Reverse | Ronnie&Judith&Matthew&Maxime

REVERSE

ft. Ronnie, Matthew & Maxime
passage chez les riches

« Fais chier… Fais… Ah… Allez… EM ! Je crie de la salle de bain, cherche à attirer l’attention de mon frère qui fait je ne sais quoi dans la chambre qu’on partage. Les bras pliés, le corps plié ; le tout plié pour essayer de fermer ma ceinture. J’ai pourtant pas pris un gramme quoi, au contraire, j’me suis amincie, j’ai des abdos et tout maintenant que en plus mon mec est revenu je peux même plus faire semblant de louper des séances de sport qu’on partage pas toujours. Bon, bon, je lui mets tout dessus parce que c’est drôle mais j’y ai pris goût, je cours avec mon chien et tout, mais je vais pas lui dire, je me plains toujours quand j’y vais et tout pour entretenir le mythe. Si je lui dis que ça me va il va en remettre des couches, laissez-tomber, c’est pas possible, autant qu’il se préserve pour quand on est au pieu j’vous l’dis. Bref, EMERSON !
— Cries pas j’suis là !
— Ah pardon… Tu veux pas m’aider là ? J’arrive pas avec cette foutue ceinture de mes deux, t’as vu la taille du truc ?
— Madame doit bosser ses bras
— Ça va Max Number two, tu vas m’lâcher et m’aider avec ce truc ou quoi ? Et le voilà, je serre la ceinture et il termine de passer l’énorme boucle en vinyle. Merci.
— Tu vas où ?
— Vendre un chenil à des riches, sourire pour ramasser de la thune, faire serveuse mais sans servir tu vois l’truc quoi, gala de charité.
— Hm, ok. Il acquiesce, m’observe, lève un pouce et fait une moue qui veut dire que je peux sortir ça y’est je suis belle. Belle gosse. Tu m’appelles si t’as besoin que j’vienne te chercher.
— Yep, merci. » Un bisou sur la joue, j’attrape mon téléphone et mon sac à main et sort à toute vitesse parce que je suis, sans surprise, une petite minute en retard. D’ailleurs dès que je sors j’entends qu’il est visiblement mort d’attente sur son klaxon. Enfin ça, jusqu’à c’qu’il relève la tête, me voit, me sourit. Je me presse. Je passe la portière, me jette sur le siège passager et tire sur ma jupe qui coince en grognant.

« J'espère que tu es prête parce qu'on va être au beau milieu de pecnots dans nos genres et de riches à la con.
— T’inquiètes paupiette je gère ça tous les soirs au taff. Je lui fais un clin d’œil, on s’tape la bise et tout.
— C'est cool que tu ais accepté de venir. Ton homme des montagnes n'a rien dit ?
— Kesstu veux qu’il dise mon bel homme des montagnes — je tiens à préciser — rien ne m’arrête quand il s’agit de sauver le monde. » Je me marre, on dégage en vitesse, je mets la musique et en un rien de temps on se retrouve à l’endroit du regroupement des riches-cons. J’espère pas trop croiser des gens que j’ai vu au Club mais c’est franchement pas impossible sachant que la moitié des types sont infidèles et dégueu et bien assez riches pour filer des billets dans les culottes de mes collègues. Enfin, voilà, on discute et tout, on finit par s’arrêter et je jette un œil à l’extérieur où déjà je vois des gens habillés bien plus fancy que lui et moi mais d’ailleurs j’ai pas trop bien regardé mais monsieur est en costume quoi, mais c’est fou, complètement fou !

« On y est, prête ?
— Toujours prête ! Pas trop stressé, hein, respire, on va leur chopé la moitié d’1% de leurs revenus du mois ça devrait aller pour dix ans de financement. » À nouveau je lui lance un clin d’œil et sors de la voiture. Une fois dehors, je lisse mes fringues et viens me poster aux côtés de mon ami à qui j’attrape le bras pour avancer vers l’endroit. J’suis pas décidée à faire demi-tour moi, s’il a besoin d’un coup de pied au cul je suis là. « Canon le costume, hé ! T’es prêt ? T’as révisé ton speech ? Tu vas me vendre quoi ce soir cowboy ? »

