SAISON II # INTRIGUE 4

INTRIGUE IV

SAISON II

Le verdict tombé, négatif, creusant au creux de sa poitrine pour venir y parsemer son poison. Il tique, grimace un peu avant de s'animer, de percevoir ce signe exécuter. Non, il ne peut pas se risquer à la voir être blessée, pas comme ça. Pas comme ça, c'est ce qu'il se dit, ce qui résonne dans sa tête au moment où il va pour s'avancer. Mais le genoux flanche, frappé. La gorge est serrée, malmenée. Il peine à déglutir, à supplier qu'on lui évite le pire. Rien ne s'extirpe d'entre ses lèvres, rien tandis que ses mains tentent vainement de se défaire de cette poigne infernale. Il lui faut de l'air. De l'air, seulement ça. Rien que ça. Il insiste, entend qu'on hurle sans pourtant écouter. Il a la tête qui commence à tourner, les poumons qui s'alarment d'à ce point manquer de ce qu'ils ont d’ordinaire pour fonctionner. Tout lui échappe jusqu'au son de l'énorme pièce, tu par les battements du palpitant qui s'enflamme rapidement. Ça tambourine sans qu'il ne puisse faire cesser ce son ambiant, celui qui prend jusqu'à rappeler quel goût pourrait avoir son destin imminent. Et, ce n'est qu'en quelques secondes que les choses ne s'aggravent, lui coupant le peu de souffle dont il disposait. Le coup part, sulfureux, venant lui briser quelque-chose au niveau du nez, ravivant ce brasier qui – en lui – s'est installé. Il y songe, finalement, dans la presque perte de connaissance qui le guette, Andrew se souvient des raisons de sa présence ici, de ce qui l'animait pour passer les portes de cet endroit maudit. Un signe, peut-être, le douloureux rappel des erreurs d'ors et déjà commises. Lui n'y voit, partiellement, qu'une délivrance. La chance de revoir le sourire de cette petite fille perdue, arrachée trop rapidement à sa vue. Dans sa légère léthargie, il se perd, imaginant quelle pourrait être la haine de sa femme en apprenant qu'on l'aurait tué auprès de sa maîtresse, grand prince s'était levé avec l'espoir de la protéger ; elle plus que sa propre personne bien-aimée, Andrew d'ordinaire égoïstement centré. Se serait-il finalement piégé, les deux pieds dans cette idylle qui n'aurait jamais dû durer ? A ces brefs moments de réflexion, pas une réponse, pas une justification qui viendrait s’aligner. Seulement la peur qui continue son chemin, qui parvient enfin à son cœur qu'elle relance au moment opportun. Le corps du médecin heurte le sol dans un fracas mauvais, l'arcade flirtant avec ce dernier ; comme s'il en avait besoin. Mais, au-delà de cela, l'air lui revient. Ça brûle sa gorge, abîme sa trachée trop longtemps serrée. Ça l'amène à tousser, lui qui manquait presque de s'étouffer dans son propre sang échappé.
Puis, un sursaut ; de l'animation dans son dos. Les coups de feu résonnent à l'intérieur du club, ravivant les cris, les bousculades, l'impression que la terre se met à trembler d'effroi devant cette scène à laquelle il aurait voulu échapper ; les souvenirs du trente novembre désormais bien rassemblés. Il se protège comme il peut, demeure au sol le temps que les balles pleuvent. Et, en une fraction de seconde se proclame une légère accalmie. Si légère et si fragile, occasion saisie pour oser un coup d’œil vers la Belle qu'il souhaitait sauver. Elle est là, tout comme lui, au plus près du sol par réflexe instinctif de conservation, de pleine survie. Il omet pourtant cette dernière pour ensuite prendre sur lui, se relever et se risquer jusqu'à elle malgré la menace qui sévit. Une main sur son nez cassé, l'autre qui vient l'aider à plus ou moins se redresser ; il faut qu'ils fuient ces lieux désormais tourmentés. « Vous avez une issue dans les loges ? » Le ton est pressant, la question à moitié mâchée, l'accent anglais n'aidant pas forcément Linch à articuler.  

All the people

Saison II # Intrigue IV

Je me vois obligé de regarder Andrew se faire maltraiter et malgré l’élan qui me pousse à m’avancer pour intervenir comme je le pourrais, la prise que possède le Serbe sur moi me laisse complètement captive et impuissante. Seule mes supplications désespérées arrivent à se faire un chemin jusque lui et inutile de dire que c’est là quelque chose de parfaitement superflue. Je me sens responsable, je suis terrifiée et coupable et je n’arrive même pas à savoir quelle émotions prédomine sur les autres, je suis juste totalement confuse et perdue dans les larmes qui baignent à présent mon visage.

Puis soudain un tir sonore vient briser le silence, un de plus et mon coeur manque un battement, je n'ai pas oublié l'arme contre ma poitrine, je n'ai pas oublié celle qui réside dans la main de celui qui se tient prêt de l'Anglais et à mon grand soulagement je constate rapidement qu'il ne s'agit d'aucune d'entre elles. À peine cette réflexion vient elle a se faire, que tout s'enchaîne avec une rapidité déconcertante. D'abord, la main qui me relâche et m'envoie violemment valser sur le sol, puis la douleur qui vient frapper mon ventre qui dans l'impulsion donnée rencontre le coin d'une des tables et m'arrache une grimace pénible, enfin les pas qui s'agitent autour de moi alors que les balles pleuvent sur la salle une fois de plus. Je reste recroquevillé sur le sol, une main contre mon abdomen, tremblante et affolée, le regard résolument braqué sur le pied d'une des banquettes, dans l'espoir de ne pas voir ce qui me fait si peur dans l'incertitude de ses balles qui se perdent ici et là. Une accalmie soudaine, en tout cas je le crois alors que le bruit assourdissant des armes à feu se tait et vient faire peser un étrange caractère sur la pièce, enfin je relève mon regard, mais il ne se perd pas bien longtemps sur les alentour, s'arrêtant dans sa course sur la silhouette mouvante de la seule personne qui m'importait vraiment en ces lieux. Je m'active presque instantanément prise d'un semblant de courage retrouvé et je viens accompagner la main cette fois bienveillante qui m'aide à me redresser et que j'aimerais voir m'emmener n'importe où ailleurs qu'ici. Une de mes mains glisse sur sa jouer, alors que je me raccroche à lui avec ardeur. « Vous avez une issue dans les loges ?» Je hoche la tête à la positive, mon regard encore un peu humide guettant ce qui se passe autour de nous, le dos légèrement courbé par peur de me tenir droite au milieu de ce champ de bataille. Mon bon sens n’est pour autant pas bien loin, j’ai toujours été débrouillarde, ce n’est pas la première situation d’urgence dans laquelle je me retrouve et pourtant c’est bien la première fois que je suis submergé par une angoisse qui me dépasse autant. Une autre balle, un énième sursaut, qui cette fois à l’avantage de me faire reprendre mon fil de pensée ainsi, accroché à celui qui m’a retrouvé, je l’aide à se déplacer, essayant de rejoindre l'une des portes donnant accès aux loges et la plus près de nous se trouve sur le côté de la scène; une distance raisonnable, mais qui ce soir me semble gigantesque et que je prie pour franchir sans incident.