here we go again | taylor

ft. Taylor

here we go again

Les mains frappent encore le plaid qui traîne sur le canapé. Il a tout rangé, tout nettoyé. Leo s'est donné à cent pour cent maintenant qu'il sait qu'elle doit le rejoindre, dans son nouveau petit paradis se risquer pour une avancée des plus considérables. Il faut que ce soit elle qui vienne l'aider, il faut que ce soit elle qui soit la première au courant de tout ce qui pourrait concerner ce jour qu'il peine à préparer. Évidemment, qui d'autre que la seule qui soit à même de tout savoir sur ce qu'il est, ce qu'il a été. Leo soupire, essayant de prendre sur lui, de réprimer ses envies de meurtre face à la poussière qu'il croit d'ors et déjà voir se réinstaller le long de ses meubles. Les quelques rayons d'un soleil encore chaud viennent se perdre dans l'énorme salle désormais source de joie plus que de larmes. Le chagrin a passé, disons plutôt qu'il s'est amoindri. Elle lui avait promis que le temps ferait son œuvre, il sait désormais en qui sa confiance peut se placer. Encore quelques minutes à se faire patient pour pouvoir la serrer dans ses bras, revoir ses traits avec un peu plus de couleurs que fut un temps. Il ne se lassera jamais de la recevoir, de perdre Taylor dans les méandres de son esprit débordé. Dieu qu'il a besoin d'elle s'il souhaite ne pas s'écraser. « Aller, Taylor, tu fous quoi... » Des mots qui s'extirpent d'entre ses lèvres tandis qu'il prend place sur le canapé tout juste rhabillé, fixant un point qu'il est le seul à voir dans le séjour lumineux qu'il a plus ou moins organisé. Les photos de Claudia ont rejoint les murs, tout comme celles de Jason. Ces deux sourires font les fiertés brisées des deux hommes qui ont choisi de se marier. Se fiancer, pour l'instant. Oui, chaque chose en son temps. Non, en vérité, il ne tient pas en place. Son cœur bat à ne plus en finir, venant violenter sa cage thoracique qui peine à se souvenir pour qu'il respire. Bien-sûr, ils ont tellement à faire, tellement à classer. Gâteaux, repas, vêtements, couleurs, fleurs, et il en oublie très certainement encore. Les paumes rejoignent les traits tirés, tant par le stresse qu'il accumule à ne rien vouloir dire que par les nuits trop courtes qu'il fait encore malgré lui. Tant pis, il doit tenir, il doit faire preuve de force pour ce qui est encore à venir. Il est loin de pouvoir se reposer, loin d'être à même de pouvoir proclamer cette page folle – mais exaltante – terminée. Un coup d’œil à sa montre pour se renseigner de l'heure avant que ses jambes ne le force à nouveau à se lever, à errer dans l'appartement en quête de quelque-chose qui pourrait l'aider à patienter. Il a déjà tout fait, c'est en soupirant qu'il y songe. Les pas menant à la cuisine, un dernier regard vers la porte d'entrée contre laquelle on ne vient pas encore frapper. C'est long, tellement long. Il a envie qu'elle soit là, il aimerait qu'elle le soit déjà ; au moins pour partager tout ce trop-plein de joie dont il regorge depuis la demande de Daniel et ses promesses déjà faites de vive voix.

Le thé vient remplir les deux tasses qu'il a préparé quand il entend les maigres coups qu'on délaisse contre sa porte d'entrée. La bouilloire se pose, presque lancée, tandis qu'il s'avance pour accueillir son invitée. Et s'il pensait pouvoir se contenir, prendre sur lui pour ne pas paraître aussi cinglé, il trahie toute cette idée en venant se fondre contre elle, l'enserrant de ses bras dans un élan de bonheur qu'il ne simule pas. La pente commence à se remonter, Leo semble retrouver de ses couleurs oubliées. « Je te trouve déjà longue d'habitude mais alors là ! Un sourire après qu'un baiser ne soit déposé contre sa joue. Il la détaille un instant, s'assure qu'elle aussi parvient à remonter de sa dernière chute quant au décès de Maeve. Que de noirceur pour leur deux cœurs. J'sais pas si c'est moi qui pète un plomb en ce moment mais merde, tu m'as manqué espèce de boudin. » Un nouveau baiser se pose contre son front tandis qu'il s'affaire déjà à lui ôter son gilet. « Vas-y, entre, y'a du thé sur la table devant le canapé. J't'ai fait ton préféré parce que je suis un homme absolument parfait, tu le sais. » Ce sur quoi il vient lui emboîter le pas, suivre son avancée vers le séjour plus que jamais illuminé ; le soleil, entre ces murs, commençait à manquer. « J'ai refait la déco, t'en penses quoi? »      

Bah voilà. J’suis en retard. Comme d’habitude.
Et cette fois ça n’est pas de ma faute mais celle d’Eamonn Connard 1er du nom. C’est son nouveau titre pour l’été 2018, délaissant ainsi celui d’Eamonn L’Enculé. C’est pour dire à quel point notre relation c’est amélioré et que je commence enfin à vraiment l’apprécier malgré toutes ces fois où il m’emmerde.

Je me concentre un maximum sur le dossier qu’il m’a fourni, une responsabilisé supplémentaire qu’il m’a laissé et que je ne peux pas refuser quand il a passé des mois à me tester – j’le suis encore, j’suis pas conne – et à me croire ou me sous-entendre que mes capacités resteraient au niveau zéro si je me donnais pas à 300%.
Rien de tel que ce genre de sous-entendu pour heurter ma mauvaise humeur. Cet enfoiré l’a vite compris que je réagis à la provoc’ et à rien d’autre.
Je termine de noter mes remarques et mes observations, signe le papier et ferme une bonne fois pour toute le dossier. Il est tôt mais O’More adore me tirer du pieu à 6h du mat’ pour me donner un cadavre à étudier.
Bref, tout ça pour dire que j’suis à la bourre. Pour un jour particulier, en plus de ça.

Je me lève, trottine jusqu’à mon casier où je délaisse ma blouse pour ma veste en jean et c’est partie pour la course, pour essayer de rattraper le petit – gros – retard que j’ai cumulé avec ce dossier et pour ne pas trop faire attendre Léo qui m’attend depuis déjà un petit moment. Je me bataille avec le métro, le monde autour de moi qui m’emmerde au plus profond à me pousser à droite, à gauche, devant et derrière. Je grogne et je râle, comme à mes habitudes et j’me dis que si un jour j’suis SDF, on m’appellera le gnome du métro, la petite vieille moche qui grogne dans son antre.
Tu parles d’un plan de carrière.

Je débarque enfin devant la porte de Léo, ne prenant plus la peine de compter mes minutes de retard et tapote doucement contre le bois. Il me fait sursauter quand il ouvre la porte presque aussitôt, à croire qu’il m’attendait juste derrière ce fou.

- Je te trouve déjà longue d'habitude mais alors là !

