrête pas d'essayer de t'appeler, l'hôpital aussi. Je sais pas quoi faire. Pourquoi elle a fait ça. » Est-ce qu'il chiale ? Mon cœur commence à s'accélérer en même temps que la confusion me gagne, ne comprenant pas de qui il parle et pourquoi il mentionne l'hôpital. Ou peut-être que je ne veux pas comprendre les hypothèses qui s'ouvrent devant moi. « Pourquoi elle aurait fait ça. J'comprends pas. Je sais pas quoi faire. » Et c'est stupide mais dans un réflexe je compose le numéro de Taylor au lieu d'écouter le premier message, celui qui date de trois heures du matin. Mais évidemment c'est sur sa messagerie que je tombe, garde oblige. Elle n'a pas encore terminé son poste. Je peste, tente de joindre son frère mais lui aussi est aux abonnés absents. Peut-être qu'il s'agit de sa petite amie et qu'il est à l'hosto ? Je finis par rappeler ma messagerie vocale afin de consulter le dernier message vocal. « Service des urgences du Chicago Medical Center nous cherchons à joindre Maeve Wheelan au sujet de Taylor Obrien.... » Mon corps tout entier se fige dès que j'entends son identité. Mes doigts se crispent un peu plus autour de ce verre que j'ai gardé en mains comme un repère solide dans cette réalité. Mon cœur s'affole, rate plusieurs battements, mon sang afflue dans mes veines trop rapidement, me fait presque tourner la tête alors que mon cerveau tente d'assimiler le discours trop professionnel de l'opératrice. Et puis...

Le verre se brise violemment au sol, éclaté en un millier de morceaux, à l'image de mon cœur.

« Non ! » Mon bras retombe alors que le reste de mon corps reste immobile, regard dans le vague et que l'opératrice continue de fournir des explications que je n'entends plus. « Non ! » Elle se trompe. Ce n'est pas moi qu'ils cherchent à joindre, ce n'est pas d'elle qu'ils parlent tous. Mes jambes se mettent à trembler et sans même m'en rendre compte je me retrouve à genoux au sol. « Non ! » C'est impossible. Pas elle. Ils se trompent. Elle n'a pas pu faire ça. Pas comme ça. Pas à moi. Elle n'a pas pu me faire ça à moi. Pas après cette nuit. Pas après tout ce qu'on a traversé. Les projets que l'on a fait. Pas avec ma maladie. Ils mentent. Elle n'a pas pu me trahir aussi violemment. Aussi...définitivement. Et je l'appelle. Je parviens à sélectionner son nom dans le journal d'appels et je l'appelle. C'est stupide. Mais je n'y crois pas. Refuse de le croire. Je la connais. Mieux que n'importe qui. Je la connais et...
Je me refais la journée d'hier pendant que la sonnerie retentit, sans réponse. Dans la partie de mon cerveau qui possède encore un brin de logique. Cette normalité presque feinte. Ces sourires presque trop rassurants. Cette nuit....  « Non ! » Elle n'a pas fait ça. Elle n'a pas utilisé cette nuit comme un putain d'adieu charnel....Elle n'a pas pu. Tout s'imbrique presque trop aisément. Son comportement. Elle s'est créée une dernière journée parfaite en ma compagnie et elle....elle... Je ferme les yeux, les propos de l'opératrice me revenant de plein fouet. Lavage d'estomac. Constantes normales. Tirée d'affaire. Mais je refuse d'assimiler les trois autres mots. Ceux qui n'ont aucun sens. Je refuse. Parce qu'elle n'a pas pu. Taylor n'a pas pu commettre une tentative de suicide.

Mes yeux se portent sur l'enveloppe restée sur la table basse, celle qui porte mon nom manuscrit. Lentement, comme un automate, je me redresse, tend le bras vers celle-ci, mains tremblantes. Je déchire la colle qui la scelle et fais glisser la feuille de papier à l'extérieur, la dépliant lentement, les larmes aux yeux et le cœur en miettes. « Non »

12h30. Je ne sais pas comment je suis arrivée jusqu'ici. N'ai pas conscience du temps passé entre le moment de ma lecture de cette lettre à mon arrivée au service des urgences du CMC, mais c'est d'un pas pressé, lettre en main et visage fermé que je parcours les allées, m'arrêtant à chaque box pour vérifier la présence de ma petite amie ou non. Il faut que je sache. Que je vois pour croire. Même avec les mots qu'elle m'a laissés je ne veux pas croire qu'elle ai pu faire ça. Me faire ça. Nous faire ça. Je sens la colère s'insinuer dans chaque fibre de ma peau, les mâchoires serrées à l'extrême. Je n'ai même pas pris le temps de renfiler un manteau et c'est en simple pull que je déambule dans le service, remontée comme jamais dans ce monde qui m'apparaît comme une réalité alternative à laquelle je ne peux échapper. Et je me fige. Dix secondes, c'est le temps pendant lequel mes yeux s'écarquillent et que me corps devient glace alors que je la vois allongée, inconsciente, dans ce lit d'hôpital. Dix secondes, c'est le temps qu'il faut à mon cerveau pour assimiler cette brutale réalité. Que tout ceci est vrai. Qu'elle l'a fait ! Elle l'a fait putain ! Ils ne mentaient pas c'est elle la menteuse. Elle a menti. Sur tout. Dix secondes c'est le temps qu'il me faut pour réaliser que toutes ses promesses étaient du vent, que nos projets ne signifiaient rien et que son amour était du flan. Dix secondes, c'est l'interlude avant l'explosion. « Espèce de sale conne ! » Je m'avance dans le box tandis qu'une infirmière, non loin de moi, sursaute. « Tu sais où tu peux te la carrer ta lettre à la con ? » Je lui hurle dessus alors qu'elle ne peut m'entendre, lui balançant sa lettre au visage. L'infirmière se précipite vers nous, m'intimant de me calmer mais je ne l'entends pas. « Comment est-ce que t'as pu faire ça Tay ! Me faire ça ! À nous !! » La femme m'attrape par le poignet mais je la repousse, continuant de m'approcher du lit alors que cette dernière hèle un type de la sécurité. « Tu crois que tu peux t'offrir une dernière journée en ma compagnie, me baiser toute la nuit et....et...t'es qu'une putain de lâche ! Une PUTAIN DE LACHE ! » Et frustrée qu'elle ne puisse entendre, voir et répondre, je m'apprête à la secouer quand deux bras costauds me ceinturent la taille en me bloquant les bras le long du corps. « Calmez-vous mademoiselle ! » Une voix masculine, un corps de videur de boîte de nuit mais je me débats. « Lâchez-moi ! C'est de sa faute ! Lâchez-moi putain ! » Et je continue de me débattre, balançant mes jambes dans le vide en faisant tomber un chariot au passage tandis que le type me sort de la chambre. « M'obligez pas à leur demander de vous administrer un sédatif. Calmez-vous s'il vous plaît » « C'est de sa faute, elle avait pas le droit ! Elle a essayé de se tuer !!! » Et je me fige. Une dernière fois. Je l'ai dit. À haute voix. Je l'ai dit. Et je cesse de me débattre. Mon corps se relâche et les larmes affluent en nombre alors que je m'effondre, littéralement, retenue par le vigile. Mon regard se porte sur le lit où Taylor est allongée jusqu'à ce que les larmes obstruent à nouveau ma vision. Je ne peux pas la voir comme ça. Pas maintenant. Alors j'enfouis mon visage dans mes mains, mon corps tremblant au rythme de mes sanglots. « Elle a abandonné... » Je relâche tout. Passé le déni. Oubliée la colère. « Elle m'a abandonné... » Ne reste que la tristesse et le désespoir.

13h20. Je raccroche. Milo n'a pas répondu. Je lui ai laissé un message. Comment peut-on annoncer ça à l'un de ses meilleurs amis de cette façon ? Je suis vidée, les yeux gonflés mais secs. Plus aucune larme ne peut couler maintenant. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque pourtant mais je n'en ai plus en stock. Lentement je pénètre à nouveau dans le service des urgences et marche jusqu'au box où l'on m'a donné la permission d'entrer maintenant que je suis calmée. Je m'assois sur la chaise après l'avoir avancé jusqu'au bord du lit, attrapant délicatement la main de Taylor dans la mienne. Je dépose mes lèvres sur celle-ci alors que je la regarde dormir paisiblement. « T'avais pas le droit de me laisser seule dans ce monde. » Je ne suis plus en colère. Juste triste. Parce que je l'aime. Malgré tout ça. Je l'aime.

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Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMar 30 Jan - 1:27

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EXORDIUM.
La mort n’est qu’un long tunnel de chaleur, quelque chose qui vous engourdit lentement, qui vous endort. C’est presque un amas de coton qui vous enveloppe, comme un cocon que vous rêvez d’avoir lors des froids d’hiver.
Ceci dit, tout dépend de l’exécution.
Je devrais peut-être me dire que j’ai de la chance d’avoir mis un terme à tout ça de manière douce, de m’avoir accordé la chance de simplement partir dans un sommeil long et profond qui m’a conduit jusqu’aux portes de la délivrance, celles de la liberté où je vais pouvoir enfin trouver un repos. Eternel, certes. Mais un repos malgré tout. Et c’est tout ce que je voulais, aussi égoïste que peut être ma décision, c’est tout ce que je souhaitais. Une fin. Une VRAIE fin. Pas une tentative. Je suis consciente que peu d’entre eux comprendront, que certains me traiteront de lâche, que d’autres me détesteront jusqu’à la fin de n’avoir penser à personne d’autres qu’à moi.
Le problème étant que ce « moi », je ne suis plus en mesure de le supporter. Ni ce que je suis, ni ce que j’ai et encore moins ce que j’ai fait et subit. Est-ce réellement un crime de ne plus réussir de faire face à toute cette merde ? Est-ce réellement un crime de ne plus avoir la force d’affronter une vie qui ne nous correspond plus, qui ne nous rend pas plus heureux, dans l’éternel destruction de soi.
Est-ce un crime de s’accorder le droit d’une fin lorsque plus rien n’est possible ?

J’en étais rendu à un stade où le « nous », le « eux », n’avaient plus aucun sens. Encore une fois, l’égoïsme sera peut-être pointé du doigt, mais pourquoi devrais-je m’obliger à m’infliger une douleur pareille pour le bonheur des autres ?
A ce stade, ça n’était plus l’ordre d’une douleur mais quelque chose de plus profond, de plus mortelle. Un poison qui s’insinuait un peu plus chaque jour dans ma veine jusqu’à rendre cette vie insupportable. Plus rien n’animait ni mon cœur, ni mes envies. Juste une boule constante au fond de l’estomac ou bloquée dans la gorge, une envie perpétuelle de vomir. Le monde entier en est devenu insupportable, teintant ses couleurs d’un gris cendre, y perdant tout son intérêt.

Pour une fois, je me suis accordé le droit de ne penser qu’à moi. J’ai conscience de la douleur insuffler aux autres, notamment chez des personnes comme Maeve ou Ayleen qui luttent chaque jour de leur vie pour survivre face à un coup du sort malheureux, mortel et injuste. Elles sont un exemple que je suis incapable de suivre. Je n’ai ni le courage de Maeve, ni la force incroyable d’Ayleen.
J’ai juste ce vide au creux des paumes, celui censé contenir la volonté de vivre. Celle-là même qui s’est définitivement écrasée sur le sol de l’hôpital.

Alors je m’accorde le droit de me laisser glisser dans ce tunnel chaud, confortable. Et si je le pouvais, je pleurerais de soulagement.

Ou de douleur.

Un froid brutal me traverse l’âme, le corps. Des spasmes. Une douleur presque palpable. Une lutte corporelle que je ne saisis pas mais qui m’arrache violemment de ce cocon de bien-être.
Est-ce finalement ça la mort ? L’illusion d’un couloir chaud pour ensuite vous précipiter dans un long précipice glacé et douloureux en traitre ?
Un putain de nid de souffrance, de lumière aveuglante, de frissons désagréable. Et tout ça, sans trop savoir d’où ça vient, d’où ça sort, si c’est une sorte d’au-delà qui vous arrache l’âme de force pour en faire une putain de chair à pâté pour Cerbère.