REVERSE

ft. Ronnie, Matthew & Maxime
passage chez les riches

« Techniquement, j'suis censé vendre le projet d'un refuge pour animaux abandonnés mais à les voir, j'me demande si ça les arrange pas qu'ils crèvent dans un coin pour en faire des manteaux après, tu saisis ? » Je laisse échapper un rire, j’essaie de détendre un peu l’atmosphère parce que depuis qu’on a fait un pas dans l’antre des riches il s’est tendu comme un putain de string d’haltérophiles. Genre jaune fluo, étiré sur des muscles monstrueux et prêt à péter à la moindre flexion. J’imagine que c’est pas facile, après moi j’ai l’habitude de minauder pour récupérer des tips (ou me faire pardonner héhé), surtout pour récupérer des tips auprès des gros riches du Crash. Ils sont proches de leur portefeuille mais dans des cadres plus festifs ils ont tendance à lâcher un peu de leste. J’suis prête à mettre le paquet pour l’aider dans son petit projet, après tout, mon charme légendaire se doit de servir la bonne cause. Et franchement j’adhère, un chenil, moi, je valide, y’a trop d’clebs et autres laissés tous seuls.

« Bon, si j'en crois le truc, j'passe en troisième. Faut espérer que les deux boulets du départ raflent pas tout directement. T'veux qu'on aille voir ce qu'ils ont à boire ?
— Ouais carrément, enfin moi ce sera jus d’orange mais ouais, allez, on va t’détendre un peu là. » Je lui adresse un sourire encourageant alors qu’il avance et me guide au milieu de la troupe de riches qui nous jettent des regards en biais. J’imagine qu’ils ont un spider-sense pour repérer les moins riches qu’eux. Mais c’est pas ça qui va nous arrêter, en tout cas moi je m’en fous je calcule pas la valeur de quelqu’un a la taille de son portefeuille et puis d’abord, ce serait tous les généraliser que de dire qu’ils font ça aussi. Bref. Je m’en fous.

« Au fait, tu parlais d'mon costume mais t'as mit la barre haute là. J'me sens con de faire aussi naze à côté mais j'en connais des vieux qui vont être jaloux.
— Merci milord ! Ouais moi aussi j’me trouve pas mal aujourd’hui. Et t'es très bien, arrête là. Je lui adresse un grand sourire enjoué alors qu’on arrive au niveau du buffet, toutes les boissons sont posées.
— Tiens, j'te laisse relire, tu me dis ce que t'en penses.
— Ouais vas-y, donne » Je récupère le papier dès qu’il me le tend et m’applique à le lire avec attention. Pendant mon petit temps de lecture, Ronnie nous sert à boire. Je fronce les sourcils sur quelques formulations mais en soi il sait c’qu’il veut et j’imagine que c’est le principal. Je sais pas trop comment vendre un projet, sauf quand ce projet c’est moi mais hé, si je me rappelle bien comment j’ai eu mon boulot au Crash c’est en partie grâce à mon culot. Donc peut-être j’peux lui donner deux trois combines. Je lui tire la manche et lui indique une des lignes qu’il a écrites :

« Là tu devrais pas trop dire ça comme ça mais plutôt genre que c’est un projet qui murit depuis longtemps. Tu peux dire que tu crois que c’est d’utilité publique, que y’a des fourrières en ville mais pas des chenils, c’est pas la même chose, blabla. Et s’tu veux faire genre appuyer sur leur côté sensible t’appuies sur ton programme de réinsertion des clebs blessés par les trafics et combats illégaux. » Je lui refile le papier, me saisis de mon verre de jus d’orange et en boit une petite gorgée. Je laisse mon regard voguer sur l’ensemble de l’audience. Ça papote politique par-ci par-là je le sens bien. Je laisse un sourire flotter sur mon visage avant de redonner mon attention au tatoué. « Hé mais sinon c’est niquel. Pis t’inquiètes j’s’rais là, t’auras qu’à me regarder même si, petit conseil de serveuse pour riches, un regard droit dans les yeux de temps en temps ça les réconforte. » Je presse son bras pour l’encourager. « Ça va aller ? T’as besoin de quelque chose ? »

