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 let us sit together, until the moment comes ø Ezra

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Alma L. Lennox

Alma L. Lennox

crédits : @me
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quartier : Une petite maison dans le West Side avec son fils, et bientôt son mari McKinney
physique : Alma a perdu du poids, victime d'un syndrome post-traumatique suite à la mort d'Ezra, elle ne revient que partiellement au cabinet Lennox. De nature insomniaque, elle a du augmenter son traitement pour pallier ses problèmes de sommeils, aggravés.

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MessageSujet: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 14:06



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Le regard passe du téléphone à l’horloge, de l’horloge au cadre de la fenêtre, au socle qui trace une ligne sous le verre de whisky qu’Alma fait tourner entre ses doigts. La seule lumière de la cuisine éclaire la maison, le halo blanchâtre au-dessus d’elle dessine son ombre imperturbable. Seul ses doigts bougent, la manucure rouge passe sur le verre transparent, le bruit de l’ongle qui percute la surface rythmée par le tempo effréné de ses pensées. Ça cogne sous son crâne, ça hurle et pourtant rien n’est visible à la surface. Le doute a fait son chemins, distille dans les images que sa rétine lui impose un poison, une vision distordue de la réalité.

Ça doit l’être, distordu. La garce a menti, assurément. Ezra — son Ezra — ne peut pas avoir fait ça. Alma se repasse en boucle les paroles de Genevieve, arrive à sentir son visage se contracter alors que la jeune femme, méconnaissable, a sonné à sa porte. Elle sent les larmes se répercuter sur ses mains, tacher le tissu hors de prix, le bel agneau transformé. Les cheveux châtains, le col roulé. Genevieve a quitté ses attirails brillants, les jupes courtes, les boucles blondes se sont assagies sous les coups d’Ezra. Le fard à paupière troqué pour des bleus, l’entaille sur la lèvre, marquée, le corps caché. Alma se demande comment elle a pu louper ça.

Elle n’a pas dormi depuis l’arrivée de l’officielle. Impossible pour elle, de fermer l’oeil, il lui faut savoir, toutes les informations ; Alma est perdue, ses certitudes passées au rouleau compresseur. Elle repousse son dos pour s’enfoncer dans le dossier de la chaise en bois, baisse son regard vers son téléphone. Le message est prêt, l’écran reste ouvert sur les quelques mots, préparés, destinés à Ezra. Elle n’arrive pas à se résoudre à le confronter. L’avocate sait qu’au moment où son message partira, il n’y aura plus aucun retour en arrière possible. Il devra lui expliquer son comportement, elle devra faire avec cette violence qu’elle a toujours su cachée, tapie au fond du crâne. Love ne peut plus faire semblant, maintenant, d’être aveugle. Elle a toujours su, au fond d’elle, que quelque chose arriverait. Et en cet instant, la brune maudit Caleb Cavanaugh, et elle ne s’est jamais sentie aussi sincère. L’image du père, ancien président, brûle au fond de sa rétine, l’autel est détruit, elle le considère comme responsable de ce qui arrive. Il est parti, lui, et elle en a souffert aussi. Mais aujourd’hui, elle doit encore réparer les morceaux, décidément, les coups de l’ancien président auront des effets même au-delà de sa mort, le voila inscrit dans la postérité. Sa main se resserre autour du verre, sa colère est là, glisse sous sa peau comme un serpent, soulève sa poitrine à un rythme plus élevé que la moyenne. Il faut que la quadragénaire s’y fasse ; Ezra ressemble plus à son père qu’elle ne l’aurait voulu. Et il lui est inutile de se voiler davantage la face : elle n’a rien arrangé. Alma s’en veut, elle l’a laissé tomber. Peut-être que si elle avait été plus présente encore, plus à l’écoute, si elle l’avait gardé avec elle, aussi fort qu’elle garde Callum, peut-être aurait-elle pu éviter ce scandale. Il y a des lignes qu’il ne faut pas franchir, elle-même en est consciente. Celle qui est capable de tout, sans regard en arrière.

Love termine son verre. Son regard capte son reflet comme imprimé sur le carreau de sa fenêtre. Ses yeux sont creusés par la fatigue, les cernes violettes encadrent ses prunelles d’un bleu trouble. La lèvre tremble par moment ; peut-être est-ce la peur ou la colère, le doute, l’angoisse. L’avocate n’est plus vraiment capable de savoir par quel bout commencer, en proie à de multiples versions d’elle-même se battant à mains nues. Un bip attire son attention et le nom de la promise d’Ezra s’affiche sur l’écran. Alma repousse alors le moment d’envoyer son message pour lire les quelques lignes de remerciements. La pauvre n’a rien pour elle, planquée dans un motel à l’autre bout de Chicago, Alma a fait de son mieux pour la cacher aux yeux de celui qu’elle aime comme un fils. Elle lui a filé une liste très précise de choses à faire en attendant que l’avocate puisse achever les démarches pour de faux papiers. Changer de visage, déjà : se couper les cheveux, changer de couleur à nouveau. Ne pas sortir. Attendre de ses nouvelles. Se contenter de ce qu’Alma lui envoie par coursiers interposés. L’avocate est prudente, à l’extrême, ne rentre en contact avec la jeune femme qu’à de rares occasions depuis son arrivée, deux jours plus tôt. Et même si elle lui a dit de ne pas la contacter… Alma ne peut pas lui en vouloir de ressentir le besoin de parler à quelqu’un.  

Alors que Love tapote ses recommandations sur l’écran tactile, les paroles de Geneviève se remettent à tourner en fond. Ezra s’est surpassé. Sa poitrine se compresse sous l’effet de la révélation qui tapisse son espace de pensée, elle envie de pleurer, accablée. Elle est forcée de voir, maintenant, la vérité. Elle qui croyait que les problèmes s’étaient arrêtés au fils Walsh. Le SMS est envoyé à Geneviève qui doit l’attendre désespérément de l’autre côté de l’écran. La main de la matriarche remonte sur son visage, puis l’aide à se redresser, d’un geste sec. Alma entame une marche en ligne, aller et retours, se verse un autre verre, sans manquer de renverser de l’alcool sur le marbre gris de l’ilot alors que sa main tremblote.

Par chance, elle est seule. Son fils crèche elle ne sait où et Gabriel, et bien, il n’est pas prêt de rentrer. Solitaire, enfoncée dans ce silence de mort, Alma repousse l’échéance, s’accorde encore quelques pas, allume les lumières, les éteins, va pour faire tourner un vinyle de son fils sur la platine puis se ravise ; déplace une mèche de cheveux derrière son oreille, boit un peu de l’alcool brun, reprend sa marche, dépose le contenant puis ses mains à plat sur le marbre, dos au salon. Sa main se pose sur son téléphone, elle le traine vers dans sa direction, pousse un soupir. Il faut qu’elle agisse. C’est son boulot.

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 15:01



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Alma va tout arranger.
C’est ce dont Ezra tente de se convaincre alors qu’il roule à toute allure vers sa maison. SA maison. C’est là qu’il s’est toujours senti le plus en sécurité, le plus aimé. Même Meredith, sa mère biologique, n’a jamais été capable de le faire se sentir aussi bien. Parce qu’Alma est forte. Alma s’est dressé plus d’une fois face à Caleb pour le protéger, ce que sa défunte mère n’a jamais été capable de faire. Elle était faible et elle est morte.
Lui aussi a été faible… Lui-même n’a jamais véritablement été capable de se mesurer à son géniteur. Il l’a toujours fait par des biais divers, de manière sournoise. S’il avait eu plus de cran, peut-être que les choses auraient été différentes… Mais face à Caleb, il n’a jamais été capable d’être autre chose qu’un enfant terrifié, désireux de plaire et conscient qu’il ne parviendra jamais à s’attirer l’amour tant désiré. Il n’a jamais été à la hauteur.
Alma l’a été. Toujours. Elle le sera encore ce soir. Elle l’a sauvé de lui-même plus d’une fois et le sauvera des griffes du club. Elle va le protéger. Elle ne les laissera pas lui faire de mal.