Puis un black-out. Totale.
Fermeture des rideaux, définitif. Enfin, la voilà cette putain de fin.

¥

Un engourdissement, la sensation d’être courbaturée après avoir couru un marathon de 40km. Gorge sèche, un véritable tunnel d’épines, un froid transperçant, prenant. Bien trop brutal et présent pour être réel.
J’émerge lentement et surtout avec difficulté, pas certaine de comprendre ce qu’il se passe autour de moi. Chez moi. Je ne devrais ni ressentir ce froid, ni sentir ma gorge tout cours. Encore moins mes doigts qui commencent légèrement à se crisper sous cet état nauséeux qui m’oppresse.
Des sensations que l’on vit uniquement lorsqu’un cœur bat encore.

J’ouvre les yeux, rapidement agressée par une lumière blanche et agressive, me donnant les larmes aux yeux.
C’est quoi ce putain de bordel…
Où est-ce que je suis ?

- Mlle O’brien ? Vous m’entendez ?

… Putain.

La panique s’invite brutalement. Le corps réagit de lui-même alors que je ne suis pas capable de parler, un tube m’obstruant la gorge. Je commence à m’agiter, à papillonner des paupières où les larmes sont déjà présentes.
C’est un cauchemar. Un putain de cauchemar.

- Calmez-vous Mlle ! Tout va bien, vous êtes à l’hôpital, au Chicago Médical Center, vous vous souvenez de ce qu’il s’est passé ?

Oui.
Non. Je n’sais plus.
Mon cerveau est un épais brouillard, un mélange de couleurs, de sensations, d’émotions que je ne pige pas.
Les lettres. Celles que j’ai prit soin d’écrire pour chacun d’eux. Les médocs. La nuit… cette nuit.
J’devrais pas être là. J’devrais plus être là.

Je suis vivante.

L’hystérie s’invite, bouscule les portes, défonce tout sur son passage et agite mes membres, mon esprit en ébullition, ce dernier malmener par des souvenirs chaotiques mais aussi par la brutalité de la réalité. Celle que je percute, qui m’écrase, me détruit, me fracasse.
Je n’ai pas réussi alors que j’avais TOUT prévu. Absolument tout.
Des mains m’emprisonnent alors que je me débats comme une véritable furie, refusant de faire face à cette putain de réalité dont je ne voulais plus voir les couleurs.
Et c’est dans un profond sanglot que le noir s’installe de nouveau. Ephémère.

¥

Deuxième round.
Ou peut-être troisième.

Douleurs. Frissons. Froid. Nausée.
De nouveau cette lumière aveuglante, tranchante.
De nouveau, cette réalité qui s’invite, celle que j’ai pourtant cherché à éliminer.

J’ai la bouche pâteuse, l’esprit complètement craquelée de souvenirs éparses, qui s’assemblent dans un désordre confus. J’me sens complètement à côté de la plaque, clignant difficilement des paupières.
Je prends le temps de comprendre, de revenir malgré moi, contre cette volonté sous-jacente et percute enfin, de secondes en secondes, de minutes en minutes. Comprends que rien de tout ça n’était un cauchemar, encore moins un rêve. Que malgré toute ma tentative millimétrée, j’ai réussi à foirer un détail pour me retrouver bloquer dans ce lit d’hôpital. Vivante.
Et je ne sais pas ce qui est le plus douloureux en cette seconde.
La constatation de mon pathétisme, de cet échec cuisant qui me fout les larmes aux yeux alors que je prends conscience de toutes les conséquences qui s’engendreront au fil des jours.
Ou ce visage qui s’interpose, que je connais par cœur et que je ne met que quelques secondes à reconnaître.

Un sanglot se coince dans ma gorge, Maeve face à moi.
Débute alors la première épreuve, l’une des plus difficiles. Celle qui me ramènera à cet acte commis sans qu’elle ne se doute de rien. Mes paupières se ferment avec force, laissant des larmes s’échapper de chaque côté de mes joues, incapable de prononcer la moindre parole, le moindre son tant tout en moi semble étouffer par des émotions bien trop rudes. Je suis incapable de la regarder dans les yeux, rongée par la honte, la culpabilité mais aussi par un sentiment inavouable, que je m’efforcerais de taire.
Celui du regret d’avoir échoué.

The days are
A death wish
A witch hunt for an exit
I am powerless.

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMer 7 Fév - 1:17




13h.
Automate désarticulé. Automatisme cérébral. Ma main se lève, tremblante, et porte à mes lèvres la cigarette fraîchement embrasée. J'aspire et tousse à plusieurs reprises alors que la fumée toxique emplit mes poumons. Je ne suis pas coutumière du tabac et n'en ai jamais vraiment apprécié la saveur mais il me rappelle le rituel de l'herbe, celui abandonné depuis plusieurs mois maintenant. Ça a quelque chose d'apaisant, de presque rassurant. Je connais. Je contrôle. Et c'est bien la seule chose sur laquelle j'ai un tant soit peu de pouvoir ici. Dans cet hôpital. Dans ma vie. Une nouvelle bouffée que je rejette dans l'air alors que le froid mordant transperce mes os. Je n'ai pas vraiment eu le temps de m'habiller chaudement. Un simple jean et pull comme barrière contre l'hiver sec et froid. Des bottines délacées et des cheveux en bataille. Visage pâle, yeux rougis, tableau idyllique de la jeune fille paumée. Car c'est exactement ce que je suis. Le regard dans le vague à me mordiller nerveusement la lèvre supérieure. L'ongle de mon pouce vient érafler le côté de mon index dans un tic de nervosité disparu depuis de longues années pourtant. C'est inconscient, je ne m'en rends pas compte. Et j'ai envie de m'effondrer, de disparaître, de ne plus rien ressentir. Vidée, lessivée. Je ne sais plus ce que je ressens mais c'est déjà trop. Tout ça, là, qui bouillonne en moi. C'est trop. Les gens passent devant moi sans que je les vois, entrent et sortent dans cette fourmilière aseptisée. Et je reste plantée là, immobile, continuant d'écorcher la peau de mon doigt, presque à vif déjà. « Tenez, ça vous fera du bien » La voix est lointaine, inconnue, et il me faut un temps incroyable pour percuter que l'on s'adresse à moi, que l'odeur de café chaud est celle du gobelet sous mes yeux qu'une main caleuse comme celles des travailleurs manuels me tend. Mes yeux remontent sur un visage d'homme. Sexagénaire. Barbe grisonnante. Visage débonnaire et regard doux. Il insiste en me tendant à nouveau le café et je finis par le prendre, reprenant quelque peu mes esprits. « Merci » Je ne pense même plus au fait que la caféine m'est interdite. La cigarette dans mon autre main se charge de toute façon déjà de me culpabiliser. Ou le fera quand j'aurai repris pleinement mes esprits. J'en bois une gorgée et ferme les yeux. Bon sang ce que ça m'avait manqué. Ce simple verre, ici, dans tout ce chaos, qui me rappelle une normalité que je ne retrouverai sans doute jamais. Le silence plane un instant entre nous sans que je cherche à le combler. C'est ce qu'il y a de bien avec un étranger. Pas besoin de prétendre quoi que ce soit. C'est un étranger. « Je suis désolé je vous ai vu. Tout à l'heure je veux dire. » Je tire une nouvelle bouffée sur la cigarette, ne sachant même plus comment je m'en suis procurée une. Alors le café est pour ça. Il me prend pour une tarée. Ou a pitié. « Pourquoi vous êtes désolé c'est moi qui ai pété les plombs devant une vingtaine de personnes. » Maîtrisée par un vigile et conduite loin des autres patients et visiteurs. Moi à qui l'on a demandé de se calmer avant que je puisse aller la voir. Une larme coule le long de ma joue et je l'essuie d'un geste rageur, tirant une dernière fois sur la cigarette avant de la laisser tomber au sol, l'écrasant sous le talon de ma bottine. Je bois une nouvelle gorgée de café avant de reposer les yeux sur l'homme. « Pourquoi vous êtes là ? » Est-ce que ça m'intéresse réellement ? Je ne sais pas. Mais je suis assez égoïste présentement pour me décharger sur la tristesse de quelqu'un d'autre. N'importe qui sauf moi. « Ma femme. Un cancer. Chimiothérapie, elle en a encore pour deux bonnes heures. » J'acquiesce mollement. « Désolée. Je sais que c'est ce que tout le monde dit mais... » Il acquiesce à son tour, sirotant son propre breuvage. « La jeune fille dans le box, c'est votre petite amie ? » Je détourne le regard, sentant les larmes revenir menacer de perler pour creuses à nouveau mes joues de sillons humides. Je secoue simplement la tête à l'affirmative. Je renifle, les renvoie d'où elles viennent, avant de lâcher ma bombe. « Elle a essayé de se tuer. » Ma voix tremble et je dois lutter pour ne pas m'effondrer. Je ne sais pourquoi je me confie à cet inconnu. Je ne sais pas pourquoi mais ça fait du bien. Dans tout ce chaos. Il me regarde d'un air désolé mais sans pitié ni condescendance. Il sait. Il comprend. Cette impuissance. Cette peur qui vous prend aux tripes à la simple pensée que vous pouvez la perdre. Votre moitié. « Et je suis tellement en colère. Et triste, et....effrayée. Je la déteste !» Mon regard se perd à nouveau dans le vague, alors que j'ouvre à plusieurs reprises la bouche sans qu'aucun son ne sorte. « Je ne sais pas quoi dire, quoi ressentir, quoi penser ou quoi faire. Je suis complètement perdue... » Un soupir las et je me passe une main sur le visage. « Je sais pas pourquoi je vous dis tout ça c'est stupide pardon. » « Ça n'a rien de stupide. Et c'est parfaitement normal d'être déboussolée d'accord ? » Ironie. J'aurai probablement envoyé péter un médecin s'il m'avait dit la même chose mais je me contente d'acquiescer, presque reconnaissante qu'il me dise ces mots simples. « Mais tout peut se résumer à une seule question. » Je redresse mon regard pour affronter le sien. « Qu'est-ce qui est le plus fort ? Votre haine pour son geste ou votre amour pour elle ? » Je fronce les sourcils. Encore une fois, en temps normal, j'aurai envoyé se faire foutre celui qui aurait osé me poser cette question. « L'amour. » Il acquiesce lentement, un sourire sincère sur les lèvres. « Alors je ne peux pas vous dire quoi dire, ressentir ou penser. Mais vous n'avez qu'une chose à faire. Être là pour elle. Vous aurez le temps pour le reste plus tard. »

13h40.
Elle se réveille et mon cœur se serre, s'accélère. Je me suis repassée en boucle cette conversation. Encore et encore et encore. J'ai tellement de questions. De reproches. Tellement envie lui hurler dessus. De la gifler pour avoir osé m'abandonner comme ça. Mais l'inconnu avait raison. Tout ça peut attendre. Parce que je l'ai regardé dormir durant ces vingt dernières minutes et que j'ai eu le temps d'essayer de voir les choses de son point de vue, de ne pas juste ressentir ça personnellement mais de tenter de me mettre à sa place. Non, je ne comprends pas pourquoi elle en est arrivée là. Mais ce que je sais c'est qu'il faut avoir perdu tout espoir pour choisir une voie si...définitive. Ne plus en avoir aucun. Même minime. Et que préparer si méticuleusement l'acte n'est pas synonyme d'un simple appel à l'aide. Alors oui je la déteste pour avoir fait ça. Pour m'avoir trahi de la sorte. Je lui en veux de me faire subir ça. Mais je l'aime. Plus que je la déteste. Et ce n'est pas de mes reproches dont elle va avoir besoin dans les jours et semaines à venir. Pas de ma colère. Alors même si c'est compliqué, même si je meurs intérieurement quand elle ouvre enfin les yeux et que nos regards se croisent, même si l'explosion serait plus salutaire pour moi, je ne fais rien. Ne dis rien. Pas d'explosion, pas de cris. Parce que je ne dois pas penser à moi. Pas aujourd'hui. Ni demain. Ni avant un long moment. Je dois penser à elle. À Taylor. Parce que je ne veux pas qu'elle recommence. Je veux lui donner une raison de rester. Mille raisons de rester. Même si ce n'est pas pour moi. Même si j'aurais aimé qu'elle reste au moins pour moi. Pour nous.

