we think too much and feel too little | alexeï

we think too much and feel too little

Ma tactique est-elle vraiment si grossière, pour qu’il la devine aussi vite ? Bien sûr que mon but est de lui éviter des désagréments. Seulement, il refuse. Il préfère que je ne vienne pas, pas pendant une de ses fêtes, ce que je ne comprends pas très bien. Je lui demanderai bien le pourquoi de la chose, mais il semble vouloir me donner des éléments de réponse de lui-même. Une explication qui me fait frissonner, qu’est-ce qu’il peut bien se passer pour qu’il refuse que je vienne. Je le fixe en silence, le laissant finir son exposé. Ma main saine passe sur mon visage, je ne sais pas vraiment comment je dois réagir. Aussi, je réfléchis un instant avant de lui répondre. « Écoute, euh… tu me prends un peu au dépourvu là. J’ai du mal à comprendre, pourquoi tu ne veux pas que je vienne. Je ne suis pourtant pas du mal à juger. » D’autant qu’avec le fait d’avoir payé Babylon, je suis plus trop en position de donner dans le jugement. « T’as peur de quoi ? Que je sache pas me tenir ? Ou que je découvre des trucs qui risqueraient de ne pas me plaire ? Si c’est ça, pourquoi tu ne me laisses pas juger par moi-même ? Puis, pour être honnête avec toi, je ne suis plus tout à fait blanc aux yeux de la loi, alors je vais pas te critiquer pour quoi que ce soit. » Je viens alors lui prendre la main un instant avant de reprendre. « En plus, c’est pas que j’aurais honte de toi au poste, bien au contraire, mais les flics sont des vraies commères. Il y a un risque pour que l’un deux parles aux journalistes. Je ne voudrais pas que tu sois exposé à ça. »

Je me concentre à nouveau sur mon assiette, la finissant en cherchant comment évoquer ce que je voudrais dire. « Et puis… j’aimerais bien connaître le Dorian de la haute société, pas juste celui qui vient dans un quartier comme celui-là. » Je sais que, quoi qu’il arrive je ne pourrais pas l’empêcher de venir au poste, je n’insisterais pas non plus s’il ne veut pas que je vienne le voir, mais je sais aussi que je n’ai pas vraiment envie de perdre toutes mes chances avec lui.

Have we gone too far, Can we return When we're torn apart. In the darkness of night, In the ashes, I see The fading light. In these last days, We prayed for light. Prayed for a way out. Hear the thunder from God, In the eye of the storm. Everything is gone, Flames rise and war has begun. Where do we go when there's nowhere to hide, Caught in the fire Dark skies. what have we done, Where do we go when there's nowhere to hide (@klergy ; caught in the fire // beerus)

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● alexeï & dorian ●

L'incompréhension, elle revient, s'ancre sur les traits qu'il toise désormais. Il s'attend déjà à la réponse, croit l'entendre à la manière dont les émotions se trahissent sur le faciès de son interlocuteur. L'esquive ne fonctionnera pas, il n'y échappera pas. Dorian, finalement, même s'il refuse ne peut empêcher Alexeï de venir, de fouler le séjour bondé comme à bien des soirées. S'il tient à venir, il viendra ; et rien ne l'en empêchera. Il le sait, inscrit ce fait dans sa tête et en soupire presque maintenant que la voix de son hôte s'élève, les mots plein d'un doute soudain. Bien-sûr qu'il ne comprend pas tellement, tous les secrets de son univers n'ont jamais été dévoilés. « T’as peur de quoi ? Que je sache pas me tenir ? Ou que je découvre des trucs qui risqueraient de ne pas me plaire ? » En partie, oui. Mais il ne tient rien. Dorian se redresse seulement, faisant dévier le brun de ses prunelles sur les alentours plutôt que sur l'inspecteur, loin de cette conversation qu'il aurait souhaité évité – mais depuis peu, tout ce qu'il entreprend ne fonctionne pas tellement. L'assurance décroit et le doute gagne, la peur aussi. Hargneuse et tenace. « Si c’est ça, pourquoi tu ne me laisses pas juger par moi-même ? Puis, pour être honnête avec toi, je ne suis plus tout à fait blanc aux yeux de la loi, alors je vais pas te critiquer pour quoi que ce soit. » Il esquisse un maigre sourire mais son attention est plutôt rappeler par la main qu'on vient lui prendre. Wrynn lui revient, entièrement, sans bouger cependant. Pas encore, pas en sachant l'ampleur de ce que cache ces simples mots. De drôles de maux. « En plus, c’est pas que j’aurais honte de toi au poste, bien au contraire, mais les flics sont des vraies commères. Il y a un risque pour que l’un deux parles aux journalistes. Je ne voudrais pas que tu sois exposé à ça. » Le nez se frise et l'image lui vient, la possibilité des dires, des rumeurs, de tout ce que ça pourrait engendrer. Il soupire à nouveau, silencieusement pour cette fois. Et le silence revient, puissant – plus que jamais. Les mots manquent, la vérité peine à lui venir, à se trahir. Comment faire entendre que ses vices sont plus nombreux qu'ils n'en ont l'air ? La solution ne vient pas. Dorian s'offre un instant de repos alors, un bref répit avant que le regard ne se rattache à celui qui s'anime, dont la voix emplie l'espace sans trop de mal. « Et puis… j’aimerais bien connaître le Dorian de la haute société, pas juste celui qui vient dans un quartier comme celui-là. » Les mots touchent mais ne mesurent pas la profondeur qu'ils peuvent avoir. Un rictus désolé s'ancre sur les lèvres toujours fermées, le pianiste essayant à alléger l'ambiance comme lorsqu'il s'était levé. Parfois, il aimerait ne pas avoir à s'éveiller.