Je suis déjà dans ses bras, à le serrer aussi fort que lui parce que ce type éveille toute la tendresse que je peux parfois garder cloitré derrière ma mauvaise humeur.

- J’aime me faire désirer, je pensais que t’avais pris l’habitude !

Je l’emmerde, le taquine alors qu’en réalité je suis désolée, d’autant plus que je sais que ces derniers temps il doit être à bout de nerfs avec la préparation du mariage. Et quand j’le regarde … J’me dis que Daniel n’a pas foiré cette fois, qu’il a l’air de se tenir à tout ce qu’il m’avait dit. Je sais que j’ai un caractère de merde mais j’ai pas envie qu’on traine Léo dans la merde, pas plus qu’il ne l’a déjà été et je tiens à lui comme à un frère mais je suis vraiment contente qu’ils aient trouvés leur bonheur ensemble.

- J'sais pas si c'est moi qui pète un plomb en ce moment mais merde, tu m'as manqué espèce de boudin.
- Non t’en fais pas c’est tout à fait normal ! C’est l’effet que je fais, je suis une merveille de la nature. Je passe ma main dans son dos en réponse à son baiser qui me fait toujours du bien, un geste tendre presque fraternel. Toi aussi tu m’as manqué le vieux.

Je lui dépose un baiser sur la joue, devant me mettre sur la pointe des pieds pour ça parce qu’il est bien plus grand que moi.
C’est bien ce que je disais, je suis certaine qu’il est entrain de craqué dans cet appart’ à devoir tout penser, imaginer, calculé pour organiser tout le merdier qui l’attend.

- Vas-y, entre, y'a du thé sur la table devant le canapé. J't'ai fait ton préféré parce que je suis un homme absolument parfait, tu le sais.
- Nice ! Merci !

Je me défais de ma veste que j’accroche dans l’entrée et pénètre dans le séjour …

- J'ai refait la déco, t'en penses quoi?

Mes sourcils se haussent de surprise, lâchant un sifflement de surprise mais aussi de contentement.

- J’en penses que t’es devenue la nouvelle Kelly Wearstler mon cher ! Un véritable homme de maison.

L’espace est plus … spacieux, justement. Plus grand. Et tout ça, il le doit au réaménagement effectué qui laisse ENFIN passer la lumière entre ces murs, ces meubles. C’est con mais on a presque l’impression de mieux respirer qu’avant et vous n’avez qu’une envie, rester ici à discuter, boire un thé, vous foutre le cul sous un plaid pour lire ou regarder la télé tranquillement.
Leo est devenu « cocooning ».

- C’est chouette, c’est vachement plus lumineux et spacieux, étrangement. Ca fait quoi de ne plus vivre dans sa grotte comme un vieil ours mal léché ?

Je fais le tour, large sourire aux lèvres en ricanant comme une sorcière de ma dernière taquinerie. Je ne me lasserais jamais de l’emmerder.

- Fiouh ! Je me laisse tombé bien au fond du canapé, appréciant le confort et l’opportunité de me poser cinq minutes. Bon ça va ? T’as pas trop les genoux qui jouent des castagnettes ?

ft. Taylor

here we go again

Le regard qu'elle vient poser sur le séjour qu'elle découvre suffit à élargir le sourire qu'il portait. Leo sent une certaine fierté se perdre au fond de lui, quelque-chose qui lui avait tant manqué. Non pas que Daniel ne parvenait pas à insuffler ce sentiment en lui, bien au contraire, mais un œil extérieur à son couple ravivait cette autre partie de lui encore éteinte. Ses heures sombres n'avaient été que bien trop longues. « J’en penses que t’es devenue la nouvelle Kelly Wearstler mon cher ! Un véritable homme de maison. Un rire franc s'extirpe d'entre ses lèvres tandis qu'il la laisse aller et venir dans la pièce tout juste rejoint, il s'affaire à contempler cette joie non-cachée qu'il parvient à lui déceler. Il aura au moins le mérite, lui, de faire perdurer ce sourire qu'il aime à accrocher sur son faciès. C’est chouette, c’est vachement plus lumineux et spacieux, étrangement. Ça fait quoi de ne plus vivre dans sa grotte comme un vieil ours mal léché ? Il hausse les épaules, fait mine de ne pas savoir où elle veut en venir mais la vérité le rattrape. Bien-sûr que ça lui change les idées, bien-sûr qu'il se sent plus à même d'accepter que Claudia ne reviendra pas, que Daniel ne l'écoutera très certainement pas. Leo, pour la première fois depuis longtemps, sent que les choses pourraient avancer et dans le bon sens. Il n'avait besoin que de cela, un havre de paix au cœur duquel se réfugier, un endroit bien à lui qui n'amènerait pas les ombres à se manifester. Quant à Taylor, elle continue de balayer l'endroit du regard comme pour le réapprendre, comme pour s'offrir de nouveau repère dans cet endroit qu'est aussi le sien, par évidence. Elle est comme une sœur, pour lui. La continuité de ce qu'on lui a arraché ; il ferait tout ce qui en son pouvoir ne serait-ce que pour la protéger d'un coup de vent à braver. Elle est ici chez elle tout autant qu'il n'est chez lui. Fiouh ! Un soupire rassuré et le voilà à l'imiter, à se perdre sur ce canapé dans lequel – par le passé – il a tant erré. Le sentiment qui lui vient maintenant qu'il s'y installe est tout autre que fut un temps. Non, elle s'est évanouie la culpabilité ; la peine et le chagrin aussi. Toutes ces choses dépassées – il l'espère – à jamais, en quête d'un renouveau dont il ne pourra se passer, il le sait. Bon ça va ? T’as pas trop les genoux qui jouent des castagnettes ? » Et la question tombe, la réalité des événements à venir avec elle.

Il hésite un instant, laissant son sourire trahir l'appréhension qu'il cache au fond de lui. Leo ne regrette pas sa réponse, jamais cette décision ne pourra être remise en cause ; ce qui le tient en joue, néanmoins, c'est l'anxiété quant aux préparations qui devront suivre toute cette euphorie à peine passée. « Faut que je sois honnête ou je peux faire genre pour éviter de t'inquiéter ? Il la taquine, sait qu'elle pourrait le frapper s'il commence à lui mentir ; chose qu'il ne fera pas, de toute manière. Là n'est pas le but, ça ne l'a jamais été. C'est pas tant que je flippe, c'est surtout que je sais pas par où commencer et comment faire pour que tout soit prêt à temps. Il continue, se redresse un peu pour ne pas paraître épuisé ; parce qu'il ne l'est pas, il ne l'est plus depuis qu'il a apprit à continuer malgré ce qui s'est passé. Leo est un nouvel homme, plus serein avec lui-même, plus apte à faire la part des choses, quand bien même les préparations – loin d'être commencées – hantent ses songes avec ténacité. Surtout que Daniel a reprit son taf de merde, autant te dire que je galère un peu. J'dois reprendre aussi bientôt complètement et je sais pas si j'arriverais à établir un plan d'ensemble d'ici-là. C'est là que tu interviens ! Il la désigne comme le ferait les présentateurs des télés achats du matin ; fier et convaincu. J'vais avoir besoin de tes talents pour commencer tout ce merdier. Un large sourire reste ancré sur ses lèvres tandis qu'il guette ses traits, conscient de beaucoup lui demander. Mais il n'a confiance qu'en elle au-delà de Daniel, elle et Jess qui ne devraient pas échapper à la règle quand il parviendra à lui parler. Mais avant, goute ton thé ! J'ai rajouté ma petite touche pour que le goût soit meilleur. Parce que tu comprends, en bon homme de maison, j'aime à surprendre. » Il a imité une voix grave et sûre pour cette dernière phrase, venant d'ors et déjà saisir sa propre tasse pour l'accompagner. « Ah et j'ai de la bouffe aussi si tu veux ! Histoire d'entretenir ton titre de boudin. Et après, je te ferai aussi écouter un truc. Merde, on a trop à faire là. »      