Elle ferme les yeux et je vois des larmes couler sur le côté de son visage, avalées par l'oreiller sur lequel elle est couchée. Les miennes se sont taries. Et je ne dis rien. Je me redresse, retire mes chaussures et grimpe doucement sur le lit à côté d'elle. Je viens me caler et dépose un baiser sur sa tempe, laissant le silence planer encore quelques minutes. « Je ne poserai pas de questions si tu ne veux pas y répondre. Je ne crierai pas. Je ne pleurerai pas. Je ne dirai rien d'autre que je t'aime.  Et tant pis si tu n'as pas envie de l'entendre. Tant pis si ça ne suffit pas. Si ça t'étouffe. Je t'aime et je ne compte aller nul part. Ni maintenant, ni jamais. Que tu le veuilles ou non je ne te laisserai pas. »  Je ne force pas Taylor à me regarder. Je ne sais pas quoi dire d'autre à part que je serai là, peu importe la difficulté des prochains mois.





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Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptySam 10 Fév - 19:38

Bird Set Free
EXORDIUM.

People fear death
It comes, it takes
The ones we love
With no regrets
Not knowing what will happen next
But we know that
Our turn awaits


Je veux fuir cet endroit.
Fuir mon existence.

J’ai envie de hurler. Détruire un monde entier. Le mettre à feu et à sang.
Comment est-ce que j’ai pu me louper. Comment ai-je pu échouer alors que j’avais tout aussi bien préparé. Et non, là, tout de suite, je n’ouvre pas les yeux en me disant que peut-être, tout ça n’est pas plus mal. Que peut-être, mon acte loupé me fera prendre conscience que la vie vaut quelque chose, qu’au fond, je ne le veux pas vraiment.
Là, tout de suite, j’ai envie de tout envoyer se faire foutre. Ma tête va exploser, prise d’assaut de multiples questions, de multiples émotions que je ne sais pour l’instant pas gérer. Je me sens à la fois vide et étouffée. Un paradoxe éclot et je serre les poings que je ramène à mon visage, pleurant de plus belle.  
J’ouvre les yeux sur un monde que j’ai cherché à fuir. La mort dans l’âme, l’estomac à l’envers, le cerveau flingué.

Même la présence de Maeve ne m’apaise pas. Au contraire. Elle ne fait qu’aggraver cet état qui m’habite. Un cyclone ravageur qui détruit toute trace de compassion, de honte, de regret, ne laissant que dans son sillage la haine que j’éprouve envers ma propre personne et envers tant d’autres choses que je ne parviens pas identifier.
Je sais pertinemment ce qu’il va se passer. Je sais toutes ces questions qui vont traverser son esprit, toutes celles auxquels j’ai répondu dans cette putain de lettre que j’ai envoyée à chacun d’eux. Mon esprit se prend un boomerang en pleine face, celui chargé de courrier, d’adieu, de toute ce que j’avais planifié. Je chute de trente étages et la réception est douloureuse, destructrice. J’ai l’impression que mon cerveau se fissure et je ne gère rien de ce qu’il se passe chez moi, incapable de contrôler ces tremblements incessants qui agitent mon corps de légers soubresauts.

Maeve bouge, grimpe sur le lit.
J’étouffe.
Un baiser sur ma tempe et j’ai envie de tout exploser.
Elle est mon rappel. Celui qui me ramène à l’échec, à la honte, à la culpabilité. A l’inhumanité dont j’aurai fait preuve aux yeux de certains.

- Non…

Une supplique. Celle de ne pas être toucher, réconforter. Ça n’a rien de personnel, ça n’est pas contre elle, mais … je n’sais pas. Je me sens complètement paumée dans un épais brouillard qui s’épaissit un peu plus à chaque seconde.
J’ai beau avoir l’impression d’être capable de tout détruire, je prends seulement conscience que je ne suis capable de rien. Groggy, la bouche pâteuse, je suis plus amorphe qu’autre chose.

- Je ne poserai pas de questions si tu ne veux pas y répondre. Je ne crierai pas. Je ne pleurerai pas. Je ne dirai rien d'autre que je t'aime.  Et tant pis si tu n'as pas envie de l'entendre. Tant pis si ça ne suffit pas. Si ça t'étouffe. Je t'aime et je ne compte aller nul part. Ni maintenant, ni jamais. Que tu le veuilles ou non je ne te laisserai pas.

Je ne sais pas si je suis capable d’entendre ça maintenant, si j’ai la force de l’écouter, de la croire ou même d’assimiler tout ce qu’elle vient de me dire. Je ne sais pas non plus si j’ai envie de l’entendre, de le comprendre.
Mon corps se crispe à son contact, celui que j’ai l’impression d’à peine sentir, complètement à l’ouest, entrain de chialer sans vraiment comprendre. J’ai aucun souvenir de comment tout ça s’est déroulé, j’ai l’impression que ma journée s’est arrêté à cette nuit avec Maeve pour ensuite s’effilocher.

Je ne sais même pas quel jour nous sommes.

- J’peux pas

Un soupire murmurer d’une voix rauque et tremblante alors que je la repousse mollement.

- Pas maintenant, j’peux pas.

Et ne veux pas. Aussi horrible que cela puisse paraitre.
Ma voix se brise, j’ai l’impression d’étouffer. Que cette chambre est beaucoup trop petite, beaucoup trop blanche. Que les lumières et les sons m’agressent et que mille aiguilles se plantent dans mon cerveau qui me donne un mal de crâne atroce, ne cesse de s’amplifier. Je me redresse, force sur mes membres engourdis, sans grands succès.
Je donnerais n'importe quoi pour me rendormir et pour ne pas faire face à ce visage, à ce regard que je connais par coeur. Je n'ai aucunement la force de l'affronter, de lui faire face. Elle et tous les autres.

A défaut de m’être loupé, j’ai l’impression que c’est de l’intérieur que je suis morte. Un gouffre profond, infini qui ne sera jamais comblé malgré tous les je t’aime qu’elle pourrait me murmurer.


Death's taking those
That we love most
Its greed wants the best souls
And leave the unworthy mortals
They stay around
So make no sound
They're trying to get through
All the voices whispering to you
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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMer 14 Fév - 1:12




« J’peux pas »
Pour la seconde fois en moins de vingt-quatre heures mon cœur saigne. Trois mots. Trois minuscules mots qui a eux seuls ont le pouvoir de me détruire intérieurement. Je ferme les yeux et serre les mâchoires alors que mes lèvres tremblent. Je sens son corps se tendre contre le mien alors que, du peu de force dont elle est animée, Taylor me repousse pour m'écarter d'elle. Je devrais la maudire, lui hurler dessus qu'elle n'a pas le droit de me faire ça après tout ce qu'elle vient déjà de me faire subir, la gifler pour la claque mentale et morale qu'elle m'a envoyée en plein visage par ce geste immonde. Mais je me contente du silence. Je pince mes lèvres et réfrène l'insoutenable envie de pleurer qui me monte à la gorge. Je ne veux pas craquer devant elle, même si elle mériterait de voir la tristesse qu'elle fait naître en moi par sa seule attitude. Je me focalise sur les mots de l'homme avec qui j'ai discuté avant mon retour dans la chambre, à tout ce que je me suis promis mentalement pendant que je la regardais dormir et je m'écarte sans perdre mes moyens, sans m'effondrer, sans exploser. « Pas maintenant, j’peux pas. » Je ferme à nouveau les yeux alors que je retrouve la position assise, lui tournant le dos sur le bord du lit. Je lutte. Contre cette part de moi qui veut s'envoyer se faire foutre et lui dire que je me fiche qu'elle ne puisse pas, que c'est ce que je veux, ce dont j'ai besoin. La sentir, me prouver qu'elle est bel et bien vivante. Besoin de sentir la chaleur de sa peau, l'humidité de ses larmes, la force de son désespoir. Je lutte pour ne pas laisser cette colère intérieure exploser face à elle. Je lutte aussi contre cette part de moi qui tente de me mettre à sa place sans y parvenir complètement. Lutte pour ne pas céder à nouveau à la détresse de cet instant.
Mais rien ne vient. J'inspire profondément et quand j'expire, seul un terne « ok » passe la barrière de mes lèvres. Continuant de lui tourner le dos pour ne pas affronter son indifférence glaciale, j'acquiesce sans la certitude qu'elle me regarde, me penchant en avant pour attrape mes chaussures laissées au sol. « Ok. » Je me relève, déglutissant péniblement. « Je...vais te laisse te reposer alors. » Me retournant lentement pour lui faire face je profite qu'elle fuit volontairement mon regard pour dire ce que j'ai à dire sans risquer de m'écrouler sur place. « Je vais aller prendre une douche et essayer de me nourrir avec autre chose que du café. Je reviens te voir plus tard. » J'esquisse un premier pas vers la sortie, et l'élan du second me conduit finalement à nouveau vers le lit, me penchant pour déposer un baiser sur son front. Je me retiens d'ajouter quoi que ce soit. Pas de 'je t'aime' ou autre mots affectueux. Rien qui pourrait la mettre à mal comme ma précédente déclaration semble l'avoir fait. Je me détourne finalement et quitte la chambre.

Mes chaussures à la main je déambule dans les couloirs comme un zombie, prenant inconsciemment la direction de la sortie. C'est à nouveau le froid mordant qui s'infiltre par les mailles de mon pull qui m'éveille quelque peu, mes yeux se posant sur un homme en train de fumer. « Vous en auriez une s'il vous plaît ? » Il me tend le paquet duquel j'extraie une cigarette et il me l'embrase. « Merci » Je lui rends le paquet alors que son regard se pose sur mes pieds. « Vous deviez les enfiler, vous allez attraper la mort » Je baisse mon regard sur mes chaussettes dépareillées et sur les Doc Martens encore en mains. J'acquiesce, marchant jusqu'à un banc où je prends le temps de les enfiler, tirant sur ma cigarette qui se consume plus rapidement qu'à l'ordinaire. J'inspire, laisse la fumée encrasser mes poumons, expire. Inspire, inhale, expire. Jusqu'à un goût désagréable, celui du filtre et je l'éloigne d'un coup sec du doigt, la regardant virevolter et s'écraser lamentablement quelques mètres plus loin.
Il fait froid, je commence à trembloter et ma mains se referme sur mon téléphone. J'envoie d'abord un message à Ronnie pour qu'il vienne me chercher ici. Simple, rapide. J'ai eu le temps de l'informer plus tôt, tout comme Milo. Puis mon pouce balaie l'écran à la recherche d'un numéro que je n'ai pas composé depuis des lustres. À dire vrai c'est moi qui paie la ligne tous les mois afin qu'elle reste active. Certains penseront que c'est morbide et je les emmerde. D'autres que c'est masochiste, je les emmerde tout autant. J'appuie sur l'icône du téléphone vert et attends, sachant pertinemment que personne ne répondra. C'est justement le but, entendre sa voix. La sonnerie s'arrête et la messagerie prend le relais. « Bonjour, ici Cathleen Wheelan. Je suis visiblement indisponible pour le moment mais ne m'en voulez pas, j'ai deux jobs et une fille hyperactive et trop intelligente, ça me prend un temps fou pour réussir à la suivre. Bref, laissez un message, vous connaissez la suite... » Un bip significatif alors qu'une larme roule sur ma joue à l'entente de sa voix. « Salut maman. Ça faisait longtemps...... » Et je m'effondre, littéralement. Je lui confie tout, dans les moindres détails, en pleurs au téléphone. Évidemment, elle ne répond pas, ne répond rien. Ce n'est qu'une messagerie, une des rares choses qu'il me reste d'elle maintenant que mon appartement a pris feu. Plus de photos, plus de vidéos. Juste ça. « Si tu savais comme tu me manques. À quel point j'aimerais que tu sois là. » Me réfugier dans ses bras comme si j'avais encore cinq ans. Me sentir protégée par sa seule présence et rassurée par un simple regard. J'ai l'ai perdu elle, le premier amour de ma vie. Et j'ai failli perdre le second cette nuit. Ne suis pas certaine d'ailleurs, de l'avoir pleinement retrouvée...