REVERSE

ft. Ronnie, Matthew & Maxime
passage chez les riches

« Franchement, j'ai envie de te dire que j'ai bien besoin d'une douzaine de litres de whisky mais ce serait pas forcément le meilleur moyen de tenir mon discours après.
— Ce s’rait pas un peu con ? » Je lui souris, me moque gentiment de lui pour continuer dans l’idée, dans c’qu’il lance, visiblement plus que stressé. J’ai l’impression qu’il perd ses moyens et d’ailleurs sa tirade qui suit, même si elle me fait rire, me donne la preuve qu’il se chie littéralement dessus à ce stade. C’est normal, je comprends, moi aussi les projecteurs me mettent mal à l’aise et me rendent complètement maladroite. Maximilian et la moitié des KOS peuvent témoigner de ça, alors que la vidéo de mon audition a du tourner pas mal de foi au sein du cercle. Il a déjà gloutonné son jus et s’en retourne vers le buffet pour se resservir à boire.

« Bref, t'en reconnais quelques-uns quand même, histoire qu'on rigole ? » Je l’observe avec un petit sourire alors que je bois également un peu de mon jus. Ouais c’est pas super fancy mais j’ai un traitement à respecter moi maintenant. C’est comme ça, même si j’ais des petits extras de temps en temps j’évite au maximum. De toutes façons c’est pas comme si j’en avais besoin pour m’amuser, je suis une meuf fun de nature. Du coup dès qu’il s’est servi, je récupère son bras et l’entraine avec moi.

« Viens on va marcher un peu ça va t’détendre parce que t’es tendu comme un string là, tu vas leur éclater à la gueule si tu continues comme ça… » Je me moque pour essayer de le détendre, le faire marrer, tout ça, mon truc quoi. On marche tranquillou avec un verre de jus chacun dans la main et je fais le tour des têtes qu’on voit. Je reconnais vitef quelques profils, c’est vrai mais surtout… « Putain, regarde le gars derrière moi, les cheveux gris… Je nous arrête, me place face à lui. Discrètement. Avec une blonde, carrément plus jeune à côté de lui. Ce type, je le vois au Crash de temps en temps. Je laisse mon regard parcourir la salle, glisse mes lèvres autour de mon verre, le laisse regarder. Tu sais qui c’est ? C’est un des Wagner… genre, la big entreprise tu vois ? Plein d’thune mon gars, plein d’thunes ! » Je lui souris et là, mon regarde attrape un autre visage. « Non sans dec… Viens avec moi. » Je lui attrape le bras, le fait faire volte face et m’approche de mon colocataire… et sa riche amante. « Devant nous, mon coloc, Matthew Goodwin. Avec lui, Maxime Adler. Violoniste et tu sais Senateur Adler ? C’est sa fille ainée. La aussi, plein d’thune, alors souris… Bonjour Matthew ! Bonjour Madame Adler. C'est drôle qu'on se croise ici ! » Allez, il me faut un sourire un peu marchand, j'en adresse un super joli à la brune qui me renvoie un air chaleureux. Bon on est pas potes mais on s'connait un peu, de coloc à lover, hein…

REVERSE

ft Matthew, Ronnie & Judith

Maxime enchaîne les poignées de main, les présentations, fièrement accrochée au bras de son amant, le lieutenant de police. Ce n’est pas uniquement parce que sa constitution est fragile qu’elle reste ainsi contre Matthew, mais bel est bien parce qu’elle est ravie de passer ce moment avec lui, après tout, qui de mieux pour annihiler tout ennui probable au milieu de cette société. Sa sœur n’aime pas l’accompagner. Et puis, chaque moment passé avec lui, lui fait un bien fou. D’autant plus que la violoniste est stressée, le ventre noué malgré les bulles qui pétillent dans son verre d’eau. La nouvelle est tombée, quelques longs jours plus tôt et Maxime n’est toujours pas rassurée de le savoir dans les parages. Bobby. Bobby qui ne se déplace jamais de New-York, l’ex-mari qui envoie ses avocats et représentants depuis trois longues années pour clôturer ce divorce. Alors que les derniers papiers sont pratiquement signés, que Maxime gagne enfin la bataille et ses droits sur sa musique, il est arrivé en ville. Il doit signer en main propre.