Ça tourne en boucle dans sa tête. Il se demande si les Kings sont déjà arrivés au garage, s’ils ont trouvé le cadavre de Thomas, visionnés les images de surveillance et sont déjà sur ses traces. Une part de lui regrette de ne pas être resté pour assister au moment où ce bâtard de James découvrira le corps de son meilleur ami… Il aurait aimé voir ça. Il aurait aimé les abattre un par un, lire l’incompréhension dans le regard de Gabriel.
Mais il chasse rapidement ces pensées pourtant délicieuses de son esprit. Seule compte Alma.
Il arrive d’ailleurs chez elle. Il n’a même pas prêté attention à la route, il s’est laissé guider par son instinct. Il rentre à la maison. Il est presque en sûreté à présent. Elle va tout arranger. Il va lui donner sa version de l’histoire et elle va le pardonner puis l’aider.
Peut-être qu’elle y aura des cris, de l’incompréhension, un peu de rancœur, mais elle le pardonnera. Elle le comprendra, comme elle l’a toujours fait…

Ezra ne négocie pas bien son virage en arrivant à hauteur de la propriété des Lennox et freine brutalement en arrivant sur la pelouse d’Alma. Il entend et sent quelque chose se briser sous les roues de sa voiture mais n’y accorde pas la moindre attention. Lui-même vient de manquer de briser son nez déjà abimé sur le haut de son volant tant le freinage a été violent. Il reste prostré quelques instants, sonné. Et puis il voit le rideau du salon bouger et le visage d’Alma lui apparaît, baigné d’une douce lumière. Un ange. Une Madone. Son dieu.  
Les larmes lui montent immédiatement aux yeux. L’espace d’une seconde, il devine sa fin proche, devine que cette précieuse image d’Alma, il l’emportera dans la mort…    
Le rideau est retombé et il sait. Ezra sait qu’elle va venir le chercher.
Alors il reste dans la voiture, dissimulant son visage mutilé par les poings de Thomas derrière ses mains, elles aussi égratignées et maculées de leur deux sang versés.
Il attend qu’elle vienne lui porter secours, qu’elle vienne le consoler, lui assurer que tout ira bien et qu’elle le protègera de tout mal comme le ferait une mère digne de ce nom.  


 
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Alma L. Lennox

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 15:29



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 Son pouce va pour appuyer sur ‘envoyer’, l’ultimatum, la confrontation prête à être engagée, le moment de jouer cartes sur table est là. Mais, un bruit sourd lui parvient de l’extérieur, le son de quelque chose qui se brise, de pneus qui s’arrêtent sèchement : elle connait ces sons, ceux de l’urgence. Son corps a sursauté mais son esprit est déjà tourné vers l’évènement perturbateur ; Alma a lâché négligemment son téléphone sur la surface en marbre et se précipité à la fenêtre du salon, repousse le rideau clair pour poser son regard inquiet sur l’extérieur.

C’est la voiture d’Ezra, elle la reconnait, les phares éteints, l’habitacle pour allumé par endroit, éclaire faiblement la silhouette du fils Cavanaugh. Son coeur fait une embardée, son sang ne fait qu’un tour, la brune relâche le tissu, ne prend pas la peine d’enfoncer ses pieds dans des chaussures ou chaussons. Son instinct fait le travail presque à sa place, derrière elle sont déjà les troubles qui accompagnaient sa marche frénétique entre le salon et la cuisine. La porte claque dans son dos et la brune descend à toute vitesse les marches.

« Ezra ! »

Love l’appelle, la voix enrouée, silencieuse depuis de longues heures, seule avec ses pensées. Elle fait les derniers mètres qui la séparent de la voiture garée en plein milieu de sa pelouse. Ses mains accrochent la poignée, la portière ne vient pas, une première fois, l’objet lui échappant des doigts. Alors elle recommence et réussit à ouvrir la portière.
Son visage se décompose, l’odeur métallique du sang lui parvient, son oeil méthodique glisse sur la silhouette prostrée d’Ezra et son esprit imagine déjà le pire. Elle n’est jamais à l’abri, après tout, jamais. L’espace d’une seconde elle a l’impression de le revoir, là, enfant, bien des années plus tôt, fuyant son père, se retrouvant caché chez elle. Elle se revoit sur cette même pelouse, tenir tête à Caleb cherchant son gamin. Elle se revoit hurler, le repousser, jouant de son statut de fille et petite-fille de KOS pour s’interposer.

« Ezra, chéri… » Love a l’habitude, s’approche, saisit les mains ensanglantées et son coeur se serre, l’inquiétude lui barre la gorge, la peur que quelque chose de terrible arrive dressée comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Elle essaie de l’attirer à elle, elle veut observer les dégâts, s’acharne à défaire les mains collées au visage.
Ses larmes la heurtent, sa propre lèvre semble trembler, les traits affolés cherchent à décrypter le mal qui le ronge, cherche la faille, l’entaille, le sang qui coule. « Rentre, rentre avec moi. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?! »

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 16:03



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Il entend la porte claquer alors qu’il se laisse aller dans le siège de son auto. Une auto qui lui a coûté un bras, comme tout ce qu’il possède. Une manière de compenser, de se remplir, d’avoir un semblant de contrôle et de s’attirer le respect des autres. Un respect qu’il n’a jamais réussi à obtenir autrement qu’en manigançant, en trompant, en effrayant. Tout ce qu’il souhaitait vraiment, il n’a jamais été en mesure de se l’approprier.
Il n’a pas été en mesure de préserver sa mère. Il n’a jamais su gagner l’amour ou ne serait-ce que le respect de son père. Et Alma ne lui a jamais appartenu totalement. Il y avait son père, et puis il y eu Felix et finalement Callum. Et bien entendu, il y a toujours eu le club… Ezra a été contraint de la partager, de se contenter des restes. Si ça a malgré tout représenté énormément pour lui, s’il s’en est contenté, chaque fois qu’il y pense, ça le met hors de lui… Ça le chagrine, ça le frustre, ça le ronge, lentement mais sûrement.
Mais ce soir, Alma sera là pour lui et uniquement pour lui. Elle le choisira lui. Il ne peut pas en être autrement.

Il entend la porte de l’entrée claquer. Il n’entend pas sa course précipitée vers lui mais il la devine. Alma accourt. Comme chaque fois qu’il a eu besoin d’elle. Elle est sa constante. La seule personne a avoir toujours été là pour lui. Elle crie son nom. Il savoure la panique dans sa voix. L’amour dans sa voix. Parce qu’on ne s’inquiète comme ça que pour quelqu’un qui compte vraiment.
Il l’entend s’essayer une première fois à ouvrir sa portière, sans y parvenir. La précipitation. L’inquiétude. L’Amour.
La portière s’ouvre finalement et le Président des KOS sent bientôt le contact rassurant des mains d’Alma sur les siennes. Les larmes continuent de s’écouler, sa gorge est serrée, douloureuse.
Il veut tout lui raconter mais les mots sont bloqués. Il veut déverser toutes ses vérités sur elle mais rien ne vient. Une part de lui à peur qu’elle le rejette, comme tout le monde l’a rejeté jusqu’à présent.
Et si cette fois elle ne parvenait pas à pardonner ? S’il avait été trop loin ? S’il avait poussé le vice au point de lui faire peur, à elle ?
Cette idée accroit sa panique et ses pleurs difficilement contrôlables.
« Rentre, rentre avec moi. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?! » le questionne-t-elle, de l’impuissance dans la voix.

S’il parle, il scellera son destin. Leurs destins. Mais il n’a pas le choix… Il est venu jusqu’ici et maintenant, il faut qu’il aille jusqu’au bout. Maintenant, elle est avec lui. Il l’a entrainée là-dedans, pour le meilleur et pour le pire. Égoïstement, il ne le regrette pas. Il a besoin d’elle. Il a besoin de savoir qu’elle le pardonne, qu’elle l’aime encore et que ce sentiment persistera, quoi qu’il advienne.
« A-Alma » parvient-il finalement à bégayer, abaissant enfin ses mains pour plonger son regard rougis par les larmes dans celui de sa protectrice. « I-il faut…Il faut que tu m’aides » parvient-il finalement à articuler, avant d’inverser les rôles et d’attraper ses mains à elle. Il les baise, l’une après l’autre, y laissant ses larmes et quelques traces de sang et puis il les colle contre son front, la tête basse, les épaules secouées de sanglots.  
« Il faut que tu m’aides Alma. J’ai besoin de toi comme jamais. »  
Il se refuse à la lâcher. Il force sa bénédiction. Il veut croire que dans cette position, elle l’absolu de tous ses péchés encore non confessés. Il repousse ce qui va suivre tant qu’il le peut encore... Mais il sait qu’il ne pourra pas le faire indéfiniment.
Parce que le temps lui est compté. Thomas a lancé le compte à rebours... Non. Caleb s’en est chargé il y a des années de cela. Tout s’est enchainé pour les mener à ce moment. Ce moment où Ezra commettrait un faux pas… Il l’a commis à cause de son géniteur, pour se libérer de son emprise. Même dans la mort, Caleb l’atteint encore. Caleb a triomphé et obtenu ce qu’il a toujours désiré : détruire sa propre création.  



 
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Alma L. Lennox

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 16:50



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Alma essaie de l’attirer hors du véhicule mais il résiste. Comment ? Elle ne sait pas, il a l’air si faible, si fragile à cet instant ; et cette image ne fait que renforcer l’inquiétude qui barre ses traits.

