Reverse | Ronnie&Judith&Matthew&Maxime

ft. Judith&Ronnie&Maxime

Reverse

« Allons-nous en alors. Je prétexterais un malaise. Je déposerais un chèque au frère d'Irène en partant. » Il acquiesce simplement. Pas un mot, pas un retour sur ce choix. Matthew laisse seulement Maxime mener la danse, engager leur retraite vers des lieux bien plus appropriés pour terminer cette drôle de soirée. Il sent les nerfs, il sent la crispation de son être contre le sien, cette crainte qui suinte presque de toute sa personne – il ne permettra pas qu'une telle inquiétude puisse l'envahir. S'ils doivent partir, alors ils partiront. Mais le hasard cherche de la distraction. Le hasard s'essaie à l'humour, menant cette carrure imposante jusqu'au travers de leur chemin. En une seconde à peine, l'homme désigné s'invite à leurs côtés et entrouvre les lèvres, use de ses mots comme d'un poison à en devenir. « Tiens, Madame Adler, ma femme ! Ravi de te voir ici. Il pourrait lever les yeux mais s'en abstient, braquant plutôt l'azur clair de ses prunelles sur lui, sur cet homme qui ose venir embrasser la main de son aimée. Ce serait mentir que de dire que ça ne lui fait rien ; une surprise d'envergure pour ce soir, Matthew apprend enfin ce que peut être la jalousie. Ex-femme. Bientôt. Si les mots ne le sorte pas tellement de sa nouvelle cible, la présence raffermie de sa compagnie contre son bras l'amène à se concentrer un peu plus sur son ouïe – quoi que pas entièrement. Il est aux aguets, sur la défensive. Mais tout lui revient, rapidement. C'est sur lui qu'on se concentre, sur lui que le regard de cet homme se pose. Il réprime une légère grimace, il essaie à retenir sa langue, ses reproches, la triste vérité qui lui vient en tête maintenant qu'il s'est positionné face à lui. Il n'est pas le bienvenu, ne l'est plus en tout cas – pas tant qu'il sera là. Et vous êtes ? » Les mots glissent, à peine audible dans la tête du lieutenant qui se contente simplement de regarder la main qui lui est tendue. Vaste blague, une preuve d'une stupidité sans merci ; pense-t-il réellement qu'il aurait le culot de faire semblant pour sauver les apparences ? Pauvre homme à l'esprit simple. Sa main libre demeure dans sa poche, sagement enfouie tandis que l'autre reste le soutien qu'elle doit être pour la femme qu'il accompagne à cette soirée devenue grande mascarade.

« Lieutenant Goodwin, épargnez-vous cette once d'humiliation et gardez vos bonnes manières pour quelqu'un d'autre qui saura jouer de sympathie. » Il ose, laisse sa voix voguer jusqu'à l'ex-mari de son amante, ne délaissant pas le contact visuel pour autant. Il lui tient tête, cherche à y lire la moindre émotion qui pourrait colorer ses traits. « Nous étions sur le départ avant que vous vous imposiez pour importuner votre ex-femme. » Il affiche un sourire narquois, insiste sur le préfixe du statut que Maxime tient à acquérir dans une procédure de tout les diables. Heureusement qu'elle ne manque pas de force vu les récits qu'elle lui a compté, il est grand temps que cette silhouette ne s'estompe à sa vue. « Aussi, sauf votre respect, je vous invite à continuer votre petite fanfare auprès des autres convives. Ce fut un plaisir. » Large sourire et il ose, engage un pas en direction de la sortie, Maxime toujours à son bras – il ne lui imposera pas de devoir se tenir ici plus longtemps que ça.        

ft. Judith&Ronnie&Maxime

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Un pas, quelques centimètres à peine de franchis mais la route se barre et le bras est retenu. Il fronce les sourcils, tique légèrement ; les tempes du lieutenant se crispent sous le contact qui s'impose et n'est, de toute évidence, pas le bienvenu. Il toise le regard qui se porte sur lui puis sur Maxime, délaisse un instant ces traits méconnus pour se concentrer sur cette main qui demeure et ne bouge pas. Il prend sur lui, retient son venin avant d'être devancé par celle qu'il accompagne pour ce soir. Les mots coulent, s'imposent, viennent heurter la présence de cet autre homme avec une brutalité qu'il ne connaissait pas à son amante. Ça lui arracherait presque un sourire mais il fait face, se délecte de la manière dont le faciès masculin se décompose et se noircit. Il a la réponse aux quelques questions qu'il se posait, cet homme en cache plus qu'il n'y paraît. Et, enfin, la pression se défait. La prison de chair se retire et se lève en signe de retraite tandis que Matthew laisse ses prunelles claires le détailler, le mépriser comme jamais il ne l'a fait. Cette présence qui s'éloigne doucement n'inspire que le mauvais. « Au revoir, Lieutenant. » Il ne répond pas, laisse les mots glisser jusqu'à lui, trop concentré sur le sourire pervers qu'il affiche, cet air victorieux qu'il n'apprécie pas des masses. Mais il prend sur lui, plus qu'il ne le faisait, reprenant le chemin dont ils ont été coupés. Matthew soupire, fulmine silencieusement – ce qui lui arrive rarement. Il se perd dans ses songes, en perd un peu la réalité des choses, l'instant présent. Jusqu'à ce que la voix de la femme à son bras ne le ramène entièrement. « Je marche trop vite. Il s'excuse, s'arrête dans la foulée. Matthew vient essayer de se rattraper, s'assurant qu'elle ne se soit pas blessée dans cette précipitation partagée. Je suis désolée pour ce fichu spectacle, Matthew. Je te traîne ici, et voilà ce à quoi tu dois faire face. Mes ennuis avec lui seront bientôt terminés. »

Il acquiesce, délaisse une main peu assurée sur sa joue. Une esquisse de sourire s'ancre sur ses lèvres malgré tout, malgré le sang qui, à une vitesse considérable, frappe en plein cœur de ses veines. « Ce n'est peut-être pas un mal que je sois là. » Il fait référence à la même scène qu'elle évoque, accusant le coup – convaincu qu'elle aurait su s'en sortir sans lui mais au bout de combien de temps ? L'air qu'il a perçu sur les traits de son presque ex-mari témoignent sans trop de mal toute l'hostilité qu'il peut lui porter ; il ne permettrait pas qu'on puisse l'atteindre d'une manière ou d'une autre – ce qui, finalement, explique également son propre état. Aussi nouveau que ça puisse paraître pour lui, Matthew s'en accommode rapidement. « Je m'arrangerais pour qu'il ne puisse plus t'atteindre. » C'est une promesse qu'il fait sans pour autant en énoncer les formes, Maxime saura les voir par elle-même. « Je vais te raccompagner. Fais ce que tu voulais faire et nous partons. »