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Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMar 20 Fév - 0:02

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EXORDIUM.
- Ok.

Je la sens déjà, l’entend déjà. La culpabilité, le reproche, la honte, qui viennent me gifler avec violence, me donnant de nouveau la gerbe. Le poids seul de ce mot me perd un peu plus dans ce tourbillon d’émotions ingérable, que je ne comprends pas, captant déjà difficilement cette réalité que j’ai du mal à imprimer.
Moi, vivante. Moi, ayant tenté de mettre fin à mes jours, sans succès.
Ca ne rentre pas.

- Je...vais te laisse te reposer alors.


Sa voix, encore. Celle qui me rassurait pourtant, celle qui me berçait parfois. Et en cette seconde, je ne ressens rien d’autre qu’un vide interminable, soudain, brutale. Les portes se ferment, je me barricade dans un silence pesant, à l’image de ce qui m’habite.
Je ne suis pas en état de lui demander de rester, je ne suis pas en état de quoi que ce soit. Que ça soit de bouger, de répondre, de ressentir, d’expliquer. Je ne suis rien d’autre qu’un tas de chair sans rien à l’intérieur.

- Je vais aller prendre une douche et essayer de me nourrir avec autre chose que du café. Je reviens te voir plus tard.

Elle fuit, déjà. Maeve dépose un baiser sur mon front que je n’esquive pas, me laissant faire, atone. Le changement d’état est violent et presque brutal comparé au réveil il y a moins d’une minute mais encore une fois, je ne percute pas. La seule chose qui focalise mon attention est la fuite de Maeve.
Trois secondes d’éveil et la voilà déjà hors de cette chambre. Et c’est ce qui m’attend pour les jours à venir, pour les mois à venir. Toujours ce vide de soi, parsemé d’absence, de brutalité, d’incompréhension. Je suis détraquée, déréglée, complètement paumée. Pas certaine de savoir ce que je veux puisqu’en l’instant, je ne ressens aucun autre besoin que celui de me fondre dans l’inconscient, de me frapper la gueule contre un mur jusqu’à ce que j’en perde connaissance. Mon estomac est douloureux, tout est douloureux, mon crâne n’est qu’une bouillie de souffrance et j’ai beau essayé de comprendre ce qu’il s’est passé, rien ne me vient après cette nuit avec Maeve.

Assise sur le lit, je bug complètement, regard rivé sur mes pieds sous les draps et rien ne vient. Rien d’autre que l’incompréhension du geste qui me semble abstrait, inexistant. Un véritable déni. Comme si je n’étais déjà plus moi, que je n’étais plus vraiment là.

¥

Une médecin que je ne connais pas, n’ai jamais vu et c’est peut-être mieux comme ça. Parce que se foutre en l’air et être récupérer par l’hôpital où vous faite votre internat, vous avez une chance sur deux que de croiser des têtes connues. Je n’sais pas si c’est voulu mais je ne connais ni infirmières, ni toubibs qui passent me voir depuis une heure, à chercher à discuter, comprendre, en douceur.
Ils procèdent par étape, me demandent si je me souviens de ce qu’il s’est passé, m’explique en douceur l’acte commit, l’incroyable chance que cet inconnu me trouve à temps, sans quoi je ne serais pas là à l’heure actuelle. Et c’est ce que je voulais, partir. Pour de bon. Mais pas cette fois et encore une fois, je n’arrive pas à percevoir mes émotions, celles qui devraient me satisfaire de me savoir en vie, de me dire que c’est peut-être l’occasion de percuter un peu ce qu’il s’est produit chez moi pour que j’en arrive là, pour que je prenne conscience que finalement se foutre en l’air ne valait pas le coup.
Mais rien.

- Une psychiatre va venir vous voir en fin de journée, pour discuter avec vous.
- Ok.

Aucune résistance. Rien.

- Est-ce que vous souhaitez en parler ?
- Hm ?
- Est-ce que vous voulez parler de ce qu’il s’est passé ? Dire comment vous vous sentez ?
- Non, je n’sais pas.
- D’accord. Elle m’accorde un sourire compréhensif, conciliant. En attendant l’arrivée du Dr Lockhart, reposez-vous. Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez une infirmière.

J’acquiesce en silence, la remercie d’une voix enrouée pour avoir trop peu parlé.
Je jette un œil à l’horloge où les aiguilles ne cessent pas leur course interminable vers ce temps qui m’échappe.

¥

Lendemain difficile, nuit beaucoup trop courte avec milles questions qui me traversent à la seconde.
La veille a été trop chargée d’émotions, de remise en question, de question tout court. Il y a eu d’abord Maeve puis Milo et Ayleen. J’aurai préféré qu’ils ne viennent pas, qu’ils ne me voient pas ici mais surtout de ne pas affronter ce regard que je redoutais tant. J’aurai préféré ne jamais voir cette tristesse sur le visage de mon meilleur ami comme j’aurai préféré ne jamais vivre les larmes d’Ayleen.

Lockhart m’a proposé un groupe de parole qui pourrait me permettre de me sentir « plus comprise », en prenant soin de m’expliquer qu’il me faudra du temps pour me relever de ça mais que peut importe combien de mois ça prendra, le principal étant d’y arriver, à mon rythme. Elle doit repasser dans la journée, pour voir comment je me sens après plus de 24 heures de recul sur mon geste. Et là, en cette seconde, j’suis pas foutue de répondre. J’ai l’impression que la culpabilité creuse un peu plus ce vide qui ne se remplit pas. Chose tout à fait normal d’après la psychiatre, que là encore, seul le temps, la patience et la parole jouera en ma faveur.

Je me traine jusqu’à la douche, comme un automate, essaie de renouer avec des gestes simples du quotidien. J’esquive mon regard dans le miroir, ne me regarde pas, refuse ne serait-ce que d’apercevoir une partie de mon corps nu. La gerbe revient et je vomis le peu de petit déjeuner avalé. Visage au-dessus de la cuvette des toilettes, je crache une dernière fois avant d’essuyer mes lèvres d’un geste tremblant avec un morceau de papier toilette. Je jette ce dernier, tire la chasse et me redresse mollement jusqu’au lavabo où je me rince la bouche avant de me laver les dents, de nouveau d’un geste mécanique. Presque absent.
J’ai la sensation que mon esprit est aspiré par une espèce de trou noir où je fais face à un véritable blocage, me confrontant à un mur de béton, comme si mon inconscient refusait catégoriquement de laisser quoi que ce soit s’échapper.
J’entends la porte de ma chambre s’ouvrir, mon prénom résonné. Je reconnaitrais cette voix entre mille.

- J’suis là.

Je pousse la porte de la salle de bain, me présente à Maeve les cheveux mouillés, dans une tenue de pyjama disons… approximative puisque complètement à côté de la plaque.

- J’sors de la douche, désolée.

Impossible d’expliquer ce qu’il se passe en cet instant, impossible de traduire ce néant, cette complexité qui ne me permet pas d’évaluer la situation comme je l’aurai fait en temps normal. Parce que je ne me reconnais pas, je ne reconnais ni cette maladresse, ni ce creux qui s’approfondit un peu plus dans ma poitrine. Elle est fatiguée. Epuisée serait peut-être le terme le plus juste. Yeux gonflés de fatigue ou de larmes ou les deux. Visage tiré. Cheveux défaits.
Et cet état n’a qu’un seul bourreau, un seul coupable. Et c’est celui qui n’est pas foutu d’afficher le moindre sourire face à sa venue, oppressé par la vague de culpabilité qui éclot violemment entre mes côtes.

Je me fais violence, me brusque, repense à tout ce que Lockhart a pu me dire et m’en sert pour m’auto-guider. J’approche de Maeve, effleure ses lèvres d’un geste maladroit, pour ne pas ainsi dire, casse-gueule avant de me redresser et de lui faire face. J’ai une boule dans la gorge, le mur se dresse de nouveau et avant que celui-ci ne réussisse à achever le peu d’émotions que je possède en cette seconde, mes bras s’enroulent autour d’elle, tout aussi maladroitement que ce baiser gauche.

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMar 20 Fév - 1:27




Je pousse la porte de son appartement et la referme d'un coup de pied. Elle claque, me fait sursauter, et je cligne des yeux, regardant autour de moi. Il me faut quelques secondes pour assimiler le fait que je suis rentrée, sans trop savoir comment je suis arrivée ici. Ça n'a pas vraiment d'importance. Rien n'a vraiment d'importance maintenant que je n'ai plus à faire bonne figure et que je suis entre quatre murs, invisible aux yeux du monde. Mes yeux se perdent sur le petit espace, vide. Immobile, je reste plantée là un temps indéfini, à écouter le silence pesant des lieux faire écho au mien. Une minute, deux, puis finalement dix peut-être plus et je retire mes chaussures, mes jambes reprenant leur fonction motrice. Je me traîne jusqu'à la salle de bains, éparpillant mes vêtements au sol au fur et à mesure que je m'effeuille. Ma peau est glacée quand j'actionne la douche et attends patiemment que l'eau vienne à la bonne température, nue et grelottante. Une dernière vérification et je glisse sous le jet chaud dont le contraste brutal me fait grimacer dans un premier temps. Je finis par m'habituer, me réchauffe sous la chaleur qui se diffuse dans la pièce rapidement transformée en hammam. Fermant les yeux, je laisse mes muscles se détendre, mon corps se relaxer, et sans que je ne puisse plus longuement les contrôler, elles reviennent en un flot ininterrompu, les larmes. Perlent sur mes joues et sitôt effacées par le jet d'eau sous lequel je me réfugie. Je ne cherche pas à les contenir, à les minimiser. Ici je n'ai pas besoin de contrôler. Personne ne peut le voir. Ce désespoir. Je me laisse aller. Laisse cette tristesse infinie s'extérioriser alors que mon corps s'agite sous l'effort des pleurs. Je laisse la colère me quitter, la culpabilité aussi. Celle de ne pas avoir su reconnaître les signes avant coureurs. De longues minutes ma voix se brise en de lourds sanglots, jusqu'à ce que la fatigue physique ait raison de moi. Je me laisse glisser le long de la paroi, replie mes jambes que j'encercle de mes bras, et, posant le visage sur mes genoux, laisse l'eau effacer les dernières traces de chagrin, le regard perdu dans le vague.

Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi. Sans doute trop. Reprenant peu à peu pieds dans la réalité je coupe l'eau et me redresse, difficilement. Attrapant une serviette je me roule dedans et fais de même avec mes cheveux qui dégoulinent sur le sol de la salle de bains. Je devrais manger, me forcer pour mon corps déjà malade mais c'est vers la chambre que mes pas me conduisent. Là encore le vide et le silence et la vision de ce grand lit encore défait me soulève le cœur. Vingt-quatre plus tôt nous étions là, Taylor et moi, à faire l'amour dans ces mêmes draps. Et je me sentais vivante. Incroyablement vivante. Satisfaite. Heureuse. Il ne reste rien de tout ça quand je me laisse tomber sur le matelas, enroulant la couette autour de moi. Oui, je me suis sentie vivante dans ces draps. Mais je me sens vide ce soir. Incroyablement vide. Je me tourne sur le côté et attrape l'oreiller de ma petite amie, le serrant contre moi en y respirant son odeur. Le soleil commence à peine à descendre dans le ciel mais déjà mes yeux se ferment. Je ne m'étais pas rendue compte de mon degré de fatigue avant maintenant. Et avant que je n'ai eu le temps de trop penser, de trop ressasser, mon esprit s'évade vers les contrées de Morphée.