« A-Alma » La brune s’arrête dans son élan, il parle, enfin. Alors elle lui accorde toute son attention, les ongles refermés sur les mains serrées. Celles-ci retombent, Alma ne lâche pas. Son regard est désormais happé par la détresse qu’elle lit dans les yeux d’Ezra et son cœur s’emballe à nouveau. Cette fois, elle en est sure, la mauvaise impression, l’arrivée en trombe, le nœud dans ses entrailles. Elle ne sait pas à quoi elle à affaire mais son instinct ne lui augure rien de bon. Les yeux rougis et les larmes qui barrent le visage du président des Kings of Speed l’alpaguent, la retiennent. Elle constate les marques, le sang, le visage tuméfié et son inquiétude redouble. Alma a un tas de questions à lui poser, s’est-il battu, avec qui, pourquoi ? Pourquoi se retrouve-t-il dans cet état ? Cette fois, ça n’est pas Caleb, ce n’est pas possible ; il n’est plus là pour le rouer de coup. La matriarche veut le ramener, le soigner, le couvrir pour qu’il n’ait plus froid, effacer cet air triste de son visage. Les blessures lui font mal.

« I-il faut…Il faut que tu m’aides » Elle acquiesce, évidemment, sans un mot. Son regard retombe sur ses propres mains, qu’il ramène à ses lèvres, embrasse l’une après l’autre. Elle n’ose pas bouger, le laisse tirer du réconfort, prendre tout ce qu’elle a à lui offrir — même ce qu’elle ne comprend pas. Les larmes brûlantes retombent sur le dessus de ses mains, il y dépose finalement son front, comme dans un geste de pénitence qui lui brise quelque chose à l’intérieur. Où est toute sa stature, sa force, sa tenue ? Même dans les moments les plus compliqués, Ezra a toujours gardé la tête haute, lorsque Caleb est mort, il a gardé cette tenue digne, feignant de la repousser pour ne pas céder. Aujourd’hui, Ezra semble s’abandonner et Alma est là pour lui. Elle l’a toujours été.

« Il faut que tu m’aides Alma. J’ai besoin de toi comme jamais. » La matriarche observe la silhouette courbée du garçon qu’elle a sous les yeux. Son inquiétude n’a peut-être jamais été si puissante, si diffuse. Mais elle se contrôle, garde le silence quelques longues secondes pour maitriser le ton de sa voix. Love ne doit pas se laisser dépasser par ses propres émotions, c’est son job d’être forte ceux qu’elle aime. Et Ezra est l’un des privilégiés, son amour pour lui est tout particulier. C’est son protégé. Alors elle doit marcher avec soin sur les délicates marches qui doivent la mener à ce qui le pousse à se réfugier ici. Ses pouces glissent tendrement sur la peau baignée d’eau, elle est immobile, ne fait qu’un pas comme pour se rapprocher davantage du président.

« Je suis là, Ezra. » Son ton est doux, et même si elle s’essaie au plus fort de la cacher, son inquiétude transparaît, là, comme une couche inévitable. « Regarde-moi… La matriarche lui laisse ses mains, ne veut pas rompre le contact. Je suis là, je vais t’aider, chéri, tu sais que je vais t’aider. Viens avec moi. » Alma essaie de l’attirer dehors, le force un peu, tire ses mains contre son ventre et s’éloigne de l’habitacle, le force à mettre un pied dehors. Elle veut le rentrer, à l’abri des regards extérieurs, des lumières qui commencent à s’allumer au plus proche des voisins.

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 17:30



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Ezra se laisse entrainer par Alma à l’extérieur de la voiture. Ses jambes peinent à le supporter, rechignent à le faire avancer. Comme si elles savaient d’ores et déjà vers quoi elles allaient le précipiter… Il profite de la présence d’Alma à ses côtés, se nourri du soutien qu’elle lui apporte, de ses encouragements. Il repense à toutes les fois où elle s’est rendue disponible pour lui et les regrets arrivent par vague. Est-ce qu’il n’aurait pas dû se contenter de ça durant toutes ces années ? S’il en avait été capable, il n’en serait pas là aujourd’hui…
Il aurait dû fuir Chicago quand il en avait l’occasion, après l’obtention de son diplôme. Peut-être même avant ça. Il avait les moyens de le faire, les moyens de s’en sortir et de se reconstruire ailleurs… Mais il a préféré choisir la haine. Ila préféré s’enfermer dans cette spirale infernale qui l’a mené à sa propre destruction. Il aurait pu s’enfuir, vivre, se dégoter un bon job, fonder un foyer et inviter Alma à le rejoindre de temps à autre ou venir la trouver ici, comme n’importe quel fils rendant visite à sa mère…
Mais il ne la pas fait et il le regrette maintenant amèrement.
Il laisse tomber les remparts érigés pour des raisons d’égo autant que de préservation durant toutes ces années. S’il s’était montré honnête envers Alma, s’il s’était ouvert, peut-être que les choses seraient différentes et qu’il ne serait pas là ce soir, avec la mort de tant de gens sur la conscience. Mais ce n’est pas vraiment ce qui le chagrine…
Ce qui le chagrine, c’est qu’il peut entrevoir sa propre mort derrière la porte qu’Alma veut lui faire franchir…

Il se maintient un instant en retrait, sa main se refermant sur le crépi du mur. Alma lui jette un regard interrogatif, s’interrompant dans sa marche, guettant ses réactions. Ezra fixe la porte, tremblant. Il a peur. L’espace d’un instant, il s’imagine que Caleb l’attend de l’autre côté de la porte, qu’au moment où il va la franchir, son père va l’attraper par les cheveux et l’envoyer valser contre le mobilier comme il avait pour habitude de le faire. Il va l’humilier. Il va le rabaisser, se moquer de lui, et chacun de ses mots cognera avec autant de force que les coups qui pleuvront sur lui.
Mais c’est idiot. Caleb est mort ; tombé grâce à ses manigances. N’empêche qu’il ne peut pas s’ôter cette idée de la tête… Celle que Caleb l’attend de l’autre côté de la porte qu’il s’apprête à franchir. Pas celle d’Alma. Celle bien plus connue des Enfers.
Il se résigne. Sa main glisse contre le mur jusqu’à pendre mollement à son côté et Alma se remet en route, l’entrainant à sa suite, à la rencontre de son destin.

Le pas de la porte se franchi sans cérémonie, sans que rien ne se passe, bien entendu. Alma l’aide à s’installer sur le sofa et lui propose de boire quelque chose. Ezra approuve. Assis sur le canapé, il observe ses mains qui tremblent. Il serre les poings, les rouvre plusieurs fois, attendant de voir disparaître le tremblement. Mais ce moment ne vient pas. La peur ne disparaît pas. Au contraire, elle s’ancre en lui.
Il se demande par quoi commencer. Est-ce que Thomas a dit vrai ? Est-ce qu’elle est au courant de tout ? Est-ce qu’elle est au courant pour sa trahison ? Si c’est le cas, elle ne lui en veut pas au point de ne pas vouloir lui ouvrir sa porte.
…À moins qu’il ne s’agisse d’un piège ?
Ezra observe la matriarche lui servir un verre de whisky. Le flot de ses larmes s’est tari sur le chemin qui a séparé sa voiture du salon où il se tient désormais en présence d’Alma.
« Cal…Callum n’est pas là ? » demande-t-il après s’être raclé la gorge pour que sa voix ne soit pas qu’un filet lamentable. « Gabriel ? »
Non. Il ne faut pas qu’il doute d’elle. Il n’a pas le droit ! Il ne faut pas qu’il devienne comme Caleb, paranoïaque, capable de détruire les choses auxquelles il tenait le plus... Mais Thomas lui a dit qu’elle savait, non ? Et si elle sait…
 
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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMar 14 Mai - 18:24



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Alma l’observe, l’attend alors que son regard reste fixé sur la porte comme s’il redoutait son passage. Elle ne le brusque pas, a déjà réussi à le faire sortir de la voiture, monter les marches du perron, gardant sa main dans la sienne comme pour l’encourager. Elle ne l’a que trop rarement vu dans cet état pour oser y aller plus fort. Alma avance en terrain presque inconnu, déstabilisée par son manque de tenue. Elle le questionne du regard sans le presser pour autant, a du mal à se figurer ce qu’il se passe derrière son regard fatigué, éprouvé. Plus les secondes passent et plus Alma se figurent les murs qu’il laisse s’écrouler autour de lui. De retour à des années plus tôt, avant qu’il ne se blinde, avant que tout n’arrive. Tout en lui la trouble, il exude quelque chose de terrible, un mensonge, un aveu, un poids qui lui échappe, elle ne sait pas. Et Alma déteste ne pas savoir.

Et enfin, il s’avance. Le président des Kings cesse de se retenir avec l’aide du mur de la maison, et Alma peut l’emmener à l’intérieur, l’attire avec elle, lui donne la marche à suivre. Ses questions l’empêchent de penser clairement, mais l’avocate essaie de se maintenir, elle sait ce qu’elle doit faire et comment même si ce soir n’est pas un soir comme les autres, cadre d’autres tragédies. Son rôle est d’être présente, alors à chaque pas elle enferme petit à petit toutes les petites incisions qui portent atteinte à son image, à ses actions. Reprends-toi, se dit-elle, reprends-toi et agit, fais ce que tu dois faire.