Et la violoniste s’attend à le voir n’importe où. Son sourire malin, son attitude nonchalante, quelque part par ici. Il est toujours là où les talents et les projets sont à dénicher. Bobby est un excellent agent, elle le sait.

« Bonjour Matthew ! Bonjour Madame Adler. C'est drôle qu'on se croise ici ! »

Son attention est détournée de la foule et vient se repositionner en direction de la colocataire de son amant. Son visage s’éclaire d’un coup et un sourire étire ses lèvres peintes.

« Juliet et le frère de la femme O'Malley, voyez-vous ça. » Maxime engrange les informations et retient un rire clairement amusé. Juliet. Non, Judith. Elle-même le sait et d’ailleurs, sur le visage de la-dite colocataire une expression désabusée passe en un éclair. « J'allais vous demander ce que vous faisiez là mais il est évident que c'est à l'occasion d'un projet ; puisque je doute sincèrement que les finances ne permettent un quelconque don. C’est un réflexe : son coude percute doucement les côtes de l’homme alors que les deux visages en face d’eux se décomposent. La franchise de Matthew la fait rire, et d’ailleurs elle ne peut s’empêcher de laisser un rictus naitre sur ses lèvres mais elle ne voudrait pas vexer davantage les deux arrivés. Aussi, cette question réglée. Maxime, tu connais déjà Juliet et voici Tonny, le frère du Docteur O'Malley. Tonny, Maxime Adler.
— Enchantée Tonny…
— C’est Ronnie. Ronnie Dawson, et moi Judith, mais merci Mathias pour les présentations… La colocataire jette un regard blasé au lieutenant de police et cette fois Maxime ne peut s’empêcher de laisser échapper un rire qu’elle cache derrière son gant alors qu’elle tend l’autre main pour serre celles des deux amis.
— Veuillez m’excuser… Très bien, enchantée Ronnie, et ravie de vous revoir Judith. Son sourire s’illumine alors qu’elle passe chaleureusement de l’un à l’autre. Irene O’Malley, donc ? Votre sœur est un ange, j’espère qu’elle va bien. Vous venez présenter un projet ou soutenir celui d’un ami ? » La violoniste essaie de faire preuve d’un peu plus de tact que son amant, le frère de sa médecin visiblement tendu. Ça a au moins le mérite de la défaire de son inquiétude, espérant que ces quelques minutes de discussion lui permettront d’oublier la présence de son très bientôt ex-mari quelque part dans l’assemblée. Lui qui vient d’entrer, ce qu’elle ne sait pas encore, par la grande porte.

(c) oxymort

REVERSE

ft Matthew, Ronnie & Judith

La colocataire a toute son attention tournée vers le frère du Docteur O’Malley. Elle semble l’encourager, Maxime, qui a l’habitude de ce genre d’entretiens, saisit la dynamique du duo assez rapidement. En même temps, se dit-elle, c’est difficile de ne pas remarquer l’aura de stress qui entoure le nouvel arrivant, il remplit l’air d’ondes négatives autour d’eux. Elle songe à lui filer une pierre, peut-être, un petit quelque chose pour l’apaiser mais se rappelle que tout le monde n’est pas ouvert à ses pratiques. Alors elle se contente d’être souriante, l’incite à parler. Tous les regards sont braqués sur lui.

« Le mien, en vérité. Judith m'accompagne pour éviter que je m'évanouisse dans un coin vu que j'ai pas tellement l'habitude d'être dans ce genre de situations. » Son sourire s’agrandit, comme pour acquiescer. N’importe qui verrait qu’il n’appartient pas à la caste dans laquelle elle a grandi. Mais Maxime ne juge pas sur ces prétentions, elle. Alors elle le laisse parler encore, répondre à ses questions :