Le réveil est difficile. Premièrement parce que ma nuit a été agitée de violents cauchemars. Ensuite parce qu'il ne me faut malheureusement que quelques secondes pour que tout me revienne brutalement en plein visage. Alors je reste là, enveloppée au chaud, tentant de trouver ici un vain réconfort. Mon visage se tourner vers son oreiller et je tends le bras pour y déposer ma main. Je ferme les yeux, triste, lasse, déjà épuisée par cette journée qui n'a pas encore commencé. Il fait encore nuit noire dehors et pourtant je me lève.
L'aube de cette journée est automatique. Je m'habille, me prépare un petit déjeuner hyper vitaminée à base de fruits frais que je mange sans aucun enthousiasme et avale mes médicaments pour l'hypertension artérielle. Je fais même l'effort de dompter un minimum ce qui me sert de tignasse avant de mettre un peu d'ordre dans le bazar que j'ai laissé hier. Et, quand le monde extérieur commence à prendre vie et que le soleil est assez haut dans le ciel, j'attrape manteau, bonnet et écharpe et m'enfuie de l'appartement, ne supportant plus ce silence assommant.  Je me dirige en premier vers une fleuriste et choisis des lys blancs, ses préférés, avant de me rendre au cimetière sur la tombe de ma mère. Elle n'avait que quarante-sept ans quand elle est morte et n'en aurait que cinquante-trois présentement. Une rupture d'anévrisme. C'est tellement soudain. On ne le voit pas venir. Quelques secondes et puis plus rien. Et c'est exactement ce que je ressens pour Taylor et son geste. Je ne l'ai pas vu venir. Je dépose les fleurs et effleure du bout des doigts la stèle en pierre, glacée. Elle était catholique alors je l'ai enterrée. Mais ça me tue de venir ici. Je ne vois que ce corps décrépi qui se désagrège six pieds sous terre. « Tu me manques maman. Atrocement. » Je reste encore un peu et m'éclipse.
Je veux être dans la foule, une fourmi parmi tant d'autres qui déambule sans but précis. Et c'est ce que je fais dans les heures qui suivent. Déambuler anonymement dans le centre ville parmi les travailleurs et les touristes, me complaisant dans l'idée d'être invisible.

Je ne reviens à l'appartement que pour préparer un sac pour Taylor, grignotant un morceau avant de repartir. Ce n'est qu'en fin de matinée que je débarque à nouveau à l'hôpital, prenant directement la direction de sa chambre. Main sur la poignée, je ferme les yeux et prends une longue inspiration avant d'expirer bruyamment. Et quand je rentre, mon cœur rate un battement de tomber sur un lit vide. Je ne sais pas pourquoi je panique et l'appelle une première fois doucement, puis une deuxième un peu plus fort avant qu'elle ne réponde, me faisant lâcher un soupir de soulagement. Putain de merde. Elle pousse la porte et j'ai juste le temps d'effacer mon inquiétude avant qu'elle se justifie. J'acquiesce, posant le sac sur le seul fauteuil de la pièce. Et puis....je me sens tout à coup stupide, sans oser parler, ni bouger, ne voulant pas la brusquer ou prendre le risque d'être à nouveau repoussée. Elle s'approche, m'offre un léger baiser qui ne me paraît pas naturel mais que j'accepte, presque douloureusement, me forçant à lui sourire. Je la sens maladroite mais la laisse faire et quand ses bras s'enroulent autour de moi je me laisse aller et la serre dans mes bras, ne pouvant me contenir davantage. J'ai besoin de ça, de la sentir vivante contre moi. Fermant les yeux j'enfouis mon visage dans son cou et respire son odeur, apprécie la chaleur de sa peau. Elle est vivante. Elle est là. Peut-être au plus mal mais vivante. Le reste n'a pas d'importance, pas pour l'instant. Je m'écarte quand elle met fin à l'étreinte, me raclant la gorge. « Je t'ai apporté quelques affaires. Des vêtements et deux trois bricoles qui peuvent être utiles. » Je ne sais pas combien de temps ils vont la garder ici mais je suppose que par mesure de sécurité elle va rester quelques jours. « Si tu veux autre chose tu me dis et je te le ramènerai. » Je me tais quelques secondes mais le silence étant source d'angoisse depuis peu, il me met mal à l'aise. « Comment tu te sens ? » Je lui lance un regard concerné mais sans lui faire ressentir toute l'inquiétude qui m'anime. « On n'est pas obligé d'entrer dans les détails je veux juste m'assurer que... » Que quoi ? Qu'elle va bien ? Elle a tenté de mettre fin à ses jours il y a moins de quarante-huit heures... « On a le temps. Je veux dire tu as le temps. Je ne te mettrai pas la pression. Je serai patiente. Et on fera comme tu veux, à ton rythme. Je veux juste que tu le saches. » Je ne veux pas qu'elle fasse les choses pour moi mais pour elle. Parce que je sais que je ne suis pas une raison suffisante. Je sais qu'il n'y a qu'elle qui peut se sortir de là. « Mais je suis là. Si tu as besoin, je suis là. » Je me contente d'un baiser sur son front. Oui, je ne peux être qu'un soutien, et elle seule peut remonter la pente et trouver une raison valable de continuer.




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Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMer 21 Fév - 23:56

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EXORDIUM.
Si mon étreinte est maladroite, la sienne se fait plus franche, plus sûre. Le visage de Maeve dans mon cou, mes bras se resserrent un peu plus autour d’elle.
C’est la première fois depuis mon réveil que je la tiens contre moi. Première fois depuis que j’ai ouvert les yeux que je manifeste un geste de tendresse envers ma petite amie, aussi maladroit que puisse être ce dernier. Et parmi tout ça, j’essaie de ressentir les effluves d’un réconfort. Une chaleur. Et c’est là, quelque part. Léger mais présent. Parmi toutes ces ombres, cette incompréhension, j’attrape maladroitement ce qu’elle m’offre pour m’en gorger. Quant bien même ça ne durera que quelques minutes.
Ou quelques secondes.
Une boule dans la gorge, une soudaine sensation de poids sur les épaules et je m’écarte, en douceur, passant mes bras autour de moi. Simple réflexe de malaise, presque gênée.

- Je t'ai apporté quelques affaires. Des vêtements et deux trois bricoles qui peuvent être utiles.
- Merci.

Je jette un œil sur le sac qu’elle a déposée sur le fauteil et m’y dirige, par réflexe. Pour m’occuper les mains, occuper l’espace tout court. J’ouvre ce dernier et jette un œil à ce qu’elle m’a apportée. Le basique et de quoi combler ces heures de vides qui m’attend. Elle a visée juste, comme toujours.

- Si tu veux autre chose tu me dis et je te le ramènerai.
- Ok mais ça ira, j’pense.

Parce que je ne suis même pas sûre de combien de temps je vais rester bloquée ici. Pour le moment, rien n’a été évoquée et je préfère ne pas y penser pour le moment, l’idée de rejoindre l’extérieur m’angoisse tout autant que de rester ici.
Le silence se réinstalle, rappelant à quel point toute cette situation n’est pas naturelle, est étrange. Ca me fout mal à l’aise autant que ça me pèse, redoutant un peu plus à chaque seconde les sujets qui seront abordés.

- Comment tu te sens ?

J’hausse les épaules, affiche un demi-sourire que je ne pense pas très convaincant, tout en revenant vers elle pour lui faire face.

- Moins groggy qu’hier.

Moins vaseuse aussi.
Mais plus absente et plus vide.

- On n'est pas obligé d'entrer dans les détails je veux juste m'assurer que...

Nous y sommes. Bien plus vite que je ne l’aurai pensé. Ou plutôt que je ne l’aurai voulu. Je sais que je dois passer par-là, en particulier avec Maeve. Que je lui dois au moins une explication, quelque chose qui pourrait satisfaire sa curiosité ou plutôt, faire taire ses angoisses que je devine malgré toute sa volonté à en laisser le moins possible transparaitre.

- On a le temps. Je veux dire tu as le temps. Je ne te mettrai pas la pression. Je serai patiente. Et on fera comme tu veux, à ton rythme. Je veux juste que tu le saches. Mais je suis là. Si tu as besoin, je suis là.
- Merci.

Les larmes remontent, je déglutis difficilement et profite de son baiser sur mon front pour essayer de reprendre contenance, de ravaler ce qui menace de s’écouler en silence.
Encore une fois, il faudra bien qu’un jour j’explique parce que si je dois moi-même trouver les raisons de mon geste, quant bien même j’en connais une partie, je n’ai pas le droit de la laisser dans l’ombre, dans cette obscurité que j’impose. Mais encore une fois, je n’sais pas quoi lui dire. Ni ce que j’ai envie de lâcher. Tout ça n’a rien d’anodin. Elle fait face à celle qu’elle aime, celle qui a voulu foutre sa vie en l’air malgré leur projet, les je t’aime prononcés et ce, sans signe avant-coureur.
La culpabilité est violente, lourde. J’voulais pas lui infliger ça, pas dans ce sens là mais pourtant les faits sont là.

- Je n’arriverais pas à t’expliquer. Pas maintenant.

Elle le sait puisqu’elle vient de me dire qu’elle me laissera le temps qu’il me faut. Mais il parait que le formuler, donner corps à mes idées face à mes proches, est un bon début plutôt qu’un silence que l’on pourrait interpréter de mille façons.

- J’ai encore du mal à… Je tousse dans le creux de mon poing, pour ravaler mes larmes et ne pas me mettre à chialer. A tout capter. Et en l’état mes explications ne seront pas suffisantes, parce qu’à part te dire que j’suis désolée, j’arriverais pas à sortir quoi que ce soit d’autre.

Les larmes s’échappent, ma voix me trahit et tremble. Je me pince l’arrête du nez, visage baissée et mon autre bras entourant ma poitrine. J’ai l’impression de nager dans un brouillard épais et que mon cerveau n’est qu’un putain de bordel sans nom où je n’arrive pas à rassembler plus de deux idées à la fois.
J’essaie, je fais un effort surhumain pour aligner quelques mots à la suite, pour faire une formulation construite, au moins pour qu’elle puisse comprendre …. Comprendre quoi ?

- Désolée Maeve.

Aveu maladroit mais réel, honnête. J’ai pas fais ça pour faire chier qui que ce soit, tout comme j’ai pas fais ça pour attirer l’attention de mes proches. Je l’ai fait en connaissance de cause, en sachant pertinemment qu’ils allaient certainement me haïr jusqu’à la fin de leurs jours mais je l’ai fait avant tout parce que tout ça n’était plus possible. Parce que je ne voyais pas la fin de ce merdier qui n’a fait que me tirer vers le fond, un peu plus chaque jour.
Je frictionne mon visage nerveusement, pour chasser mes larmes, mains tremblantes et m’écarte. Par pudeur, par colère, par honte. Je ne sais plus très bien.
La vérité, c’est que je suis complètement paumée.

- Si tu veux grignoter un truc, y a de quoi sur ma table. C’est pas fameux, la bouffe de l’hôpital quoi.

Elle connait, tout autant que moi.
Parce que contrairement à moi, elle lutte pour sa vie au lieu de la repousser.

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyDim 25 Fév - 0:14




Étrange paradoxe que celui dans lequel je me trouve à présent. Partagée entre tous ces sentiments diamétralement opposés. Le bonheur, sincère, de la sentir vivante entre mes bras, debout, face à moi, avec certes le visage pâle et les traits tirés mais bien présente. La tristesse quant à son geste et la claque violente de ce désir d'abandon. De moi, de la vie simplement. La fatigue, immense, cumulée au cours de ces dernières quarante-huit heures et qui ne fera que s'accroître dans les semaines à venir, j'en suis convaincue. La paranoïa, qui jusque là était restée latente mais commence à se faire sentir avec plus d'insistance maintenant que mon esprit parvient à penser à l'après. Une fois sortie de l'hôpital, une fois de nouveau chez nous. Cette angoisse constante, qui, je le sais, ne me quittera plus. Pas avant longtemps en tout cas. Probablement un début d'éternité.
Et parmi tout ce maelstrom d'émotions, le malaise. Malgré cette étreinte, malgré son regard qui ne me fuit pas aujourd'hui. Qui me fuit moins. Malgré cet échange presque normal entre nous. Et en ce « presque » réside toute la différence. Taylor a toujours été une évidence à mes yeux. Dès la première nuit. Je savais avant même de se quitter au matin qu'il me faudrait la revoir, la toucher, la narguer et jouter avec elle verbalement. J'ai vite su qu'elle serait plus qu'une aventure comme les autres. Et malgré ma peur les choses ont toujours été naturelles entre nous. Ça a toujours coulé de source. Sans faux semblant, sans retenue. Libres d'être qui l'on voulait être. Une liberté que peu de couples possèdent au final. Les seuls instants emplis de gêne durant ces dernières années ont été les premières fois après notre première rupture. Quand je l'ai lâchement quittée. Ce malaise, perceptible. C'est étrange, après avoir été intime avec une personne, de mesurer ses gestes et ses mots pour ne créer la confusion, pour ne pas blesser. Et il nous a fallut un certain temps pour trouver le juste équilibre. Avant que le malaise et la gêne disparaissent. Jusqu'à retrouver notre naturel et notre spontanéité. Les rires et les joutes verbales.