Love aide Ezra à prendre place sur le canapé et presque machinalement, lui propose un verre. Il lui en faut un — un autre — aussi, elle le sait. Elle attend sa réponse et le laisse, lui tourne le dos quelques secondes, s’empare d’un deuxième verre qu’elle sert évidemment en premier puis le dépose devant lui. Elle l’observe, par-dessus son épaule, les blessures lui apparaissent plus nettement maintenant qu’ils sont à l’intérieur, qu’ils sont éclairés par un halo blanc. Le visage est livide, exempt de toute expression, mais Alma peut lire dans son regard : les doutes, la peur, la colère peut-être ? La détresse, celle qu’il a toujours gardée au creux de son ventre depuis ses plus jeunes années. La brune revient sur ses pas pour se resservir, négligemment, un verre au fond duquel restait déjà de l’alcool et dépose le contenant sur la table basse qui fait face au fils de Caleb.

« Cal…Callum n’est pas là ? » Alma se redresse, les mains sur les cuisses, elle lisse les pli de son pantalon de tailleur. Elle secoue la tête de gauche à droite, à la négative.

« Gabriel ?
— Non. Non, ils ne sont pas là. » Sur ces mots, elle se détourne, ne s’éloigne que de quelques pas avant de s’approcher d’un vaisselier en bois blanc qui la dépasse. Elle se hisse sur ses pointes, tend le bras pour récupérer un kit qu’elle a appris à avoir n’importe où, n’importe quand. Elle attrape la trousse, le nécessaire de soin et reviens auprès d’Ezra en silence. D’un geste, elle repousse la table, se met à genoux aux côtés du brun, et dans un même geste, dépose le kit sur le canapé et se saisit du verre d’alcool qu’elle place dans les mains d’Ezra. « Bois. » Elle place sa main sous le verre, le force à relever l’objet et puis, ouvre le kit. « Je vais regarder tes blessures. »

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 9:38



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Ezra tente de chasser ses pensées parasites de son esprit. Est-ce qu’Alma serait capable de jouer la comédie avec lui ? Est-ce qu’elle pourrait faire semblant de s’intéresser à son état tout en le haïssant pour ses actions passées ? Il sait qu’elle est une excellente avocat et ne dit-on pas qu’ils sont les meilleures manipulateurs ? Il sait de quoi il parle avec sa propre profession et ses sourires d’arracheurs de dents servis aux clients à qui il promet monts et merveilles…
Il tente de se convaincre qu’Alma ne pourrait jamais lui faire une chose pareille, qu’il le saurait si elle mentait. Il n’empêche que la graine de doute est semée dans son esprit… Car si Thomas n’a pas menti, alors elle est au courant de ses agissements…

Il ne peut donc pas s’empêcher de la suivre du regard et de tenter d’analyser le moindre de ses regards en biais, cherche à percevoir un malaise chez elle, une tension dans ses épaules, un tremblement quelconque dans ses doigts… Mais tout ce qu’il peut lire en elle, c’est de l’inquiétude. Mais à l’égard de qui ? D’elle-même parce qu’elle se sait en présence d’un monstre ou pour lui, parce qu’il est blessé et dans un état franchement lamentable ?
Son ton est clair et non fuyant lorsqu’elle lui répond que ni son fils, ni Gabriel ne sont présents dans la maison. Tant mieux. En revanche, sont-ils partis précipitamment d’ici en recevant l’alerte du hacker ou bien n’étaient-ils pas sur place ? Il n’est pas si tard que ça et il est possibles que tous deux aient été occupés autre part…
Il veut lui demander s’ils été là, s’ils ont reçu un message quelconque, mais Alma le devance et lui ordonne de boire un peu du whisky qu’elle lui a servi.
Ezra s’exécute, contraint et forcé par la main de l’avocate elle-même. Le liquide glisse sur sa lèvre inférieure, écorchée et son contact sur sa gencive abimée lui arrache un frisson de douleur.
« Je vais regarder tes blessures. »
Il hoche la tête, approuve, et continue de l’observer. Il se demande si elle le fait boire pour anesthésier sa souffrance ou ses sens… Est-ce qu’elle tente de l’abrutir pour qu’il résiste moins quand les gars viendront le cueillir ?
Il s’ordonne d’arrêter. Il ferme un instant ses paupières et se force à faire réapparaitre la vision d’Alma à la fenêtre. Il y parvient après un moment et s’apaise un peu. Pas parce qu’il est convaincu de l’innocence d’Alma, mais parce qu’li se figure qu’à ce stade, ça n’a plus la moindre importance de toute manière. Même si elle fait semblant, l’illusion est parfaite et lui convient.  

Elle le prévient qu’elle s’apprête à appliquer une compresse pleine d’alcool sur son visage et il rouvre les yeux, se prépare au picotement qui va suivre. Il se laisse faire, appréciant de sentir les mains de l’avocate sur sa peau chaude et gonflée à cause des coups reçus un peu plus tôt. Il pense à Thomas, étendu par terre, une balle logée dans la tête, une autre dans l’épaule. Ils doivent l’avoir trouvé maintenant. Ezra se demande s’ils ont cherché à le joindre… Son portable est dans sa veste, il ne sonne plus.
Il se dit qu’il aurait sans doute dû le couper, s’en débarrasser, le détruire pour éviter d’être traqué… Et puis il décide que ça n’a plus la moindre importance à présent.
« Tu as essayé de me joindre quand... Tout à l'heure » lâche-t-il alors qu’elle continue ses soins, évitant de lui signaler avec qui il se trouvait et ce qu'il venait de faire au moment de recevoir son appel. « Qu’est-ce que…qu’est-ce que tu voulais me dire ? » ose-t-il la questionner, conscient qu’en enclenchant cette conversation, il va rompre la magie de ce moment de quiétude. Ce moment parfait d’amour qu’elle lui prodigue et apaise autant son cœur que son corps, tous deux meurtris par la violence endurée depuis toujours.  

 
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Alma L. Lennox

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 10:33



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 Alma applique la compresse, l’observe encaisser la douleur sans rien dire, serrer les dents. Elle ne cesse d’avoir des image de lui, d’eux deux, ensemble dans ce même salon des années plus tôt. Elle n’arrive pas à se défaire des souvenirs qui se matérialisent sous ses yeux, des moments qu’elle regrette, des tournants qu’elle aurait du prendre. Peut-être aurait-elle pu agir plus tôt. Elle secoue légèrement la tête, s’efforce de redonner toute son attention au présent. C’est l’inquiétude qui la rend fébrile, cette fichue épée de Damoclès au-dessus de la tête qui vrille et attend son moment.

Love s’y prend avec douceur, le débarrasse du sang, d’abord celui sur son visage et ensuite, elle viendra laver ses mains, lui enlever toute trace de mort, de violences, lui redonner l’éclat. Les milliers de questions qui lui traversent l’esprit tambourinent à la porte de ses lèvres mais elle se retient. Chaque chose son temps, c’est probablement ce que sa mère lui dirait. Alma dépose la compresse, saisit un autre morceau de tissu, reprend son travail avec la même application, égale.

« Tu as essayé de me joindre quand... Tout à l'heure » L’avocate s’interrompt dans son geste, fronce les sourcils. Comment peut-il savoir qu’elle veut lui parler, depuis deux jours maintenant, en train de tourner en rond comme un animal en cage, furieuse puis effrayée, inquiète puis coupable, sans jamais oser envoyer le sms. Elle le savait, rien ne peut lui échapper et l’absence de Geneviève, tour de passe-passe simple mais efficace, ne pouvait la relier qu’à elle-même.

Non, ça n’a pas de sens. Il ne peut pas avoir lu dans ses pensées, voyons. Alma se reprend, silencieuse, revient sur un raisonnement logique. C’est ce qu’elle est, ne se laisse pas distraire par ses propres illusions. La question ne lui laisse pour autant pas de répit. La matriarche ne voit pas de quoi il parle et c’est visible dans son regard. Elle n’a pas essayé de l’appeler, ne s’est penchée que sur un texto court qui n’a jamais été envoyé. Son geste est remis en marche, moins vaillant, elle défait la trace de sang sur le côté du visage et jette la deuxième compresse sur la table.

« Qu’est-ce que…qu’est-ce que tu voulais me dire ?
— Qu’est-ce que tu veux dire ? Sa main gauche est posée sur l’avant bras du président, à genoux à ses côtés la matriarche se laisse reposer sur ses pieds repliés, l’interroge du regard. Il a meilleure allure, néanmoins, rien de tout ça ne remplace ce mélange d’elle ne sait quoi a fond de son regard. La brune secoue la tête à la négative. Je… Je ne t’ai pas appelé aujourd’hui Ezra. » Sa bouche est sèche, ses sourcils froncés, son regard ne dévie pas de celui de l’homme qui la surplombe, assis sur le canapé. Elle est proche de lui, ne défait pas son emprise. Il insiste, revient sur l’appel qu’il n’a pas pu prendre, veut s’échapper pour attraper son téléphone. « Tout à l’heure, quand ? J’ai peut-être fais une mauvaise manip mais… Un sentiment étrange lui remonte le long de la gorge, enserre ses entrailles. Elle se tourne machinalement vers son téléphone et puis est finalement sure d’elle-même. Elle ne l’a pas appelé, pas même par erreur. Non Je ne crois pas. Le silence la reprend, son regard passe le sol, elle cherche à se conforter et revient reprendre sa place au creux des prunelles d’Ezra. Qu’est-ce qu’il y a, pourquoi ?   Alma essaie d’attirer son attention,  récupère son visage entre ses mains, il s’agite, n’est plus aussi calme qu’il ne l’était quelques longues secondes plus tôt. Ezra, réponds-moi ! » Love veut l’arrêter, veut le fixer, l’attirer à elle, le calmer, lui donner une épaule sur laquelle se reposer, une main qu’il peut attraper. Et il semble s’interrompre quelques instants, profiter du geste avant de reprendre le mouvement qu’elle avait arrêté, se remet à chercher son téléphone. Le brun insiste, encore, et la quadragénaire ne comprend pas, secoue son visage de gauche à droite. Il finit par extraire l'objet en question de sa poche, cherche à lui montrer l'écran et elle récupère le téléphone, et s’immobilise alors. Son seul appel en absence vient de son futur mari, vice-président des Kings of Speed, Gabriel.