Son sourire est légèrement crispé, trop pour que je puisse croire à une sérénité. Leo est entrain de se chier dessus, c'est sûr, avec toutes les préparations qui les attendent, toute la pression, l'organisation et surtout, le grand jour du "oui".

- Faut que je sois honnête ou je peux faire genre pour éviter de t'inquiéter ?
- Plus rien ne m'inquiète, tu peux y aller.

Le sourire est franc, un petit rappel quant aux derniers évènements passés. Je crois qu'après tout ce que j'ai bouffé comme merde, il va m'en falloir beaucoup plus pour me malmener l'esprit et me faire monter en pression. La seule chose qu'il a intérêt à faire pour ne pas réveiller le dragon super Sayen qui sommeil en moi.

- C'est pas tant que je flippe, c'est surtout que je sais pas par où commencer et comment faire pour que tout soit prêt à temps

Je l'écoute en agitant machinalement le sachet de thé dans ma tasse, mes yeux dans les siens, à le regarder non pas s'agiter mais stresser en silence. Quand j'le regarde là, entrain de me parler de son mariage, je me dis qu'il a bien avancé et grandit le Leo qui voulait que tout s'arrête il y a de ça plusieurs mois. Ses cernes ont disparu, son teint blafard a reprit des couleurs, celle de la vie plutôt que du cadavre qu'il devenait au fil des semaines. Le coup dur de Claudia lui a permi de reprendre sa vie en main contrairement à ce qu'il pensait et je crois que c'est l'une des choses qui me rend le plus heureuse aujourd'hui. Pas la mort de Claudia, mais sa réssurection à lui.

- Surtout que Daniel a reprit son taf de merde, autant te dire que je galère un peu. J'dois reprendre aussi bientôt complètement et je sais pas si j'arriverais à établir un plan d'ensemble d'ici-là. C'est là que tu interviens !
- Moi ? Pour quoi faire ?
- J'vais avoir besoin de tes talents pour commencer tout ce merdier.

J'ai les yeux ronds, surprise de sa demande parce que j'ai l’impression qu'il a oublié que j'étais une quiche en organisation. C'est une grosse responsabilité que de me confier des trucs à faire pour son mariage, je stresse déjà pour son enterrement de vie de garçon parce que j'veux que tout soit réussit ... Mais là j'ai presque envie de lui rire au nez que de me faire à ce point confiance.
Mais j'peux pas nier qu'une chaleur agréable s'est diffusé au creux de ma poitrine. Celle de la satisfaction de pouvoir lui être utile mais surtout, de le reconnaissance même si ma fierté préfère ne pas le reconnaître.

- Mais avant, goute ton thé ! J'ai rajouté ma petite touche pour que le goût soit meilleur. Parce que tu comprends, en bon homme de maison, j'aime à surprendre. Ah et j'ai de la bouffe aussi si tu veux ! Histoire d'entretenir ton titre de boudin. Et après, je te ferai aussi écouter un truc. Merde, on a trop à faire là.
- Wow wow molo hein, tu vas déjà commencer à me perdre ! Une chose à la fois pour commencer. J'ai déjà du mal à me souvenir de ce que j'ai bouffé ce matin alors si t’enchaînes comme un excité, j'vais être paumé.

J'agite les mains en même temps que je parle, large sourire aux lèvres. C'est qu'il est mignon comme ça à se presser comme une ouvrière qui s'affère pour sa Reine là !

- Et c'est bien parce qu'il y a trop à faire qu'il faut pas que tu te disperse comme ça. Bon déjà, t'as fais la liste des invités et envoyés les faire-parts ? C'est pas un truc qui est envoyé genre trois mois en avance ?

J'veux pas remuer le couteau dans la plaie mais s'il n'a pas commencé par ça, ça va être tendax. Quoi que j'y connais pas grand chose, c'est pas comme si j'étais une experte en mariage ... déjà que j'le suis pas en couple alors bon. Et ce malgré les tentatives multiples de Sadie de me trouver quelqu'un avec qui flirter.

- File un papier et un crayon, on va faire une liste de tout ce que tu dois faire et on va classer tout ça du plus urgent à ce qui l'est moins. Je marque une pause et redresse mon regard vers Leo, alors que je suis entrain de ricaner. J'fréquente trop Ayleen.

Ouais parce que c'est pas tellement mon genre d'avoir ce genre de process organiser. Moi j'suis plutôt foutoir, y aller au talent et adviendra ce qu'il adviendra même si j'ai appris avec mes cours et mes stages d'être un poil plus cadrée que je ne l'étais. En même temps, pas trop le choix.

- T'es sûre que tu veux de mon aide ? Je serais super contente de le faire, vraiment, mais c'est comme demandé à un éléphant d'être délicat dans un musée de porcelaine ...

Il le sait que j'en serais ravi, honnorée même mais j'veux être sûre qu'il sache dans quoi il s'engage. A moins qu'il en soit au stade "Au point où j'en suis ..."