« Et oui, je suis l'un des frères de Irene. Elle va bien, je crois. Disons que ma nièce née l'an dernier lui prend pas mal de son temps mais elle s'en sort – comme toujours. Et j'imagine que si j'arrive à faire c'que j'veux, ça lui fera un souci en moins à porter. Enfin, pas qu'à elle, Judith sera sûrement rassurée de plus m'avoir dans les pattes m'enfin !
— Oh… Un éclat de surprise éclaire le visage de la violoniste. En voilà une nouvelle…
— Du coup, j'imagine que vous faites souvent ça ? Vous savez si un chenil pourrait plus convaincre que les autres potentielles propositions ?
— De… pardon ? Vous voulez dire les galas ? Maxime montre d’une main gantée le reste de l’audience avant de redonner son attention au jeune homme. Elle ne s’est pas remise de la nouvelle de la naissance de l’enfant O’Malley. Oui, souvent. Et un chenil et bien… Maxime n’aime pas les chiens. Elle n’a jamais aimé ça. Les animaux normaux n’ont pas de place chez elle, ça ne l’intéresse pas. C’est trop ennuyeux, trop banal, trop normal pour elle. Peut-être que ça a de la chance d’évoluer. Faudrait-il encore qu’il se défende un peu plus. Est-ce que ce serait tricher que de lui donner quelques infos sur ce qui se trame ? Hm… Elle reprend donc, sur le ton de la confidence : J’imagine que ce sera plus porteur qu’une boulangerie de quartier — dit-elle en esquissant un geste vers le premier participant à passer — mais rude concurrence avec la jeune femme, là-bas, qui souhaite créer un refuge pour les personnes sans-abri. La brune lui sourit, essaie de l’encourager. Et puis, sachez qu’il n’y a pas qu’un projet gagnant, ce n’est pas un concours, je suis sure que vous ressortirez ce soir avec quelqu’un pour investir dans votre cause. La violoniste resserre son emprise autour du bras de son amant, resserre sa canne contre elle, s’efforce de paraître chaleureuse. Même si ce n’est que moi, parce que votre sœur m’a rendu de grands services. » Elle ne formule pas clairement sa promesse de dons mais l’encourage à la convaincre un peu plus. Elle lève un regard vers Matthew à qui elle adresse un sourire tendre et redonne son attention à la brune même si la silhouette qui se profile derrière eux confirme ses inquiétudes, c’est pourquoi elle sent sa main agrippée renforcer sa prise autour de son nouvel amant.

(c) oxymort

REVERSE

ft. Ronnie, Matthew & Maxime
passage chez les riches

Je me place en retrait, me contente de laisser Ronnie discuter avec la violoniste. C’est bien, ça le détend surement, en tout cas j’ai l’impression. Je suis l’échange sans en rajouter, c’est à lui de vendre son projet et je trouve qu’il s’en sort plutôt pas mal pour l’instant. La preuve, Adler lui fait une proposition, il ne repartira pas sans un don de sa part et si j’ai pas connaissance du nombre de 0 sur son compte j’ai une vague estimation de sa fortune. Plutôt énorme donc. Maxime Adler est une violoniste reconnue mais avant ça, la fille d’un Sénateur. J’suis pas de Chicago mais suffit de se renseigner un peu pour comprendre un peu les enjeux politiques derrière sa présence ici et à tous les autres galas même si apparemment c’est plutôt à son nom propre qu’elle débarques aux galas. Elle ne fait plus de représentations, l’incendie qui a touché sa chambre et l’étage de son hôtel à l’époque a fait les gros titres. J’imagine que ça a un lien direct. Bref, mon regard retombe sur Matthew qui a l’air aussi présent que moi dans leur conversation, je suis encore sur-soulée qu’il se soit planté de nom… Deux fois… devant quelqu’un d’important… Ça vaut bien la peine de chouiner quand je raconte que je vais partir. Je lui évite pour ce soir mon laïus à ce sujet et me contente de pousser un soupir alors que je passe un peu de jus d’orange entre mes lèvres. Super fancy quoi, on fait charlatan pouilleux jusqu’au bout, des sapes pas griffées de grandes marques et du jus d’orange au lieu du champagne. C’est la vie.

« Je ne manquerai pas d'en faire part à Irene, que je vous ai vu ce soir. Elle demandera sûrement des nouvelles, je pourrais la convaincre de vous passer un coup de téléphone si vous le souhaitez.
— Oh non, ne l’embêtez pas je suis sure qu’elle a assez à gérer. Je lui ferais parvenir un présent pour elle et la petite. Merci Ronnie. » La bonne femme est plutôt chaleureuse, c’est sympa, elle fait pas trop pète-cul mais bon je doute qu’elle en pense pas moins. Mais son visage se contorsionne un peu alors que son regard dévie de celui de Ronnie qu’elle n’avait pas lâché depuis le début de la conversation. Peut-être est-elle prise d’un malaise, j’sais pas, en tout cas, un silence semble prendre d’assaut le moment et je jette un regard en coin à mon pote, reviens glisser mon bras sous le sien, comme dans le but de l’extraire de la conversation pour lui faire part d’une info.