Ezra s’illusionne, il ne voit pas.  Alma sent l’épée se rapprocher de sa gorge, pas bien loin de la finir sur le tas. Rien de ce qui arrive ne lui semble clair, la seule certitude qu’elle possède est que ça n’est rien de bon. Une alarme résonne au fond de son cerveau. Elle n’arrive pas à assembler les pièces du puzzle mais l’image finale lui paraît déjà terrible.

« Chéri… Tu n’as qu’un seul appel manqué. Elle relève son regard inquiet vers lui, l’ongle rouge posé sur l’écran. Il la trouble, au plus profond d’elle-même, la brune assise sur la table basse, en face de lui, élève la voix à nouveau, en proie à des sentiments qu’elle ne comprend pas. Gabriel t’as appelé Ezra. Pas moi. »

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 15:20



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« Qu’est-ce que tu veux dire ? » l’interroge Alma, visiblement décontenancée par sa question.
« Il y a une trentaine de minutes. Tu m’as appelé. Sur mon portable » précise-t-il, continuant de lire la confusion dans le regard que l’avocate fait peser sur lui.
« Je… Je ne t’ai pas appelé aujourd’hui Ezra. »
Il fronce les sourcils, tout aussi confus qu’elle. Il sait ce qu’il a vu. C’est cet appel qui l’a empêché de passer ses nerfs sur le cadavre de Thomas. C’est cet appel qui l’a empêché d’aller plus loin, de céder à ses pulsions. C’est cet appel qui l’a ramené à la raison.
« Bien sûr que si ! J’étais au garage et mon téléphone a sonné ! Je n’ai pas eu le temps de répondre parce que j’étais occupé mais j’ai vu ton nom apparaître alors je suis venu ici immédiatement. Je vais te montrer » décide-t-il, agacé qu’elle refuse d’admettre l’avoir appelé.
Parce que si elle est capable de mentir à ce sujet, alors sur quoi d’autre lui ment-elle ? Si elle refuse de reconnaître qu’elle l’a contacté, c’est peut-être pour lui cacher d’autres choses… Comme le fait qu’elle ait également contacté d’autres membres du club pour les conduire jusqu’à lui ? L’a-t-elle attiré jusqu’ici ? Est-ce qu’elle était la solution de secours de Thomas ? Est-ce qu’elle aussi a reçu l’alerte provenant du garage ?  
Il la suit du regard alors qu’elle se tourne un instant vers son téléphone. Il retient son souffle. Il se retient surtout de se lever pour le prendre en mains et vérifier lui-même le journal des appels. Il s’attend à y trouver une tonne d’appels entre elle et le hacker qu’il vient de tuer de sang froid. Il s’attend à trouver un appel vers son mobile au moment du meurtre et puis quelques autres. Peut-être un seul, vers le cellulaire de Gabriel…
Il sent que quelque chose à changer dans l’attitude d’Alma. Elle se montre plus méfiante. Elle tente de le dissimuler mais il la connait par cœur. Elle va lui mentir… Elle a prévenu Gabriel et ils vont venir le chercher !

Non, non, non !
Ezra commence à s’agiter. Ce doute le torture. Il ne veut pas croire qu’elle pourrait le trahir, mais les preuves s’accumulent. A-t-elle jeté un coup d’œil vers son portable sans le vouloir ? Doit-il y voir une preuve de sa culpabilité ?
« Qu’est-ce qu’il y a, pourquoi ? »
Il faut qu’il en ait le cœur net. Il faut qu’il vérifie par lui-même. Il faut qu’il sache de quel côté se trouve Alma. Est-elle son alliée ou son ennemie à présent ? Il a l’impression que ça grouille dans son cerveau, sous sa peau en ébullition, ce doute le rend fou.
« Ezra, réponds-moi ! » insiste-t-elle en cherchant à le maitriser, sondant son regard pour tenter de le harponner, de le ramener à elle.
Ezra se laisse faire l’espace d’un instant. En plongeant son regard dans celui d’Alma, il n’arrive pas à y voir autre chose que de l’affection, de l’inquiétude à son regard, se persuade qu’elle ne pourrait pas simuler ça…
Mais elle lui ment… Et il en a la preuve. Alors il se défait de son emprise et recommence à fouiller dans les poches de sa veste pour y trouver son portable. Il ouvre son journal d’appel et, étant sûr de lui, ne prend pas la peine de vérifier.
« Tu m’as appelée, c’est noté juste là ! »
Son ton est cassant. Il lui confie le téléphone pour qu’elle constate d’elle-même ses dires, qu’elle soit confrontée à la réalité. Car si elle a peu trafiquer son journal à elle, elle n’a pas eu accès à son téléphone à lui depuis son arrivée et la trace de son appel en absence est juste là.
Il attend, il la fixe, prêt à lui poser ses questions, à exiger la vérité.
« Chéri… Tu n’as qu’un seul appel manqué » finit par lui lancer Alma, relevant vers lui un regard inquiet. « Gabriel t’as appelé Ezra. Pas moi. »
« Non ! Non, c’est toi qui m’a appelé, c’est écrit juste là ! » s’emporte Ezra en lui arrachant le portable des mains pour consulter lui-même la liste et pointer du doigt le bon appel, au cas où elle soit devenue aussi STUPIDE que Genevieve !
…Sauf qu’il ne voit pas ce qu’il est supposé voir. Le dernier appel reçu et manqué est bel et bien de Gabriel, son Vice-Président. Il y en a d’autres dans la liste, mais il n’a reçu aucun appel d’Alma depuis une semaine au moins.
Il rouvre plusieurs fois la liste d’appels, se redressant et commençant à faire les cents pas dans la pièce.
« Non, c’était juste là ! Je l’ai vu. J’étais prêt à le massacrer et tu m’as appelé. Tu m’as APPELÉ Alma ! C’est ce qui m’a empêché de lui détruire sa misérable face d’arrogant salopard ! » s’emporte-t-il en agitant son portable en direction du visage d’Alma qui tente de l’apaiser. Mais il ne l’écoute pas. Il ne comprend pas. « Je l’ai VU ! J’ai vu ton putain de nom apparaître ! Tu m’as appelé après que ce fumier ait déclenché son système d’alarme à la con et…et… »      
Il s’arrête, recule d’un pas, observant longuement Alma qui reprend la parole, essaie de le raisonner, en vain.
« Tu l’as effacé… Ou…ou tu l’as modifié. Il t’a laissé du matériel pour faire ce genre de saloperies… » souffle-t-il, essayant de comprendre ce qui est en train de se jouer. « Vous vous êtes mis d’accord avant qu’il me fasse venir au garage… »
Cette idée lui fait plus mal que tous les coups qu’il a pu recevoir de Thomas ou de Caleb. L’idée que Alma puisse être en train de le manipuler pour le coincer…
« Il y a des micros ici aussi pas vrai ? »

 
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Alma L. Lennox

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 16:18



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Alma ne comprend pas, sursaute alors qu’Ezra lui arrache le portable ses mains. Ses doigts s’accrochent au bord de sa table et elle l’observe chercher la réponse qu’elle vient tout juste de lui donner. Son cœur bat à toute vitesse alors qu’elle le voit se redresser, commencer à faire les cent pas dans son salon, la table basse toujours de travers.

« Non, c’était juste là ! Je l’ai vu. J’étais prêt à le massacrer et tu m’as appelé. Tu m’as APPELÉ Alma ! C’est ce qui m’a empêché de lui détruire sa misérable face d’arrogant salopard ! » L’alarme qui sonnait au creux de son cerveau redouble d’intensité, alors elle se redresse à son tour, n’ose pas encore trop s’approcher. La fragilité, loin de s’éteindre, semble simplement muter, il marche, l’air d’un fou en devenir, il ne l’écoute pas alors qu’elle lève les mains devant elle, à plusieurs mètres de lui. « Ezra, calme-toi. » Il ne veut pas l’entendre, et elle, n’a pas envie de comprendre ce qu’il entend par “détruire sa misérable face d’arrogant salopard“.