ft. Taylor

here we go again

« Wow wow molo hein, tu vas déjà commencer à me perdre ! Il marque une pause, s'arrête dans son élan. Leo prend conscience des choses, de l'empressement qui le gagne de plus en plus souvent. Il craint le manque de temps, il craint de ne pas être assez fort pour pouvoir gérer tout ce qui reste encore à préparer. C'est comme si les heures, désormais, ne pouvaient plus s'arrêter de s'écouler. Elles tombent, les unes après les autres, en miettes sans que rien ne soit encore fait. Finalement, il l'admet aisément, c'est de la panique qui s'immisce le long de ses traits. Une chose à la fois pour commencer. J'ai déjà du mal à me souvenir de ce que j'ai bouffé ce matin alors si t’enchaînes comme un excité, j'vais être paumée. » Il acquiesce finalement, lui offre un sourire désolé comme dans l'espoir de ne pas l'effrayer ; après tout, il ne devrait pas avoir à la stresser autant qu'il ne peut l'être depuis qu'il s'y risque à bien y penser. Et encore, le tout est davantage décupler dans les profondeurs de son être malmené. « Et c'est bien parce qu'il y a trop à faire qu'il faut pas que tu te disperse comme ça. Bon, déjà, t'as fait la liste des invités et envoyés les faire-parts ? C'est pas un truc qui est envoyé genre trois mois en avance ? » Et enfin elle s'inscrit avec violence la panique. Elle s'immisce en lui comme un poison qu'il ne peut réprimer et la chute devient quasi totale. Il a pensé à tout sauf à ça. Il a pensé à tout le reste sauf au plus important de cette cérémonie. A quoi bon organiser une journée mémorable si personne n'est là pour y assister ? Et au-delà de ça, il prend conscience que son côté de l'église sera bien vide. C'est un fait, quelque-chose qu'il ne pourra changer ; Dieu que le tout sera plus compliqué qu'il ne l'imaginait. « File un papier et un crayon, on va faire une liste de tout ce que tu dois faire et on va classer tout ça du plus urgent à ce qui l'est moins. Et ça, ça le surprend. Il en fronce les sourcils, marque un temps d'arrêt avant d'obéir à cette requête, cherchant d'ors et déjà de quoi écrire, de quoi noter, de quoi s'organiser finalement ; et venant de leur part, il s'en rend compte, ça lui paraît dérisoire. J'fréquente trop Ayleen. » Un rire, Ayleen la fameuse. Ce n'est pas la première fois qu'elle en parle, si même la dernière à ce qu'il peut en penser ; c'est un sujet sur lequel il faudra qu'il s'attarde à l'avenir, dès lors qu'il n'aura pas autant à penser. « T'es sûr que tu veux de mon aide ? Je serais super contente de le faire, vraiment, mais c'est comme demander à un éléphant d'être délicat dans un musée de porcelaine... »

Il marque une pause durant laquelle son regard ne la quitte pas une seule seconde. Il détaille ses traits, les émotions qui pourraient s'y poser alors qu'il cherche ses mots, comment les dires, comment prendre cette décision et lui faire sentir qu'elle est sûrement la seule en qui il puisse avoir confiance pour tout ce qu'ils s'apprêtent à noter sur cette foutue feuille. Il a besoin d'une épaule sur laquelle se reposer et Taylor a toujours été la seule à pouvoir porter ses fardeaux comme ses joies. Il ne doutera jamais de ses talents, de cette force qu'elle parvient à trouver quand il s'agit de lui ; c'est parfois ce qu'il lui envie, ce courage qu'elle transmet rien que par sa présence à ses côtés. « Tu sais, j'crois que j'vais avoir besoin de ma témoin au moins bien quelques années encore. » Un clin d’œil, un sourire s'ancrer le long de ses lèvres comme pour faire passer ses mots avec un peu plus d'enthousiasme qu'elle semblait y trouver au départ. Elle est tellement pour lui qu'il ne pourra jamais s'en défaire, jamais. « Et merde, arrête de stresser, c'est à moi de faire ça là. Donc tu te calmes, utilise l'énergie que ton Ayleen semble t'avoir donné et on s'y met. D'ailleurs, tu viens avec elle ? J'avoue que j'dois faire la liste des gens qui viennent... J'suis tellement en retard, t'as pas idée. » Ou peut-être que si, parce qu'en quelques mots Taylor lui a rappelé qu'il n'est pas du tout dans les temps. C'est ce qu'il a imprimé dans sa tête, la réalité des faits. Il va falloir qu'il en parle à Daniel, il va falloir qu'il se bouge un peu plus, qu'ils se bougent un peu plus oui – surtout. « Donc, les faire-parts... Eh bien, ils sont achetés, il ne manque plus qu'à les préparer... » Il confesse au moins ça, guettant sa réaction en perdant son regard dans le sien. Et bien qu'il ait désormais conscience du travail qu'il doit effectué, il en reste un peu moins paumé. Taylor a ce merveilleux effet, sur lui en tout cas. « J'imagine qu'on peut faire ça en même temps que la liste des invités ? »      

J’attends, ne rompt pas le silence qu’il installe alors qu’il me regarde et me détaille comme ça. J’me demande ce qu’il lui passe par la tête, s’il n’est pas entrain de changer d’avis en se disant que, finalement, j’ai peut-être un peu raison quand j’dis que j’suis pas la meilleure personne pour gérer ça. Ca m’fout la boule au ventre parce que j’ai pas dis ça pour me dérober, peut-être seulement pour entendre que c’est pas le cas et que j’suis encore bonne à quelque chose. J’imagine pas un instant qu’il est entrain de se dire tout le contraire de ce que je crains.

- Tu sais, j'crois que j'vais avoir besoin de ma témoin au moins bien quelques années encore.

Le soulagement se diffuse en une douce chaleur au creux du cœur. Mon sourire accompagne le sien, mon regard dévie.

- T’inquiète, je serais là jusqu’au bout.

Le jour où ils auront des gosses si c’est le cas, les jours où les choses seront compliquées malgré lui. Les jours où, aussi, tout ira bien parce que faut pas déconner, ils ont plutôt intérêt à nous éparpiller du bonheur en paillette un petit peu, histoire d’éclaircir toutes ces emmerdes qui ont assombrit le tableau.

- Et merde, arrête de stresser, c'est à moi de faire ça là. Donc tu te calmes, utilise l'énergie que ton Ayleen semble t'avoir donné et on s'y met. D'ailleurs, tu viens avec elle ? J'avoue que j'dois faire la liste des gens qui viennent... J'suis tellement en retard, t'as pas idée.

J’montre rien mais à l’intérieur j’ai l’air d’une adolescente en plein dérèglement hormonale quand j’entends « TON Ayleen ». Alors non, c’est pas la mienne, déjà, on s’calme. Et … et j’sais pas pour la suite, sauf que c’est pas la mienne. Même si en ce moment, bon.. .c’est un peu tendu du caleçon, j’sais pas trop où on va et l’idée que Tomimachin-le-serbe vive avec elle, et tout ça, ça m’emmerde un peu plus chaque semaine. Allez savoir pourquoi.
Et si j’viens avec elle ? La question j’me la suis déjà posée. Et la réponse, je l’ai déjà eu. Le genre de réponse qui vous donne encore l’impression d’avoir treize ans.

- Donc, les faire-parts... Eh bien, ils sont achetés, il ne manque plus qu'à les préparer...
- Han putain tu les as pas envoyé …
- J'imagine qu'on peut faire ça en même temps que la liste des invités ?
- Ah bah on va pas avoir trop le choix hein ! C’est dans un mois, va falloir qu’on s’bouge le cul ! Demain matin il faut qu’ils soient TOUS envoyé, ok ?

Je le manage d’un ton enjoué et encourageant. J’suis pas entrain de m’affoler, loin de là, ni entrain de stresser. Pas mon genre. Par contre, j’lui pousse un peu aux fesses pour qu’il s’agite, qu’il s’active mais aussi pour le recentrer sur une tâche à la fois sinon on va le perdre.
J’attends qu’il me ramène toute sa pile de faire-part et j’en saisis un que je tourne et retourne avant de l’ouvrir pour y lire le petit texte en noir.