« J'apprécie vraiment ce que tu fais, la manière dont... tu essaies. » Il lui revient, il essaie. Lui faire face est un peu plus dur, un peu plus compliqué. Il a honte, pour la première fois depuis longtemps, de lui-même. Pleinement honte – non pas pour ce qu'il cache si ardemment mais bien pour ce qu'il peut être d'ordinaire. L'homme qui erre dans cette demeure en cette nouvelle matinée n'a rien de celui qui s'élève lorsque les bas quartiers sont écartés. Il n'est pas ce Dorian là, n'est que plus détestable, plus froid. Plus... sombre encore, d'une certaine manière. « Mais, crois-moi, detective, tu n'as pas envie de connaître cet homme-là. Je préfère être honnête avec toi, je doute sincèrement que tu acceptes... ce que je suis en ces circonstances. » Un sourire, mais brisé – tout du moins fissuré. Pas d'informations de plus, rien que cela avant que la silhouette du musicien ne s'élève, sa hauteur retrouvée. « Cependant, j'imagine que je ne peux pas t'interdire de venir si l'envie t'en prend, tout comme je suis prêt à prendre quelques risques pour venir te voir. En soit, ça n'engage à rien, je ne compte pas me jeter sur ton bureau non plus. Les médias aiment les spéculations, certes, mais ils apprécient davantage les preuves. Ce n'est qu'une visite, après tout. » Des justifications qu'il énonce comme pour lui-même les inscrire en plein cœur de ses songes. Il s'en persuade, en un sens, seul, comme un grand. « Je vais m'habiller, merci pour le déjeuner. »

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J’ai l’impression de le perdre dans ses pensées un instant avant qu’il ne revienne à la réalité. J’aimerais vraiment comprendre ce qu’il se passe dans sa tête. Pourquoi il réagit comme ça ? Me repoussant de la plus vicieuse des manières. Il veut me protéger de quoi ? Qu’est-ce qu’il peut bien faire pour qu’il soit si sûr que je ne tolérerais pas ça ? Plus il essaye de m’éloigner de celui qu’il peut être à ses soirées, plus j’ai envie d’y aller pour voir. Il ne peut pas m’empêcher de venir qu’il dit, c’est pas faut, mais je ne m’inviterais pas si vraiment, il ne veut pas. Je lui laisserai le temps, je lui ai promis. Je tiendrais ma promesse. Il me retourne aussi mon argument sur la capacité de commérage des flics dans la tronche avec une certaine habilité, je dois dire. Mais je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit. Il se relève, annonce qu’il va s’habiller, me remerciant déjà pour le petit-déjeuner. Moi, je reste comme un con sur ma chaise, le regardant disparaître dans les escaliers. « Mais quel débile, putain Alex t’es trop con. » Je le dis pour moi, à voix haute, mais pour moi.

Je soupire un grand coup avant de prendre les assiettes et de faire la vaisselle. Je suis un peu perdu, je ne sais pas quoi lui dire d’autre pour qu’il me fasse confiance. Je me connais depuis le temps, je sais que je suis en train de m’attacher, un peu trop même. Mais je suis comme ça. Je finis tout juste quand il redescend. Je me dirige alors vers lui, je sais même pas pourquoi je tiens à lui faire cette précision. « Écoute, Dorian. Je ne viendrais pas si vraiment, tu ne veux pas. Mais tu te rends compte que plus tu me dis que je dois pas voir certaines choses, plus ça me donne envie de venir. C’est peut-être une déformation professionnelle, qui sait, mais en tout cas… bref, je respecte ton choix si tu ne veux pas que je vienne. Mais, faut que tu saches que j’ai déjà vu tellement de chose que c’est difficile de me choquer. Quand bien même je te verrais avec trois filles en même temps. Je me passe la main sur le visage. Enfin, tu as compris. Juste, si tu veux passer au poste du 33e district, envois-moi un sms avant. Histoire que ce soit sûr que je sois là. » J’ai parlé d’une traite, sans lui laisser le temps de répondre. J’avais besoin de mettre ces choses aux clairs. Maintenant, j’espère qu’il comprendra la démarche.

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