Love s’arrête, les bras toujours levés pour essayer de l’attraper par les épaules, elle a du mal à le suivre mais n’émet pas un geste en arrière alors qu’il s’agite devant elle. « Je l’ai VU ! J’ai vu ton putain de nom apparaître ! Tu m’as appelé après que ce fumier ait déclenché son système d’alarme à la con et…et…
— Arrête, s’il te plait, tu commences à me faire peur !  L’avocate hausse le ton à son tour, son inquiétude prend une tournure toute autre alors qu’elle s’étend au-delà de leur confrontation, Alma semble prendre conscience que sa soirée ne fait que commencer. Qu’elle met le pied dans les ténèbres d’Ezra et qu’elle ne sait pas si elle s’en sortira un jour. Il s’est arrêté, l’observe avec un air qui ne lui dit rien de bon et il l’ignore encore pour reprendre la parole :
— Tu l’as effacé… Ou…ou tu l’as modifié. Il t’a laissé du matériel pour faire ce genre de saloperies…
— Non ! Écoute-moi ! C’est une plainte plus qu’un ordre qui siffle entre ses dents, l’émotion commence à prendre le dessus sur la matriarche d’ordinaire assez forte pour se tenir, ne pas faiblir.
— Vous vous êtes mis d’accord avant qu’il me fasse venir au garage… Les pièces s’engrangent, les mots se complètent, malgré elle, les liens se font. Des années de manipulation, de plan, Alma la grande stratège laisse son esprit faire son travail et recoller les morceaux. Elle a peur, peur de ce que cela veut, de ce qui va se passer dans les secondes à venir alors qu’elle entrevoit l’horreur s’ouvrir, les ombres s’étendre, il perd le contrôle.
— Il y a des micros ici aussi pas vrai ?
— ARRÊTE J’AI DIS ! Cette fois elle hurle, plus fort que lui, la force à l’écouter, enfonce ses ongles dans la veste qui recouvre ses bras, l’oblige à lui faire face. Elle cherche son regard. Qu’est-ce que t’as fais Ezra ? Sa voix n’est plus aussi assurée, un tremblement presque imperceptible teinte l’apparente douceur avec laquelle elle enroule sa question. Tout lui fait peur, il pourrait se retourner contre elle et user de la force. Il pourrait, après tout, utiliser toute cette cruauté qu’il cache sous ses costards de banquier pour lui faire du mal, la faire taire. Peut-être que c’est ce qu’il est venu faire. Mais une part d’elle, qui croit encore en son garçon, se dit que jamais il ne lui fera du mal. Elle ne pourrait jamais le blesser, elle. Un lien indestructible les retient, les attire comme des aimants. Alma veut croire en cette facette d’Ezra, pas celle que Geneviève lui a dépeinte, aussi égoïste que cela soit, l’avocate ne veut voir que ce qu’elle veut ce soir. Pourtant, cette fois c’est le président des Kings lui-même qui ouvre la porte sur un univers de possibilités qui lui a échappées. Et la quadragénaire a peur de passer par-là. Mais son envie — son besoin, de savoir se doit d’être étanché. Peut-être que ça n’est pas si grave, peut-être qu’elle peut l’aider. C’est ce que la Lennox lui a promis, plus tôt, le visage alors baigné de larmes, prêt à se repentir. Sa main gauche reste accrochée à la veste, ses doigts refermés sur le tissu, l’autre remonte sur la joue. Elle a besoin de voir ses yeux, a besoin qu’il l’entende. Alors elle insiste, veut mettre à feu ses tentatives de résistance. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? La lèvre tremble un peu, Alma prend une inspiration difficile, sa voix semble s’aggraver, elle joue de son aura maternelle. Je t’ordonne de me dire la vérité, Ezra. »

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Ezra Cavanaugh

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 17:04



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Il se demande jusqu’où Thomas est allé. Est-ce son portable ou celui de Genevieve qui était sur écoute ? Depuis combien de temps le soupçonnait-il ? Était-il le seul à être sur écoute ? Est-ce que tout le club l’a été, et depuis quand ? Est-ce que c’était une idée de Caleb ? C’est très probable… Mais dans ce cas, Thomas aurait su bien plus tôt ce qu’il manigançait avec les serbes et y aurait mis un terme. Non. La mise sur écoute a dû débuter par la suite. Avant ou après la mort de Caleb ? Sur ordre de Gabriel ?
Et qu’en est-il du rôle d’Alma là-dedans ? Est-ce que c’est elle qui a demandé à Thomas de mettre ce plan sur pied, de les fliquer ? Est-ce qu’elle l’a fait pour venger la mort de son vieil ami ? Aurait-elle toujours été plus proche de son défunt géniteur qu’il ne le soupçonnait ?
Ezra jette des regards furieux autour de lui, à la recherche d’une preuve de ses soupçons. Un micro apparent, un ordinateur portable à ouvrir pour découvrir des images compromettantes de lui, des dossiers secrets ?
Est-ce qu’il a pu être aussi stupide ? Aussi aveugle ?
« ARRÊTE J’AI DIS ! » hurle tout à coup Alma, l’obligeant à rendre toute son attention à l’avocate qui maintient à présent fermement ses bras. Elle plonge son regard dans le sien, le sonde comme elle l’a déjà fait cent fois par le passé. L’inquiétude est palpable. Mais il a l’impression que cette fois, elle n’est pas dirigée vers lui… « Qu’est-ce que t’as fais Ezra ? »
Un sourire fielleux se dessine lentement sur les lèvres abimées du Président des Kings of Speed. Si elle l’a vraiment trahi… Si elle s’est associée à Thomas pour le faire tomber pour le meurtre de son propre père, alors il va se faire une joie de lui avouer la vérité. Une vérité qu’elle lui réclame d’une voix qui se veut mielleuse et encourageante mais suinte l’appréhension.
Ezra s’est immobilisé. Son regard brillant planté dans celui de l’avocate, son sourire un peu fou toujours étalé sur sa face, il lève doucement une de ses mains pour écarter l’une de celle d’Alma.
« Thomas a tenté de me piéger. Il a voulu jouer au plus malin avec moi et il a perdu. »
Cette révélation ébranle Alma, comme il se l’imaginait. Elle le relâche et il voit les rouages de son cerveau en action. Elle se remémore certainement les paroles qu’il a prononcées un peu plus tôt, le sang qu’elle a nettoyé, les plaies qu’elle a pansées…
« C’était lui ou moi, Alma. Il ne m’a pas laissé le choix… S’il n’avait pas fouiné, s’il n’avait pas mis son nez dans mes affaires, rien de tout ça ne serait arrivé » conclut-il en haussant les épaules négligemment. Et puis il ouvre les bras et laisse échapper une exclamation entre amusement et désabusement. « C’était terminé ! Toute cette affaire avec les serbes était derrière nous ! Mais nooon ! Il a fallut que cet enfoiré de fouille merde mène sa petite enquête et joue les PUTAINS de DÉTECTIVE ! C’est SA faute s’il est mort ! Mais est-ce qu’ils vont m’écouter ? NON ! Bien sûr que NON ! Tu as la moindre FOUTUE idée d’à quel point tout ça est RIDICULE ? » s’emporte-t-il tout à coup, refermant tout à coup ses mains sur les bras d’Alma, comme elle-même l’a fait un instant plus tôt, avant d’être contrainte d’écouter ses confessions. « C’était TER-MI-NÉ Alma ! Caleb était mort, les serbes ne sont plus dans le tableau, on n'a une nouvelle alliance et on aurait pu s’en remettre ! J’aurai pu être un BON Président pour ce club de trou du cul de MACAQUES ! PERSONNE n'aurait jamais su ! Personne n'avait BESOIN de savoir ! Tu as une idée de ce que j'ai traversé pour en arriver là ? De tout ce que j'ai enduré pour que ce club de MERDE en soit là ! OUI ! OUI, toi tu le sais ! Mais eux...eux ils ne pourront jamais comprendre... » semble-t-il réaliser, les yeux exorbités, relâchant sa prise sur les bras d'Alma sur lesquels, à ne pas douter, des bleus apparaitront dans les minutes à venir et s'attarderont. « Ils vont me faire la peau pour ça... Ils vont me faire la peau Alma... »
Et c'est pour ça qu'il est là ce soir. Pour ça qu'il a conduit jusqu'ici, jusqu'à elle.
Ses jambes cèdent subitement sous son poids et Ezra se retrouve sur le sol du salon des Lennox, à genoux, à la merci d'Alma. Ses épaules se voutent, sa tête se baisse et les larmes reviennent.

 
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Alma L. Lennox

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 17:51



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Ezra sourit. Une expression qu’elle n’oubliera pas de sitôt, quelque chose de tordu trace la ligne de ses lèvres. Elle regrette instantanément d’avoir posé la question.