Et c'est exactement ce que je ressens présentement. La naturel s'est envolé, de même que la spontanéité. Je mesure mes gestes pour ne pas la brusquer, mes mots pour ne pas la vexer, et je suis certaine qu'elle en fait de même, pour ne pas me blesser. Comme une seconde rupture, tout aussi douloureuse que la première sinon plus. Est-ce que son geste aura ce genre de conséquences ? Un fossé creusé entre nous remplit d'incompréhension, de colère refoulée pour mille raisons différentes suivant si c'est elle ou si c'est moi, de peur, de reproches silencieux, de peut-être et de si. Un fossé invisible et pourtant presque palpable. Et je ne fais rien pour empêcher ça, vidée psychiquement.
Je me contente d'acquiescer sur son état, ne pensant que technique et lavage d'estomac. C'est stupide mais ça m'aide de rationaliser avec le médical. Au moyen mis en œuvre pour retirer toutes ces toxines de son corps. Mais je suis ainsi fait. Un esprit scientifique, rationnel. C'est pourquoi je ne peux et ne veux pas pour le moment m'appesantir sur son geste, qui est, de mon strict point de vue, l'image vivante de l’irrationalité. « Je n’arriverais pas à t’expliquer. Pas maintenant. » Oui, on ne peut pas expliquer ce qui ne peut l'être. On en revient à la case départ. Je finis néanmoins par sortir de mes pensées trop mornes pour être utiles en cet instant, me contentant encore une fois d'acquiescer. « J’ai encore du mal à… A tout capter. Et en l’état mes explications ne seront pas suffisantes, parce qu’à part te dire que j’suis désolée, j’arriverais pas à sortir quoi que ce soit d’autre. » Ce serait pourtant déjà un début en soit pas vrai ? À défaut d'être réellement désolée pour ce qu'elle a fait, elle pourrait l'être pour ce qu'elle m'a fait à moi. Oh bordel, comment je peux être aussi salope à un moment pareil. « Désolée Maeve. » Je ferme les yeux pour accuser le coup. Oui, une salope finie. Pourtant, ses excuses ne me touchent pas autant qu'elles le devraient. Et encore une fois, il me faut me concentrer sur les rares choses positives et le fait qu'elle soit en vie pour ne pas craquer. « Je te l'ai dit, je n'attends pas des explications tout de suite. Je sais que....ça a été compliqué hier avec Milo et Ayleen. Oui les nouvelles vont plus vite que dans les séries de la CW désolée....mais je ne vais pas te harceler. C'est comme j'ai dit. À ton rythme. Sans pression. » Je soutiens son regard pour appuyer mes dires, tournant mon regard vers son plateau repas avant d'afficher une grimace de dégoût. « Non merci, j'ai assez donné. Et puis j'ai réussi à grignoter avant de revenir ici. » Je remarque néanmoins qu'elle n'a pas touché grand chose de sa nourriture. « Tu veux que je te paie un truc au distributeur ? Même si c'est juste une soupe ou un paquet de cochonneries plein de sucre ? Et puis ça te fera sortir de cette chambre... » Une proposition, autant pour elle que pour moi qui ne supporte pas les hôpitaux en général et me sens vite claustrophobe ici. « Par contre il est hors de question que tu sortes dans cette tenue. On dirait que tu t'apprêtes à donner un numéro de clown dans un numéro de cirque » Je ne sais pas à quoi elle pensait en s'habillant mais il est vrai que le résultat est plutôt...grotesque.

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMer 7 Mar - 21:18

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EXORDIUM.
- Je te l'ai dit, je n'attends pas des explications tout de suite. Je sais que....ça a été compliqué hier avec Milo et Ayleen.

Mon regard se dresse vers ma petite amie, surprise et… peut-être agacée. Je ne sais pas trop. Avant de me laisser aller à la lassitude.
Plus la force de lutter pour quoi que ce soit, qu’ils fassent ce qu’ils veulent, disent ce qu’ils veulent.

- Oui les nouvelles vont plus vite que dans les séries de la CW désolée....mais je ne vais pas te harceler. C'est comme j'ai dit. À ton rythme. Sans pression.
- Pas grave. Je hausse les épaules avant d’acquiescer face à ses derniers mots. Et d’accord, ok.

Je prends compte de ce que Maeve me dit, m’informe.
Pas de pression, pas de questions à tour de bras auxquelles je ne pourrais de toute façon pas répondre. Je passe d’un état à l’autre sans vraiment le voir venir, fais des 180° d’un claquement de doigts et si j’étais plus ou moins droite sur mes jambes deux secondes plus tôt, j’me sens subitement fatiguée, usée.
Oui, pas de pression. Pas de harcèlement. Pas de questions pour savoir le pourquoi du comment… Mais jusque quand ? Un jour, il va falloir que je rende des comptes parce que je doute sincèrement que le trio Maeve-Milo-Ayleen se contente vraiment d’un silence pour toute réponse ou d’un « je sais pas ». Et parce que quelque part, je leur dois peut-être une explication non ? Surtout à celle avec qui je partage ma vie.
Je n’sais plus très bien ce que je suis supposer faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire. Ce que j’ai envie ou non.

Son regard marque un arrêt sur mon plateau de bouffe, grimaçant devant.

- Non merci, j'ai assez donné. Et puis j'ai réussi à grignoter avant de revenir ici.


Comment l’en blâmer ? La bouffe est généralement pas dinguissime, parfois dégueu, parfois passable et de toute façon, je pourrais bien avoir un gros steack devant moi que je ne voudrais pas y toucher. J’ai l’estomac en vrac, l’envie de gerber quasi-constante.

- Tu veux que je te paie un truc au distributeur ? Même si c'est juste une soupe ou un paquet de cochonneries plein de sucre ? Et puis ça te fera sortir de cette chambre...

L’angoisse m’étreint sans que je ne la voie venir, un véritable coup de vent en pleine gueule. Ma gorge se serre, mon cœur s’emballe et je m’agite, passant d’une jambe à l’autre alors que je glisse mes mains dans les poches de mon pantalon, incertaine de vouloir vraiment quitter cette chambre dont les murs, malgré moi, me rassure.
C’est simple : L’idée même de croiser des visages que je connais sans ces couloirs me terrifie. Moi qui suis du genre à emmerder le monde, à me foutre de ce que l’on pourrait penser de moi, je me retrouve en cette seconde complètement tétaniser à la simple idée que de devoir croiser des collègues, croiser des regards bourrés de pitié ou de jugement.

- Par contre il est hors de question que tu sortes dans cette tenue. On dirait que tu t'apprêtes à donner un numéro de clown dans un numéro de cirque

La voix de Maeve me ramène à la réalité alors que je cligne des yeux pour ensuite me regarder. J’suis habillé à la va-vite, complètement débraillé.

- J’suis déjà un numéro pour certain apparemment, alors mes fringues ne changeront rien j’crois.


Les rumeurs vont vite et si certains sont conciliant, compatissants, d’autre le sont beaucoup moins que de savoir « une collègue » avoir tenté de mettre fin à ses jours il y a à peine deux jours. Les spéculations sur le pourquoi du comment vont bon train. D’après Dylan, ça va de la rupture à la prise de drogues… On leur donne un doigt d’information, c’est le bras qu’ils vous arrachent pour vous donner en pâture.
Et là encore, je n’ai pas la force de débattre de quoi que ce soit. Si ça les amuse que de m’imaginer comme une camée ou de penser que j’en suis arrivé là à cause d’une rupture qui n’a jamais eu lieu… Et si Maeve me quittait pour ce que j’ai fait ? Si elle lâchait prise et que tout ça était trop pour elle ?

Tout s’enchaine sous mon crâne, dans un tourbillon d’angoisse qui me donne l’impression d’étouffer, de sombrer un peu plus.
Et s’ils se barraient tous ? Maeve la première que j’ai du mal à fixer parce que la chambre tourne bien trop vite. Milo et Ayleen. Daya, Leo… Me tournant le dos pour ce que j’ai fait. La culpabilité se joint à l’angoisse, violente. Et même si la psychiatre m’assure que c’est un processus normal, j’ai la gerbe. N’arrive pas à me faire une raison, à réfléchir de façon posée et sans extrême. Tout me parait exacerbé, de mes émotions à la situation et j’pige plus rien à ce qu’il se passe. L’idée même que cette femme qui se tient debout dans ma chambre ne vienne à se barrer et à lâcher la pathétique personne que je suis.

- J’sais pas si j’suis capable de me balader dans les couloirs et de tous les voir.

D’une main je m’appuie sur le rebord du lit pour ne pas sombrer, pour me donner un point d’ancrage, d’appui avant que mes jambes ne me lâchent.
J’étouffe. Je tire inconsciemment sur le col de mon haut avant de me passer une main tremblante sur mon visage sans vraiment saisir ce qu’il se trame chez moi. Comme je ne saisis absolument plus rien de ce qu’il se passe autour de moi si ce n’est que je m’enfonce un peu plus dans des idées qui, si elles étaient formulées, seraient certainement démentis pour la forme. Pour pas me heurter un peu plus.
Mais qu’en est-il de la vérité ?

- On peut aller dehors ? J’me sens pas très bien.

J’affiche un sourire bancal avant de prendre maladroitement mon manteau.

- Et j’ai pas très faim, t’embête pas pour le distributeur.

Comme depuis 48 heures mais c’est pas le sujet. J’enfile mon manteau, visse ma capuche sur le crâne et nous traversons le couloir. Plus d’un pas rapide que d’un pas tranquille parce qu’en réalité je suis entrain de crever sous le poids de plusieurs états, de plusieurs émotions que je ne contrôle pas vraiment, qui me font faire des virages émotifs pour me jeter la gueule la première contre un mur de béton. Celui des angoisses et des persuasions erronées.
La fraicheur de l’extérieur me réveille un peu alors que je rabaisse ma capuche pour descendre les escaliers qui mènent vers un banc, le cœur toujours tambourinant et la tête en vrac.
Je me retourne vers Maeve, sans vraiment prendre conscience de mes mains tremblantes, que je suis tout simplement au bord de la rupture.

- Est-ce que tu vas partir ? L’angoisse, encore. Violente. A cause de tout ça ?