- Ils sont chouettes en tout cas ! J’affiche un large sourire. Bon ça va, ils sont préremplit et tout. Il reste que les enveloppes à préparer avec adresse etc.

En somme, le plus long parce que tout doit être fait à la main. Mais à deux, on peut bien réussir à se démerder pour s’en sortir en une bonne heure. Ou deux. Tout dépend de combien de personnes ils comptent inviter au plus beau jour de leur vie.

- Bon on commence la liste en débutant par le côté de ta famille et amis ? Ensuite on s’occupe de Daniel. T’as les adresses des gens ? Je laisse planer un silence, connaissant bien le regard de Leo. Ooook … On va commencer la liste et après tu m’envoie un message groupé à tous ceux qui sont invités pour te donner les adresses postales qu’on puisse remplir les enveloppes rapidement.

Putain Taylor, t’as bouffé un trieur pour être aussi organiser ? Comme quoi, les miracles existent faut croire.
C’est surtout que j’veux pas le laisser dans la merde, j’veux pas non plus qu’il panique tout seul. J’veux qu’il profite de tout ça, même de l’organisation qui lui fera prendre conscience de ce jour heureux qui arrivera. Donc ouais, je serais là de bout à bout, même après. Leo compte beaucoup trop pour moi pour que je le laisser mariner dans son angoisse.
Je le regarde commencer à inscrire les premiers prénom de sa liste et pour une raison qui m’échappe, j’ouvre deux fois la bouche avant de réussir à articuler.

- Oh et… euh. Ouais, tu peux ajouter Ayleen. J’lui ai demandé il y a quelques temps mais j’voulais savoir si ça t’faisais chier ou pas ? T’as l’droit de me dire non hein, c’est juste que j’voulais pas venir seule. J’sais pas trop pourquoi.

ft. Taylor

here we go again

« Han putain tu les as pas envoyé… » Quel constat, il se retient presque d'applaudir mais le stresse l'en empêche. Pas de taquinerie cette fois, rien de tout ça. Seulement un maigre silence tandis que la voix de Taylor lui revient, rappelant à sa mémoire tout ce qu'ils ont encore à faire. « Ils » parce qu'il se décide à l'inclure dedans, si tout n'est pas fait en temps et en heure, ce sera de leur faute ; à tous les deux. Travail d'équipe. « Demain matin il faut qu’ils soient TOUS envoyé, ok ? » Il acquiesce alors, docile aux ordres donnés par la jeune femme qui semble vouloir tout réajuster ; ce qui n'est pas dans ses habitudes mais qui vient à aider le blond plus qu'il ne pourrait l'avouer. « Ils sont chouettes en tout cas ! Bon ça va, ils sont pré-remplit et tout. Il reste que les enveloppes à préparer avec adresse etc. » Le plus compliqué en soit, parce qu'au souvenir de l'enterrement de Claudia, il prend conscience que rares seront les âmes installées de son côté. Il en tique un peu d'ailleurs, essayant de masquer cette part de tristesse qui anime ses traits. Et il ne viendra pas inviter Abraham et sa bande de motards en collants pour l'occasion. Hors de question que ces hommes osent un pied entre les mêmes murs que sa personne. « Bon on commence la liste en débutant par le côté de ta famille et amis ? Ensuite on s’occupe de Daniel. T’as les adresses des gens ? Un soupire, un énième regard se perdant dans sa direction avec cette même détresse que précédemment. Il n'ose pas cacher ses craintes, sait que ce serait inutile de prétendre qu'il peut s'en sortir à partir de rien. C'est faux, et s'il le sait : Taylor également. Ooook… On va commencer la liste et après tu envoies un message groupé à tous ceux qui sont invités pour te donner les adresses postales qu’on puisse remplir les enveloppes rapidement. » Il acquiesce à nouveau, s'activant à d'ors et déjà en préparer quelques-unes ; les plus évidentes en tout cas. Ça avant qu'elle lui revienne, un peu plus hésitante qu'on départ. « Oh et… euh. L'espace d'un instant, il panique d'avoir fait une énième connerie. Instinctivement ses yeux se portent sur la liste qu'il a commencé, sur les prénoms inscrits et celui qu'il allait y ajouter. Ouais, tu peux ajouter Ayleen. J’lui ai demandé il y a quelques temps mais j’voulais savoir si ça t’faisais chier ou pas ? Il fronce les sourcils, posant son stylo en l'écoutant. Il a un maigre sourire d'inscrit le long de ses lèvres, quelque-chose d'un peu moqueur mais avant tout de rassurant. T’as l’droit de me dire non hein, c’est juste que j’voulais pas venir seule. J’sais pas trop pourquoi. » Il se retient d'en rire, maintenant sa place sur le canapé, guettant la réaction de son amie, sa meilleure amie en soit – avouons-le.

« Je vais te dire pourquoi, ok ? Il pose la question, s'en redresse, venant pleinement lui faire face cette fois. Il cherche ses mots mais surtout assez de courage pour ne pas se mettre à rire sans pouvoir s'arrêter. Ils ont encore pas mal de travail et ce serait enfantin que de céder à un fou rire qu'il est encore le seul à couvrir pour l'instant. Ok, tiens-toi prête à encaisser la vérité. Très bien, donc... Je pense que tu as trouvé une solution d'urgence à ce problème étant donné que... eh bien, l'homme de ta vie était indisposé. Il attend, marque une nouvelle pause, une main en avant comme pour lui demander confirmation ; chose qui ne vient pas encore. Tant pis, il poursuit. Et j'en suis désolé, Boudin. Vraiment. Mais j'ai déjà quelqu'un et je ne peux pas venir à mon propre mariage avec toi comme cavalière, ça ferait désordre. » Là-dessus, il s'attend à ce qu'elle ne vienne le taper, le sommer d'arrêter ses conneries pour s'y remettre. Il accepte, retrouve le stylo délaissé pour enfin y inscrire Ayleen comme demandé. « C'est des conneries, tu viens avec elle parce que tu veux être avec elle, te fous pas de moi. » Il laisse ce qu'il pense lui échapper avant de s'en relever. « Tu veux manger un truc en même temps ? »      

« Je vais te dire pourquoi, ok ?
- Euh, ok. » Ou pas ? J’sais pas trop ce qu’il va me dire avec son regard bien trop sérieux. J’ai l’impression qu’ll va me sortir une tirade de grand frère ou j’sais pas trop quoi, un truc dans ce goût-là. J’ai pas l’habitude de le voir comme ça, pas que ça soit le me qui joue les rigolos non plus, mais bon.