« Ça va être bientôt à toi cowboy… Je baisse volontairement la voix alors que Mme Adler souffle un truc à mon colocataire. T’as géré avec cette gonz tu peux le faire maintenant… ça va aller ? »

REVERSE

ft Matthew, Ronnie & Judith

Les deux amis s’éloignent et Maxime est déjà passée à autre chose, anxieuse, à l’idée que Bobby puisse intervenir entre eux. Ça ne lui dit rien qui vaille, il a toujours le mot pour piquer, et elle sait bien que Matthew ne se laissera pas marcher sur les pieds. Au-delà de ça, la violoniste ne sait même pas comment elle pourrait réagir, ne se fait pas confiance quant à l’homme qui l’a trahie et blessée, qui a tenté de la trainer dans la boue et essayé de s’accaparer le travail d’une vie. Elle le méprise, plus que n’importe qui dans ce monde, davantage même que ses propres parents. Elle n’avait pas envie de le voir ce soir et pourtant, il est bien là, souriant, serrant des mains, l’œil brillant, avide de voler le prochain talent.

« Je te suis. »

La brune relève la tête alors que le lieutenant de police élève la voix, la sort de son fil de pensée et le rappelle à elle. C’est vrai, il est là, avec elle. Maxime ouvre les lèvres pour laisser passer un filet d’air jusque ses poumons. Elle en avait presque oublié de respirer. Son sourire s’étire alors qu’elle observe l’homme à ses côtés. La violoniste peut se reposer sur lui, elle le sait. Une intime conviction qu’elle pensait ne jamais replacer si tôt en quelqu’un. Alors elle prend une décision.

« Allons-nous en alors. Je prétexterais un malaise. Je déposerais un chèque au frère d'Irène en partant. » La brune, sur ses mots, resserre sa prise sur le pommeau de sa canne d’une main, et défait l’autre jusque-là entourant le bras de son amant pour faire un premier pas et s’éloigner. C’était sans compter la silhouette de l’homme évité qui vient s’imposer, le pas léger, avant même qu’elle ne puisse récupérer la main de Matthew et l’attirer avec elle.

« Tiens, Madame Adler, ma femme ! D’un geste habitué Bobby saisit la main gantée de la brune au visage tordu par le mépris, tente d’y déposer un baiser. La déception de devoir l’affronter lui permet d’être plus vive et elle récupère sa main dans un geste bref, presque dégoûté. Ravi de te voir ici. Le sourire de Bobby étire ses lèvres traitresses. Maxime ne fait même pas l’effort de mentir, de toutes façons, personne ne les regarde. Pas encore, en tout cas, tant qu’il n’y a pas d’éclat.
— Ex-femme. Bientôt. La grimace de colère lui déforme le visage. Elle ne supporte pas l’avoir dans son entourage, sa présence la dérange, laisse courir un frisson le long de sa colonne vertébrale. D’un geste assuré, elle revient entourer le bras de Matthew et affirme sa prise, redresse les épaules. Qu’est-ce que tu fais là Bobby. Elle siffle entre ses dents.
— Mais je venais simplement voir les talents qu’offre la belle ville de Chicago. Pur et doux hasard de te croiser là. Maxime ne voit plus l’homme qu’elle a aimé mais un requin, son sourire n’a plus rien de chaleureux, prêt à la croquer. Elle n’a même pas conscience de sa dangerosité, estime que son malheur s’arrête à sa présence, ne se doute même pas qu’elle a devant les yeux celui qui l’a mise dans cet état.
— Malheureux tu veux dire.
— Et vous êtes ? » Il se tourne, s’adresse enfin au lieutenant et lui tend la main. Sa voix de velours est chaude ; Maxime se souvient pourquoi elle a été attirée par lui. Par chance, à son bras se trouve un être qui lui semble valoir davantage la peine.

(c) oxymort