« Thomas a tenté de me piéger. Il a voulu jouer au plus malin avec moi et il a perdu. »

La colère qui jusque-là maintenant ses traits en place laisse maintenant place à la peur irrépressible de l’avenir. Un trou semble s’ouvrir grand au cœur de sa poitrine alors que son esprit forme très rapidement l’image du corps de Thomas sans vie, au milieu du garage, dans son bureau, dans le siège où elle le trouve chaque fois qu’elle vient le chercher. Une plaie béante semble étirer la peau, découvrir ses côtes, l’air siffle entre ses lèvres, ses bras tombent. Alma perd sa stature, le choc ne la laisse rien faire alors que de l’eau monte à ses yeux glacés. Elle n’arrive pas à parler, à bouger, observe Ezra qui est désormais clean du sang de Thomas qu’elle a elle-même nettoyé. Son regard tombe sur les phalanges meurtries, puis reviennent s’accrocher au regard teinté de vengeance. L’éclat dans ses yeux a quelque chose de malsain.

« C’était lui ou moi, Alma. Il ne m’a pas laissé le choix… S’il n’avait pas fouiné, s’il n’avait pas mis son nez dans mes affaires, rien de tout ça ne serait arrivé
— Ezra… Le sol semble se défiler sous ses pieds, les murs lui paraissent de travers l’espace de quelques secondes. Le choc semble enfin laisser la place à autre chose qu’un visage stupéfait, le corps immobile. Sa silhouette commence à trembler, un gémissement douloureux remonte le long de sa gorge ; Love est incapable de l’éteindre du bout des lèvres. Elle ferme les yeux, fait ainsi déborder l’eau accumuler sur le bas de ses paupières. Ça lui brûle les joues, et les sanglots comprimés dans sa poitrine ne lui donnent pas le loisir de se remettre en action.
Pourtant, elle le voudrait, pour évacuer ce trop-plein soudain de souffrance et de cruauté, de violence qui remonte jusque ses poings. Elle voudrait frapper l’homme en face d’elle qui se remet à parler. La matriarche qui jurait ne jamais lui vouloir du mal se rend compte de sa propre stupidité.

« Il a fallut que cet enfoiré de fouille merde mène sa petite enquête et joue les PUTAINS de DÉTECTIVE ! C’est SA faute s’il est mort ! Mais est-ce qu’ils vont m’écouter ? NON ! Bien sûr que NON ! Tu as la moindre FOUTUE idée d’à quel point tout ça est RIDICULE ? » C’est de sa faute. C’est tout ce qui lui passe par la tête alors qu’Ezra la saisit par les bras, avec force, alors qu’elle est secouée, lui-même agité, habité par son discours. Alma ouvre les yeux à nouveau, un sanglot silencieux parvient à se frayer un chemin sans qu’il ne soit entendu par le président des kings. Son corps est maintenu par la seule force de ce dernier, alors que les confessions arrivent, Alma commence à comprendre. Elle qui pensait avoir peur de la réponse, ne pensait pas tomber au beau milieu des cauchemars d’Ezra. Elle le regarde, le contemple dans sa folie, dans sa violence alors qu’il hurle et remplit sa tête d’insultes, d’images, toutes plus effrayantes les unes que les autres. Love comprend que l’objet de son adoration, l’enfant qu’elle n’a pas porté, est tout ce qu’elle redoute le plus. Un meurtrier, certes, mais un traitre… La femme se sent déchirée, prise entre deux feux : son amour la dévore, lui brûle la peau alors que la culpabilité l’empoisonne. La colère — plutôt, la fureur qui lui glace le sang pulse à la vitesse effrénée des battements de son cœur. « Personne n'avait BESOIN de savoir ! Tu as une idée de ce que j'ai traversé pour en arriver là ? De tout ce que j'ai enduré pour que ce club de MERDE en soit là ! OUI ! OUI, toi tu le sais ! Mais eux...eux ils ne pourront jamais comprendre... » Les mouvements, brusques, s’arrêtent. Sa peau la tire aux endroits où Ezra l’a maintenue, la douleur oubliée au profit des tourments qui créent le tumulte sous son crâne. Ses yeux restent fixés dans ceux du président qui change d’attitude, à nouveau. Alors que son esprit remue ciel et terre pour donner un sens à tout ça, elle voit celui d’Ezra se fracturer de seconde en seconde. Elle lit dans ses yeux, sa déchéance. Il se fait happer par ses propres ténèbres, celles qu’il croyait certainement tenir en laisse.

C’est la première fois que Love ressent du dégoût pour l’être qui lui fait face. Plus encore, elle se dégoûte de savoir que son amour flirte avec la sensation, que son instinct lui hurle de courir à ses côtés, de l’étreindre et le briser. Il vient de la détruire sans même se pencher sur ce cas, sans l’ombre d’une hésitation. En quelques mots, il a réussi à ébranler la matriarche qui n’avait pas eu aussi mal même lorsque Felix était parti.

« Ils vont me faire la peau pour ça... Ils vont me faire la peau Alma... »

Oui. Ils vont le tuer. Ils doivent savoir. Alma se rend compte, à la lumière de tous ces évènements, que c’en est fini pour Ezra. La révélation semble achever de détruire ses fondations, brise d’un simple geste les derniers remparts et elle a envie d’hurler. C’est douloureux, ça lui colle à la peau, lui serre la gorge.

Ezra disparaît de son champ de vision et elle le sent cogner contre le parquet, les genoux en contact en premier. Le mouvement la déstabilise, manque de la faire tomber alors elle se rattrape à l’épaule voutée. L’avocate a l’air d’un pantin aux fils coupés. Son cerveau cède sous l’afflux des terribles pensées qui l’assaillent. Il lui faut savoir, avant de décider ? Mais décider quoi ? L’épée de Damoclès, toujours au-dessus de sa tête, a maintenant un sens.

Ses doigts remontent dans la nuque et ses ongles enferment la mâchoire trempée par les larmes de l’homme à genoux. Love redresse le visage aimé vers elle, son regard embué. Elle bat des cils, fait tomber l’eau pour le voir clairement, dessiner nettement ses traits, imprimer l’image d’un Ezra repentant. Sa colère est froide, venue des enfers, le président des kings a ouvert des portes qu’elle-même ne connaissait pas. L’avocate se force à inspirer, expirer et darde ses yeux furieux dans ceux d’Ezra.

« Dis-moi que ça n’est pas toi… Qui a orchestré… tout ça. » Elle n’arrive même pas à mettre des mots clairs et concis sur les derniers évènements qui ont frappés les Kings of Speed, qui l’ont rendue dingue, l’ont plongée dans la peur. Qui ont eu raison de plusieurs des membres de sa famille, son fils, celui là descendant de Felix, dans les premiers rangs. Alma affronte le silence d’Ezra et son corps semble trembler davantage de minute en minute.

« DIS-MOI ! » Sa main s’est levée, les ongles plantés dans les joues, la réaction au silence prend forme au contact de sa main avec la joue d’Ezra. Le bruit des peaux qui s’entrechoquent lui fait vriller les tympans. Le geste violent la déstabilise à nouveau et Alma s’efforce de tenir droite.

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Ezra Cavanaugh

Ezra Cavanaugh

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 18:39



I truly understand.

Please, don't cry now
ft. Alma hunt
Ezra voudrait être en mesure de se contrôler, lui épargner ces larmes humiliantes, rester digne, mais il n’en est pas capable. Toute son existence durant, il s’est gaussé d’être au contrôle, s’est ravi de pouvoir berner son monde et de maitriser pleinement les apparences. Mais il s’est fourvoyé et il le comprend à présent. Caleb a été aux manettes durant tout ce temps. Même par delà la tombe, il continue de tracer les lignes de son destin. C’est pour venger Caleb, pour être certain d’avoir bien puni le bon rat que Thomas a assurément mené l’enquête… Jonah n’était pas un bouc émissaire suffisamment convainquant et Cillian non plus. Une fois encore, il n’a pas été à la hauteur face à son géniteur et il va devoir le payer de sa vie.
Ses erreurs l’ont mené à sa perte et Ezra n’est pas capable d’en assumer les conséquences. Il a peur de souffrir. Alors qu’il est au sol, démuni, vulnérable, il revoit les images de son père être démembré. Ce qu’ils vont lui faire subir quand ils auront mis la main sur lui n’aura rien de comparable. Il va souffrir le martyr… Il va vivre à nouveau dans la terreur, comme à l’époque où il partageait le toit de Caleb.
Cette idée lui est insoutenable. Et il sait que rien de ce qu’il pourra faire ou dire ne permettra d’obtenir une remise de peine de la part de ses camarades Kings. Ils vont le dépecer vivant…
James sera certainement le premier à passer à l’action, le plus virulent. Après ce qu’il vient de faire à Thomas, il ne lui fera aucun cadeau.
Et Callum… Callum a appris de Felix. Ezra les a vu à l’œuvre l’un comme l’autre.