« Ok, tiens-toi prête à encaisser la vérité. Très bien, donc... Je pense que tu as trouvé une solution d'urgence à ce problème étant donné que... eh bien, l'homme de ta vie était indisposé.
- Hein ? J’arque un sourcil, j’pige rien de ce qu’il me raconte et j’me demande s’il n’a pas bu avant que j’vienne en fait. Genre un ou deux shots histoire de calmer son stress qui va finir par lui procurer un ulcère si ça continue. Il tend sa main vers moi comme pour me dire « j’ai pas raison ? » mais j’ajoute rien parce que, vraiment, j’pige pas où il veut en venir.
- Et j'en suis désolé, Boudin. Vraiment. Mais j'ai déjà quelqu'un et je ne peux pas venir à mon propre mariage avec toi comme cavalière, ça ferait désordre.
- Pfff mais t’es vraiment con hein ! T’as pas d’autre connerie à dire ! » Je lui jette un truc à la gueule, aka mon stylo, en secouant la tête et en baissant les yeux sur les cartons d’invitations. J’ai eu un coup de stress quand il m’a dit qu’il allait falloir encaisser la vérité avant de me détendre face à ses conneries qui m’arrachent malgré tout un sourire. Ca fait longtemps qu’on a pas passé un moment comme celui-là et j’me rend compte que j’suis vraiment contente de le retrouver. De retrouver celui que je connais depuis un bail maintenant.

«C'est des conneries, tu viens avec elle parce que tu veux être avec elle, te fous pas de moi. Tu veux manger un truc en même temps ?» Je marque un temps d’arrêt.
Comment ça être avec elle ? Physiquement ouais j’aime bien passer du temps avec Ayleen, c’est pas une surprise ni une première nouvelle mais pour le reste, ça s’arrête là. Enfin … ça s’arrête là un peu quand on veut, en fait. Comme ce weekend passé dans le trou du cul de j’sais pas où, où nous sommes resté au pieu une bonne partie du temps à … disons se retrouver et « discuter ».
BREF.

« Ouais, un truc à grignoter genre des cookies. J’récupère mon stylo alors qu’il se lève et j’ai bien envie de lui renvoyer encore une fois dans le dos après m’avoir sortie sa petite phrase balancer comme s’il allait me dire qu’il avait envie de pisser. Et c’toi les conneries. C’est juste que j’l’aime bien, ça fait un p’tit moment qu’on se connait, qu’on s’entend vachement bien. J’omet bien évidemment de dire qu’on a couché une fois ensemble. Puis deux. Puis trois … Et ainsi de suite jusqu’au néant pour maintenant être sur une putain de frontière ambigüe où j’y comprend pas moi-même grand-chose. C’est la partenaire idéale quoi. Enfin j’veux dire pour v’nir, à ton mariage. Pas « partenaire de vie ». Pas qu’elle serait pas une bonne partenaire de vie, c’est pas c’que j’dis. Je m’enfonce un peu plus dans mon merdier, croise le regard de Leo et ronchonne. A peu près pour la 350ème fois de la semaine de toute façon. Oh puis merde, tu m’les files tes cookies là ? »

Je secoue la tête et fais mine de plonger la gueule dans sa liste qu’il m’a pas donné et d’écrire quelques noms que je connais, à inviter. Je m’obstine dans mon propre déni, préférant me dire que j’ai pas vraiment le droit d’être heureuse après tout ce que j’ai fais et fais subir, que j’ai pas tellement le droit d’infliger ce genre de chose à Ayleen puisque de toute façon, quoi qu’il arrive, j’viens toujours semer la merde malgré moi. J’suis pas censé être le centre d’attention, pas aujourd’hui. Alors j’vais tâcher de me focus sur mon « frère » et son mariage, rien de plus.

ft. Taylor

here we go again

Il est plutôt fier du coup de stresse qu'il vient de lui mettre, aurait payé cher pour ne serait-ce que voir ses traits d'angoisse se perdre contre ses joues, sous ses yeux. Non, il ne s'en lasse pas, son rire tintant encore trahissant aisément ce fait. Leo ne s'en cache pas, haussant des sourcils comme pour la provoquer un peu ; davantage à sa dernière phrase. Il croit percevoir une sorte de doute à l'arrière de ses mots, quelque-chose qui pourrait faire passer ses prochains dires pour des mensonges. Il essaie d'en deviner la nature, d'imaginer à quel point cette compagnie lui sera importante. Mais force est d'admettre qu'il n'a pas besoin d'aller aussi loin, des années qu'ils se connaissent, qu'ils se côtoient. Des années qu'ils ont appris par cœur ce qu'il pourrait y avoir à dire sur l'un ou sur l'autre. Si Taylor essaie de lui cacher quelque-chose, il saura trouver quoi. « Et c’toi les conneries. C’est juste que j’l’aime bien, ça fait un p’tit moment qu’on se connaît, qu’on s’entend vachement bien. Il acquiesce à ça, réprime un peu le large sourire qui veut s'installer contre ses lèvres. C'est que ça l'amuse plus qu'il ne l'aurait cru, lancé dans cette ambiance qui – avouons-le – lui avait tant manqué. Un peu de légèreté, un peu de jovialité avec les épreuves qu'ils ont eu à traverser. C’est la partenaire idéale quoi. Enfin j’veux dire pour v’nir, à ton mariage. Pas « partenaire de vie ». Pas qu’elle serait pas une bonne partenaire de vie, c’est pas c’que j’dis. Cette fois, il n'y parvient pas : le rire lui échappe. Il s'excuse un peu, la laisse continuer, voit cette espèce de gêne teinter ses joues. Dieu qu'il ne regrette pas de l'avoir convié à cette merveilleuse journée. Il n'aurait loupé ça pour rien au monde. Oh puis merde, tu m’les files tes cookies là ? » Il laisse une petite seconde de battement tandis qu'elle s'en retourne à tout ce qu'il a laissé traîner sur la table basse. Évidemment, elle ne viendra pas lui faire face après s'être enfoncée de la sorte – Taylor n'est pas folle, encore moins téméraire. Tenir le regard de Leo l'amènerait à devoir subir quelques taquineries quant à son éloignement du sujet principal. Ils se connaissent par cœur, à la limite de l'affligeant. Il hésite à renchérir mais s'en abstient, lui revient, les mains pleines d'une assiette et d'une nouvelle bouteille ; une bière qu'il a trouvé en supermarché et dont l'étiquette lui a plu. Pour après le thé, ça peut passer. De son côté, il n'est plus à ça près – essayant de faire au mieux pour s'occuper de ce mariage qui, néanmoins, arrive plus vite qu'il ne l'aurait imaginé. Plus que quelques semaines. Plus que ça et ils n'en sont encore que là.

