because you're mine | maxime

L'incessante mélodie des moniteurs continue son épopée. Les quelques rayons extérieurs bravent les vitres, s'immiscent jusque la peau endolorie. Pas de maux, seulement l'impression, la chaleur qui s'installe et caresse. Un soupire brave les lèvres, l'azur des prunelles n'ose pas encore affronter la clarté du monde – celui qu'il a délaissé pour un temps indéfini. La notion de ce dernier lui échappe, les esprits essaient à revenir, lentement. Matthew émerge, revient du néant. Goodwin croit retrouver quelques facultés, jusqu'à l'aiguille plantée dans son bras, qui fait son œuvre et dérange. Les traits se crispent, désœuvrés – il essaie à comprendre ce qui s'est passé, comment ses pas l'ont ici mené. Les souvenirs ne sont pas encore revenus, éperdus dans un vide distordu. Un énième soupire et, cette fois, les yeux qui balaient les environs, qui essaient à s'habituer à la lumière vivace qui accompagne son retour d'entre les morts – ou presque. Mais il lutte, cherche. Il essaie à faire au mieux, balaie les alentours du regard pour y trouver les traits qu'il aurait dû retrouver. Il se souvient maintenant, du nuage insistant. Il se souvient enfin, des phares qui s'étaient approchés jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. L'absence de tout, l'absence de conscience. Et, pour la première fois depuis longtemps, la peur s'immisce, anime l'être qui tremble, qui veut se redresser avant qu'une main ne l'en empêche, avant qu'on n'ordonne qu'il s'apaise. Les filets d'air bravent la gorge asséchée, les mains se crispent sur les barreaux, là, sur ses deux côtés. Il bouge, y parvient – et les regards s'éternisent, les voix appellent un médecin. Non, il ne sent rien. Les sourcils se froncent, le cœur s'emballe une énième fois. « Monsieur Goodwin. » Et les récits commencent, les commentaires, les explications. On attire l'attention, on s'assure qu'il entende. Il faut qu'il comprenne et, c'est ce qu'il fait. La tête rejoint l'oreiller, la masse abîmée revient s'immobiliser. Matthew délaisse la panique, abdique. Les yeux rejoignent les ombres une énième fois – la fatigue gagne, reprend ses droits. En quelques minutes après leur départ, le lieutenant repart. Dans un sommeil profond, l'homme revient quelques heures, quelques jours en arrière – coincé dans cette spirale qui perdure et se rejoue. Le schéma des enfers s'installe, Matthew inhale. L'odeur de huile et des brûlures pneumatiques, ce parfum exécrable qui s'immisce jusque dans les poumons serrés, qui rappelle que la fin n'était pas si loin, le gouffre bien trop près. Et la voilà, plus forte que jamais auparavant, la peur de mourir qui jonche les veines, compagnie à son sang. Puis un sursaut, le retour brutal à la réalité délaissée. Matthew sort des tourments, par une présence révélée, présente dans cet éternel halo de lumière qui n'a pas décroit, qui n'a fait que perdurer malgré ce sommeil affamé. Matthew émerge, lentement. Matthew revient, tait les affres insistants, persistants. Le palpitant alarmé qui tente à se calmer, le souffre qui cherche son rythme régulier – les yeux s'adaptent enfin et reviennent à cette beauté souhaitée. Maxime.

Les bras forcent, traînent la carcasse endolorie pour qu'il puisse se redresser, lui faire face, oser un sourire même pas dérangé. Pas de douleur, pas de souffrance – jamais. Ce concept n'a toujours pas trouvé sa place. La notion reste ignorée, définition inconnue à son palace. Ce pourquoi il parvient aisément à lui revenir, pleinement. La main se tend, récupère la sienne et il voit, cette fois. Il voit les vestiges de blessures inconnues, des marques qu'il n'a pas connu. Récentes, à peine voilées. Elles ne sont là que depuis peu, Goodwin essaie à les voir un peu mieux. Le regard remonte, détaille le visage, les traits qu'il aurait dû rejoindre en cette nuit-là. Les souvenirs sont vagues mais un peu plus clairs, un peu plus nets. La culpabilité, elle s'essaie à entrer, à s'installer – ce peut-il que ses malheurs soient arrivés en même temps que les siens ? « Tu es là depuis longtemps ? » La voix grave résonne, trahie l'absence de pratique depuis qu'on l'a mené ici. Matthew grimace légèrement, non pas torturé mais gêné, rien que cela. Il a l'attention qui ne quitte pas sa dulcinée, loin de vouloir prendre conscience de ce qui a pu lui arriver. Les médecins ont été brefs mais précis – il sait ce qui l'attend même s'il en ignore la gravité. « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Les doigts longent les marques, effleurent à peine la peau – l'homme craint de rajouter quelques maux.