Les mots franchissent mes lèvres avant que je n’ai le temps de le retenir. Au moins une chose n’a pas disparu avec tout ça, l’absence de filtre.  
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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptySam 10 Mar - 21:55




Je suis scindée en deux. Prisonnière entre ce que j'aimerais dire et ce que je ne devrais pas. Réfléchissant chaque parole bien trop longuement avant de les prononcer pour ne pas risquer de commettre un impair. Mes propos s'en trouvent comme dénaturés et ça me fait mal d'apparaître si peu naturelle aux yeux de celle qui me connaît pourtant le mieux. De celle qui a su accaparer insidieusement mon cœur de la plus doucereuse des façons, et dont le pouvoir est tel qu'elle vient de le briser. De celle que je continue pourtant de chérir et d'aimer comme personne ne peut le comprendre, sans doute même pas elle. On ne choisit pas où va son cœur. Voilà une chose en laquelle je crois, même sans preuves concrètes. Et ce dernier lui appartient. C'est presque effrayant, à cet instant précis où la sécurité de cet amour n'existe plus, d'être à ce point certaine de ça. Que peu importe ce qui nous arrivera, jamais personne ne possédera cette partie de moi autant que Taylor. Mais je ne peux pas lui dire, pas maintenant. Ça l'étoufferait. Je l'ai compris hier quand elle m'a rejeté.
Alors prisonnière des mots je reste.
Coincée également entre ce que j'aimerais faire et ce que je ne devrais pas. Hésitante sur chacun de mes gestes dans la volonté de ne pas la brusquer, de ne pas la heurter. Je ne veux pas que ma douceur devienne un poids sur ses épaules de laquelle elle ne peut plus se dépêtrer. C'est horrible de penser ainsi alors que tout a toujours été d'un naturel déconcertant avec elle. Depuis le premier jour. Depuis les premiers rires, les premières caresses, les premiers sentiments. Et rien que de penser que ceux qu'elle m'a offerts deux nuits plus tôt auraient pu être les derniers sans que je n'en sache rien me donne la sensation de me briser comme une vague sur des rochers. Alors bien que ma volonté est de l'emprisonner dans mes bras pour ne plus la lâcher, je m'abstiens de tout geste tendre qu'elle n'aurait pas initié.
Alors prisonnière des gestes je suis.

Je me contente donc d'acquiescer à ses mots, comprenant aisément sa gêne et son inconfort à être hospitalisée là où elle travaille. La curiosité n'est pas toujours un trait de caractère à récompenser dans la nature humaine, surtout quand celle-ci est malsaine. Mais l'humain est ainsi fait. Il aime contempler par le trou de la serrure et ressentir un plaisir coupable admirer la déchéance chez l'autre. On se sent rarement aussi puissant qu'en assistant à l'impuissance d'autrui à sortir la tête de l'eau. Et les regards de pitié ou de condescendance peuvent blesser aussi sûrement que des paroles maladroites ou vindicatives.
Et je sens que l'idée l'angoisse. Du moins c'est ainsi que je perçois son changement d'attitude alors que je la regarde sans réellement savoir quoi dire ni quoi faire. Et c'est incroyablement frustrant. D'être capable de venir au secours d'un étranger quand le toit d'un centre commercial s'écroule et d'être incapable de soutenir sa petite amie quand celle-ci semble ne plus pouvoir gérer quoi que ce soit. « J’sais pas si j’suis capable de me balader dans les couloirs et de tous les voir » J'acquiesce à nouveau alors que je la vois se raccrocher au lit, faisant un pas dans sa direction avant de m'abstenir, craintive de la moindre de ses réactions. Et c'est un sentiment tout aussi douloureux. Cette impuissance et cette peur de tout. D'elle. « On peut aller dehors ? J’me sens pas très bien » « Oui bien sûr, tout ce que tu veux » Je ne peux retenir cette fois-ci une certaine inquiétude alors que je la suis de près, lui jetant des regards en coin réguliers pour m'assurer qu'elle n'a pas besoin d'aide. Je peux presque percevoir son stress alors que nous gagnons l'extérieur et qu'elle dévale, moi sur ses talons, les escaliers. Je manque de lui rentrer dedans quand elle s'arrête brusquement pour se tourner vers moi, mains tremblantes. « Est-ce que tu vas partir ? » Quoi ? « A cause de tout ça ? » Je me fige devant elle, la fixant sans ciller, les yeux brillants à cause des larmes que je retiens.

Une légère colère sourde pointe le bout de son nez, et l'envie fugace de lui balancer que c'est elle qui a voulu partir, que c'est elle qui a voulu m'abandonner se fait ressentir, avant que la peine prenne le pas sur tout le reste. Parce qu'elle doit sacrément être bousillée de l'intérieur pour penser à ça maintenant, pour penser que je pourrais la laisser. Ma tête finit par s'activer à la négative alors que je réprime les larmes, déglutissant péniblement pour les renvoyer là d'où elles viennent. « Non. » Un souffle, à peine audible. « Taylor. Bien sûr que non. » Cette fois-ci le ton est plus assuré alors que je fais un pas vers elle, attrapant ses mains dans les miennes pour les empêcher de trembler. « C'est parce que je t'ai quitté une fois ? » Après tout je suis responsable de notre première rupture. « Je ne compte aller nul part je.... » Je t'aime merde ! Tellement ! « Je suis perdue je l'avoue, peut-être pas autant que tu peux l''être mais....je ne sais pas quoi faire ni quoi dire, j'me sens maladroite et je ne veux pas rendre les choses plus compliquées pour toi mais.... » Je sers un peu plus fort ses mains dans les miennes, m'approchant pour poser mon front contre le sien. « J'ai choisi d'être avec toi. Pas seulement pour les bons moments. Je suis là et je ne compte pas bouger. Je sais que ça n'ira pas mieux en un jour. Je sais que ça prendra du temps. Que sans doute tu ne vois que le négatif maintenant. Je sais tout ça. J'en ai conscience et je reste. » Mes lèvres, sur son front. « C'est toi et moi Taylor. C'est nous. Ça n'a pas de sens autrement. » Je t'aime je t'aime je t'aime......

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyJeu 15 Mar - 18:29

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EXORDIUM.
Tout ce qu’il me reste en tête est cette angoisse tenace qu’ils vont tous se tirer les uns après les autres. Contradictoire et égoïste parce que j’ai cherché à les quitter il y a à peine 48 heures. Je ne sais plus où j’en suis, si je suis capable de continuer, de poursuivre, de vivre avec tout ça. En cette seconde, tout me parait insurmontable, insupportable.
Le froid transperce mes os malgré mon manteau et je tremble de plus belle. De stress, en grande partie.
Je fais face à Maeve que je devine à bout, certainement détruite et rancunière à l’idée que cette femme qu’elle aime vient de tenter de la quitter par la plus brutale des manières.
Ça n’était pas contre elle. Ça n’avait rien à voir avec elle, je pourrais lui promettre sur tout ce que j’ai de plus cher mais n’y arriverais pas. Ma gorge est serrée par des sanglots naissants mais surtout par une angoisse latente, qui menace de m’engloutir d’un claquement de doigts. Une véritable ombre prête à m’étouffer, me réduire au silence.

- Non. Taylor. Bien sûr que non.


Je plante un regard incertain, fébrile sur elle.
Bien sûr que non ? Sa réponse est évidente… Aurait-elle réellement le courage d’annoncer à une suicidaire que oui, elle compte la plaquer parce que tout ça est bien trop pour elle ? Maeve a rompu « pour moins » que ça, avec l’histoire de son cœur, fuyant loin de moi par peur, pour ne pas m’enliser dans tout ce que ça incomberait pour la suite.
Mais cette fois ?

- C'est parce que je t'ai quitté une fois ?

- Oui.

Entre autres. Parce qu’en cette seconde, je ne le supporterais pas même si je ne le cracherais pas. Ne me demandez pas ce que je ressens, j’en sais foutrement rien. Je me retrouve simplement piégé avec cette angoisse qui prend certainement des proportions extrêmes mais que je n’arrive pas à refreiner. Ses mains entourant les miennes, je m’y accroche pourtant.

- Je ne compte aller nul part je.... Je suis perdue je l'avoue, peut-être pas autant que tu peux l''être mais....je ne sais pas quoi faire ni quoi dire, j'me sens maladroite et je ne veux pas rendre les choses plus compliquées pour toi mais....

Ses mains chaudes se font plus présentent autour de mes doigts qui me donnent l’impression d’être glacés, comme déjà morts. Je sens son front contre le mien et je ferme les yeux un instant, me concentrant sur cette voix qui m’a tant de fois rassurée pendant les moments compliqués, un point d’ancrage, le seul que j’ai en cette seconde où le monde entier me semble merdique, complètement gris. Où j’ai l’impression que chaque élément ne sont que des miasmes de dépression qui me bouffe, m’aspire de l’intérieur.  
J’ai froid. Dehors et dedans. Une putain de carapace qui laisse filtrer des courants d’air venant soulever les vieilles poussières de mes anciens édifices. Celle que j’ai laissé mourir sans rien faire, n’ayant plus la force de soulever le petit doigt. J’me sens comme … une espèce de grenier à souvenir qu’on aurait laissé mourir. En l’occurrence, je suis la propriétaire des lieux, j’ai bouffé la clé et je n’veux de toute façon plus entrer dans ce que j’étais, voir ce que j’étais. Trop flippée, fracassée, éclatée. Je n’en sais plus vraiment quelque chose.

- J'ai choisi d'être avec toi. Pas seulement pour les bons moments. Je suis là et je ne compte pas bouger. Je sais que ça n'ira pas mieux en un jour. Je sais que ça prendra du temps. Que sans doute tu ne vois que le négatif maintenant. Je sais tout ça. J'en ai conscience et je reste.

Mais jusqu’à quand, dis-moi ? Parce que je n’sais plus vraiment où j’en suis, ni ce que je veux. Ni si j’vais vraiment me sortir de bourbier. Je garde mes doutes pour moi, préférant les taire, concentrant mon attention sur ses lèvres sur mon front.

- C'est toi et moi Taylor. C'est nous. Ça n'a pas de sens autrement.

J’essaie d’y croire, de m’y raccrocher. Les larmes m’échappent, l’angoisse défonce toute résistance que je pouvais manifester, tenter de maintenir. Je serre pourtant les dents, refusant de lâcher prise, tentant de retenir tout ce sanglot qui me lacère la gorge.
« C’est toi et moi ». Je me le répète, en écho, au fond de mon crâne où règne un putain d’orage qui ne cesse de me marteler l’esprit de flash. Toutes mes heures qui ont précédées mon passage à l’acte. Les lettres, les gestes, les « je t’aime », cette sensation d’allégresse, un véritable soulagement de savoir que tout s’arrêtera enfin.
J’ai envie de hurler que de faire face à des émotions qui me bouffent alors que je respirais la tranquillité avant de vouloir partir. Comme un retour à zéro.

Mes deux mains se détachent des siennes, se plaquent sur ses joues pour attraper son visage et pas une fois je ne la regarde parce que j’en suis incapable. Je laisse seulement les gestes faire et mes lèvres rejoignent les siennes. Mouillées par les larmes mais je n’y prenne pas attention, ne cherche pas plus loin que ce simple contact chaud. Ce qui est censé être un simple échange, devient presque brûlant, je ne saurais vraiment l’exprimer.
Ce que je cherche ? Un calme, une manifestation. Comme si ce baiser, cet échange, pouvait stopper cette tempête qui me ravage le cerveau.
Que quelque chose de positif s’impose. Une flamme, un éveil, une étincelle. N’importe quoi qui pourrait me donner l’envie de ne plus chialer demain, qui pourrait me motiver à ne pas rechercher cette funeste allégresse qui m’habitait avant que je ne parte pour le parc.

Effroyable constatation. Mon cœur s’emballe, cogne mais toujours ce froid glacial, ce vide qui ne semble jamais vouloir se combler malgré l’amour que je ressens, malgré ce besoin d’elle. Malgré tout ce que  l’on a pu me dire depuis mon réveil.

Je détache mes lèvres des siennes, fait face à un regard que je connais aujourd’hui par cœur.

- Je n’sais pas si j’y arriverais. J’ai l’impression que ça n’changera jamais.

Voix enrouée, je me recule légèrement, mes mains l’ayant complètement lâchées, ballantes de chaque côté de mon corps.

- J’essaie de réfléchir à ce que je veux, à ce qu’il s’est passé mais y a rien qui vient.

C’est un peu décousu, j’ai du mal à aligner une explication correcte parce que je ne sais pas vraiment par où commencer.

- Je sais que tu m’en veux Maeve. Je te connais par cœur, je le sais… Je prends sur moi, tente de garder la face. Mais j’ai essayé de remettre de l’ordre avant, j’te jure que j’ai essayé. Je déglutis, me frotte le front du dos de la main, nerveuse mal à l’aise. J’y arrivais pas, quoi que je fasse et j’sais pas si ça changera aujourd’hui. J’ai l’impression d’être… complètement coincée.