« Aller tiens, cache ton teint de tomate là-dedans. L'assiette est posée, lui se réinstalle non sans en piquer un dans la foulée. Ça avant d'en revenir à la presque liste qu'il a déjà établie. Elle est maigre mais sur ces lignes résident d'ors et déjà bien assez d'âmes pour rendre leur journée mémorable. Il n'y aura que les liens forts, que les indispensables. Essaie de pas trop te prendre la tête, ok ? Prends ton temps avec ton Ayleen et si ça fonctionne, bah j'serai le premier content pour toi. Une main dans son dos, quelques caresses délaissées comme pour la rassurer. Il la taquine mais s'y intéresse avec un peu plus de sérieux, persuadé que celle qu'il a invité mérite tout ce qu'il y a de mieux en ce monde abîmé. Il lui souhaite en tout cas, du plus profond de son cœur ; parce qu'il lui doit aussi beaucoup pour ses nombreux efforts, Leo s'était rendu compte grâce à elle qu'il pourrait être fort. J'dis pas que je te crois pas quand tu dis qu'il n'y a rien mais si jamais ça doit arriver, profites de c'que tu peux avoir ok ? » Il insiste là-dessus néanmoins, lui revenant, osant son regard sur elle comme pour s'assurer qu'elle l'écoute avec assez d'attention. C'est peut-être son mariage qu'ils préparent mais pour rien au monde il ne prendrait pas cinq minutes pour s'assurer qu'elle va bien. Parce qu'au-delà de Daniel, elle est l'une des personnes les plus importantes à son être – et il faudra qu'elle parvienne à se mettre cette idée en tête. « Bon, aller, on s'y remet. Faut que j'rajoute aussi que Jess vient pas seule ; bande de cachottières là. » C'est là-dessus qu'il met la main sur sa liste provisoire, se lançant dans l'écriture de beaucoup de noms. Amis et collègues de son côté, pas de famille, il se souvient encore de leur comportement lors des funérailles de Claudia – il ne veut plus avoir affaire à ces gens-là.      

J’ai la gueule enfoncé dans ses cartons d’invitation, évitant son regard qui me pèse sur le front. Je sais qu’il sourit ce con, qu’il se fout probablement de ma gueule. Il a toutes les raisons de le faire. Autant j’peux être douée du scalpel, autant j’suis un putain de manche lorsqu’il s’agit de parler de moi. Et d’Ayleen, visiblement. La preuve, j’pique un fard comme une conne pendant que j’trifouille ses invitations sans vraiment voir ce que je fais réellement.
Il se passera rien de plus avec Ayleen, c’est ce que j’essaie de me dire tout en penchant de l’autre côté en me disant que, merde, quand même, y a bien un truc qui se trame. Je sais jamais vraiment.

« Aller tiens, cache ton teint de tomate là-dedans. Je lève le regard pour faire face à une assiette de cookie dans laquelle je pioche sans attendre. J’crois que c’est mon deuxième truc de bouffe préféré après les sucettes. Je ne bronche pas, me contente de me concentrer cette fois pour de bon sur la liste que j’essaie de rédiger en me contentant des proches de Leo. C’est lui que je connais le mieux dans le couple, que je connais depuis bien plus longtemps. Je lorgne également sur la bière dont je pique une gorgée sans pudeur, sans honte. Pas de ça entre nous, il est comme mon frère. Essaie de pas trop te prendre la tête, ok ? Prends ton temps avec ton Ayleen et si ça fonctionne, bah j'serai le premier content pour toi. C’est la main qu’il pose dans mon dos qui arrête ma grande gueule qui s’apprêtait à dire qu’il n’y a rien. C’est un putain de mensonge. Mais je n’dis rien, me contente d’apprécier ce simple contact avec Leo. Rare sont les personnes dont j’apprécie ce genre d’approche et cet homme est l’un d’eux. J'dis pas que je te crois pas quand tu dis qu'il n'y a rien mais si jamais ça doit arriver, profites de c'que tu peux avoir ok ? » Cette fois, je lève vraiment le regard vers lui pour lui faire face. J’ai envie de lui dire oui avec assurance, qu’il faut pas qu’il s’inquiète, que j’ai saisi le truc mais la vérité c’est que justement, tout ça, j’pense pas vraiment le mérité. Pas en vue de la merde que j’ai semée. Mais je m’abstiens de dire quoi que ce soit, serre les dents pour cette fois et acquiesce en haussant les épaules.

« J’essaie, t’inquiète. » C’est pas évident ce lâché prise même s’il a très certainement raison dans ce qu’il me dit. Mais encore faut-il être en capacité de suivre les conseils que l’ont vous donne … et peut-être que je suis un peu plus prête que je ne l’étais plusieurs mois auparavant. C’est con mais Leo a planté une graine dans mon crâne qui est déjà entrain de germer.
Je croque dans mon cookie, appréciant la saveur chocolatée sans un mot.

« Bon, aller, on s'y remet. Faut que j'rajoute aussi que Jess vient pas seule ; bande de cachottières là.
- Attend, quoi ? Je marque la surprise, lève mon regard sur lui avec la bouche entourée de miettes de gâteau. Comment ça elle a un mec et elle m’l’a même pas dit ? J’rêve ! J’exagère évidemment le ton de la déception puisqu’en réalité, je n’suis pas sa meilleure amie non plus même si nous nous entendons bien. Voir, très bien. On a traversé quelques phases vis-à-vis de son père qui, mine de rien, rapprochent. J’ai un sourire aux lèvres, contente pour elle si elle a trouvé quelqu’un qui lui correspond. Depuis quand du coup ? Je marque une pause, sourcils froncés. Ça m’fera une bonne excuse pour aller la voir tiens. » De toute façon, ça fait un moment que l’on a pas prit le temps de se voir et ça serait peut-être l’occasion de remédier à ça justement.

« Booon. Tiens, c’est une première ébauche de liste, ça t’vas ? Je lui tend le morceau de papier, croisant mes mains sur la table. Tu veux que j’commence les enveloppes et cartons de ton côté du coup ? Faudra pas oublier le plan de table aussi hein et s’il te plait me fout pas avec des connards si tu veux que ta témoin n’assassine personne avant la fin. »

ft. Taylor

here we go again

« Attend, quoi ? Un froncement de sourcils, un regard qui se pose sur elle comme pour essayer de comprendre la surprise qui vient prendre d'assaut l'entièreté de ses traits. Leo hésite un instant, s'apprête presque à répéter mais il abandonne l'idée, lui faisant face comme choqué d'être le premier au courant de cette nouvelle-là. Alors quoi ? Il est vraiment celui qui doit l'annoncer à tout le monde ? Il soupire maigrement, n'osant pas trop prendre la parole – chose qu'elle lui épargne d'ailleurs, comme présente dans son esprit, reprenant ses dires. Comment ça, elle a un mec et elle m’l’a même pas dit ? J’rêve ! Oops, secret révélé – si tant est que c'en soit un. Il ose un sourire, répond au sien en venant acquiescer sagement. Et force est d'admettre qu'il n'a pas la moindre idée des raisons qui ont poussé cette amie en commun à ne se confier qu'à sa personne. L'espace d'un instant, il croit vraiment avoir fait une connerie mais, dans ses souvenirs, Jess n'a pas mentionné que l'information devrait être tue. Depuis quand du coup ? » Il réfléchit mais n'a pas non plus de souvenirs quant à cette information, Leo devant simplement répondre qu'il n'en sait rien, des mots qu'il accompagne d'un haussement d'épaules avant qu'elle ne continue, faisant savoir que ça leur fera une bonne raison de se revoir – et en soit, elle n'a pas tord. Quand une occasion se présente, il faut savoir la saisir au vol. « Et je suis sûr qu'elle sera contente de te voir de toute façon ! » Un sourire partagé tandis qu'il s'en remet aux papiers qui s'éparpillent depuis quelques semaines déjà. « Booon. Tiens, c’est une première ébauche de liste, ça t’vas ? Coupé dans son élan, Leo s'en remet à la liste de son amie, à cette liste qu'il savait qu'elle saurait dresser – elle est probablement la seule qui puisse aussi bien le connaître. Tu veux que j’commence les enveloppes et cartons de ton côté du coup ? Faudra pas oublier le plan de table aussi hein et s’il te plaît me fout pas avec des connards si tu veux que ta témoin n’assassine personne avant la fin. » Un rire franc derrière le stresse qui s'accumule quant aux préparatifs qui sont loin d'être terminés. C'est pour ça qu'il accepte rapidement la proposition de la part de Taylor, lui laissant le soin de s'occuper des premiers faire-part. Si quelqu'un peut autant l'aider par rapport à tout ça, c'est bien elle et il savait qu'il n'avait pas à douter de son efficacité. Avec un peu de pression, ils peuvent tout faire dans les temps – il s'en convainc en tout cas, silencieusement mais bien durement.