La main d’Alma se déplace. Ses doigts se referment sèchement sur le bas de son visage qu’elle le contraint à relever vers elle. Il cherche à résister, repousse le moment où il devra affronter son regard. Il devine l’écœurement. Il devine la haine et la déception. C’est le regard que Caleb faisait peser sur lui qu’il croise alors. Cette vision le rempli d’effroi, de honte. Il voudrait détourner son visage, implorer son pardon. Heureusement, la silhouette se brouille sous l’effet de ses propres larmes qui envahissent à nouveau ses yeux alors qu’il commence à gémir.
« Dis-moi que ça n’est pas toi… Qui a orchestré… tout ça. »
Il peine à reconnaître la voix si familière, si appréciée, tant chérit durant des années. Cette voix qui l’a bercé, consolé, rassuré quand il perdait pied. Alors qu’il nage ne plein ténèbres, il aimerait pouvoir se diriger vers elle, pouvoir retrouver son Alma, celle qui a toujours cru en lui, mais il ne la reconnaît pas, il ne la retrouve pas et il se sent sombrer.
« DIS-MOI ! »
La gifle claque sur sa joue meurtrie par les coups, enfoncée par les doigts d’Alma qui l’oblige à lui faire face.
« Ça ne devait pas se passer comme ça ! » lui hurle-t-il en réponse. « Tout ce que je voulais c’était le discréditer ! Je voulais qu’il redescende de son putain de piedestale ! Je voulais qu’ils le voient tous comme moi je l’ai toujours vu ! Comme le sous homme qu’il était ! C’était une brute ! C’était un fumier paranoïaque et despote ! Il méritait de crever ! » se défend Ezra qui ne cherche pas à se relever ou à échapper au courroux d’Alma. Il veut simplement qu’elle comprenne ; qu’elle comprenne et qu’elle puisse être en mesure de lui accorder ce pardon qu’il guette ; qu’elle lui rende son amour inconditionnel. « Ils se sont foutu de moi… » confesse-t-il un ton plus bas, se l’avouant en même temps qu’il l’avoue à l’avocate. « Ils ont pris ce qui les intéressait, ils se sont servis de ma haine et puis ils m’ont fait chanter… Je voulais obtenir ma vengeance, je voulais… Même ça ils me l’ont volé. C’est moi qui aurais dû l’abattre comme le chien galeux qu’il était. C’était à MOI de le faire ! Il me le devait… Il devait mourir de ma main après tout ce qu’il m’a fait… C’était censé être entre lui et moi Alma, je le jure ! Tout ce que je voulais, c’était qu’ils arrêtent de le traiter comme un dieu et qu’ils me voient enfin. Tout ce que je voulais c’était une famille à moi… »
Il s’étrangle sur ces mots, les épaules secouées de sanglots silencieux.
Maintenant qu’il en est là, qu’ils en sont là, il réalise à quel point il a été naïf. Il a agit comme un gamin stupide, en mal d’amour.  
« J’ai jamais été fait pour cette vie. J’ai jamais appartenu à cette famille. J’ai cru que je pourrai et…et maintenant ils ce sont eux qui vont me tuer. J’aurai dû me contenter de toi… J’aurai dû me contenter de t’avoir à mes côtés. Je suis désolé Alma. J’suis tellement désolé » conclut-il en l’enlaçant subitement, venant coller son visage contre son bas ventre et se cramponnant à elle.
Il est désolé de ce qui va suivre. Désolé pour tout ce gâchis.
Ezra se figure qu’elle va le repousser, qu’elle ne supportera pas ce contact après ce qu’il vient de lui avouer. Alors il en profite le temps que ça dure, l’étreignant avec la force du désespoir, se raccrochant à elle avec l’envie de se fondre en elle, de disparaître dans ce corps duquel il aurait aimé être né.  

 
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Alma L. Lennox

Alma L. Lennox

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physique : Alma a perdu du poids, victime d'un syndrome post-traumatique suite à la mort d'Ezra, elle ne revient que partiellement au cabinet Lennox. De nature insomniaque, elle a du augmenter son traitement pour pallier ses problèmes de sommeils, aggravés.

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MessageSujet: Re: let us sit together, until the moment comes ø Ezra   let us sit together, until the moment comes ø Ezra EmptyMer 15 Mai - 19:14



let us sit together until the moment comes
With my voice
I am calling you

« Ça ne devait pas se passer comme ça ! » Il hurle, enfin décidé à répondre et ses premiers mots ne jouent pas en sa faveur. Alors que le président s’acharne à lui répondre, fait tomber toutes les illusions qu’elle s’est faite à son sujet. Ezra l’a trahie, en tournant le dos à cette famille, en complotant avec l’ennemi. La lame de la trahison lui brûle l’échine, s’enfonce lentement entre ses côtes. N’importe qui, mais pas lui. Elle n’a pas su le protéger et voilà qu’elle a mis en péril l’avenir du club. Caleb a commencé et Alma s’est chargé d’abattre les dernières cartes en oubliant la fragilité d’Ezra. Elle s’est fiée à son attitude digne, à ses promesses, ses peines avouées à demi-mots, ces regards colériques pour cacher la peine.

« Ils se sont foutu de moi… » L’homme se confesse, et Alma le lâche, le geste teinté de dégoût. Il reprend la parole, avoue ses péchés et Love, le corps tremblant, voudrait retrouver sa force pour lui faire face. Elle voudrait être capable d’être cruelle, de lui hurler de la fermer, le vendre, le donner aux autres KOS certainement avides de vengeance. Elle voudrait le lâcher dans la nature, fermer la porte, laisser libre court à sa fureur mais, par la force du lien qui les a toujours uni, l’avocate reste là, difficilement debout. Elle endure l’aveu de trahison, l’aveu de haine, d’échec, sa culpabilité transpire, ses regrets le dévorent. « Il me le devait… Il devait mourir de ma main après tout ce qu’il m’a fait… C’était censé être entre lui et moi Alma, je le jure ! Tout ce que je voulais, c’était qu’ils arrêtent de le traiter comme un dieu et qu’ils me voient enfin. Tout ce que je voulais c’était une famille à moi… »

La brune ferme les yeux à ses derniers mots, le couteau semble s’enfoncer davantage dans au milieu de sa poitrine. Ses sanglots jusque-là plus ou moins éteints reviennent hanter ses lèvres et elle se mord l’intérieur de la joue pour ne pas gémir de douleur. Il la fait souffrir, chaque mot, chaque confession est un coup de plus qu’il lui porte. Très distinctement, au milieu de ce chaos, Alma se dit qu’elle préfèrerait mourir que de ressentir l’étau se resserrer autour d’elle, chaque minute. La souffrance qui la fait vibrer de part et d’autre de son être lui est insupportable. Les perspectives qui s’ouvrent à elle la terrifient. Et la cruauté de ce fils la rendent malade, lui brise définitivement le cœur.

« J’ai jamais été fait pour cette vie. J’ai jamais appartenu à cette famille. J’ai cru que je pourrai et…et maintenant ils...ce sont eux qui vont me tuer. J’aurai dû me contenter de toi… J’aurai dû me contenter de t’avoir à mes côtés. Je suis désolé Alma. J’suis tellement désolé » Sa main vient se coller à son visage, comme pour se cacher du monde, d’Ezra, d’elle-même alors qu’elle le sent venir se coller à elle. Il s’enfonce contre elle, l’enserre et les secondes passant ses larmes passent le tissu de sa chemise.

Love finit par lâcher prise en silence, laisse un hoquet passer sa bouche, suivi par une longue plainte. Si elle ne s’exprime pas, elle va imploser, elle le sait. Alors ses épaules se soulèvent, alors qu’elle égrène des « pourquoi » noyés. La main gauche toujours calée contre son visage, l’autre rejoint les cheveux à quelques endroits tachés de sang dans un geste immensément tendre.

La haine qui lui cingle les côtes se répercute à tous les étages de son cerveau ; à cet instant, Alma déteste Ezra, déteste Caleb, se déteste elle-même, par-dessus tout. Elle fait preuve d’une faiblesse qui l’écœure, la traitrise d’Ezra la brûle, la pousse à s’étrangler sur de lourds sanglots.

« Si tu me l’avais demandé… La voix d’Alma semble noyée, elle a un mal fou à s’exprimer ; c’est pourtant un sentiment d’urgence, de temps compté qui la force à s’adresser au garçon perdu qui ne la lâche plus. Si tu me l’avais demandé, je l’aurais fais pour toi. Quelque chose à l’intérieur d’elle lui dit qu’elle n’a plus rien à perdre. Alma, par-dessus tout, se doit d’être honnête. C’est ainsi qu’elle lui livre, qu’elle aurait trahi pour lui, qu’elle serait morte pour changer une vie qui lui importe. Caleb pour Ezra. Tu m’as trahie, chéri. Je me suis efforcé de t’offrir une famille, et tu l’as mise en danger. L’avocate inspire bruyamment, renifle, passe sa manche sous son nez. Toutes les vies que tu leur as prises… Elle met sa phrase en suspens, incapable de la terminer, fluette. La caresse devient prise dans ses cheveux et elle le force à l’observer, le menton enfoncé dans son ventre, la courbure pathétique de son corps la révulse autant qu’elle provoque en elle un sentiment de profonde compassion, un sentiment auquel elle se sent encline à céder. Qu’est-ce que je dois faire maintenant ? »

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