Lèvres tremblantes, je me mords violemment l’intérieur de la joue pour ne pas chialer. Ce que j’essaie de lui dire c’est que malgré toutes mes tentatives de m’accrocher, j’ai pas réussi. Et qu’aujourd’hui, je n’suis pas certaine d’avoir plus de chance d’y parvenir. Pas avec l’impression d’être enfermé dans une pièce vide de 3m².
Est-ce qu’elle est vraiment prête pour ça ? Est-ce qu’elle a vraiment envie que de vivre avec une carcasse ? Je la connais par cœur, sur le bout des doigts et je sais que quelque part, plane la rancune alors que chez moi, je ne fais face qu’à un gouffre sans fin.
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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyMar 3 Avr - 22:58




Ses mains sur mon visage. Ses lèvres sur les miennes. Mes yeux se ferment par automatisme alors que mes propres mains viennent se perdre sur ses frêles hanches, glissent dans son dos pour y creuser ses reins afin de la rapprocher de moi.
Ce baiser est salvateur. Il comble ce besoin d'elle contre lequel je lutte depuis son geste afin de ne pas la brusquer. Ce besoin d'elle que je ne peux rassasier ou ne pourrai pas rassasier avant longtemps. À cause de cette impression constante qu'elle pourrait disparaître à tout instant. Même ici, dans mes bras, j'ai cette crainte parfaitement irrationnelle qu'elle pourrait s'évaporer. Comme un nuage de fumée que l'on tente de retenir mais dont les volutes s'éparpillent dans l'air. Comme l'eau que l'on tente de garder entre les paumes de ses mains. Pas vraiment réelle. Ce besoin de se rassurer. De la voir, de la sentir, de la toucher.
Ce baiser est souillé. Des larmes qui ont perlé sur ses joues jusqu'à ses lèvres et qui donnent une note de désespoir à cet échange soudain et inattendu. J'en ai besoin, cruellement, mais il ne résonne pas comme une marque d'amour à laquelle je suis habituée. Et si je savais ce qu'elle recherchait dans ce geste, je m'efforcerais de le lui donner. De tout lui donner. N'importe quoi. N'importe quoi pour la faire rester. Pour lui en donner l'envie. Pour la faire m'aimer. Assez pour ne pas vouloir me quitter. Nous quitter. Tout quitter. Mais je ne sais pas. Je ne comprends pas. Plus. Cette situation, cet après, elle.
Ce baiser est vide. Malgré l'amour, la tendresse et la satisfaction de la sentir contre moi. Incapable de comprendre pourquoi. Et c'est triste. D'une tristesse infinie. Cette contradiction des sens, des pensées. Une perpétuelle confusion qui n'a aucun sens, pas même pour moi. Je ne pensais pas possible de ressentir autant de choses en même temps. Et je ne sais pas comment il m'est possible d'être à ce point heureuse de l'avoir dans mes bras, d'avoir aussi peur de la perdre, de lui en vouloir à ce point et d'être incapable de lui communiquer par un simple baiser l'amour inconditionnel que je lui porte. Je contiens, pour le moment, rempli mon corps de tous ces sentiments diamétralement opposés. Mais je me connais. Je ne suis pas d'un caractère à intérioriser trop longtemps. Ce n'est pas moi. Je dis ce que je pense. Fais ce que je dis. Et quand je ne peux pas, j'explose. Littéralement.

Ses mains quittent mon visage. Ses lèvres se détachent des miennes. Mes yeux rencontrent les siens alors que mes mains desserrent leur étreinte sans toutefois la lâcher complètement. Je les laisse s'accrocher là, quelque part sur son manteau, pour continuer de maintenir un contact, même minime, et me rassurer de sa présence physique véritable. Elle n'est ni des volutes de fumée ni de l'eau qui ruisselle le long des lignes de mes mains. Elle est Taylor. En vie.

Pourtant, ses mots blessent. Encore une fois. Des plaies béantes qu'elle a ouvertes il y a peu, ils deviennent lames de rasoir et écorchent, lacèrent, éventrent un peu plus sans que je n'en montre rien. Comme si l'idée même qu'elle ait voulu en finir avec la vie, avec moi, n'était pas assez difficile à admettre, à comprendre, à assimiler tout simplement. Il faut qu'elle ajoute une perspective peu engageante de son avenir, de notre avenir. Et j'ai du mal à entendre ce qu'elle dit. Je l'écoute, tente de ne pas juger, de rester impartiale et de prendre assez de recul sur tout ce par quoi elle passe pour ne pas tout gâcher par une réaction négative. Mais prendre du recul devient difficile quand ce n'est pas une mais une pléiade de gifles que je me prends dans la gueule depuis quarante-huit heures. La peur aussi... « J’essaie de réfléchir à ce que je veux » Mon cœur se resserre un peu plus, presque à m'en faire mal. C'est étrange d'ailleurs, parce que nous partageons cette peur. Celle de voir l'autre partir. Réfléchir à ce qu'elle veut. Oui mais si ce n'était pas moi ? Si c'était une autre ? Si elle se rendait compte que je ne suis pas celle qui peut l'aider à aller mieux et que je me retrouve sur le bas côté de la route ? « Je sais que tu m’en veux Maeve » Je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard devant cette vérité brute face à laquelle je me sens un brin honteuse. Je sais, au fond, que j'ai tous les droits de lui en vouloir, pour ce qu'elle a fait et ce qu'elle m'a fait. Mais ça n'empêche pas de se sentir minable d'enfoncer la tête sous l'eau d'une personne en train de se noyer. « Mais j’ai essayé de remettre de l’ordre avant, j’te jure que j’ai essayé » « Je sais » Je redresse mon visage sur elle et attrape à nouveau son manteau, que j'avais fini par lâcher tandis qu'elle s'éloignait. « Je sais » Je tente de la rassurer. De me rassurer. De ne pas m'attarder sur ce que je lis entre les lignes, comprends dans ses silences. De cette vérité impossible à affronter présentement qui me cloue sur place, me terrifie. « Je....je ne sais pas quoi te dire Tay' » Parce qu'il n'y a pas de bons mots, de bonne attitude. Je l'aime, elle le sait, je lui ai répété encore bon nombre de fois aujourd'hui. Elle a conscience de ma colère mais également du fait que je sois présente, ici, à ses côtés. Que je ne bougerai pas. « Et peu importe ce que je ressens maintenant. Oui je suis en colère, non je ne comprends pas tout. Je suis triste, perdue, et tout un tas d'autres choses que je ne veux pas ressentir et qui me donnent le tournis. Mais ce n'est pas important parce que la seule chose qui compte là maintenant c'est que tu sois en vie. Et c'est la seule chose sur laquelle je veux me concentrer aujourd'hui, demain et tous les autres jours qui suivront jusqu'à ce que tu sois prête à me parler. » J'ai le temps pour le reste. Nous avons le temps pour le reste. Du moins de l'espère. « Je sais ce que c'est de se sentir coincée. Peut-être pas de la même façon que tu le ressens présentement. Mais je sais » Je porte une main à mon cœur et je sais qu'elle comprend de quoi je veux parler. De tout ce que l'annonce de ma maladie a bouleversé dans ma vie dans un sens très négatif. « Mais il y a toujours mieux après. Je sais que tu n'y crois pas maintenant. Mais c'est le cas. Il faut que tu me crois. Que tu me fasses confiance. Raccroche toi à ça Taylor. S'il te plaît. Jusqu'à ce que tu le vois par toi-même. »

Je t'en prie. Ne me laisse pas.

••••

by Wiise
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Taylor M. Obrien

Taylor M. Obrien

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MessageSujet: Re: Bird Set Free - Maeve.    Bird Set Free - Maeve.  EmptyVen 13 Avr - 11:35

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EXORDIUM.
- Je sais. Je sais.

Elle s’accroche à mon manteau alors que je cherche à fuir, sentant soudainement cet étau se resserrer, se fait plus étouffant.

- Et peu importe ce que je ressens maintenant. Oui je suis en colère, non je ne comprends pas tout. Je suis triste, perdue, et tout un tas d'autres choses que je ne veux pas ressentir et qui me donnent le tournis. Mais ce n'est pas important parce que la seule chose qui compte là maintenant c'est que tu sois en vie. Et c'est la seule chose sur laquelle je veux me concentrer aujourd'hui, demain et tous les autres jours qui suivront jusqu'à ce que tu sois prête à me parler.

En colère, triste, certainement déçue. Paumée, choquée. Tant d’adjectifs qu’elle s’attribue à raison et dont je ne peux rien. Responsable mais incapable de réparer la tranchée que j’ai creusé entre nous, incapable de lui expliquer quoi que ce soit quand je n’ai moi-même pas la force de faire face à ce que j’ai fait, à ma décision si radicale. Et lorsque Maeve me dit que le plus important est que je sois en vie, ma première réaction est de me dire que si ça l’est pour elle, ça ne l’est pas pour moi. Que ce monstre qui creuse au fond de mon thorax, ce démon de solitude, de destruction me souffle qu’à terme, il faudra bien de nouveau passer le cap. Je ne supportais plus rien avant pourquoi est-ce que ça changerait maintenant ? Je sais que le geste a réveillé certains esprits, donné un sursaut à Milo par exemple mais est-ce que ça veut pour autant dire que je ne coulerais pas de nouveau sous toutes ces merdes, sous tout le poids qui me coulait déjà dans les bas-fonds d’un mal-être ?

- Je sais ce que c'est de se sentir coincée. Peut-être pas de la même façon que tu le ressens présentement. Mais je sais


Uppercut.
Ca n’est pas volontaire, je le sais, mais elle me culpabilise à la seconde où elle me rappelle qu’elle est malade, que la mort peut l’attendre à n’importe quel tournant de sa vie… et moi j’suis là, à chialer pour avoir eu envie de rompre la mienne, de vie. Ma gorge se serre que de constater à quel point on peut être égoïste lorsque la vie vous parait insuffisante pour rester. Mais est-ce que c’est vraiment de l’égoïsme que de choisir de tout arrêter lorsque l’on a plus la force, lorsque l’esprit se retrouve embourber dans un merdier sans fin, sans fond ?
Je ne la regarde pas, n’y arrive pas. N’arrive plus à rien.

- Mais il y a toujours mieux après. Je sais que tu n'y crois pas maintenant. Mais c'est le cas. Il faut que tu me crois. Que tu me fasses confiance. Raccroche toi à ça Taylor. S'il te plaît. Jusqu'à ce que tu le vois par toi-même.
- Qu’est-ce qui va changer, dis-moi ? Si j’en pouvais déjà plus hier, pourquoi tout changera demain ?

C’est brutal, les mots résonnent un peu comme une claque dans la gueule mais j’sais plus comment faire autrement. J’suis crevée, lessivée, complètement paumée. Ce qu’elle me dit n’a rien de faux, elle a certainement même 100% raison mais malgré mes sentiments pour elle j’y arrive pas. J’passe d’une extrême à l’autre, à me sentir tantôt fatiguée, tantôt en rogne contre le monde entier sans raison précise, sans piger ce qu’il se passe.
Je passe mes deux mains sur mon visage, consciente de tout ce que je lui fais subir en cette seconde, la culpabilité s’invitant un peu plus à venir me grignoter le peu de nerfs qu’il me reste. Elle n’a pas à se prendre tout ça dans la gueule même si mes mots n’avaient rien de froid, ni de violent.

- J’suis désolée. J’y arrive pas, pas maintenant.


Soupire de lassitude, soupire tout court. Le froid commence à me transir, rendant le bout de mes doigts gelés.

- J’veux juste aller me recoucher. S’il te plait.


J’veux ni discuter, ni faire face à un silence lourd qui n’est pas naturel, à ses regarder dans le blanc des yeux sans savoir quoi se dire. J’veux pas lui infliger ça, la forcer à tout ça. La seule chose dont j’ai envie c’est me foutre la gueule dans mon oreiller et oublier. Une heure, trois heures. Peu m’importe. Juste rencontrer le noir abyssal d’une absence et ne penser à rien. Faire le vide de tout.

- Tu veux bien rester ?


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