« Tu sais quoi ? Pendant que tu fais ça, je vais tester quelques plans de table avec le côté de Daniel que je pense être présent. Il commence d'ailleurs rapidement, fouillant sur la table basse pour y trouver un crayon, une feuille à moitié déchirée qu'il transforme rapidement en maigre matérialisation de la salle qu'il pense prendre – celle dont il doit encore parler à Daniel. J'ai l'avantage que tu sois là comme ça, si les gens de la table te plaisent pas, tu pourras le dire directement. » Un clin d’œil, un coup d'épaule ; c'est qu'elle est exigeante le boudin. « Attends, je vais déjà te chercher les adresses que je connais, je les ai déjà marquées quelque-part. » Une pause, le blond se lève pour essayer de faire un léger tri dans les deux classeurs pleins qu'il possède pour cette journée des plus spéciales, des plus importantes. C'est qu'il tient à ne pas faire les choses à moitié et quand bien même il a prit de l'avance, il se souvient aussi que tout ces détails seront à revoir avec Daniel – c'était sûrement pour ça qu'il ne s'est pas non plus avancé autant qu'il l'aurait fallu en sachant que la date approche. « Tiens, je te laisse gérer. Une pause, la feuille qui se tend. Leo retrouve sa place à ses côtés, allant pour essayer de réfléchir au plan de tables pour cette fameuse journée et, si les idées ne manquent pas, c'est vers Taylor qu'il se tourne à nouveau. Au pire, tu sais quoi, dis-moi tes préférences maintenant et j'aviserai. Tu voudrais qui avec toi ? A part demoiselle Ayleen ? »       

Je m’attèle à la tâche monstrueuse qui nous attend de remplir tous les fair-pars, mais ça ira certainement plus vite à deux que tout seul. Il me fait de la « peine », à le voir galérer comme ça de son côté et c’est aussi mon rôle de témoin que de lui porter secours pour organiser son mariage, non ? Alors j’vais faire ce que je peux avec ce que j’ai et tenter de lui enlever un poids de ses épaules, histoire de le soulager un peu.

« Tu sais quoi ? Pendant que tu fais ça, je vais tester quelques plans de table avec le côté de Daniel que je pense être présent.
- Ok ! J’ai un peu envie de lui dire « BON COURAGE » parce que c’est certainement l’une des choses les plus galères à faire. Enfin, j’crois. J’peux pas tellement juger, j’me suis jamais mariée. Et pas sûre que ça arrive un jour, en fait. Mais j’m’imagine à sa place et c’est toujours chiant de contenter tout le monde alors que c’est VOTRE mariage et pas le leur. C’est une source d’emmerde en fait.
- J'ai l'avantage que tu sois là comme ça, si les gens de la table te plaisent pas, tu pourras le dire directement. J’esquisse un grand sourire innocent. J’me permet de critiquer le genre de personne que je suis, exactement. Attends, je vais déjà te chercher les adresses que je connais, je les ai déjà marquées quelque-part.
- Ah, cool, ça va m’faire gagner du temps. » En gros, j’ai plus qu’à recopier tout le truc et c’est fait. Je bois une gorgée de bière et croque dans un autre cookie – ‘tain, sont trop bons -, veillant à ne pas foutre des miettes partout mais surtout à ne pas tâcher les jolis cartons qui a dû coûter une blinde. C’est ça aussi, le mariage, un putain de trou dans votre porte-monnaie. C’est qu’il faut être sacrément sûr de soi pour faire un truc pareil, non ? Il me tend la feuille en question, je le remercie et commence à jouer les grattes papiers, recopiant nom, prénoms, l’heure, le lieu de la salle où ils vont célébrer ça avant de remplir l’adresse sur l’enveloppe. Et ainsi de suite. Rien de bien compliqué bien que ça soit ultra redondant. Mais c’est toujours plus cool de faire ça avec lui, à côté.

« Au pire, tu sais quoi, dis-moi tes préférences maintenant et j'aviserai. Tu voudrais qui avec toi ? A part demoiselle Ayleen ? Je lève mon visage vers lui après avoir fini de marquer mon propre prénom – les meilleurs d’abords – et réfléchis à sa question.
- J’sais pas, bonne question. Après on est pas censé faire une table avec juste les témoins ou j’sais pas quoi ? Enfin, j’crois mais peut-être que vous allez faire différemment tu me diras. Ça n’est pas forcé qu’ils fassent comme tout le monde et comme tous les mariages. Je ne sais pas trop comment ils veulent s’organiser mais je m’adapterais. J’aimerai bien Jess, du coup ! Je marque une pause, hausse les épaules et continue d’écrire. Tant qu’à faire, autant que l’on soit à la même table et j’me dis que ça serait sympa de lui présenter Ayleen. Je chasse rapidement cette idée, ne voyant pas le rapport avec tout le reste avant de me reconcentrer sur le fair-part. En vrai après je m’en fou, j’te fais confiance. Et puis c’est ton mariage, pas le mien, faut aussi faire comme ça t’arranges. » Il ne faut pas que j’abuse non plus, parce qu’encore une fois, c’est pas à lui de nous faire plaisir mais plutôt l’inverse finalement. S’il y a Jess et Ayleen avec moi, aucune raison pour que le reste m’emmerde, le principal sera là.

« Ça m’fait penser qu’il faut que j’vous prépare des jeux à la con, histoire d’avoir des souvenirs embarrassant à filmer et à regarder dans 5 ou 10 ans. » C’est pas tellement mon truc de prendre la parole devant je ne sais combien de personne et j’ai pas tellement le profil d’animatrice mais si j’pouvais au moins éviter de me ridiculiser devant toute l’assemblée… Je croque de nouveau dans un morceau de cookie, bois une nouvelle gorgée de bière et profite de ce moment de plénitude malgré l’urgence du boulot. Un moment entre nous deux, en paix.